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Message ou FAQ

 

Mon viol et moi

Email supprimé à la demande de l'intéressée
Mars 2004

J’ai lu énormément de témoignage sur ce site, et je dois dire que ça ne m’a pas laissé indifférente. Voir qu’on est pas la seule à qui ça arrive, ça fait du bien, même si d’un autre côté, ça me navre, pour les autres …
On dit souvent que ça fait du bien d’en parler, et que plus on nous lis ou écoute, plus le mal s’efface… en ce qui me concerne, je crois que j’aurai besoin de quelques millions de lecteurs, ou plus, pour que tout le mal qui me hante se mette à s’éteindre …
Je ne sais pas par où commencer ! je n’ai jamais pensé que je pouvais dire ça, pour moi, c’était qq chose qui est arrivé, et dont je ne suis pas fière, je l’oublie, et je n’ai pas le droit d’y penser, y a pas à en parler, pas de raison !
J’ai toujours fait ça, à chaque fois qu’il y a qqch qui me fait mal, je l’oublie, le refoule, et je me raconte à moi-même le contraire.
Penser que qqn a un jour abusé de moi, qu’il y a en moi qqch d’horrible, qu’il y a une partie de mon corps qui est si impure et sale, c’était trop fatiguant, je me suis toujours comme raconté que c’était un cauchemars, ça me rassurait.
Il y a quelque temps de ça, je ne sais pas comment, sans réfléchir, j’ai fait une recherche, et je suis tombée par hasard sur votre site. J’ai lu presque tous les témoignages. Quelle horreur de les lire et m’y reconnaître… mais je tire chapeau à tous ceux qui ont témoigné ici. Grâce à eux, j’ai appris tellement de chose que je ne peux nommer, et appris à nommer et exprimer tellement de choses que je n’ai jamais dites…
Je devais avoir 6 ans, la première fois. il faisait beau, ça devait être le printemps. A l’époque, on habitait dans un HLM, dans un petit village, tout était tranquille, là bas, peu de monde … ma mère m’a demandé un aprèm d’aller chercher qqch à la superette du coin, il devait être 14h, je venais de rentrer de l’école. J’y suis allée, le plus normalement du monde… je portait une jupette rouge et une chemise blanche. En rentrant, je montais dans les escaliers (nous habitions au 4ème) et je vois un homme dans le 3ème étage, c’était un jeune homme, la trentaine, un blond, je me rappelle seulement de son teint rougeâtre, et ses yeux verts. Il a l’air bizarre, il se tient debout et il me regarde, comme s’il n’attendais que moi… il me fait peur, je m’attendais pas à rencontrer qqn… Je monte encore. Quand j’arrive à lui, il me barre le chemin, mais gentiment, et il m’offre des bonbons, en murmurant des choses. Je trouve ça étrange, je n’accepte pas bien sûr, et là, je ne sais pas ce qui lui arrive, il remonte ma jupe, met sa main sur mon sexe, et il introduit son doigt … je suis choquée, je n’arrive même pas à bouger… je ne vois rien, ne pense à rien, ne sens rien d’autre que ces doigts qui sont en moi… je ne comprends pas, je suis encore petite… à un moment donné, je lève les yeux, comme pour lui demander ce qu’il fait, mais je ne dis rien, je croise seulement son regard, un regard si dégoûtant, si répugnant qu’il m’est impossible de décrire, mais impossible d’oublier également. J’ignore combien ça a duré. Je n’ai rien fait ou dit, je ne me suis pas opposé le moins du monde. Après c’est plus floue, je crois qu’il me lâche, et part simplement sans dire un mot. je me retourne pour m’assurer qu’il parte. Je reste un instant debout, perdu, n’ayant rien compris … je monte, je reste un bon bout de temps devant la porte encore, avant d’entrer, je crois que je ne pense à rien à ce moment là, mais soudain, je me dis que maman ne doit pas apprendre ça, qu’elle va me gronder ! J’entre en me disant qu’elle ne doit rien remarquer, je dessine mon sourire, et quand j’arrive, je la trouve devant son pc, en train de travailler, je lui donne le paquet, elle me remercie sans me regarder, car trop occupée. Ouf ! tant mieux.
Gamine, quand je fais des bêtises, ma mère me dit toujours « vilaine ! » et j’ai toujours eu horreur d’entendre ce mot, je fais toujours tout pour l’éviter. Et ce jour, je me dis que maman va venir me traiter de vilaine petite fille, comme si elle allait deviner (ce que j’ai fait). Je me cache dans ma chambre, et j’y reste.
je ne me rappelle pas avoir pensé à ça après ce jour. J’ai l’impression que c’est une scène appart, coupée du film, sans suite.
Même chose pour la seconde fois, et quoique je sois en train de dire « seconde » j’ignore quelle est celle qui précède l’autre en réalité. Mais bon …
Je me rappelle que c’était l’été, il faisait très très chaud …
Nous avions reçus toute ma grande famille pour le dîner, chose un peu rare … y avait ma tante, ma mémé, mes oncles et mes tantes, et des petits diables qu’on appelle les cousins. J’ai passé toute l’aprèm avec ces derniers, on a joué à tous les jeux, je crois, c’est pour ça que j’étais très fatigué le soir… c’est un peu floue comme souvenir… j’ai dû me coucher tôt à cause de la fatigue. Tard dans la nuit, je me réveille, je ne sais comment, dans une drôle de position avec le fils aîné de ma tante. J’ai jamais connu ça. ses mains me touchent de partout, il explore mon sexe, et après ce ne sont plus ses mains, c’est son sexe… je veux me dégager, je veux que ça s’arrête, j’aime pas, ça me gêne, mais qu’est-ce que je peux faire ? j’ai peur, je panique, je sais plus … qu’est-ce qu’il me fait ? je reste comme paralysée, j’arrive à rien faire, seulement subir intensément et 100 fois les choses qui se passent. Je ne me rappelle pas de grand-chose… seulement, une fois seule dans mon lit, je regarde la lumière qui entre sous la porte, en me demandant s’il va revenir … je me pose tellement trop de questions à la fois, que je finis par ne plus penser à rien et me rendormir sûrement…
A cet âge, je suis trop petite pour savoir ce que ça veut dire, je ne connaissait pas encore la signification du sexe. Pour moi, j’ai fait quelque chose de mauvais, honteux, et pour lequel je serai punie. Je dois donc tout cacher.
Je ne crois pas vraiment me l’être promis, mais quelque part, j’ai fait le sermon d’oublier cette nuit et ne plus y penser. Et je l’ai fait. malgré le fait que je l’ai toujours su au fond, mais je n’y ai jamais plus pensé pendant des années.

Des tentatives de suicide que je suis la première à ne pas comprendre, un comportement bizarre, un caractère impossible. Des résultats scolaires excellents au début, puis la chute libre ... des sautes d’humeurs, les nerfs à fleur de peau, irritable, souvent seule …
Enfant, je voulais donner une image parfaite, je souriais à tous les visages, et j’étais excessivement gentille pour qu’on m’aime, mais après mes 13ans (la puberté), je pleurais sans cesse, je m’habillais en noir et disais que je suis en deuil… j’étais désagréable surtout avec ma famille… j’ai l’impression qu’un poids énorme m’écrase, écrase ma vie, ma personne, moi… ça fait que je ne suis plus rien, ou peut être juste une pourriture, un tas de merde qu’on a oublié sur cette planète. J’étais trop mal, sans comprendre, et sans que personne ne me comprenne. Je ne communiquais avec personne d’ailleurs, je me sentais très loin de tous, dans un autre monde …
J’avais pas d’amis, mais ça m’importais peu, puisque j’avais horreur de la compagnie, et je déteste toujours ça, car les gens me rendent malade, ils ont cette chose dans les yeux qui fait que je me trouve bizarre devant eux, je me trouve différente d’eux, anormale …
Quand j’ai essayé de devenir plus sociable, il y a toujours eu cette sensation que je vais me faire rejeter illico presto, parce que tous les autres sont ‘’mieux’’ que moi, alors je me fait gentille, très gentille même, peut être même trop … quand c’est trop, ça devient le contraire : je suis agressive, méchante … et moi qui, au début, avait peur d’être rejetée, eh bien à la fin, c’est moi qui fait fuir les autres, avec mes façons désagréables, et mon caractère peu supportable …
Je suis toutefois très gentille et aimable avec le genre de pauvres filles qui ont du mal à se trouver une place, elles sont marginalisées … je fais partie d’elles, je crois que je suis même leur reine, Tiffany la déesse des âmes exclues.
J’ai eu des relations amoureuses, mais juste pour faire comme les autres, pour ne pas me sentir différente, ou plutôt pour que les autres ne me sentent pas ainsi …
Résultat : je les ai quitté tous les 2, avant de prendre la peine de bien les connaître. Pour moi, l’amour n’existait pas. Le premier c’était un salaud qui voulait, mais n’a pas pu, abuser de moi … c’est un peu difficile à expliquer, mais c’est moi-même qui lui donnait ses ‘’charmantes’’ idées, comme si je voulais inconsciemment me faire violer de nouveau, mais le refus du sexe était plus fort … pour le second, je crois que je lui ai un peu brisé le cœur, peut être que je voulais le faire souffrir …
à l’âge de 17ans, je rencontre qqn. Tout a changé dans le bon sens … mais dans le mauvais au même temps. Nous étions tous les deux des gens qui souffrent, chacun pour sa raison, et nous nous soutenions.
J’appréciais pour la première fois la compagnie d’un garçon, la discussion avec un garçon… J’adorais lui raconter ma vie et mes problèmes, je cherchais toujours du réconfort auprès de lui, et il était généreux … je voulais le consoler aussi, je voulais le rendre heureux, effacer ses peines, je voulais qu’il soit bien avec moi : j’étais amoureuse ! quel sentiment beau … Mais dès qu’il m’a dit que c’était réciproque, là, c’était devenue l’horreur…. Comment peut il m’apprécier, moi ? comment ose-t-il ? pourquoi m’aime-t-il ? …
Je veux pas qu’on m’apprécie, je veux pas qu’on m’aime, j’aime pas l’amour, c’est dégoûtant, je voulais juste qu’on soit ami, et lui se fait des idées …
Je fais tout pour qu’il me déteste, je lui dis que je suis une peste, et qu’il risque d’être très malheureux à mes côtés… et des trucs du genre. Je veux qu’il me laisse tomber, pourtant je suis amoureuse de lui… Comme si je veux me faire souffrir moi-même.
Etrangement, il veut comprendre ma réaction bizarre car je me suis changé subitement de la fille gentille et sympa en une personne impossible … ma compagnie est devenue un enfer, je le sais, ça me fait mal, mais je n’y peux rien, c’est plus fort que moi … je le contredis à chaque fois que j’en ai l’occasion, je le ridiculise, je lui manque de respect … j’ignore pourquoi il ne m’a pas laissé tombé, au contraire, il essayait de comprendre. Je crois qu’il a été un peu pareil à une période de sa vie, avant que je le connaisse, c’est pour ça qu’il m’a comprise un peu … Je pense même qu’il a dû comprendre ce que j’ai exactement, avant que je ne le comprenne moi-même.
Quand je le vois, je m’énerve pour un rien, je lui crie dessus, je lui dit qu’il est agaçant, barbant … après, quand je rentre, je me rends compte que j’ai eu tord de me comporter ainsi … je m’excuse auprès de lui, mais ça recommence la prochaine fois.
Il me demandais toujours ce que j’ai, et je trouvais toujours la raison de ma mauvaise humeur … il me disait que je pouvais tout lui raconter, qu’il pourrait m’aider si j’ai un prob… ça me semblait bizarre ce qu’il disait : « quoi ? moi ? avoir un problème ? moi avoir besoin de toi ? non, ma vie est parfaite, je m’entends peu avec ma mère, mais ça va … j’ai pas un problème autre que mes études, j’arrive plus à m’y intéresser, mais on en a déjà parlé ! »
Je disais ça, en le pensant, et au même temps sans le penser. Je le pensais parce que j’avais pas vraiment une raison directe qui fait que je sois si insupportable par moment. Et je ne le pensais pas, car je savais au fond, qu’il y a autre chose.
Petit à petit, j’ignore ce qui m’a réellement guidé … c’est comme si je le (savais et ne le savais pas), il a fallu plusieurs choses pour que je le (sache) simplement… entendre souvent parler de sexe, peut être, ou bien mon ami, qui parlait parfois de sexualité, même de viol, car je crois qu’il a bien compris ce que j’ai (on en a jamais parlé directement) et même l’émission de « ça se discute » sur France 2 (et dont plusieurs personnes sur ce site ont parlé)
http://www.casediscute.tm.fr/1999/11_viol/
… ah cette émission, c’était la pire que j’ai jamais vu, je la regardais, et à chaque fois qu’une personne témoignait, j’avais qu’une seule envie, c’est qu’elle se taise. J’aurais pu zapper simplement, mais non, moi j’ai continué à regarder, avec dégoût, mépris … et pleins de sentiments qui n’ont pas lieu d’être, normalement, ça aussi m’a un peu mise la puce à l’oreille …
Enfin, ce sont des détails comme ça… mais qu’est-ce que c’est difficile de penser à ça. j’ai mis beaucoup de temps avant de me croire moi-même, c’est un peu étrange, mais souvent je me disais que j’ai été violé, puis tout de suite, je me disais que non, et après si, et juste après, non ! enfin bref, j’ai passé plusieurs semaines ou mois, à ne penser qu’à la simple question : ai-je été violé ?
Au même temps, je savais que la réponse est positive, mais au même temps, je voulais pas croire que moi, mon corps, moi j’ai subis ça, ces choses dégoûtantes … non, je mens, je veux seulement attirer l’attention des autres, je mens, je ne peux pas avoir vécu ces choses horribles, et déjà, personne me croirait si je le disais …
Puis les rêves s’en mêlent, et à chaque fois des scènes encore plus choquantes, des images horribles … c’est souvent la nuit dans ces rêves, et une pauvre fillette se fait violer sur un grand lit, en pleins milieu d’une foule indifférentes … eh oui, c’est bien moi… malheureusement !

J’ai 19ans à présent. Ça m’a gâché ma vie, je l’ai passé à en souffrir sans le savoir … je me demande comment aurait été ma vie si ça ne m’était jamais arrivé ? comment aurai-je moi-même été ? je me demande même pourquoi est-ce que c’est arrivé ?
Je n’avais que 6 ou 7 ans ? c’est écoeurant ! je n’étais qu’une gamine encore, si j’avais été femme au moment des faits, j’aurai un peu mieux compris …
Quoi que le meilleur des cas, serait que je n’aie jamais eu à vivre ça, mais ça aurait été tout de même mieux si ça m’était arrivé à un âge plus avancé, j’aurai au moins compris sa signification, je n’aurai pas été si perdue, j’aurai au moins terminé de vivre mon enfance dans toute l’innocence et l’insouciance à laquelle les autres ont eu droit … au lieu de ça, moi j’ai été emprisonné dans un monde malade, on m’a arraché à ma vie tranquille, que je n’ai plus retrouvé depuis …
Il y a certaines maladies chroniques dont on ne peut traiter que les symptômes, et je crois que je souffre d’une de ces maladies.
Je pourrai un jour peut être retrouver une vie tranquille, sans tourments, ni cauchemars, pouvoir mener une relation amoureuse normale, avoir des relations sociales normales, car tout est de travers à présent … je ne sais ni quand ni comment ce jour arriverait, mais je sens qu’il y aura toujours une tâche noir en moi, éternellement.

Je veux bien que vous publiez mon message, ça me ferait énormément de bien. j’espère qu’il n’est pas très ennuyeux. Vous pouvez aussi mettre mon adresse : email supprimé à la demande de l'intéressée
Et merci pour votre site.

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