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Je me suis dit que je pouvais l'aider à changer

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Juillet/août 2009

bonjour,
j'aimerais apporter non seulement mon témoignage sur des violences psychologiques mais aussi physiques, mais aussi avoir des conseils sur l'attitude que je dois adopter vis à vis d'un mari violent.
je vis avec cette personne depuis 16 ans. j'avais remarqué son "caractère" qui au début je qualifiais de "fort" et dont je recherchais (en contrario avec un ex qui était très faible et que j'ai quitté pour ne pas jouer le rôle de mère).
je me suis aperçu rapidement qu'il me traitait d'une façon très humiliante (même devant d'autres personnes) et je voyais le plaisir qu'il prenait). il m'avait raconté son enfance avec un père violent et j'ai donc mis son comportement sur des séquelles.
je me suis dit que je pouvais l'aider à changer.
j'ai essayé avec de la douceur, mais je me suis rendue compte qu'il en profitait et vu que je ne répondais ou m'insurgeait contre lui, l'engrenage à commencé. je me suis rebellé depuis mais son comportement reste le même.
la violence était surtout psychologique (me traitait et me traite toujours même devant les enfants "d'incapable", de "feignasse", de "pute", de "salope" (excusez-moi pour la vulgarité mais ces mots reviennent souvent).
il avait quelques fois des gestes envers moi (je me rappelle (alors que j'avais mon bébé dans les bras) qu'il m'avait cogné la tête contre un mur car monsieur ne trouvait pas la chemise qu'il voulait mettre).
je vivais dans une constante appréhension et peur.
comme beaucoup d'hommes violents le schéma se reproduisait à chaque fois : violences verbales ou physiques et ensuite remords de sa part, douceur mais violences qu'il justifiait car j'étais responsable de son irritation, jusqu'à que le cycle recommence.
je lui ai fait comprendre que je ne pouvais accepter cela, que la violence ou humiliations étaient inadmissibles.
j'ai essayé de lui faire comprendre qu'une séparation était inévitable mais il persiste à rester
depuis quelques années (alors que je suis une femme indépendante et combattante de nature) je vis dans la crainte pour moi et mes enfants (2) .
il me dit (suite à une violence) sa culpabilité toujours en soulignant que je l'ai provoqué, que l'on doit trouver une solution, mais s'énerve et ensuite me menace de mort.
cet homme est dangereux car à part moi et les enfants, il n'a personne.
il est très orgueilleux, il est le plus fort, et quand l'énervement commence son visage, son ton, ses paroles deviennent très inquiétantes.
dernièrement , en plus des sempiternelles humiliations verbales, j'ai reçu 2 coups (1 avec lancement de chaise sur les côtes et 1 avec lancement de bouteille de 1.5l sur une épaule). pour l'épaule , je suis allé directement à la gendarmerie faire une main courante et ensuite constater par un médecin l'hématome avec certificat). j'ai appelé aussi le 3919 où une personne m'a dit qu'il ne partira jamais , que c'était à moi de partir.
je lui ai expliqué que je suis victime et incompréhension que je doive m'enfuir
peut-être un jour le ferais-je mais c'est quand même bizarre comme situation car la femme doit tout gérer (enfants, finances, logement, emploi...) alors que pour répéter elle est victime.
depuis ces derniers "incidents", je me trouve bizarre, comme un gros choc après un grave accident de voiture ou autre, le fait d'entendre sa voix, voire sa silhouette me traumatise et je dois quand même faire face pour mes enfants, mon travail.
pour finir, j'ai mis dans la confidence un de mes frères (à qui j'ai laissé un sac de vêtements et copies de papiers) et une amie. depuis que mon mari me voit de plus en plus renfermé, il réessaye sa tactique (ne pas trop me déranger, si j'ai besoin d'aide...) mais je ne lâche pas en espérant une bonne foi pour toute qu'il doit partir. mais la décision doit venir de lui car si je lui dit "ok , part, c'est la meilleur solution" il trouvera une autre solution!!!
vous allez sûrement me conseiller vivement de partir et de reconstruire ma vie avec mes enfants
mais il doit sûrement exister une façon pour que ce soit lui qui parte, c'est lui le fautif.
merci de votre réponse
je vous autorise à mettre sur votre site mon témoignage mais sans mon adresse email
sincères salutations

Bonjour,
Vous pouvez tenter de demander l'éloignement du domicile conjugal de votre mari, en introduisant une demande en référé tout en vous engageant sur le chemin du divorce mais il faut pouvoir prouver la dangerosité de la situation, en déposant plainte (une main courante ne suffit pas car ce type de déposition n'a aucune suite sur le plan juridique) et en produisant certificats médicaux et témoignages.
* Eviction du conjoint violent du domicile conjugal : l'article 220-1 du code civil
Si l'un des époux manque gravement à ses devoirs et met ainsi en péril les intérêts de la famille, le juge aux affaires familiales peut prescrire toutes les mesures urgentes que requièrent ces intérêts.
Il peut notamment interdire à cet époux de faire, sans le consentement de l'autre, des actes de disposition sur ses propres biens ou sur ceux de la communauté, meubles ou immeubles. Il peut aussi interdire le déplacement des meubles, sauf à spécifier ceux dont il attribue l'usage personnel à l'un ou à l'autre des conjoints.
Lorsque les violences exercées par l'un des époux mettent en danger son conjoint, un ou plusieurs enfants, le juge peut statuer sur la résidence séparée des époux en précisant lequel des deux continuera à résider dans le logement conjugal. Sauf circonstances particulières, la jouissance de ce logement est attribuée au conjoint qui n'est pas l'auteur des violences. Le juge se prononce, s'il y a lieu, sur les modalités d'exercice de l'autorité parentale et sur la contribution aux charges du mariage. Les mesures prises sont caduques si, à l'expiration d'un délai de quatre mois à compter de leur prononcé, aucune requête en divorce ou en séparation de corps n'a été déposée.
La durée des autres mesures prises en application du présent article doit être déterminée par le juge et ne saurait, prolongation éventuellement comprise, dépasser trois ans.
Au niveau logement, votre habitation est-elle régulée par un bail commun ou êtes vous propriétaires tous les deux ?
Au niveau psychologique, vous êtes probablement sujette à des troubles résultant de vos angoisses, face à une situation difficile :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_psychotrauma.htm
Pour réfléchir à toutes ces démarches éventuelles, je vous conseille de prendre contact avec le centre d'informations sur les droits des femmes, le plus proche de votre domicile, lequel vous renseignera juridiquement et saura vous apporter une écoute psychologique ; c'est gratuit ; voici les adresses sur toute la France :
* http://www.infofemmes.com/index.php?option=com_content&task=view&id=22&Itemid=1
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

je vous remercie de votre réponse
vos réponses concernent le plan juridique mais en attendant que tout ce mette en place
comment me comporter vis à vis de cet homme pour me sentir moins angoissé
j'ai lu des extraits psychologiques sur la violence en général et la consigne est de ne pas mettre de l'huile sur le feu mais je ne peux pas non plus abdiquer à tout car sinon soumission totale
je suis perplexe et n'arrive pas à voire la meilleure stratégie ds ce cas avant d'entamer les procédures (je ne connais pas les délais pour que l'éviction soit effective)
merci d'avance de votre réponse
sincères salutations et encore merci pour la rapidité du traitement de ma demande

Il est nécessaire de ne pas rester isolée en parlant régulièrement, si besoin, avec des associations de proximité :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_tel_local.htm
Montrer au partenaire violent qu'on n'est pas seule, qu'on est soutenue, produit souvent un "réflexe" de prudence de sa part et parallèlement, ce contact permet à la victime de se recentrer sur elle, sur sa propre position. Le portrait, en général peu flatteur, que la personne violente fait de sa victime s'estompe et vous reprenez peu à peu confiance en vous, jusqu'à pouvoir vous "opposer" calmement et fermement à monsieur sans plus douter de votre propre image.
Cependant, je vous conseille néanmoins de mettre votre mari à distance, sans chercher à lui faire prendre conscience de ses responsabilités qu'il est incapable d'assumer et de lui opposer un refus de discussion.
Veillez à adopter des attitudes, des gestes et des stratégies langagières qui évitent de développer des conflits.
Ne répondez pas à l'agressivité par l'agressivité, ne tombez pas dans sa provocation et ne donnez pas prise, même à la violence verbale.
Attention, la possibilité d'éviction du mari violent du domicile conjugal, n'est pas forcément acquise il faut que la dangerosité de la situation soit réelle et prouvée.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
je me permets de vous recontacter suite aux recherches effectuées dernièrement ; mon mari serait un PN (pervers narcissique)
je suis vos conseils pour ne pas rentrer ds son jeu de conflit qu'il essaye de provoquer avec des questions anodines
c'est dur pour moi, car je ne suis pas d'un naturel à me soumettre (j'ai tendance à répondre et à exprimer mes pensées) et surtout depuis que j'ai compris son stratagème (car je suis horrifié que des personnes de ce genre existent)mais je fais de mon mieux
je rentre quand même moi aussi ds un jeu de manipulation afin de ne pas rentrer ds le sien
depuis qu'il s'aperçoit que je ne marche plus, il essaye de m'emmener sur le chemin de l'empathie (se plaint de plein de maux physiques voire même ce matin au téléphone de problèmes cardiaques!!!) afin de me reprendre ds ses filets me fait un bisou sur la joue, me dit qu'il regrette encore son geste mais que je l'ai poussé à le faire, que l'on peut continuer etc...
ma question est la suivante :
a-t-il conscience de ce qu'il fait? tout est stratège?
car si c'est le cas je prendrais conscience (et malheureusement je commence à le faire) que je vis depuis 16 ans avec une personne qui ma manipulé depuis le début. je dit "malheureusement , car c'est dur de s'apercevoir seulement maintenant de ce fait .
en vous remerciant de votre réponse
sincères salutations

Bonjour,
Quand le partenaire violent s'aperçoit que sa victime passe outre sa peur des menaces et des coups, il se rend compte, alors, qu'il peut perdre sa proie et tente de la "reconquérir" par les stratagèmes que vous citez.
Cette stratégie est plus ou moins inconsciente selon le degré de perversité de son auteur.
Il semblerait que dans votre cas, ce soit votre conjoint qui ait le plus besoin de vous plutôt que vous de lui (il est isolé dites vous...), ce qui doit augmenter son angoisse de se retrouver seul à seul avec lui-même.
Il est donc possible, que ce soit cette angoisse de la solitude, qui l'oriente vers une stratégie de "séduction" à votre égard, plus encore, qu'un trait de perversion.
Note extraite du bulletin mensuel et concernant l'évaluation de la politique de prévention et de lutte contre la violence faite aux femmes :
* http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/lutte_violences_femmes.asp
La grande avancée dans la protection des femmes victimes de violences conjugales est évidemment l’éviction du domicile conjugal de l’auteur des violences. Il a fallu pour y parvenir beaucoup de persévérance, eu égard notamment aux problèmes de constitutionnalité qu’on nous avait d’abord opposés ! Cette éviction peut intervenir, dans le champ pénal, à tous les stades de la procédure : comme alternative aux poursuites, dans le cadre d’un contrôle judiciaire, comme obligation d’un sursis avec mise à l’épreuve après condamnation ou d’une mesure d’aménagement de peine. Instituée par la loi sur la récidive du 12 décembre 2005, l’éviction du conjoint en matière pénale a été prononcée dans 10 % des affaires en 2006, 13 % en 2008 et plus de 18 % depuis le début de l’année 2009.
En matière civile, l’éviction du conjoint violent est possible avant le prononcé du divorce depuis la loi du 26 mai 2004. Lorsque cette mesure est demandée au juge, elle est de plus en plus souvent accordée – dans plus de 80 % des cas actuellement.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Nota : à propos des "pervers narcissiques" ...

Les maladies n'étant jamais définies à travers une personnification, il ne peut y avoir aucune définition médicale directe du pervers narcissique, pas plus que de l'autiste ou que du psychotique. Seule une définition de la perversion narcissique est envisageable, le pervers narcissique étant la personne qui en est atteinte.

Cette définition de la perversion narcissique est établie empiriquement après Racamier à travers de nombreux ouvrages, mais, sans être forcément remise en cause, elle n'a pas obtenu le consensus des milieux médicaux et scientifiques. Par exemple, elle n'est pas référencée dans les grandes classifications actuelles comme le DSM IV, les désignations les plus proches seraient le trouble de la personnalité narcissique et la psychopathie.

Le raccourci "pervers narcissique" est pourtant parfois utilisé en psychopathologie pour désigner les individus présentant une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion (sous entendue morale), deux concepts psychanalytiques.

* Le narcissisme, l'amour de soi, est une composante de toute personnalité. Dans la pathologie associée, il est exacerbé ; on parle alors de trouble de la personnalité narcissique : le besoin d'être admiré est constant et associé à un manque de reconnaissance et d'empathie.

* La perversion, le fait de détourner, est aussi une composante commune de la personnalité de chacun. La pathologie associée correspond à un type de personnalité particulier tendant vers la satisfaction de ses désirs et de ses besoins aux dépens des autres, qui vont être manipulés et dont les besoins sont niés.

[NDW Yves Lambert]

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