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Ma mère est victime de violences psychologiques

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Janvier 2011

Bonjour,
   Ma mère est victime de violences psychologiques de la part de mon père, et ce depuis de longues décennies. Il y a longtemps que j'essaie de la convaincre, arguments à l'appui, de mettre un terme à tout ça mais elle n'a jamais consenti à se séparer de cet homme que je considère maltraitant. D'abord sous prétexte de pouvoir "finir de nous élever" mon frère et moi, et ensuite .. et bien j'avoue que je ne sais pas vraiment ce qui l'a toujours empêchée de le quitter. La force de l'habitude sûrement .. quoi d'autre ??
  Je ne vais pas vous exposer ici l'histoire de notre carré familial, mais vous en donner un bref aperçu en vous disant que notre famille a toujours été "en crise", que la  "dynamique", les interactions ont toujours été grandement dysfonctionnelles ... et le restent encore à ce jour. Des failles qui, aujourd'hui, sont de véritables crevasses (néanmoins j'ai toujours conservé d'excellents rapports avec ma mère.) Mon père ne s'est jamais occupé de quoi que ce soit au sein du ménage. En plus de son activité professionnelle, ma mère a toujours tout assumé, tout géré seule, éducation des enfants, tâches ménagères, gestion des comptes ... n'a cessé de composer pour éviter les tensions .. les débordements d'humeur ..  Mon père est un homme qui ne parle pas, qui ne manifeste aucun sentiment hormis la colère, un homme avec qui toute discussion est impossible, je dis bien: impossible.
   Aujourd'hui, à 75 ans, maman est tellement épuisée physiquement et brisée mentalement, sans plus aucune volonté, qu'elle est incapable de prendre cette décision qui, pourtant, s'impose depuis si longtemps déjà. Elle n'est même plus "pleinement consciente" de ce qu'elle subit quasiment au quotidien et continue "d'encaisser" sans rien dire, ou presque. Sans cesse rabaissée, brimée, délaissée, ou tout bonnement ignorée, dans le meilleur des cas .. Elle est dépressive, résignée.. et esseulée. Auprès d'elle, une amie qui, hélas, concrètement, ne peut rien faire d'autre que lui apporter un soutien moral tout relatif et quelques rares distractions. Aucune vie sociale, aucune vie familiale .. Il y a un peu plus de 10 ans que mon frère et moi sommes en conflit fermé avec mon père, ne supportant plus son caractère plus qu'irascible, ses reproches incessants envers ma mère, à tout propos, son alcoolisme chronique .. Nous refusons de nous rendre au domicile familial depuis tout ce temps et ma mère ne nous voit que rarement, lorsqu'elle nous rend visite ( j'habite Marseille, mon frère Montpellier, maman dans le centre de la France).
  Il m'a fallu des années pour parvenir à la persuader d'aller consulter un psychiatre afin de soigner sa dépression chronique. Elle est régulièrement suivie et "médiquée" maintenant mais j'ai la nette impression que rien n'avance. J'avais espoir que l'avis professionnel d'un tiers, sans composante affective, déclencherait quelque chose, lui ouvrirait les yeux .. mais non, sa souffrance psychologique est toujours là et maintenant sa santé se détériore. Souffrance que j'impute à toutes ces années de "dur labeur conjugal" acceptées passivement. De plus, elle s'est réfugiée dans les jeux d'argent et a développé une addiction qui aujourd'hui la contraint à vendre un des deux biens immobiliers qu'ils possèdent (et dans lequel elle vit quasiment seule) pour rembourser les dettes contractées depuis bien longtemps. Je sens bien qu'elle est presque prête à profiter de cette "opportunité" pour enfin franchir le pas, mais je sais qu'elle n'y parviendra pas seule, et je ne sais vraiment pas comment l'aider dans ses démarches. Je suis tout aussi démunie, alors:
1/ Où puis-je me renseigner? .. vers quel tiers me tourner pour obtenir des infos afin de l'aider à se séparer de mon père ? 
2/ en tant que fille légitime, ai-je des recours juridiques pour la "protéger"  .. même si je pense qu'elle n'est pas physiquement en danger ? ( je n'en suis pas totalement sûre .. )
Merci de votre "écoute"

Bonjour,
Je vais sans doute vous surprendre en vous répondant que votre maman n'a peut-être pas l'envie de se sauver ou d'être sauvée.
Au risque de vous paraître cynique, j'ai le sentiment qu'il est trop tard pour faire ces "renoncements nécessaires" qui lui permettraient de sortir de sa situation sacrificielle dans laquelle elle s'est depuis longtemps investie et développée et qu'elle aurait pu quitter comme vous le notez d'ailleurs.
C'est cette dimension sacrificielle qui vous fait terriblement peur et que vous détestez (tout en reconnaissant qu'elle aurait pu, encore une fois, partir) tout autant que le spectacle affligeant de votre mère en proie aux brimades de votre père.
Votre mère a trouvé un moyen, malheureusement, pour vivre "hors les murs" mis en place par votre père (mais acceptés par elle) : son addiction aux jeux d'argent et ce "moyen" s'apparente encore à une dépendance tout comme elle est dépendante, même dans le malheur, de votre père.
"La dépendance est une relation contraignante, plus ou moins acceptée avec un être, un objet, un groupe, une institution et qui relève de la satisfaction d'un besoin".
C'est une manière de "contre-investir" une réalité psychique interne défaillante ou menaçante.
"Le sujet, en perpétuelle menace dépressive, d’effondrement de son unité, va chercher à l’extérieur les étayages, les réassurances narcissiques qui lui font défaut à l’intérieur. Il convient de ne pas confondre les événements déclenchants, les souffrances actuelles variées et nombreuses que nous pouvons appeler l’élément déclenchant ou le second temps du Traumatisme, avec le premier temps du Traumatisme, précoce, archaïque, in utero ou transgénérationnel comme nous l’avons décrit."
Le problème de votre maman est à situer, au delà de la présence de votre père, dans une lutte interne avec elle-même.
Autrement dit, même si je ne nie pas et je n'excuse pas le comportement de votre père, je pense qu'il n'explique pas l'extrême vulnérabilité de votre maman.
Bergeret affirme ainsi que la clinique des conduites addictives, quel que soit le type d'addiction, nous ramène toujours à des carences narcissiques précoces entraînant des vécus dépressifs.
Par rapport à ce symptôme (le jeu d'argent), vous pouvez réagir, s'il met en péril gravement les finances de votre maman (qu'en pense votre père ?) en demandant éventuellement une curatelle.
De même, si vous considérez que son état se dégrade mais cela ne résoudra pas le problème de la rupture avec votre père.
Sur cette question, vous ne pouvez qu'espérer que la thérapie fasse ses effets...
La meilleure façon d'aider votre maman serait de lui permettre cette prise de conscience de sa précoce vulnérabilité tout en ne niant pas la conduite intolérable de votre père.
Croyez vous qu'elle parle ouvertement de cette addiction au psychiatre ?
Vous imputez sa souffrance à toutes "ces années de dur labeur conjugal" certes mais je suis certaine qu'elle était déjà présente en elle, plus diffuse, plus masquée...
Par rapport à votre demande d'infos, je vous conseille vivement, de contacter un centre d'informations sur les droits des femmes ; vous y aurez des renseignements juridiques gratuitement : cliquer ici
J'aimerais pouvoir publier votre témoignage, avec ou sans votre adresse mail, car il est très intéressant.
Me le permettez vous?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil


Tout d'abord, merci pour votre réponse "éclair", croyez bien que c'est appréciable. Vous avez mon accord pour publier mon témoignage, sans mon adresse mail toutefois.
 Je suis à peine étonnée de vous "entendre" me dire que, finalement, maman ne veut peut-être pas être sauvée, se sortir de cette déplorable situation. J'avais envisagé cet état de fait et à vrai dire, pensais pouvoir passer outre, au vu de sa grande détresse psychologique. Effectivement, cette notion de sacrifice dont vous parlez existe bel et bien dans son esprit: j'ai l'impression qu'elle s'impose cette vie ( qui n'en est pas une ..) d'une part, pour ne pas reproduire le schéma de ses parents qui ont divorcé ( ce dont elle a souffert, c'est sûr .. ) et d'autre part pour expier ce qu'elle considère sûremment comme des fautes :
1/ avoir subi un viol pendant la guerre, révélation qu'elle m'a faite il y a peu ..
2/ avoir eu un enfant naturel (mon frère; né d'une relation adultérine) que mon père a reconnu bébé lorsqu'ils se sont mariés .. elle était alors mère-célibataire.
2/ ne pas avoir su se faire aimer de sa propre mère, qui lui préférait ouvertement mon oncle ..
 Mais, voyez-vous, de mon point de vue, ce ne sont pas des "fautes" et rien de tout cela ne justifie pareil "sacrifice", d'endurer pareil traitement ! .. J'avoue que je ne la comprends pas .. Ce fatalisme, cet immobilisme m'affligent et j'oscille régulièrement entre colère et désarroi .. Je pense qu'elle est consciente de sa grande vulnérabilité, de la pénibilité de ses jours, mais n'a aucune volonté pour faire bouger les choses. Nous en discutons très souvent, elle reconnaît que sa vie n'est pas "normale" .. mais c'est bien tout ..
Je suis réellement déstabilisée par cette hypothèse de dépendance envers mon père qui expliquerait le fait qu'elle n'ait jamais pris la décision d'entamer une procédure de divorce. C'est un choc pour moi !  Comment peut-on être dépendant d'une personne qui vous fait tant de mal ?
Diriez-vous qu'elle se complaît, inconscienmment peut-être, dans un statut de "victime"  tout en en souffrant ?
Quoiqu'il en soit, j'estime qu'elle mérite une meilleure vieillesse, qu'elle a droit à du "repos", elle est d'accord sur ce point-là, dit en avoir assez, être fatiguée de ces conditions de vie, mais ne fait rien pour obtenir cette tranquillité .. et continue de composer au jour le jour .. inlassablement. Quant à moi, je ne peux pas admettre qu'il est trop tard pour pouvoir aider ma mère à retrouver une vie digne de ce nom. C'est très difficile pour moi.
 Avec le peu d'éléments que je vous ai fournis, diriez-vous alors qu'il est fort probable pour que ce soit nous, les enfants, et seulement nous qui souhaitons cette séparation ? .. bien plus que maman elle-même ? et qu'il ne faut pas envisager de prendre cette décision à sa place ? .. de forcer la mise en route d'une séparation ? .. car telle est mon intention aujourd'hui. L'appartement est pratiquement vendu à l'heure qu'il est et elle m'a clairement dit qu'il n'était pas question qu'elle emménage dans leur maison de campagne où vit mon père la plupart du temps. Pas question de l'avoir sur le dos 24h/24 .. ce sont ces propres mots. Elle cherche un appartement à louer, fait que j'ai interprété comme un premier pas .. nous en avons parlé mais force est de reconnaître qu'elle n'a jamais parlé de réelle séparation. En fait, je crois qu'elle compte repartir sur le même schéma de vie : deux lieux de vie ( parce-qu'il y a longtemps qu'ils ne se supportent plus ) mais elle continuera de faire "la boniche-intendante" pour lui .. et de subir son comportement inqualifiable .. Elle n'a que les inconvénients, les mauvais côtés de cette union désastreuse. Quel intérêt ?? .. quitte à être seule, autant que ce soit pour de bon et en paix ! .. Qu'en pensez-vous ?  De plus, elle souffre de ne pouvoir nous voir, mon frère et moi, nous sommes dans une impasse .. cette situation est pesante, je me sens impuissante, la savoir "engluée" dans un tel quotidien est vraiment devenu insupportable au fil du temps.
 Je reconnais éprouver aussi de la culpabilité, être partie loin .. pour fuir tout ça .. dès que j'ai pu .. et aujourd'hui, c'est peut-être avant tout le moteur de ma démarche. Je ne sais pas. J'avoue que je me pose beaucoup de questions. J'ai de plus en plus de mal à continuer de "tolérer" la situation et parfois me demande même si, en fait, je n'essaierai pas, par ce biais-là, de "régler mes comptes" avec mon père .. Je suis perdue .. Je suis bien consciente que nous aurions tous besoin d'entreprendre une sérieuse thérapie familiale .. avec tous ces non-dits qui planent .. ces squelettes dans les placards qui n'en finissent pas de prendre la poussière .. mais c'est tout simplement inconcevable dans le contexte.
 Vous me dites qu'il faut simplement attendre les bénéfices de son suivi psychologique, sans intervenir ? .. la laisser faire son "chemin intérieur" en espérant un mieux être prochain ? .. Je vais être franche, ce n'est pas acceptable pour moi. Connaître les raisons, les mécanismes psychologiques qui ont conduit ma mère à cet état de passivité, c'est une bonne chose, certes, mais il me semble que même si mon père n'a pas tous les torts (je veux bien le reconnaître), que ma mère était très certainement fragile bien avant de le rencontrer, je continue de penser que cette pseudo vie maritale infernale doit prendre fin. Je sais très bien qu'une séparation ne résoudra pas ses problèmes personnels, ses traumatismes profonds, mais à défaut d'être heureuse, elle aura une vie calme et tranquille, sans cris, sans reproches, entourée de ses enfants et sera libre de faire ce que bon lui semble, à l'heure où ça lui chante. Voilà ce à quoi j'aspire pour ses vieux jours déjà bien entamés, mais à vous lire, il semblerait que bousculer ses "habitudes", si mauvaises soient-elles, serait très déstabilisant pour elle. A mes yeux, cela ne saurait être pire que de continuer à vivre "accrochée" à un homme maltraitant.

Ce problème d'addiction au jeu (sorte de refuge; vos lignes me l'ont fait comprendre) n'est apparu qu'il y a une dizaine d'années seulement, quelque temps après l'annonce de la séropositivité de mon frère, en fait. Elle en parle avec son thérapeute et m'a assuré qu'à ce jour, il était réglé. J'avais "épongé" quelques dettes, par deux fois, et avais été très ferme et plus que "menaçante" à ce propos en lui disant qu'effectivement, je n'hésiterais pas à enclencher une demande de procédure de mise sous curatelle si elle persistait à jouer. J'avais d'ailleurs suspendu les procurations qu'elle possédait sur mes comptes à l'époque, pour me protéger et aussi dans l'espoir de la faire réagir. Je crois que la perspective de perdre complètement ma confiance l'avait aidé à se ressaisir. Quant à mon père, je ne sais pas ce qu'il pense du problème d'addiction au jeu de ma mère .. juste ce qu'il en a dit une fois mis au courant :" tu n'as qu'à te démerder" .. je cite. Tout comme à moi, elle le lui a longtemps caché (c'était facile puisqu'il ne gère rien) jusqu'à ce que je la pousse à lui avouer ses dettes de jeu et lui fasse comprendre que mes épaules n'avaient pas à supporter le poids de ses "démesures". Mon père se laisse vivre .. il a toujours laissé ma mère s'occupait de tout, se débattre avec les problèmes et n'a jamais été d'aucun secours .. en quoi que ce soit .. son attitude a plutôt contribué à maintenir la tête de ma mère sous l'eau .. Je lui en veux pour ça aussi.
Maman m'a toujours fait partager ses soucis, et j'ai souvent eu l'impression que les rôles étaient inversés .. mais je suis son seul et unique soutien, depuis toujours.  
Contrairement à ma mère, je n'ai jamais nié la conduite déplorable de mon père mais n'ai jamais eu (su me donner .. ? ) les moyens de la "contrer" .. Je ne vous cache pas que je redoute plus que tout un affrontement avec mon père, mais pensez-vous qu'il faille l'envisager dans l'intérêt de ma mère ? .. tout en sachant pertinemment que rien ne changera .. et au risque d'envenimer la situation déjà précaire ?
 
Comment peut-on être dépendant d'une personne qui vous fait tant de mal ?

Bonjour,
Le sacrifice est en effet une sorte de traitement de la culpabilité.
S'il l'entretient, il la tempère et surtout, la canalise.
Il donne l'illusion d'avoir prise sur le mal.
En fait, votre mère forme une sorte d'alliance avec votre père.
Et, finalement, les victimes de cette "alliance" seraient peut-être, vous les enfants, si vous n'aviez pas "fui".
Et on voit bien d'ailleurs, l'impact de cette situation sur votre propre psychisme (révolte et culpabilité), situation à laquelle votre maman plus ou moins consciemment ou inconsciemment, a tenté de vous faire adhérer puisqu'elle vous faisait partager ses soucis.
Ce n'est pas à vous d'affronter le mari de votre mère.
Ce n'est pas à vous d'affronter la vie de votre mère ou plutôt ses rapports avec la mort.
Car le "sacrifice" peut aussi provoquer un allègement de la dépression, comme une prothèse, qui aide paradoxalement votre mère à "vivre".
Jusque là, votre maman a "assumé" cette situation ; elle vous fait part aujourd'hui de son "envie" d'être tranquille et elle en a les moyens financiers puisqu'elle gère le budget.
Encouragez la dans cette perspective : habiter seule dans un appartement mais laissez la, si elle le veut, régler ses comptes avec son mari.
Ne réglez pas effectivement vos comptes avec votre père à travers elle.
Protégez vous!
Merci infiniment pour votre autorisation  : je respecterai votre anonymat.
CP


Bonjour,
Merci pour vos précieux conseils, j'ai pris plusieurs jours pour pouvoir "digérer" vos lignes qui, je l'avoue, m'ont bouleversée. Si je comprends bien votre point de vue, maman s'est construit une sorte de "cabane thérapeutique" dans laquelle il faut la laisser "vivre"  sous peine de la voir "dysfonctionner" plus encore, s'enfoncer un peu plus dans la dépression .. et accepter cet "enfermement" comme un moyen d'avancer tant bien que mal dans ce qui est SA vie .. mes intentions seraient donc, au final, plus destructrices que "bienveillantes" .. salvatrices ..
J'ai bien compris qu'il me fallait différencier les statuts (le mari de ma mère) mais quant à mes (non)-rapports avec mon père, qu'entendez-vous par " protégez-vous" ? 

Bonjour,
"Vous protéger", ce serait ne pas tomber sous l'emprise du fonctionnement dépressif de votre mère, laquelle "vit" effectivement sous ce mode là parce que c'est peut-être un "moindre mal" : "Ainsi, l’état dépressif, écrit Pierre Fédida, s’entend plus comme un processus de défense que comme un processus résultant d’une perte, d’une séparation, d’un deuil. Se rendre inanimé, en présence de trop fortes excitations extérieures ou intérieures, pour rester en vie", pour préserver le psychisme finalement. Voilà l’état déprimé.
Et puis : Le chemin est difficile, rocailleux, douloureux, voire impossible pour certains. Sacrifier notre symptôme, c'est ouvrir les yeux sur notre réalité, qu'elle soit souffrance ou potentiel de Vie. C'est le Sacrifice de l'innocence dans le sens du "je ne veux pas voir"...
Votre expression "cabane thérapeutique" est fort juste !
Vos intentions ne sont pas destructrices : ce sont des intentions bienveillantes et légitimes mais je doute que votre mère ait la capacité, la réelle envie de s'y adapter.
Vous ne pouvez que l'encourager dans ses intentions de vivre "tranquille", c'est à dire éloignée de son époux, mais n'essayez pas de la "sauver"de lui et d'elle-même.
J'espère qu'elle investit toujours sa "thérapie" lors des consultations.
Cordialement,
CP


Bonjour,
 Oui, maman me dit participer activement à sa thérapie, d'ailleurs, elle a de bons rapports avec ses thérapeutes et je sais qu'elle fait des efforts mais l'entendre dire que "plus rien ne la touche" et constater ce réel détachement vis à vis de sa situation est tout simplement effrayant!  Il me semble qu'elle se trouve dans le renoncement le plus complet .. un désinvestissement total par rapport à ce qui pourrait lui arriver ou pas.
  Je n'ai pas l'impression d'être sous l'emprise du fonctionnement dépressif de maman qui ne se plaint pas de son "sort" (si tant est que je comprenne bien ce qu'implique cet état .. ce curieux rapport mère/fille qui pourrait être le nôtre). Je dirais plutôt que c'est moi qui vis de plus en plus mal la situation, crise de remise en question de la quarantaine ?  Maman n'est pas "en demande", ne l'a jamais été d'ailleurs. J'ai le sentiment qu'elle vit ça comme une fatalité et c'est d'autant plus désespérant .. Mais si tel est le cas, comment me dégager de cette emprise? .. J'aime ma mère de tout mon coeur, je n'ai jamais été insensible à sa condition mais aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression d'être arrivée au bout de ce que je suis capable de supporter vis à vis de cette situation, qui me mine .. qui me ronge .. réellement .. Ce sentiment de grande impuissance alterne sans cesse avec celui de la colère .. c'est épuisant .. Vos éclaircissements quant au fonctionnement personnel de maman me permettent de mieux comprendre ce qui se passe depuis tant d'années et d'essayer de l'accepter le plus sereinement possible, je vous en remercie, mais en me relisant j'en viens à me demander si, au final, je n'aurais pas, moi aussi, besoin d'un soutien psychologique pour mieux vivre .. hum .. je suis perdue ..

Bonjour,
Vous voudriez "ranimer" votre mère mais, comme vous l'écrivez, elle ne demande pas ce soutien ; peut-être souhaite-t-elle simplement un "accompagnement" sur ce chemin du désinvestissement, ce qui est redoutable pour vous car il est légitime de craindre le trou, le vide, laissé par le propre désinvestissement de la mère "morte" symboliquement.
Ne vous sentez surtout pas mal à l'idée d'avoir "échoué" dans la construction d'une mère suffisamment "vivante"et donc "bonne", vous n'en êtes pas responsable.
Mais encore une fois, protégez vous, en maintenant de la distance non seulement physique mais aussi psychique d'avec cette maman quelque peu "mortifère".
Acceptez justement ce sentiment d'impuissance qui vous anime et renoncez à "sauver" votre maman.
Dénouez ce lien et conservez (pour pouvoir conserver aussi) votre force de vie.
Bien sûr, vous avez besoin d'être soutenue car ce type de situation est terriblement épuisant.
Cordialement,
CP

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