Je me pose pas mal de questions Mars 2014 Bonjour,
Je m'appelle Gaëlle, j'ai 18 ans. Je suis tombée par hasard sur
le site sosfemmes en regardant sur internet des commentaires sur le
fait de porter le nom de son mari. En effet je me pose pas mal de
questions sur la vie, l'égalité entre hommes et femmes. Je me rends compte que tout ou presque est fait pour nous asservir aux hommes:
mariage, grossesse.. et je n'ai aucune envie d'être enceinte ou
mariée, cela ne me fait pas rêver et je sais que pour certaines
c'est quelque chose de mal vu pour une femme mais je m'en fiche de ce
que ces femmes pourraient penser. Je trouve juste désespérant que
les femmes se critiquent entre elles et ne se soutiennent pas. Pour
moi une femme qui se respecte c'est une femme qui suit ses envies et
peu importe qu'elle couche avec 10 mecs en même temps tant que cela
lui convient, je préfère cela à toutes ces femmes enceintes et mariées, hypocrites et jalouses, qui font comme la société leur
demande sans oser dire non à des coutumes. Je sais que certaines
n'ont pas le choix ou sont très heureuses comme cela mais je sais
aussi que d'autres font juste quelque chose d'habituelle sans se
poser la question de ce qu'elles veulent vraiment. J'ai déjà vu des
commentaires sur des forums ou des femmes étaient tombées enceinte
parce que cela coule de source mais que pour elles ce n'était pas
"le plus beau des cadeaux", elles ont répondu à un
automatisme et aux jugements de la société: "comment? une
femme sans enfants?". Ce qui me révolte encore plus ce sont
celles qui disent: "y en a qui sont stériles, qui ne peuvent
pas avoir d'enfants, toi tu peux en porter et t'en veux pas, va
te faire soigner, t'es pas normale". Je tiens à souligner que
c'est toujours des critiques de femmes â femmes et je trouve que
finalement celles qui veulent vivre leur vie comme elles entendent
sont rabaissées par des femmes qui n'acceptent pas le changement,
c'est comme si on se discriminait toutes seules. Et moi tout ceci
me rend mal. Je supporte pas les inégalités qui existent. A vivre
dans un monde pareil, où la femme est considérée comme un objet,
une marchandise, est critiquée si elle est "hors-normes".., je préfère en finir maintenant. De plus, il y a ces hommes qui,
quand ils sont jeunes nous considèrent comme des jouets sexuels et quand ils murissent et veulent une vie amoureuse stable, nous
embobinent pour avoir des enfants (objets reproducteurs). Le
problème c'est que dans les deux cas (mère de famille ou
célibataire qui suit ses envies) j'ai l'impression d'être leur
proie et d'assouvir leurs propres désirs comme si mes choix allaient
les combler eux et pas moi. Je cogite beaucoup dans ma tête, une
idée qui me passe par la tête, je la tourne dans tous les sens jour et nuit jusqu'à ce qu'une autre la remplace. En ce moment
c'est le port du nom du conjoint lors du mariage, avant c'était mon
âge et la vieillesse et il y a quelques mois c'étaient des crises
d'angoisses sur le fait d'être enceinte un jour (mais maintenant je
sais que je serai enceinte que si MOI je le veux, j'ai compris que
j'avais le choix et que ça n'allait pas être quelque chose qu'on
m'imposerait si je n'en ai pas envie). Je pleurs souvent sans raison,
mardi dernier j'ai séché les cours pour rentrer chez moi parce que
j'avais pas le moral, je me suis mise à pleurer toute seule dans le
salon sans savoir pourquoi, ça m'arrive assez souvent. Je pensais
pourtant que j'allais mieux mais je pense que je serai comme cela
toute ma vie. Je suis une personne bipolaire, parfois je suis super
en forme d'autres fois super triste où je ressasse n'importe quoi.
Quand je suis comme cela, j'ai envie de tout envoyer pêtre y compris
mes rêves. J'ai fugué à 16 ans après avoir souvent penser à la
mort et m'avoir parfois mutiler le bras quand j'allais pas bien. 2
ans plus tard j'ai l'impression que j'ai envie de recommencer (bien
que j'ai rien tenter) mais pas pour les mêmes raisons. Je sens
totalement perdue. Peut être que je me triture la tête et me pose
plein de questions parce que j'ai décidé de vivre. J'ai déjà
été voir une psychiatre après ma fugue. Au début ça n'a eu aucun
effet puis petit à petit si et après non. Je la vois plus depuis
quelques mois parce que j'avais l'impression de perdre mon temps et que ça ne servait à rien. La première séance m'avait soulagée et
j'avais hâte d'y retourner mais très vite ça ne m'a plus soulagée,
c'était plutôt une contrainte. Je suis désolée pour le long
message mais j'avais besoin d'évacuer ce que je ressens et d'avoir
un avis. J'aimerais tellement qu'il y ait un changement dans ce
monde. Je vais aussi rajouter que je pense souvent à une
presence inexistante. Petite j'avais toujours l'impression qu'on
était 6 et pas 5, comme si il manquait quelqu'un. Aujourd'hui, je ne
sais plus très bien si je ressens exactement ça aussi fort qu'avant
ou si c'est à cause de ma dépression, que parfois je me sens
seule et que j'aimerais quelqu'un pour m'appuyer.. je ne sais plus.
Beaucoup disent qu'ils ressentent pareil, que c'est parce que la vie
est dure et qu'on voudrait une personne qui nous épaule, à
qui parler, avec qui on serait ultra proche. Mais moi quand je
ressens ce vide, je pleurs et ça me prends les tripes, j'arrive
aussi à y penser en étant un peu triste mais j'ai toujours cette
idée en tête. C'est comme si il y a 2 ans, je me sentais mal
parce que je vivais à la place de quelqu'un d'autre, que
j'avais pris sa place, d'ailleurs j'avais la sensation d'avoir ma
place nul part. Merci de m'avoir lu même si c'est super
long. Merci de ne pas publier et de garder cela pour vous. Merci
pour votre réponse.
Gaëlle
Bonjour, Vous ne voulez pas que
l'on publie votre texte et je respecterai votre position mais c'est
dommage, pour les uns et les autres, tant vous soulevez lucidement
des sujets essentiels. D'abord et je suis complètement d'accord
avec vous, vous remarquez que les femmes sont parfois leurs pires
ennemies entre elles et vous soulevez dans une seconde partie, le
fait qu'elles sont toujours les "proies" des hommes. Oui,
la domination masculine est encore bien présente et souvent les
femmes y contribuent par leur attachement à des "normes",
des stéréotypes culturels, qui énoncent toujours l'homme fort et
viril et la femme douce et fragile voire ...soumise. Heureusement,
il y a eu de grands progrès et je vous assure que nombre de femmes
se sont élevées contre ces stéréotypes pour gagner ces droits
légitimes qui font de la femme une personne égale à l'homme au
niveau juridique, sur le papier, mais il est vrai que dans la "vraie
vie" des disparités perdurent et notamment dans le monde du
travail. Vous trouverez sur cette page des coordonnées
d'associations où l'on s'active énormément et loin des clichés
: * http://www.sosfemmes.com/ressources/liens_femmes.htm A
travers votre écrit, je ressens une énorme angoisse qui vous
accable ; peut-être, parce que vous avez une certaine lucidité,
parce que ce monde imparfait ne peut vous satisfaire et que vous
aspirez à un certain idéal mais ce monde dont on peut penser qu'il
est absurde et qu'on aimerait voir changer, ne changera pas tout
seul. Vous devriez vous associer à ceux qui militent pour tenter
d'améliorer les choses. Sans doute, qu'il faut beaucoup d'énergie
mais aussi de volonté et de patience pour évoluer vers ce projet
d'un monde meilleur mais justement, vous pourriez transformer toutes
ces émotions qui s'agitent en vous en orientations concrètes. La
vie est sans doute "absurde" et nous n'avons pas 36 choix à
faire : soit nous nous fondons dans les illusions, les "normes",
soit nous déprimons, soit nous lui donnons le sens que nous
décidons. Evidemment, pas de miracles à grande échelle mais la
certitude, que notre vie sert à quelque chose. Vous êtes
bi-polaire ; vous savez donc que vous devez prendre des médicaments
pour stabiliser votre humeur et ne pas vous laisser emporter par des
émotions parfois contraires. Les prenez vous? Nous avons tous
besoin plus ou moins d'une béquille : les myopes ont besoin de
lunettes, les diabétiques de leurs médicaments spécifiques
etc... La biologie nous apprend que les maladies, dites mentales,
ont souvent une origine bio-physiologique, génétique... Et pas
seulement uniquement psychologique. Par contre, je voudrais vous
poser une question : savez vous si votre maman vivait, au tout début
qu'elle était enceinte, une grossesse gémellaire?
-- Cordialement, Chantal POIGNANT Agent de conseil SOS Femmes Accueil 2, rue Saint-John Perse F - 52100 Saint-Dizier
Bonjour, C'est vrai que j'aimerais que ce que je dis fasse écho dans la tête des gens pour qu'ils prennent plus le temps d'y réfléchir donc vous pouvez publier mon texte mais de manière anonyme svp. Je sais que les choses ne bougeront pas seules mais c'est difficile de faire prendre conscience aux gens de la situation. Beaucoup de femmes me disent que j'ai raison, que la domination masculine est présente, mais elles n'agissent pas, bien au contraire elles se confortent dans ces normes en prenant presque plaisir à les accepter. Ça me révolte et je ne cesse de me demander pourquoi elles font et acceptent ça. Comme dit plus haut, je sais que c'est quelque chose d'ancré dans les esprits et cela mettra du temps avant que l'on s'en étonne. Je ne perds pas espoir, on va dire que les plus durs combats mènent aux plus belles victoires :) mais il est vrai que le combat de l'égalité hommes femmes est assez long et dure depuis toujours. En fait, nos droits ne datent de pas si longtemps que ça et je me trouve chanceuse de vivre â l'époque où nous avons un peu plus de libertés (si on réfléchit bien nous sommes quasiment les 1ères à goûter à ça) et c'est flippant de voir à peine des changements arrivés aux 20e-21e siècles et rassurant car on se dit que les choses iront mieux dans quelques années (même siècles). J'ai l'impression de me sentir bête ou folle quand j'essaie de faire changer les mentalités, opinions de mes amies car je sens qu'elles ne sont pas totalement convaincues, pourtant à l'heure actuelle tout le monde serait choqué de voir un peuple devenir esclave, alors pourquoi cela ne choque personne toute cette soumission des femmes même par de simples détails comme la prise du nom du conjoint ? Après, il est vrai que même si les lois ont interdit le racisme, il reste toujours des préjugés.. donc je ne doute pas que même avec des lois pour les femmes, il y aura toujours des machos.. Surtout que j'en ai pris conscience que récemment mais moi même je me rabaissais. Ex: un ami me dit "ah c'est pas assez pour Madame ?!" et moi, tout ce que je lui réponds c'est "Mademoiselle stp !!" donc je comprends tout à fait qu'il est difficile de sortir de nos coutumes.
Je veux bien choisir l'option d'essayer de bouger les choses au lieu de me morfondre ou de m'illusionner mais justement à cause de mes changements d'humeur, je lâche facilement ce que j'entreprends et me démoralise vite. Non je ne prends pas de médicaments, je prenais juste des antidépresseurs quand je voyais ma psy. Je ne veux pas en dépendre. Et puis je ne sais pas à 100% si c'est vraiment de la bipolarité, j'ai juste regarder sur internet et vu que cela me correspondait et aussi j'en ai parlé à une personne plus âgée qui souffre du même problème donc c'est ce que j'en ai déduis. C'est vrai que je suis très angoissée, je crois que fais de la rumination mentale parce que j'arrête pas de penser en boucle dans ma tête. Par contre je n'ai pas compris quand vous aviez parlez de maladies mentales d'origine biophysiologique ou génétique, cela voudrait-il dire que c'est héréditaire ? Franchement pour la grossesse de ma mère, je ne sais pas. Enfin si, je pense que s'il y avait eu une grossesse gemellaire elle me l'aurait dis du coup je ne vois pas d'où ce manque peut venir. Je n'ai pas précisé quelle personne me manquait pour voir ce que vous en penseriez sans detail, mais il est vrai que j'ai toujours en moi l'impression d'avoir et de vouloir une soeur jumelle. Je suis un peu jalouse quand j'en vois et triste. Je sais seulement que ma mère aurait bien aimé des jumeaux mais de là à me sentir mal de ne pas avoir ma jumelle c'est bizarre. Et puis ma mère avant de m'avoir a fait une fausse couche. Désolée encore pour le long message et merci pour vos réponses.
Gaëlle
Bonjour, Encore beaucoup de choses à vous dire car votre texte
foisonne d'idées. D'abord, je voudrais vous assurer qu'il est
normal d'éprouver des conflits et que nous passons, en fait, notre
vie à en trouver les solutions et parfois même on ne les trouve pas
toutes! Alors, "normal" de déprimer... La lutte
contre une certaine forme de dépression peut être observée chez
chacun de nous et prend souvent des modalités différentes ; il y a
des personnes qui masquent leur dépression par une surcharge de
travail par exemple, d'autres en prenant des produits, de l'alcool,
d'autres encore en devenant addict des jeux sur internet etc... Mais
la dépression a ceci de "positif" qu'elle peut permettre
de mettre à plat nos désirs, nos envies, nos déceptions, d'en
faire le deuil et de se fixer ensuite d'autres objectifs à
atteindre. Par contre, il ne faut pas s'enfoncer dans la
dépression mélancolique qui nous fait perdre toute énergie. Vous
parlez de troubles bi-polaires : soyez prudente dans votre
interprétation. Vous avez un temps consulté une psy ; pourquoi
n'y retournez vous pas pour faire le point ? Ce serait préférable à
la consultation des sites internet. Par rapport à l'hérédité
des maladies, on ne sait pas répondre à cette question précisément
aujourd'hui : ce que l'on sait, c'est qu'un nombre de facteurs
entrent en jeu et se croisent. Mais on sait aussi que la
dépression de la maman peut engendrer la dépression du bébé. Je
pense que la fausse couche de votre maman et l'angoisse qui a
certainement suivi cette fausse couche a pu la rendre anxieuse durant
sa grossesse suivante. D'ailleurs, vous ne me parlez pas de vos
parents : quelles images avez vous d'eux?
Cordialement,
Chantal POIGNANT Agent de conseil SOS Femmes Accueil 2, rue Saint-John Perse F - 52100 Saint-Dizier
Bonjour,
Je ne sais pas du tout à quel niveau se situe
ma dépression, ce que je sais c'est que après avoir broyé du noir
la semaine dernière, je me sens mieux : plus trop de ruminations
avec des idées pour la lutte des femmes, ni de tristesse.. Mais bon
avec la reprise des cours, mon moral va vite redescendre. Je ne
vais plus voir ma psy parce que je n'y vois pas la nécessité.
En plus elle me prenait toujours en retard juste pour papoter avec
moi. Moi ce que j'aimerais c'est connaître l'origine de mon mal
être, pas savoir si depuis la séance d'avant je vais mieux et
ce qui s'est passé entre. Peut être que ma mère était
légèrement dépressive alors. Je n'en sais rien. Pour l'image
que j'ai deux, je dirai que c'est des parents aimants qui ont
toujours voulu notre bonheur. Ils en font ni trop ni assez. Je ne
sais pas lequel des deux est le plus sévère. Mon père est
cool mais si je fais une énorme boulette, il va me tomber dessus, ma
mère me tombe dessus plus quotidiennement mais à petite dose. Sinon
ils sont assez géniaux. On dit souvent que pour savoir comment on
sera plus tard il faut regarder sa mère et quand je la vois je me
dis que j'ai de la chance. On rigole bien ensemble même si j'avoue
que parfois j'aimerai changer d'air (c'est l'adolescente qui parle
:p). Gaëlle
Bonjour, Vous vous orientez vers quelle voie
professionnelle? Qu'est-ce qui vous attire? Avez vous un
"idéal"? Comment voyez vous votre avenir? 18 ans,
c'est un peu l'épreuve de la réalité ; vous quittez définitivement
le monde normalement protégé de l'enfance (quand on est au sein
d'une famille saine comme la vôtre); vous êtes en train
d'abandonner votre image d'adolescente, de quitter peu à peu
l'atmosphère familiale et même si "vous avez envie de changer
d'air parfois", cette marche en avant peut être angoissante car
elle s'associe à une idée de perte forcément ; qui dit "perte"
dit "mécanisme de deuil". Qu'en pensez
vous?
Cordialement,
Chantal POIGNANT Agent de conseil SOS Femmes Accueil 2, rue Saint-John Perse F - 52100 Saint-Dizier
|