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J'ai toujours cru que je pourrais le "changer"

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Juillet 2007

Bonjour,
Je vous ai écrit aux alentours de septembre 2006 et vous aviez eu la gentillesse de publier mon témoignage.
Je croyais en avoir fini avec la culpabilité et le sentiment de n'avoir été qu'une stupide victime. J'avais lu les très bons livres de Isabelle Nazar AGA, "l'amour et les manipulateurs" et les manipulateurs sont parmis nous", dans lesquels elle aide le lecteur à se déculpabiliser.

Cependant, cela fait un an que je suis partie avec ma fille et je suis encore très fragile.

Il se trouve que j'ai rencontré, il y a 3 mois un homme via internet. Nous avons vécu une très belle histoire d'amour, faite de douceur, de passion charnelle et de complicité intellectuelle. Seulement depuis peu tout s'est arrêté. Lui aussi est très fragile : ancien alcoolique, au chômage, il passe par des moments de déprime durant lesquels il me rejette.
Cette fois, je pense que nous nous en arrêterons là. Je lui ai longuement parlé de mon passé, comme lui du sien. Je lui parlais aussi de mes soucis encore actuels à ce sujet. Cependant il m'a dit une chose qui me fait encore mal : il m'a dit que j'avais le profil de victime. Je pensais jusque là le contraire, mais il a bel et bien semé le doute dans mon esprit.
Pourtant durant toutes ces années de violence avec mon ex-concubien, je me défendais verbalement et même physiquement. Est-que le fait de lui dire parfois "vas-y frappe-moi" car il me menaçait avec son poing fermé et que j'avais envie que cela finisse, cela signifiait que j'avais le profil de victime ?

Je continue d'être harcelée par mon ex-concubin, juridiquement essentiellement, mais aussi au téléphone. Ma fille le voit de temps en temps et il lui raconte des salades.
C'est une ado très rebelle et j'ai du mal à ne pas me sentir "mauvaise mère" comme son père le dit tout le temps.
Et là encore je ne voudrais pas être la "victime" de ma fille. L'homme que j'ai rencontré, a du mal à comprendre mon comportement vis-à-vis d'elle et je sens bien, (comme moi ?), que je ne me comporte pas avec elle assez fermement.

Comment définiriez-vous la "victime" ? Quelqu'un qui se complait à en être une ? Quelqu'un qui s'attire les ennuis, car il en a le profil ?

Merci de m'avoir lue

Violette

Bonjour,
Je me souviens.
La victime de la violence dans le couple conjugal est souvent une personne en quête de reconnaissance qui, pour "satisfaire" son besoin d'être aimé, se fait vampiriser par le partenaire, lequel puise son énergie dans sa jouissance à dominer l'autre.
La victime est aveuglée par les qualités en trompe-l'oeil de l'autre, qu'elle croit ne pas posséder et qui la rassure un temps, l'enfermant peu à peu dans son illusion de bonheur ; quand elle s'aperçoit des lacunes de l'autre, elle a du mal à revenir sur ses premières impressions car elle veut, coûte que coûte, préserver son histoire et donc sa propre image ; elle réinvente, alors, "ce qui fait défaut en dépit du réel" pour ne pas avoir à affronter à nouveau le vide, le manque, la perte.
"La victime cultive l'attente, a toutes les patiences et toutes les indulgences..."
Elle subit l'ascendant très fort de son agresseur qui l'exploite.
D'autres s'évertueront à croire qu'elles pourront "changer" le partenaire par leur amour immense, dans une sorte de démarche de "sacrifice", où elles sont prêtes à payer de leurs forces jusqu'à la résignation et l'affaissement.
Lire aussi ici :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_profil.htm
Les citations sont des extraits de l'ouvrage de Yvonne Poncet-Bonissol :
Pour en finir avec les tyrans et les pervers, éd. Résidence.
Cordialement,
Chantal Poignant,
Conseil

Merci pour votre réponse, et le lien que vous m'avez envoyé.
Effectivement, j'ai toujours cru que je pourrais "changer" mon ex-concubin et peut-être également cet homme que j'ai rencontré récemment. C'est sans doute une bonne chose que notre relation s'arrête, mais j'ai du mal à "encaisser". Car je me suis tout de suite mise en cause en me disant que je ne suis pas assez ceci assez cela, en résumé, pas assez "bien" pour lui.

Dans la liste des ouvrages, je voulais aussi vous proposer de rajouter le livre d'Isabelle Nazar Aga qui m'a beaucoup aidé et qui est facile à lire.

Et puis une chose qui me tient à coeur, car malheureusement, j'étais dans le cas d'une femme non mariée, et juridiquement il n'est pas facile de se battre. Je me permets de vous dire que dans le lien http://www.sosfemmes.com/violences/violences_separation.htm il pourrait être explicité ce qu'il faut faire dans le cas d'une vie en concubinage quand l'autre ne veut pas partir, ce qui était mon cas. Car la première procédure que j'ai faite avec un avocat a été la demande d'expulsion en référé et cependant le juge de référé a conclu le contraire : je ne pouvais pas expulser mon concubin, puisque c'était moi qui l'avait accueilli et que de toute bonne foi il occupait les lieux, ce qui n'est pas le cas d'un squatter sans droit ni titre. Il faut donc expliquer que la demande d'expulsion est une procédure très longue, qu'il faut avoir envoyé en recommandé plusieurs fois à son concubin une demande de partir des lieux. Vous imaginez comme c'est difficile quand il y a violence ! J'aurais aimé avoir à l'époque des conseils sur le sujet, car je me suis trouvée au fond du fond avec un concubin qui ne voulait pas partir et qui ne travaillait pas.

Je n'ai pas encore de solution véritable à proposer, à part, peut-être faire comme moi : je suis partie un soir avec ma fille lors d'une nouvelle soirée de violence insoutenable pour elle comme pour moi (sans violence physique réelle) sans endroit pour se loger ni affaires et nous sommes allées dormir chez des amis qui nous ont recueillies. Nous sommes restées ainsi 3 mois dehors. J'avais déposé une plainte au commissariat. Et je ne pouvais pas envisager d'aller me loger dans ces foyers d'accueil pour femmes battues, puisque ni moi, ni ma fille nous étions battues.

J'avais l'impression d'être dans une situation inextricable. Et par la même occasion de risquer de devenir folle. J'ai pensé à la mort, mais je n'aurais jamais pu passer à l'acte, car ma fille était là !

Voilà, si vous pouviez donner d'autres conseils sur ce lien, cela aiderait encore plus ces femmes qui vivent la même chose que j'ai vécue.

Merci pour tout

Violette cviomo@yahoo.fr

Bonjour,
Bien reçu votre message ; nous n'explicitons pas la procédure d'expulsion sur notre site, c'est vrai, mais je renseigne les personnes qui sont dans cette situation au cas par cas et nous avons bien formulé que dans une situation de violences, le conjoint violent (marié ou non) pourrait être éloigné du domicile, par décision de justice :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_penal.htm (fin de page).
Je transfère votre demande à mon directeur et je vous propose, si vous le voulez bien, de publier la suite de notre correspondance.
Cordialement,
Chantal Poignant,
Conseil

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