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Message ou FAQ

 

Abusée par mon cousin

Email en pied de message.
Janvier 2004

Un classique ! Envie de raconter ma vie …

Bonjour !

Dernièrement, je fais bcp de cauchemars, je rêve souvent que je fais l’amour avec un homme, et même parfois avec une femme (!) ou plusieurs partenaires … ou que je me fais agresser … etc.

Ce sont des rêves qui me font bizarre, car je n’arrive pas à les interpréter, mais bon, je crois que mon inconscient a bien finit par en avoir marre du silence, tout comme moi d’ailleurs, et il a décidé de communiquer un peu par les rêves.

Depuis qq temps, je me suis remis à penser à pleins de trucs, pourtant je ne dois pas me torturer l’esprit avec ça, j’ai des exams très importants à passer la semaine prochaine, et il faut dire que quand mon esprit se met en irruption, c’est vraiment le volcan après !!!!

J’ai cherché une personne à qui parler, puis finalement je me suis retournée vers le net. J’ai découvert votre site que je trouve sympa, alors je vous écris.

J’ai très envie de parler, c’est même plus un besoin, alors j’espère que lire mon message, mon long message, ne sera pas une corvée pour vous.

Voilà, ma vie est parfaite, j’ai des parents cool, 2 sœurs sympa, je suis jeune, j’ai 18 ans et demi, et je réussit mes études, je suis en fac de médecine … je ne manque de rien. Et pourtant, il y a toujours eu cette espèce de nuage qui m’empêche de voir le soleil, une chose mystérieuse qui m’étouffe.

Pendant mon enfance, j’étais l’enfant parfait, celui que tous les parents désirent avoir, celui que tous les enfants rêvent d’en être le meilleur ami, et pourtant il y a eu toujours cette insatisfaction de soi, cette voix qui nous dit qu’on est rien, et qu’on a pas le droit ni d’être fière, ni d’être heureux.

quand je me rappelle mon enfance, je me souviens que je me sentais vide, absente, évasive … je ne pensais à rien… c’est un peu comme l’on reste sourd après avoir entendu un son trop formidable … moi j’étais morte au fond, j’étais qu’une machine, je ne savais faire que bûcher (j’étais première de mon école …) me dépenser physiquement en faisant plusieurs sports, natation, tennis, judo, et gagner des coupes et des médailles …

j’appelle la période qui s’est écoulé entre l’âge de 8 et 12ans : la période du vide, car j’étais vide, morne, seule et silencieuse, je me sentais dans une bulle, loin de tout le monde, loin de la vie, dans un autre monde… et je n’ai gardé aucun souvenirs de cette période.

Ce n’est qu’à l’âge de 12ans, que ça me vient. je me rappelle que j’avais commencé des pratiques de masturbation, et que je voulais faire l’amour avec tout ce qui bouge, et que je m’imaginais me faire violer….

J’étais hanté par ses idées, et ça me faisait peur, je ne les comprenais pas, alors je me suis intéressé un peu à la psy pour me comprendre. Ils ont bien eu raison mes parents de m’exhorter à oublier la psy, car en me documentant n’importe comment, ça m’a fait croire être une perverse, masochiste … une p*** (pardon !)

C’est alors que j’ai commencé à exercer le métier pour lequel je me suis cru faite pour. J’étais encore trop jeune pour coucher avec des hommes, et même que j’en avait peur, alors il ne me restais qu’à être une allumeuse.

Sans faire exprès, inconsciemment (et je le fais encore parfois, sans pouvoir me contrôler) à chaque fois que j’étais en présence d’un garçon, je jouais à la sainte nitouche, mais je faisais tout pour l’exciter, le laisser perdu … et quand il s’approche, moi, je refuse ! même pas un flirt ! Une parfaite allumeuse, quoi !

Je dois dire que je prenais un malin plaisir à les voir comme des chiens, victime de leurs envies …

eh là, je me suis cru sadique !

mais je crois que c’étais un peu ma façon de les rabaisser, c’est comme une compensation de mon infériorité, et aussi une façon de leur dire, « vous pouvez en avoir envie, mais si je dis NON, c’est NON !! », une façon d’avoir le CHOIX, mais je crois qu’avoir le choix ne veut pas forcément dire : refuser.

Aussi, je me débrouillais toujours pour que mes amis (garçons) tombent amoureux de moi, et quand ils me le disaient, je me moquais d’eux, ou je leur disais qu’ils me déçoivent, ou des trucs comme ça …

Je me rappelle que je me suis cru aussi homosexuelle puisque je m’intéressais trop à tout se qui se rapporte au viol, … sans savoir pourquoi, sans établir la relation avec moi.

je m’intéressais aussi à la sexualité (à 13ans) et je me suis crue une obsédée de sexe.

J’étais perdu, je lisais tellement de trucs … que j’ai finit par me croire une malade, et je voulais devenir cette malade. Je voulais devenir aussi parfaitement immorale, méchante, égoïste, froide, insensible, une peste … et être le cauchemar du garçon qui a osé s’aventurer avec moi…

Je sortais avec des mecs, souvent plus âgées. Je m’amusais à les provoquer, j’usais de techniques plus fortes. C’est très facile de les allumer …

Une fois, je voulais pousser un peu plus loin, et j’avais envie d’introduire ma main dans le pantalon d’un garçon, et la mettre sur son sexe, pour le provoquer, j’étais sur le point de le faire, mais je n’avais pas osé…. Il faut bien dire que ce n’est pas ma vraie nature ….

Et je n’étais pas contente de ça, j’ai voulu aller plus loin, je voulais être la pire créature sur cette planète, eh …alors mes résultats scolaires sont devenus moins bons, mon entourage m’appréciait moins, et je m’amusais à blesser tout le monde. Il fallait chercher la plaie de chacun, et remuer le couteau. J’étais une vraie mangeuse d’énergie !!

Je voulais peut être les punir parce qu’ils ne se rendaient pas compte, parce que je me sentais trop blessée … J’ai fait souffrir ma mère, ma famille, tous ceux qui m’aimaient …

Je n’étais pas si mauvaise au fond, mais j’évitais toutes les vertus. J’avais honte de la vertu, mais honte d’être mauvaise aussi…

J’avais pensé au suicide, je n’arrêtais pas d’en parler à qui voulait l’entendre, sûrement pour qu’on m’en empêche (c’est grâce à ça que je suis là)

Je crois que c’était aussi des appels à l’aide, des SOS, je cherchais une personne pour me sauver, mais … misère !! personne n’a su comprendre correctement.

Ils ont appelé ça « l’âge bête », « une adolescence difficile » … enfin, tout sauf ce que c’était. On m’a emmené, de force, voir un psy à l’âge de 15ans, mais je ne voulais pas coopérer, je lui racontais des bobards, ou je ne parlais pas du tout durant la séance.

Comble de misère !! je voulais qu’on m’aide, et quand on voulait le faire, c’est moi qui refusais !!

Je me détruisais, je me conduisais à aller de pire en pis, d’un côté j’étais contente d’arriver à mon but, et d’un autre, j’en souffrais énormément.

Et ce paradoxe a été partout, j’avais toujours des sentiments contradictoires, le plaisir et la douleur, l’amour et la haine, la réserve et l’extravagance, la joie et la tristesse, … il m’arrivais souvent de rire et pleurer au même temps, sans savoir lequel des 2 je fais, ou d’avoir des sautes d’humeurs… avoir pleins de sentiments à la fois, au point de ne pas savoir ce que j’éprouve, ne pas savoir mes humeurs, ne plus avoir de sentiments …

Je crois que mon conscient et inconscient se battaient …

Tout en moi se battait, hurlait, criait … j’étais le lieu d’une tempête … tout ce qu’il y avait de bien en moi a été détruit, la bonté, l’humanité, la sensibilité … j’ai enterré tout ça quelque part, et je suis devenue un cimetière.

Pourquoi ? pourquoi tant de bas instincts ? pourquoi tant de dégâts ? pourquoi ?

Comme disait le grand Paule Verlaine : il n’y a pire peine, de ne savoir pourquoi, sans amour et sans haine, mon cœur à tant de peine !

Oh oui ! je certifie, c’est vraiment la pire des peines !

L’an dernier, vers Avril 2003, en discutant avec un copain qui parlais d’une de ses amies, il avait dit exactement « … elle m’a demandé de lire son journal intime, de 5 ans vieux, où elle disait qu’elle a été violé par le petit copain de l’époque, et elle décrivait cette période atroce … »

Déjà quand il a prononcé le mot « violé », j’ai bondi, je me suis sentie visée, comme s’il savait, et j’ai ressentie de la honte… mais au même temps de la colère, j’étais énervé contre cette fille, qui a osé révélé ce qu’on ressent quand on est violé, j’étais énervée surtout parce que celui qui l’a lu était un homme, et les hommes sont des violeurs.

J’avais rougit, et j’avais peur qu’il le remarque. J’ai pris congé de lui. Je crois qu’il s’est douté de quelque chose …

Mais bon, l’essentiel, c’est que moi, je me sois douté des choses. Ce n’est qu’après des années, après tant et tant de ça … que je me suis rappelé que j’ai vécu des choses horribles, et que c’est ça qui m’étouffe depuis la nuit des temps.

Bof ! au moins maintenant, j’ai trouvé les raisons de mon mal …

J’ai compris que tout ça, tous mes maux sont née il y a environs 10 ans de ça.

Je ne me rappelle pas mon âge exact, mais je devais avoir 8, 9, 10 ans …

Cette nuit, il y avait une fête chez moi, beaucoup de monde … il était tard, minuit … c’est encore flou dans ma tête, mais je me rappelle que j’étais triste et énervée, peut être que je me suis chamaillé avec quelqu’un ??

l’essentiel, je suis allée pleurer dans les bras de mon cousin, que j’aimais beaucoup à l’époque. il m’a proposé d’aller dans ma chambre pour discuter. Je ne sais pas si c’était innocent, ou s’il avait déjà eu sa bonne idée, sa merveilleuse idée. On s’est enfermé dans ma chambre, on s’est allongé sur mon lit, et on s’est mis à discuter, il m’a consolé, et m’a chanté des chansons très comiques, qui m’ont fait rire (je m’en rappelle encore) …

J’étais encore gamine, naïve, il était facile de me réconforter…

Et comme j’étais fatigué, je me suis endormie avec lui, j’étais sur sa droite, et j’avais ses bras autour de moi … je me sentais bien, au chaud … je dirai même en sécurité ????? Mais, c’en était une drôle, en tous les cas.

Car il a fallu que je me réveille, et surprise, surprise !! je l’ai trouvé presque sur moi, moi qui était à moitié nue, j’avais plus ma culotte, et j’avais une espèce de forme qui me touchait là où il ne faut pas, et très profondément. Je ne comprenais encore rien à ces choses, j’étais une môme….

Je me rappelle que j’ai eu peur, j’ai eu honte qu’il sache que j’étais réveillé, alors j’ai fait semblant de dormir, et je me suis abandonné …

Et après, trou noir … un grand trou noir … je ne me rappelle pas comment ça s’est terminé, comment je me suis réveillée, comment il est parti, ce que j’ai ressenti le matin, le lendemain, le surlendemain… J’ai l’impression que j’ai effacé des jours, peut être des mois ou des année de ma vie.

Je ne sais même pas si cette chose qui me touchait était sa main ou son pénis, je n’arrive pas à me rappeler ce détail. Bof ! de toutes façons, attouchements sexuels, viol, atteinte à la pudeur, agression … c’est kif kif, le résultat est le même. Cette nuit a changé tout dans ma vie.

Quand je le rencontre, quand je croise son regard, ce n’est pas un regard ordinaire, on dirait qu’il me voit toute nue, petite, une créature à pénétrer. Et j’ai l’impression que ses yeux sont des miroirs, car je suis tout ça en face de lui …

Mon salaud de cousin est un type qui sait se faire apprécier par tout le monde(sauf par moi), c’est un beau mec manipulateur.

Je crois qu’il voit bien ma faiblesse, et ça l’amuse. Il me taquine parfois, met sa main sur mon épaule, me touche les cheveux …etc.

J’ai toujours essayé de faire comme si de rien n’était, surtout qu’il fait ses geste devant tout le monde, comme le grand cousin avec sa petite cousine…

Mais je crois qu’au fond, c’est sa façon de m’humilier devant tout le monde, sans que personne ne comprenne, sa façon de s’amuser à jouer avec mes nerfs, sa façon de me violer à chaque fois qu’il me voit …

Il est parti vivre à l’étranger, depuis 2ans, je ne l’ai plus revu. Tant mieux.

Aujourd’hui, j’y pense, et je fais un peu mes bilans. Je crois que finalement, ça n’a pas trop détruit ma vie.

tous ceux qui m’aiment et à qui j’ai fait du mal m’ont pardonné.

Je n’ai plus un comportement extravagant, je suis plus ou moins normal. Je ne suis plus une allumeuse. Parfois si, mais moins souvent …

Je réussis mes études. J’ai des amis. J’ai pas trouvé mon prince charmant, mais ça viendra sûrement un jour : dernièrement il y a commencement d’une histoire avec un ami … peut être que ce début se développera bien … je l’espère.

Ma vie est parfaite, vue de l’extérieur, je suis même sûre que je fais des jaloux (personne n’est au courant de ça, et j’espère que personne ne le sera).

J’ai essayé de ne pas trop me torturer l’esprit avec des questions. J’ai essayé de comprendre son acte : il était ado, 16/18ans, c’était un mâle en mal de plaisir, il avait besoin de faire ça. Pourquoi moi ? ça n’arrive pas qu’aux autres. et puis, il y a sûrement pire, et il y a sûrement plus cruel…

Mais à présent, je ne sais plus ce que j’éprouve, je ne sais plus si j’en souffre ou pas, je n’arrive pas à avoir de sentiments….

Je suis peut être fatiguée ??? je n’arrive pas à sentir cette souffrance, m’y suis-je habituée ? j’ai envie de la sentir très fort, pour la faire sortir, mais elle est trop vieille, trop profonde, et elle dort.

C’est peut être pour ça que je fais des cauchemars ??? c’est peut être parce qu’elle veut se réveiller ???

A chaque fois que je fais un cauchemar, je n’arrive plus à me rendormir, je n’arrête pas de penser aux choses que j’ai vu … et le lendemain, j’ai une insomnie. Ou je dors très tard, avec une migraine, en ayant peur de refaire d’autres cauchemars. Et pendant la journée, j’ai des flash, je pense à ce que j’ai vu …

Mais je n’arrive pas à cerner ce que je ressens, à me comprendre. Au même temps, je me sens assez calme à l’intérieurs … je ne sais plus, au fait, je suis un peu perdue.

Dites moi quelque chose s’il vous plait ! N’importe quoi, mais dites moi quelque chose. Je vous remercie à l’avance.

Et je remercie tous ceux qui ont pris la peine de lire mon message, j’ai envie qu’il soit lu par la terre entière, je souhaite le voir en ligne.

Et au même temps, j’espère que me lire aura aidé une personne au moins … moi, ça m’a fait beaucoup de bien de lire les témoignages publié sur ce site, ça m’a fait du bien de me reconnaître en d’autres femmes, et de comprendre certaines choses en moi, d’oser écrire ça puisque tant de personnes l’ont fait …

Je vous laisse mon adresse, je veux entrer en contact avec des gens qui ont vécu la même chose. Ecrivez moi : chanel_rozan@yahoo.fr

Mes salutations,

Rozannah

Bonjour,
Tout d'abord, le comportement d' "allumeuse" que vous décrivez n'a rien d'anormal. Beaucoup de jeunes filles, en particulier celles qui font de l'effet aux garçons (mais c'est la plupart), jouissent de ce pouvoir qui consiste à les manipuler de la sorte. Pour une jeune fille, c'est une manière fort commune de non seulement mesurer son pouvoir de séduction mais aussi de se rassurer sur sa valeur personnelle.
Ce qui est important de comprendre est qu'il n'y a aucun rapport entre cette façon de faire, encore une fois assez fréquente, et l'agression sexuelle sinon le viol que vous avez subie. Votre attitude d' "allumeuse" ne vous rend aucunement responsable.
Les agressions sexuelles et les viols ont des conséquences psychologiques graves et durables. Elles affectent notamment la vie amoureuse et la sexualité. Il est la plupart du temps indispensable de recourir à une psychothérapie pour s'en sortir et avoir une vie harmonieuse.
Cordialement,
Yves Lambert

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