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Je suis la fille d'une femme violente

Email en pied de message
Juillet 2007

Bonjour,

Je ne sais pas si mon témoignage peut vous servir...à vous d'en juger.

Je ne suis pas une femme violente. Je suis la fille d'une femme violente. Ma mère est violente avec mon père physiquement, mentalement et émotivement et ce , depuis le début de leurs fréquentations il y a 35 ans. Elle lui a toujours fait des crises épouvantables, à hurler, sacrer [au Québec = "jurer, dire des gros mots". NDW], le ridiculiser et briser les objets à sa portée. Elle le frappait, le grafignait ["griffer, érafler". NDW], le giflait. Elle se permettait même de faire ses crises en public.

Vous devinez bien que sa violence s'est rendue jusqu'a nous, ses enfants (j'ai 2 frères plus jeunes). Toutefois, c'est moi qui ait reçu la plus grande part de la maltraitance. Je ne sais pas si le fait d'être une fille réveillait sa jalousie et sa possessivité...

Ce qui est triste, c'est que mon père est un homme brillant, qui a très bien réussi dans la vie, attentionné, etc... Il m'a "défendu" comme il pouvait mais n'a jamais réussi à se défaire de l'emprise de ma mère. Le résultat est qu'aujourd'hui il a perdu sa fille. En effet, pendant des années j'ai justifié son comportement (ainsi que celui de ma mère) et crue qu'il m'avait protégé jusqu'a une certain niveau. Dernierement, ma mère, qui détestait déja mon conjoint (c'est un homme doux, attentionné, père remarquable et j'en passe mais il n'est pas, selon les propres dires de ma mère, "intellectuellement à mon niveau" car il travaille de ses mains) a commencé à faire vivre du rejet à mon fils de 3 ans. Une fois de plus, mon père l'a laissé faire... Aujourd'hui, à 33 ans, alors que dans mon coeur la famille primait, j'ai donc coupé les liens avec mes deux parents. J'ai beaucoup de tristesse à penser que je ne reverrai plus mon père, je pense au fait qu'il ne pouvait pas faire mieux. En même temps, je me sens trahie, rejettée. C'est mon papa...il aurait du me protéger!

La morale de mon histoire, finalement, le triste mais fréquent espoir que ma douleur pourra servir à éviter celle de quelqu'un d'autre. Mesdames qui me lisez et qui avez un problème de violence, svp allez chercher de l'aide. C'est l'acte le plus fort que vous ferez jamais. Messieurs qui me lisez et qui êtes victimes de cette violence, ne laissez pas des orphelins émotifs derrière vous, reprenez du pouvoir, agissez.

Merci d'avoir porté attention à mes écrits.

Bonjour,
J'aimerais que vous me donniez l'autorisation de publier votre témoignage, anonymement ou non, avec cet e-mail ou un autre anonyme ; voir ici :
* http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm
Hommes et femmes, en tant qu'êtres humains, ont un potentiel d'agressivité en eux ; les hommes semblent "pouvoir" l'exprimer plus facilement et largement parce que la culture, l'éducation, la société, leur ont toujours et depuis longtemps reconnu une forme de "pouvoir", peut-être lié à une image de virilité...
Cette constatation de ma part ne vient en aucun cas légitimer ni le pouvoir ni l'agressivité.
Ne peut-on pas imaginer des relations humaines entre les hommes et les femmes sans qu'il y ait une recherche, une volonté, chez l'un ou chez l'autre, de domination ?
Je vous écris ceci parce que votre dernière expression (reprendre le pouvoir) me laisse perplexe.
Répondez moi SVP car nous avons besoin de réfléchir.
Merci.

Cordialement,
Chantal POIGNANT

Bonjour Chantal!

Désolée pour la réponse tardive...je n'avais pas pris mes courriels depuis quelque temps. Je vous donne, bien sur, mon autorisation de publier mon témoignage mais svp ne mentionnez que mon prénom, pas mon nom de famille.

Pour ce qui est de mon expression "reprendre du pouvoir", c'est que je travaille comme intervenante dans un centre de crise et c'est une phrase que j'utilise souvent avec mes clients en détresse, qui désirent mourir...reprendre du pouvoir sur leur vie, ne plus etre victime des événements, réaliser qu'ils ont le potentiel pour décider de leur vie. Je suis donc entièrement d'accord avec vous en ce qui concerne des relations humaines, hommes-femmes, en harmonie sans recherche de domination.

Bonne semaine!

Bonjour,
Merci infiniment pour votre autorisation de publication.
Vous avez un métier qui demande beaucoup d'investissement et d'énergie ; ce n'est pas un hasard bien sûr!
Vous devriez lire, l'ouvrage signalé dans notre bibliographie, sur l'emprise et la violence maternelle.
Bonne continuation.
Merci.
Chantal POIGNANT

Note du Webmaster : la formule "reprendre du pouvoir" utilisée par une canadienne est visiblement une francisation de l'anglais "to empower". La notion d'empowerment est à ce point délicate à traduire qu'on ne le fait généralement pas en France, on l'utilise telle quelle.
Wikipédia propose l'explication suivante (6 juillet 2007) :
L’empowerment, terme anglais traduit par autonomisation ou capacitation, est la prise en charge de l'individu par lui-même, de sa destinée économique, professionnelle, familiale et sociale.
L'empowerment, comme son nom l'indique, est le processus d'acquisition d'un "pouvoir" (power), le pouvoir de travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de vie sociale en respectant les besoins et termes de la société. L'autonomie d'une personne lui permet d'exister dans la communauté sans constituer un fardeau pour celle-ci. La personne autonome est une force pour la communauté. Une association peut atteindre l'empowerment en devenant plus autonome dans sa façon d'acquérir les fonds pour sa subsistance. Si elle vend ses services au lieu de dépendre passivement des fonds publics et des dons, elle est davantage maîtresse de sa destinée et renforce le milieu social en ne devenant pas un fardeau économique. Cette méthode de gestion s'appelle l'économie sociale. Au Québec, des associations de lutte contre la pauvreté effectuent la promotion de l'empowerment pour alléger le fardeau social et économique de certains milieux en perdition.
Il s'agit donc moins de pouvoir à proprement parler que de capacité, c'est à dire de pouvoir faire, voire de savoir faire.

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