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Message ou FAQ

 

On peut s'en sortir

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Novembre 2002

Je viens de lire plusieurs messages et je voudrais à mon tour vous dire : courage, on peut s'en sortir. On le peut et on se le doit. Je sais par expérience que c'est le premier "pas" qui est le plus difficile.
J'ai été mariée à un homme violent. Lorsque je l'ai rencontré, il était très gentil, attentionné, amoureux . Très vite, il a parlé mariage. Nous nous sommes mariés et il a montré cette autre facette de sa personnalité le soir même. Je n'avais rien vu venir, je n'ai pas compris ensuite ce qui arrivait.
La première gifle, je me suis dit que c'était un accident. Il s'était si bien excusé. La seconde, je me suis dit que je l'avis cherchée. Il m'avait si bien convaincue. Après, c'était trop tard ... Petit à petit, je me suis retrouvée isolée de ma famille, je n'avais pas d'amis. Il surveillait tout et il me surveillait. Il appelait du boulot pour voir si j'étais là.Même les courses, il venait les faire avec moi.
J'ai été enceinte tout de suite, et j'ai naïvement cru que la naissance du bébé alait arranger les choses. Il n'en a bien sûr rien été. Je ne voyais que sa famille qui habitait près de chez nous mais je ne parlais pas des violences subies. Je pense que sa soeur avait plus ou moins compris, mais à cette époque, j'avais trop honte que pour en parler. Pourtant, une nuit la police m'a "ramassée" dans la rue en chemise de nuit à 2 h du matin, et lorqu'on m'a demandé une adresse où m'emmener, j'ai donné celle de sa soeur, car cette nuit-là exceptionnellement elle gardait notre petite fille. Elle et son mari m'ont accueillie, et nous ont gardé ma fille et moi quelques jours.Et toute la famille a été mise au courant. J'ai décidé alors de quitter mon mari, mais l'avocat consulté m'a froidement expliqué que sans preuves des violences, c'était ma parole contre la sienne, et que c'était moi qui serait fautive car j'avais abandonné le domicile conjugal sans en faire la déclaration à la gendarmerie.
Entretemps, mon beau-père était venu me voir, jurant que son fils s'était amendé, qu'il regrettait, qu'il ne voulait pas perdre sa femme et sa fille, qu'il allait se faire soigner. Je l'ai cru. Je suis retrounée à la maison. La trêve a duré 10 jours ! Et l'enfer a recommencé. Il s'en prenait aussi à notre fille, âgée d'à peine 2 ans. Les seuls mots qu'elle prononçait à cette époque c'était : papa méchant.
J'ai compris enfin que rien ne changerait jamais, qu'il fallait que je prenne notre avenir, à ma fille et à moi, en mains. A deux reprises, la gendarmerie a été appelée par des voisins, et j'ai déposé une plainte. Mon mari m'obligeait à aller la retirer le lendemain, et si les gendarmes ont bien tenté de m'en dissuader (mais croyaient-ils que dans une crise, j'allais pouvoir décrocher le téléphone et les appeler à l'aide entre deux coups de pieds ?), ils m'ont tout de même fait comprendre que même si je retirais la plainte, il en restait des traces et que cela pourrait me servir le cas échéant.
Un ami de longue, qui avait compris la situation, m'avait donné un peu d'argent en me disant de le cacher, que je pourrais en avoir besoin. Un jour, après avoir été battue, j'ai enfilé un manteau à ma fille, pris l'argent en douce, et je suis sortie en disant que j'allais prendre dans le jardin derrière l'immeuble. Il y avait une station de taxis non loin. J'en ai pris un, et donné l'adresse du service social. Arrivée là-bas, j'ai demandé de l'aide.
Depuis, j'ai mis 800 km entre mon ex mari et moi. C'était il y a 15 ans. Ma fille et moi allons bien. La vie vaut la peine d'être vécue.
Quant à lui, il a vu un psychologue quelques séances paraît-il, mais a abandonné. Il n'a pas changé.
Si vous vivez cet enfer, parlez-en et partez. N'écoutez pas les promesses, les excuses. Ces hommes pourraient changer, mais ils ne le souhaitent pas. N'oubliez pas que dans leur esprit, c'est de notre faute, pas de la leur. C'est nous qui les "rendons comme ça". Si vous voulez les aider malgré tout, partez tout de même, il faut vous mettre hors d'atteinte d'abord, vous retrouver, vous recontruire.
Je sais que ce n'est pas évident. C'est difficile. N'hésitez pas à me contacter si vous voulez en parler.
A bientôt

phb@noos.fr

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