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J'ai vécu 7 ans avec un homme qui m'a fait subir des violences conjugales

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Mai 2011


J’ai vécu 7 ans avec un homme qui m’a fait subir des violences conjugales (insultes, viols, coups, vol de mon argent...), mais je n’ai jamais rien dit car j’avais honte de ce qui m’arrivait. Je pensais que tout était de ma faute et que je méritais les coups et les insultes à mon propos. Même ma famille ne s’est aperçue de rien ou alors ils ont fait comme si il ne se passait rien. Ma petite fille est née et là ce fut une révélation pour moi. J’ai quitté ce conjoint violent pour ne pas qu’elle vive cet enfer quotidien. Seulement voilà, ma fille qui a aujourd’hui 7 ans 1/2 ne comprend pas pourquoi j’ai quitté son père. Moi je suis suivie par un psychiatre car je n’arrive pas à vivre normalement (je suis mariée avec un homme extraordinaire mais je n’arrive pas à lui montrer mon amour, je n’arrive pas à lui faire confiance, je n’arrive pas à avoir des relations sexuelles avec lui... ) je lui ai parlé de ce qui m’est arrivé et il m’épaule et il est patient. Comment remonter la pente ? Sans preuve je ne peux rien faire. Dernièrement j’ai du lui faire face au tribunal pour la garde de ma fille, je n’ai pas dormi durant presque une semaine tellement j’avais peur de le revoir. Rien que le fait de parler de lui, je suis paniquée. Il me suffit d’entendre sa voix pour que je me mette à trembler. Il me terrorise juste avec un regard ou ce sourire qui en dit long. Que puis je faire ? Je ne peux plus vivre comme ça. Je suis sous anti dépresseurs. Ma vie est un cauchemar. Je sais aujourd’hui avec le recul que j’aurais du dire quelque chose, j’aurais du faire quelque chose mais il est trop tard maintenant. Je dois vivre avec ces horreurs qui ne cessent de tourner dans ma tête jusqu’à la fin de mes jours. J’ai besoin de conseils.
* loliwat@hotmail.com

Bonjour,
Juridiquement, il est certainement trop tard effectivement, pour que vous soyez reconnue par la justice comme une victime de cet homme.
Psychologiquement, il semblerait que vous vivez encore dans un état de stress post-traumatique qui se prolonge d'autant plus, que les effets des traumatismes sont réactivés par le fait que vous êtes obligée de vous confronter au père de votre fille, lequel fait valoir ses droits au sujet de son enfant.
La charge émotionnelle vous est devenue trop lourde à supporter comme si un état de catastrophe était réactualisé.
Une sensation de catastrophe que vous ne connaissez que trop bien (par le passé) et dont vous avez eu infiniment de mal à vous protéger.
Vous avez tenté de dépasser ce sentiment de terreur en refaisant votre vie avec un conjoint compréhensif et en entreprenant une thérapie.
Mais voilà que la menace intolérable survient de nouveau, puisque vous devez côtoyer le père de votre fille dans l'enceinte du tribunal.
Et les images du passé refont surface brutalement, celles de la violence, des humiliations, de l'injustice, de votre vulnérabilité face à votre "bourreau", de votre incapacité à vous protéger et à vous défendre.
Vous revivez votre effondrement et ce n'est pas étonnant que vous vacilliez à l'approche d'une sorte de reviviscence de cette sensation de néantisation, puisque vous êtes encore en convalescence!
Mais le "pire", c'est que vous vous en voulez de n'avoir pas su ni pu résister aux attaques de cet individu et que vous craignez par dessus tout, de succomber de nouveau à ces attaques.
C'est donc l'image de votre impuissance (et la crainte qu'elle se répète) qui vous angoisse au plus haut point.
Aujourd'hui, vous devez bien faire la distinction entre les évènements traumatiques que vous avez subis autrefois et les troubles que vous vivez actuellement, même s'ils résultent de ces évènements traumatiques.
Autrement dit, vous allez devoir mettre toute votre énergie à tenter de considérer les manifestations angoissantes que vous connaissez comme les symptômes ou plutôt les traces d'une épreuve passée qui n'a rien de comparable avec celle que vous vivez aujourd'hui, car aujourd'hui, vous n'êtes pas seule à faire face à cet homme, vous n'êtes pas abandonnée à cet homme et vous n'avez pas à craindre une totale impuissance.
Sans doute craignez vous de relire dans les yeux de cet individu le reflet de votre fragilité?
Vous allez devoir vous persuader que si, vous n'êtes pas tout à fait une autre, vous n'êtes plus cependant tout à fait la même.
Je vous prie de bien vouloir consulter le site de M.Salmona riche en explications et conseils :
* Mémoire traumatique et victimologie
Site de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel SALMONA, spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire Traumatique et Victimologie est une association de formation, d'information et de recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Elle a pour but d'améliorer l'identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité, et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre toutes les violences et d'améliorer leur prévention.
http://memoiretraumatique.org/
Je reste à votre disposition.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
 
 

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