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Moi qui attend ma mort

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Août 2008

Bonjour,

je suis le témoignage 216, je vous ai écrit il y a de celà 2 ans maintenant....
ma vie à changé, quelques peu, des évolutions, mais depuis quelques temps une redescente aux enfers....après vous avoir écrit il y a 2 ans, j'ai décidé de voir une psychiatre, mon médecin m'avait conseillé une personne. je n'ai pas aimé le rendez vous, j'ai pourtant dit beaucoup de choses, mais il n'y avait pas de suite logique à mes propos, j'ai pleuré. J'ai senti comme un soulagement.... mais pour autant , je n'étais pas prête à y retourner, trop de distance, pas de questionnement, ou très peu et pas sur ce que je voulais....
alors voilà, depuis, je m'en suis sortie par moi même, j'allais mieux, mes stages de formation se passaient bien, ma vie prenait un nouveau tournant. Les galères me replongeaient dans de grandes souffrances, mais je trouvais toujours le côté positif de tout.
Seulement voilà, cette année fut catastrophique. C'était ma dernière année de formation (je suis dans le social) En novembre première terrible nouvelle, un ami d'enfance, de mon age, se suicide. En décembre, seconde terrible nouvelle, une amie d'enfance, de mon age également se suicide. Je regarde une photo de classe, et je nous vois tous 3 assis à côtés, moi au milieu d'eux deux. Un Signe ? quel signe ?
Moment très difficile, il faut en plus que je rende mon mémoire de fin d'étude, le coeur n'y est pas. Je m'efforce, et on m'encourage, pourtant personne ne cherche à savoir comment je vais réellement, tout le monde pense que c'est la période du mémoire qui est usante, qui remet en question et en doute.
Une personne est présente au maximum, c'est mon petit ami du moment, Seb*. Il n'y a pas de sentiment entre nous autre que l'amitié, nous restons ensemble jusqu'à ce que mon mémoire soit rendu, c'est un deal entre nous.
Puis la terrible nouvelle, mon mémoire n'est pas fini, je balise car il n'est pas très bon, beaucoup moins que ce que je n'aurais voulu. Il me reste une semaine pour le peaufiner et le rendre, nous sommes mercredi. Un ami m'appelle "as tu vu Paul*? il a disparu depuis hier soir, après que tu l'ais vu. "Je ne l'ai pas vu, je n'ai pas eu de nouvelle depuis hier soir, nous nous sommes vu, mais depuis rien. L'angoisse. Je m'engueule avec Seb, qui est sûr que nous allons le retrouver. Je repense à ce dernier regard que m'a lancé Paul hier. c'était un "aurevoir" j'en suis convaincue.
Au final, j'apprendrais le jeudi que Paul s'est suicidé, pendu.
Mon dieu, mais qu'est-ce qu'ils ont tous ?? Et moi qui attend ma mort car je suis incapable de me foutre en l'air, et pourtant qu'est-ce que je le voudrais. J'ai de grandes idées noires dès que je suis seule. En voiture, je roule vite, espèrant le moindre faut mouvement sur ma route, espèrant que dans la prochaine voiture que je croiserais, quelqu'un d'ivre me percute... Et eux, ils ont le courage de franchir le pas, d'oser venir me dire aurevoir.
On me pousse, je rends mon mémoire, les moments sont plus que difficiles, je perds pieds, mais je continue de travailler sur mon lieu de stage. Le travail, c'est ce qui me tient, je ne pense à rien quand j'y suis sauf à mon travail. Les situations d'incestes, ou autres ne me rappellent en rien ce que j'ai pu vivre, je ne sais pas c'est comme si il y avait 2 moi. le moi du travail, et le moi de chez moi, voir meme 3, celui de mes amis.....
Au travail ou devant mes amis je me contiens. devant mon petit ami, c'est différent, je me lâche, je pleure beaucoup. Il est toujours là, il ne veut pas qu'on se quitte, non pas pour ses sentiments, mais parce qu'il ne veut pas me lâcher dans cette dure période. J'insiste, nous nous reverrons. alors voilà, le résumé (long) de cette dernière année.
Je suis aujourd'hui diplômée. Je me fais virer de ma colocation car mon mal-être, est insupportable pour mes coloc. celà me fait de nouveau craquer. Heureusement, mon ex est toujours là, mais peut-être plus pour longtemps, car je le bouscule trop. c'est aujourd'hui un ami, mais j'ai le chic pour savoir perdre mes amis.
Je me montre jalouse, je le harcèle de coups de téléphone, de textos, je lui en veux si il n'est pas présent. Je ne suis pas amoureuse, j'ai juste besoin de lui, mais il a une vie à mener aussi.
Je lui suis insupportable comme je l'ai été avec mes colocs, et pourtant eux n'ont pas eu à subir tout ce que lui a subi, car eux, je ne leur disais pas que j'étais mal, ils le voyaient c'est tout. j'étais chiante ont-ils dit.
Alors voilà, dès que je suis seule, je pleure, j'ai envie de me foutre en l'air. j'avais presque programmé de le faire ce soir. après le travail.J'y retournerai plus sur ce lieu de travail, les jeunes ne le sauront pas, on ne leur dira pas. mais j'ai peur. et pourtant j'ai mal.
Je me dis qu'il faut que je me repose, que je parte, mais j'ai tant de choses à organiser.
J'ai trouvé un petit job pour l'été, je ne peux pas rester sans rien faire sinon c'est la fin. il faut que je me trouve un nouvel appartement, et en meme temps, trouver un appart alors que je devrais peut-être repartir pour un travail ailleurs c'est un peu idiot..... je ne sais plus quoi faire, il faut que je sois sure de ne pas partir pour trouver un appart'.
Enfin, je m'occupe beaucoup... mais voilà, le soir seule, ça ne va pas, j'aimerais voir Seb*
mon ex, lui dire combien je m'excuse de le harceler, lui dire que je tiens beaucoup à lui. Lui dire simplement que je l'aime. Mais pas comme on aime son petit ami, que je l'aime comme un frère, comme le frère que j'aurais tant voulu avoir. J'ai peur que le je t'aime, il le voit comme le je t'aime que l'on dit à son amant. Ce n'est pas ce je t'aime, c'est le je t'aime que je dis à ma mère, et que j'aurais voulu dire à mon père ou mon frère, comme le je t'aime que je dis à ma meilleure amie.
Voilà ou j'en suis depuis 2 ans, celà n'a pas beaucoup changé. Il y a eu des changement dans ma vie, notamment au niveau sexuel, justement grâce à Seb, j'ai eu une grande confiance en lui, j'ai appris à apprécier ces instants, j'ai appris à faire l'amour avec du sentiment celui de l'estime et de la confiance, manquait il encore un peu l'amour. Je sais que j'ai dit que je l'aimais comme un frère, n'allez pas voir celà comme un besoin de retour vers l'inceste, non, je fais bien la différence, je l'aime d'amourtié comme je dis, un mélange d'amour et d'amitié.....
Voilà des mots qui me font sourire.
Peut-être est-ce le signe de m'arréter en ce si long mail......

...... Mademoiselle Mimi ......
(c'est le surnom que je me donne dans ces messages c'est le nom d'un personnage dans la BD Rose Profond qui traite du viol, c'est le nom de la victime.)

*Paul et Seb ne sont pas les vrais noms des personnes.

J'accepte que mon nouveau temoignage paraisse sur le site, mais pas mon adresse mail. Merci.

Bonjour,
Il vous est difficile de vous constituer en tant que personne autonome psychologiquement et affectivement parce que vous êtes toujours en recherche de vous-même, de votre amour propre et de celui des autres ; ceci est la conséquence des troubles au niveau des identifications qui ont perturbé votre enfance. En effet, votre frère n'ayant pas respecté le lien fraternel qui interdit l'inceste, vos parents n'ayant rien vu, vous avez été réduite à vivre dans l'ombre d'un "Moi" immature forcément parce que vous étiez jeune et que vous n'aviez pas intériorisé suffisamment les règles et parce que ce "Moi" a dû se constituer dans le non-dit et dans le questionnement sans jamais obtenir de vraies réponses. Cependant, votre conscience vous les rappelle sans cesse (les règles) et ce "Moi", parce qu'il n'a pas pu se constituer totalement, est bousculé, ce qui peut le pousser à se retrancher dans la mélancolie, la dépression.
Vous êtes de nouveau confrontée à un sentiment de perte augmenté par les évènements douloureux du présent et qui vous touchent d'autant plus que vous êtes vulnérable.
Mais c'est en vous que vous trouverez les réponses avec l'aide d'un professionnel ; ne renoncez pas à une thérapie.
Ne sombrez pas dans le fantasme de la mort qui répare tout ; c'est en vivant qu'il peut y avoir un processus de réparation !
Des numéros pour parler quand on est seul car on est jamais totalement seul :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_tel_national.htm

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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