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Une histoire sans fin

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Juin 2009

Bonjour,
 
Je vous remercie tout d'abord pour les précisions apportées sur votre site quant aux situations de violence conjugale ainsi qu'aux témoignages. Cela m'a permis d'ouvrir réellement les yeux sur ma propre situation et, je l'espère, de m'en sortir.
 
Il y a vingt ans, je suis sortie avec un garçon dont j'étais très amoureuse, mon premier amour, premier en tout dans ma vie de mes 15 à 20 ans.
 
Je le trouvais cultivé, intéressant, plus âgé que moi de 4 ans, poursuivant des études, mais de temps en temps pas très sympathique, me laissant dans des situations un peu humiliantes, comme aller dormir dans une autre chambre après un câlin en me laissant seule au lieu de me ramener chez moi.
 
Mais la vie nous remettait sans cesse sur la même route et une forte attraction entre nous nous empêchait d'arrêter notre relation en dent de scie.
 
A vingt ans, il y a vingt ans, j'ai mis fin à notre relation et il dit en avoir été très bouleversé.
 
Puis la vie a suivi son cours pour chacun de nous, j'ai eu un enfant avec quelqu'un d'autre, enfant qui a aujourd'hui 4 ans et moi 36.
 
L'an dernier, au mois de mai 2008, alors que je me séparais du père de ma fille, je suis à nouveau "tombée" sur mon amour et le coup de foudre a frappé comme avant.
 
Il m'a avoué que j'étais l'amour de sa vie, qu'il m'avait cherchée sans me trouver, que j'avais été son fantasme toute sa vie, qu'il n'avait jamais pu vivre avec une femme et n'avais pas d'enfant.
 
Il m'amène dans sa maison et j'ai l'impression d'avoir retrouvé un prince charmant.
 
Il est adorable, attentionné, le soir même il me dit que maintenant qu'il m'a retrouvée il ne me laissera plus, qu'il était mon premier amour et sera le dernier, qu'il me veut ma fille et moi à ses côtés.
 
Mai, je déménage dans mon nouvel appart - Juin, il me redéménage chez lui sans tenir compte du fait que je souhaitais vivre un peu seule, mais comme notre histoire paraît magique, je me laisse faire - Je me rends compte qu'il me fait des crises de jalousie démesurées, qu'il surveille mes allées et venues, qu'il chronomètre mon trajet entre mon travail et la maison, et surtout qu'il fume du cannabis à longueur de journée et que ça le rend désagréable de plus en plus souvent - Juillet, il commence à me dévaloriser, à me dire une chose et son contraire, je suis merveilleuse et la minute après je suis une moins que rien. Je lui demande donc, sous peine de séparation, d'arrêter ses consommations de stupéfiants.
Août, j'apprends que je suis enceinte (si vite sur son insistance) et là commence l'enfer, il commence à m'insulter, me fait des scènes de jalousie à longueur de temps, y compris quand j'embrasse ma fille, les réflexions sont incessantes, il veut tout contrôler, ne travaille pas, devient violent en paroles et sur les objets de la maison.
Septembre, je lui annonce que je veux avorter, que je ne souhaite pas faire d'enfant avec un homme qui m'insulte violemment, insulte ma fille et se drogue. Là il devient fou, me dit que j'ai fait un enfant à un nègre et pas à lui, que ça fait 3 fois qu'on "avorte" de lui, toutes les femmes sont folles, ne restent pas à leur place, il me hurle dessus sans arrêt, même devant ma fille qu'il traite de singe alors qu'elle lui demande d'arrêter de crier.
Le WE avant l'avortement, je lui annonce que j'irais chez une copine qui a le temps de s'occuper de moi. Il devient violent verbalement puis se calme. J'ai de violentes nausées, il veut me forcer à avoir un rapport avec lui, je refuse alors qu'il vient de m'insulter quelques minutes avant, là furieux il se lève, attrape la table basse du salon, la soulève au-dessus de lui et la fracasse par-terre, ensuite il vient vers mois, me soulève du canapé, me jette par-terre, me donne des coups de pied, me secoue, me hurle dessus, arrache mes vêtements et là j'ai le réflexe d'attraper mon téléphone et d'appeler mon père.
Voyant que j'avais quelqu'un en ligne, il continue à me hurler dessus, à hurler que je suis folle, mais ne me frappe plus. Je prends mon sac, quelques affaires et je pars avec ma voiture.
Je me cache quelques mètres plus loin car je suis tellement secouée que je n'arrive pas à conduire, j'en ai tremblé pendant 4 jours.
J'ai vu la folie dans ses yeux, la folie prête à tout, il pouvait tout arriver, jamais je ne me suis sentie autant en danger, c'était affreux, gravé dans ma mémoire. Voir l'homme qu'on aime s'en prendre à soi de la sorte est terriblement choquant, en plus je sais me défendre et j'étais paralysée devant lui, je n'ai rien pu faire.
Je vais au commissariat déposer une main courante, il est environ 23h, là on m'annonce que je ne peux pas porter plainte sans certificat médical, je retourne donc chez mon médecin le lendemain, qui constate mes blessures et mon état de choc.
Je dépose plainte devant un policier exécrable qui peste parce-que mon taux d'ITT est trop "gonflé" et qu'il doit m'envoyer voir un médecin légiste. Ce que je fais.
Je vais avorter en suivant et je m'endors seule sur cette table froide, des bleues partout, en pleurant.
Ne pouvant plus tenir, je quitte la région et mon travail pour me réfugier dans ma famille à Toulouse.
Ses parents se sont montrés extrêmement désagréables avec moi, son frère avait eu le même problème et ils ont peur des conséquences;
Lui, il me harcèle de sms et d'appels que je ne prends pas. cela va des menaces aux mots d'amour éperdus.
Il me dit commencer une thérapie et avoir arrêté ses consommations.
Il semble redevenir l'homme que je connaissais et que j'avais aimé.
Il arrive à me toucher, je suis une thérapie et je retombe dans le pièce, on commence à dialoguer par sms, puis par téléphone et un jour j'accepte un rendez-vous sur Toulouse.
Il s'excuse, fait profil bas, donne des excuses à son comportement, me dit qu'il a eu un électrochoc et qu'il ne recommencera jamais, qu'il ne peut pas vivre sans moi, etc... Nous vivons un we de rêve et recommençons une relation à distance, il vient me voir en we, je vais le voir, etc... une vraie lune de miel. Noël approche, je passe quelques jours de fête chez lui, et là j'ai des doutes sur ses consommations de cannabis, je sens qu'il a repris, il redevient agité, désagréable, il recommence à me faire des reproches et à m'insulter, il me ment. Je pars.
Il quitte tout et vient s'installer avec moi en février 2009 à Toulouse, pour rompre avec ses mauvaises fréquentations et le cannabis.
Tout va bien.
Ma famille me met en garde, doute de lui et je vous passe les réflexions que je prends, je me sens un peu isolée, mais ça finit par se tasser.
Il arrive à se faire accepter et plus personne ne se méfie.
Puis ça recommence, il me surveille, me piste, veut tous mes codes, je ne peux rien faire sans lui, il critique toute le monde, il m'isole et me reproche de ne pas avoir d'amis, il redevient jaloux maladif, me menace de me tuer si je le trompe, etc...
Je le soupçonne à nouveau d'avoir repris le cannabis,sont état est tellement différent, mais je sens bien qu'il est violent au fond de lui et je recommence à avoir peur.
La semaine dernière, je tombe sur votre site et plusieurs autre sites qui décrivent mot pour mot ses traits de caractères ainsi que ses paroles lors de ses accès de violence et ça me met la puce à l'oreille sur ce qu'il est réellement. Il veut me dominer et n'y arrive que par la force car je lui résiste.
Jeudi dernier, repas de famille, nos affaires étaient prêtes pour partir en we pascal. La pièce est isolée et notre chambre est à l'autre bout de la maison.
Durant tout le repas, il me harcèle, me fait des reproches, il est insupportable, je me lève et je pars.
J'attrape le sac et commence à ranger mes affaires pour me calmer, je ne veux plus partir en we avec lui pour qu'il s'en prenne à moi, ce n'est pas la peine.
Il arrive furieux et me hurle dessus que si je fais ça il part pour toujours. Je lui dis donc de partir, que la vie ensemble est impossible que je n''en peux plus.
Là il m'attrape par le cou, me serre violemment, me secoue et me jette par-terre.
Je réussis à m'échapper et je cours rejoindre ma famille qui m'entend hurler mais ne comprend pas qu'il s'en prend à nouveau à moi.
Il leur crie que je suis folle, etc... mon père le met dehors, on le fait partir.
Nous en sommes là, cela s'est passé il y a moins d'une semaine et depuis je tremble encore, il me harcèle de sms alors que je lui ordonne de ne plus m'importuner, je ne veux plus avoir de rapport avec lui, je veux le sortir de ma vie. c'est un homme violent, affabulateur, manipulateur, menteur, drogué.
Je lui en veut et je m'en veux surtout d'être retournée auprès de lui par amour.
J'en ai maintenant le coeur net, mais que de douleur au fond de moi.
Je suis prise d'accès de panique, je tremble, j'ai du mal à respirer, je ne dors plus, je sursaute dès que j'entends un bruit, j'ai peur qu'il revienne car il a toujours les clés.
J'ai prévenu ses parents en menaçant de porter plainte jusqu'au bout.
Il m'a dit une fois que les gendarmes qui l'ont auditionné s'étaient moqués de moi et qu'il avait dû prendre ma défense, qu'ils avaient dit que fumer un peu de shit n'avait jamais rendu violent, que j'avais fait un enfant à un nègre et que j'avais avorté du sien alors qu'ils pouvaient comprendre !!!
Il a une arme chez lui, je le pense capable de tout. J'aimerais qu'il me laisse définitivement, ne plus avoir affaire à lui, je n'en peux plus, je suis à bout.
Je pense être retombée en dépression, je suis tellement mal.
Je ne pense pas qu'il puisse un jour s'améliorer et je m'en veux d'éprouver encore de la pitié et des sentiments amoureux pour lui après tout ça.
Je me suis sentie tellement humiliée.
Merci de m'avoir lu, écrire mon histoire m'a fait du bien.
Cordialement.  
Nicky

Bonjour,
J'aimerais "tellement" publier votre témoignage, "tellement" éloquent et vous avez encore "tellement" de choses à dire que vous pourriez peut-être communiquer avec d'autres et notamment celles qui n'ont pas encore compris tout ce que, vous, vous avez compris maintenant.
Je suppose que vous avez lu cette page sur le bouleversement psychique que provoque le traumatisme de la violence :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_psychotrauma.htm
Je ne pense pas non plus qu'il puisse s'améliorer un jour à vrai dire, je suis certaine qu'il ne changera pas ; aussi, svp, ne vous laissez pas apitoyer et pensez à construire votre vie loin d'une magie maléfique finalement...
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

Merci pour votre réponse,
Je me rends compte en me relisant que sous le coup de l'émotion en racontant mon histoire, j'ai omis certains détails important, mais peut-être que cela ne ferait qu'alourdir le récit déjà long.
Je ne me suis pas relue et j'ai fait pleins de fautes !!
Je veux bien que mon message soit publié, cela m'a tellement aidé de lire des témoignages et surtout appris beaucoup sur le comportement violent de certaines personnes.
Voir écrit le mécanisme de la violence, les différentes formes de violence, et la spirale dans laquelle on se maintient en restant, c'est une histoire sans fin, sauf peut-être à ce qu'un jour les coups soient plus fort et qu'on ne s'en relève pas.
On est à mille lieues de se douter de l'engrenage dans lequel on peut tomber et à quel point il est difficile d'en sortir, de comprendre, de reprendre des forces, de l'énergie quand on se sent anéantie, d'analyser cette personnalité que vous aimez et qui vous prend tout, qui essaie de vous soumettre, qui vous insulte et qui finit par vous frapper. On a besoin d'entendre qu'on n'y est pour rien, que c'est l'autre qui a un problème et qu'on ne risque rien à partir à part de sauver sa peau.
Certes c'est dur, déchirant, mais avec le temps, je pense que vient l'accalmie et la sérénité tant espérées.
Ce qui me fait peur c'est qu'on ne puisse déceler une telle personnalité qu'avec le temps et avec le temps, les engagements pris sont souvent source d'enchaînement à notre bourreau.
Nicky

nefernath@yahoo.fr

Bonjour,
Décidément, votre témoignage est très riche et vous analysez vraiment bien ce qui arrive, avant, pendant et après ; alors, encore une fois, merci de votre participation ; je suis certaine que la lecture de votre message contribuera à "ouvrir les yeux" de beaucoup de femmes et les aidera à réagir.
En ce qui concerne la question de reconnaître une "telle personnalité" avant que les ravages ne s'expriment, on peut peut-être considérer que toute attitude fusionnelle vis à vis de l'autre au point de ne pas pouvoir vivre sans l'autre, toute jalousie excessive, tout idéalisme "forcené", tout comportement "obsessionnel" comportent un risque de dégénérer...
Quant aux rêves et aux fantasmes, ils ne trouvent guère leur place dans une réalité quotidienne et c'est pourquoi, il faut être capable de ne pas se laisser abuser par eux : on peut rêver un peu mais comprendre que le rêve et la réalité ne sont pas forcément compatibles tous les jours...
Souvent, la personne victime est elle-même en attente d'un certain idéal et devient alors une proie "rêvée" pour son agresseur.
Merci. Cordialement,
Chantal POIGNANT
conseil

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