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Et les médecins ? Motus ?

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Mars 2005

Bonjour !
J'ai 58 ans... et rien n'est résolu ni oublié. Je suis une psychothérapie qui m'aide à comprendre un vécu douloureux. En discutant avec cette psychologue, il m'est venu l'idée d'écrire sur votre site, car cela me fera sûrement du bien, mais j'espère aussi, à d'autres personnes qui ont peut-être subi des agressions semblables mais qui n'osent pas s'exprimer.
Après des abus sexuels de la part de mon frère (décédé maintenant) à l'âge de 10 ans et durant plusieurs années, j'ai traîné une culpabilité et un mal-être qui m'ont repliée sur moi-même. Sa verge dirigée contre moi, c'était comme un revolver braqué sur moi. C'est la sensation qu'il me reste, encore maintenant. J'avais essayé d'en parler à ma mère, car j'étais très angoissée : c'était l'année de ma communion solennelle, je pensais que je n'étais pas digne de la faire : j'étais sûre d'aller en enfer, car je la faisais en état de péché mortel, mais en vain, elle n'a rien fait pour me protéger… !
Vers 22 ans, j'ai pris mon courage à deux mains pour aller en parler au médecin de famille qui me suivait depuis toute petite. Je pensais pouvoir me confier à lui, mais il m'a rapidement demandé de le caresser, je le faisais et revenais quand même aux rendez-vous suivants. Un jour pendant qu'il m'auscultait sur sa table, il a voulu se mettre sur moi. Je me suis débattue et ne suis jamais revenue. Il a donc fallu plusieurs rendez-vous avant que je ne me sorte de ses griffes. Pourquoi ne pas arriver à fuir tout de suite ?? J'avais la rage en moi et la honte, car il continuait à faire ses consultations chez mes parents, comme si rien ne s'était passé. Mais là, je n'ai rien dit...
Quelques années ont passé, où j'étais très mal dans ma peau. Cela s'est terminé par une tentative de suicide dans une petite communauté religieuse où j'avais cherché un peu de chaleur humaine.
Allant vraiment mal, un médecin m'oriente vers un neuropsychiatre de renom, psychosomaticien, par-dessus le marché. Dès le début, je suis en confiance, et commence une psychothérapie avec lui. Un jour, à la fin de la séance, il m'embrasse sur le front. J'ai fondu sur place : enfin quelqu'un qui m'aimait, m'écoutait, me donnait un peu de tendresse....Et puis…, étant médecin des maladies psychosomatiques, il m'examinait les seins car j'avais des kystes. J'étais complètement sous son emprise, une sorte de transfert amoureux. Monsieur enlevait sa chemise, il me caressait au niveau du sexe et je ne me défendais pas. Il m'a même demandé de le sucer et je l'ai fait . Je ne ressentais aucun plaisir, mais je me laissais faire. Dans sa salle d'attente, le soir, nous étions nombreux à attendre des heures et des heures, dormant sur les canapés. Je passais quelquefois à…. 4 ou 5 heures du matin (vous ne rêvez pas !), revenant au petit jour. J'étais comme envoûtée, hypnotisée, anesthésiée par ce type. Lui, il m'a fallu des années et des années pour m'en sortir. Je le compare à un gourou. Là encore, pourquoi n'ai-je pas réussi à me sortir de ses griffes ?? Toujours la répétition !
Cela me fait penser à ce que vivent les personnes prisonnières des sectes.
Le cercle infernal s'est rompu, lorsque j'ai rencontré mon mari, un homme d'une grande sensibilité à qui, petit à petit, j'ai pu parler. Il m'apporte beaucoup de tendresse, celle que j'ai toujours quémandée. Mais les relations sexuelles qui ont toujours été difficiles, sont devenues impossibles, en particulier depuis la ménopause et un cancer du sein (bizarre… !), il y a 2 ans.
En psychothérapie, j'essaye d'évacuer toutes ces horreurs, de laisser la petite fille et toutes ses peurs qui m'empêchent de vivre, (il y en a beaucoup… !) afin de devenir adulte. A 58 ans, cela n'est pas trop tôt ! J'ai été détruite et j'essaye de me reconstruire. J'essaye de sortir ma colère, mais cela aussi, c'est dur : j'ai de la tristesse, du dégoût d'avoir été trahie, mais la colère, elle, elle est bien enfouie !. Même si la psychologue me l'explique, j'ai du mal à comprendre comment j'ai pu accepter cela aussi longtemps, et bien sûr le phénomène de la répétition (trois fois…). Petit à petit, je réalise que ce sont des pervers qui ont abusé de moi, profitant de ma fragilité, chose qu'ils ressentent très vite.
Le médecin de famille doit maintenant avoir plus de 80 ans, mais le neuropsychiatre exerce toujours…
La toute puissance du médecin, notre sentiment de honte, de culpabilité font que nous n'osons pas parler. Il m'a fallu 20 ans pour le faire ! Dans tous les témoignages, il y en a très peu concernant les médecins ou le personnel de santé. Suis-je la seule, ou presque ?, je ne le crois pas
Alors si vous avez subi des agressions semblables, vous pouvez m'écrire, à l'adresse e-mail ci-dessous, je me sentirais moins seule !
Dans ce but, je permets de publier ce message sur votre site, ainsi que mon adresse e-mail :
Merci de m'avoir lue !
Esperanza

Esperanza22@wanadoo.fr

Info du site : d'année en année, 16 à 20 % des personnes condamnées pour viol en France appartiennent à des professions médicales et paramédicales.

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