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Violée
ou pas ?
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en pied de message.
Mars 2002
Voilà
mon histoire: à 14-15 ans, je commence à faire une dépression.
Je me sentais complètement étouffée et je pensais
de temps en temps que le remède serait de partir de la maison
de mes parents et de vivre seule. Finalement, j'ai réussi à
aller vivre dans un autre pays, mais ma mère est tout de même
venue avec moi.
Toujours dépressive, j'ai finalement terminée aux urgences
pour tentative de suicide. (J'avais entre-temps déjà consulté
un psychiatre (homme) qui croyait que ma dépression était
la cause d'un conflit parental parce que mes parents me "couvaient"
trop. Il m'énervait parce que lui même (quoique jeune)
avait un ton assez paternaliste et il avait l'air de prendre mes
problèmes à la légère.)
Comme rien n'avançait et que mes parents commençaient
à s'inquiéter sérieusement, j'ai consulté
un autre psychiatre (femme cette fois).
Avec elle, je parlais beaucoup plus et j'avais l'impression d'enfin
pouvoir "soulager ma conscience". Elle pensait que ma dépression
était en partie à cause du contexte de deuil familial
pathologique (ma grande soeur est morte quand j'avais 6 ans. Elle en
avait alors 16.)
De plus, elle pensait que les relations familiales n'étaient
pas équilibrées (ce que je pense aussi): mon père
et moi formions un couple, plus que mon père et ma mère.
Exemples: mon père et moi allions toujours en ville le soir manger
des glaces, ma mère n'était jamais avec. De plus, mon
père et moi parlions le soir très tard dans ma chambre,
ma mère ne venait jamais. Mon père m'achetait des habits
coûteux (même de la lingerie), ... Et ma mère n'avait
pas une très belle position. On ne peut pas dire que mon père
la mettait en valeur. Et moi, j'ai commencé à traiter
ma mère comme une personne un peu niaise, pas très intéressante.
Mais au fur et à mesure, je trouvais l'amour de mon père
étouffant.
Tout ça pour dire que lors d'une consultation, j'ai fait part
d'un rêve étrange que j'avais fait lorsque j'avais 12 ans
(je pense). J'avais l'impression qu'un homme était en train de
me pénétrer. C'était très réaliste,
mais dans mon rêve, je me suis dit: "ce n'est rien! Tu rêves,
ma pauvre fille! Ça va partir!" Le lendemain en me réveillant,
je me suis dit que c'était bizarre et ma première réaction
était l'envie de demander à mon père s'il était
venu dans ma chambre cette nuit-là (ce que je n'ai pas fait,
évidemment). A l'époque, j'étais censée
être vierge et quand j'ai eu mon premier rapport sexuel, non seulement
je n'ai absolument pas saigné, mais en plus ce que j'ai ressenti,
j'avais la très nette impression d'avoir déjà eu
la même expérience.
Quand j'ai dit ça à mon psychiatre, elle m'a dit que vu
que j'étais encore mineure, elle devait alerter la police s'il
y avait des problèmes de cet ordre, mais comme j'allais avoir
18 ans dans les mois à venir, elle m'a demandé ce que
j'en pensais. J'ai répondu NON et me sentais très mal
à l'aise.
Depuis, j'en ai parlé à mon copain et il pense que j'ai
effectivement été abusée, mais que mon inconscient
refoule. (Il trouve que des fois, j'ai des relations bizarres en ce
qui concerne le sexe. Je peux passer de complètement obsédée
à complètement inhibée. Je me souviens de m'être
toujours masturbée depuis que je suis enfant. Ma relation amoureuse
à ses débuts était très axée sur
le masochisme, je n'avais alors que 16-17 ans. Et au fur et à
mesure, mon copain m'a fait découvrir un amour plus doux, plus
lent, plus "cérébral".) Et puis, il y aurait
une personne qui aurait vu mon père m'embrasser sur la bouche.
Ma soeur avait fait une fugue parce qu'elle ne supportait plus l'autorité
de mon père. Son autorité ou le fait qu'il
aurait abusé d'elle? Je ne sais pas. Sa meilleure amie prétend
que ce serait plutôt le dernier cas.
Mon père est misogyne, il a un pouvoir incroyable sur ma mère.
Celle-ci commence à 52 ans à en avoir marre. Il lui interdit
par exemple de voyager seule!!! Il me tapote les fesses des fois et
je déteste ça. Alors je grogne littéralement, parce
que ça me met très mal à l'aise, mais je n'ose
pas lui faire un franc : arrête de me toucher le cul!!! Je vis
maintenant chez mon copain, j'ai 19 ans, mais mes parents viennent me
voir souvent (trop souvent). Et à chaque fois, je suis très
mal à l'aise, surtout s'il y a mon père.
Quand je rentre chez eux, je ne dors plus dans ma chambre d'enfant;
j'ai l'impression qu'elle m'étouffe, qu'elle est sale et malsaine.
Je reste dans la chambre d'amis. Quand mon père monte pour aller
dormir à coté de mon ancienne chambre (alors que sa chambre
est en bas), ça me fait bizarre, j'ai l'impression d'être
témoin d'une anomalie, de quelque chose de dégoûtant.
Je ne m'endors pas avant d'être sûre que plus rien ne bouge
dans la maison et
que tout le monde dort.
Alors voilà, beaucoup de mots, beaucoup d'impressions (et encore
je n'ai pas fait part de tout ce que je ressens, ce serait trop long
et encore moins compréhensible), mais pas de preuves. Juste des
impressions de déjà-vu, des flash-back très brumeux.
Cela semble trop pour qu'il n'y aie pas un fond de vérité
et pas assez pour pouvoir mettre un nom sur mon malaise: violée
par mon père.
Une des questions de la psy était: si tu avais des enfants, les
laisserais-tu chez tes parents en vacances. Ma réponse a fusé
sans même réfléchir: NON!!! Je ne veux pas avoir
d'enfants et la première raison est celle-ci: j'ai peur qu'ils
se fassent violer. Ridicule, non?
Je ne sais pas quoi penser. Je sors de ma dépression, je refuse
d'être une victime, je veux tirer un trait sur mon passé,
je veux l'oublier et naître maintenant. Mais parfois j'aimerais
savoir si oui ou non, on a abusé de moi quand j'étais
petite (ou peut-être pas si petite que ça). Les relations
familiales en étaient arrivées à ce que je montre
sur moi à mon père ( et ma
mère si elle était dans la pièce) la nouvelle lingerie
que mon père venait de m'offrir. Mon père, en voyage,
prenait souvent deux chambres: une pour ma mère et une pour moi
et lui. Motif: ma mère ronfle et m'empêche de dormir.
Réponse: il ronfle aussi. Pourquoi ma mère s'est laissée
faire? Pourquoi je n'ai rien dit? Pourquoi elle n'a rien dit? Qu'est
qu'il s'est passé? Est-ce mon imagination? S'il s'est passé
quelque chose, comment en être sûre et le prouver?
Peut-être pourriez-vous m'aider à répondre à
ces questions ou au moins me conseiller une approche. Je crois de toute
façon que je vais retourner voir une psychiatre. Ai-je été
violée?
J'ai essayé de faire mon message aussi clair que possible. J'espère
qu'il sera compréhensible. Merci de votre aide.
Je préfère rester anonyme pour le moment. Merci.
Bonjour,
D'abord, je voudrais vous féliciter pour la clarté de
vos propos et ... votre clairvoyance.
Bien sûr, je ne peux répondre à la question que
vous vous posez, vous le savez. Mais que vous ayez été
abusée par votre père ou non, il est certain que tout
ce vous décrivez de l'attitude votre père relève
d'un comportement incestueux. L'attitude de votre mère, vous
l'avez parfaitement compris, est également anormale : quoi
qu'il en soit de votre question, elle n'a pas su vous protéger.
Par ailleurs, il est en effet possible que vous ayez refoulé
dans votre inconscient l'insupportable, cela arrive relativement fréquemment
dans les cas d'abus sexuels sur des enfants, des adolescents et même
des adultes, en tous cas beaucoup plus souvent qu'on ne le pense car
cela semble incroyable pour beaucoup de gens ...
En outre, vous semblez en effet souffrir des conséquences d'un
abus : la "boulimie et l'anorexie sexuelle" (si vous
me permettez cette comparaison) sont, entre autres, les deux facettes
possibles d'une même réalité symptomatique.
Ne laissez pas votre père vous tapoter les fesses : il n'en
a pas le droit, vous n'êtes pas son objet. Le fait qu'il soit
votre père ne lui donne aucun droit sur votre corps : demandez-lui
de cesser clairement.
Sinon, bien sûr, je vous encourage à recommencer une psychothérapie,
voire une psychanalyse : c'est le seul moyen que je connaisse de
faire remonter les souvenirs que
vous avez éventuellement refoulés et de mieux maîtriser
votre passé familial pour mieux maîtriser votre avenir.
Me permettez-vous de publier votre message ? Il me semble particulièrement
intéressant. Si vous êtes d'accord, merci de me préciser
si je peux ajouter ou non votre adresse électronique.
A bientôt.
Cordialement,
Yves LAMBERT
Merci beaucoup
de votre réponse. Et merci d'avoir répondu aussi rapidement!!!
Vous pouvez publier mon message et mon adresse email. Je vais effectivement
reprendre des scéances avec un psychiatre. Et je vous remercie
encore : avoir un avis de plus sur la question m'aide énormément.
Anais Drakov (ce n'est pas mon vrai nom, juste celui que j'ai inventé
pour mon email).
guaranine03@hotmail.com
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