Je
suis en miettes à l'intérieur
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Avril 2005
Bonjour,
Je m'appelle Fabienne et j'ai bientôt 40 ans. Je suis, pour la
seconde fois en instance de divorce pour les mêmes raisons qui
sont celles de la violence. En effet, j'ai été mariée
une première fois à un homme, qui est le père de
ma première fille et qui est décédé en début
d'année. Il y a eu quelques temps de bonheur lorsque nous n'étions
pas mariés, puis ensuite, les coups, toujours sous l'emprise
de l'alcool ont fait leur apparition. J'ai supporté cette situation
pendant huit ans avant, avec l'aide d'un employeur, de pouvoir réagir
et de le quitter après quand même qu'il m'ait mise dehors.
J'avais alors 25 ans. Ca a été le début d'une descente
aux enfers pendant laquelle je suis tombée dans le piège
de la dépression, de la prise de substances telles que drogue,
alcool. Je me sentais diminuée, culpabilisée vis à
vis de ma fille que j'ai entraîné sur des chemis peu dignes
pour une enfant. Au bout de quelques années, j'ai eu un sursaut
pour me sortir de cette situation, et grâce à la rencontre
d'un couple de béninois, je suis partie pour trois mois en Afrique,
et comme j'étais dans une situation de désarroi et de
"ras le bol" de la société, j'y suis restée
4 ans. J'étais, en effet, à cette époque RMIste
et ne trouvait pas ma place dans cette société qui est
la nôtre. Durant mon séjour africain j'ai fait la connaissance
de Claude, nous avons passé de longs moments à discuter
de nous, nos envies, nos passions. Nous nous sommes installés
ensemble, avons recueilli son premier fils, qui a aujourd'hui 7 ans
et qui est venu rejoindre ma fille de 17 ans aujourd'hui. Je suis tombée
enceinte, et un petit bout est né de cette union, qui me réconciliait
avec la vie. Nous nous sommes mariés au Bénin. Comme nous
vivions une situation financière assez difficile du fait que
nous avions des difficultés à trouver du travail pour
faire vivre notre petite famille (et c'est un problème que rencontrent
beaucoup de couples mixtes), nous avons pris la décision de revenir
en France pour nous ressourcer et enfin mettre nos projets en place.
Pour ce faire, nous avons du demander l'aide financière de mon
père, les billets d'avions n'étant, pour 5 pas à
moindre coup.
Ma fille était rentrée avec un couple d'amis, je suis
ensuite partie avec notre dernier fils, et mon mari est resté
sur place, car nous rencontrions des difficultés pour obtenir
le visa d'entrée en France pour son fils.
Ils sont arrivés donc quelques 3 mois après. Nous nous
sommes installés dans le studio de ma grand-mère que mon
père avait laissé à notre disposition, le temps
de tout remettre en route : CAF, sécurité sociale, travail...
Dès ce moment les difficultés ont ressurgi : les accrochages
se sont fait plus violents, les coups ont fait leur apparition, le forçage
sexuel également.
Nous avons chacun de notre côté réussi à
trouver des formations puis des emplois ; je pensais que nous nous en
sortions, et je mettais les difficultés sur le compte de l'intégration
en France, de l'éloignement de mon mari avec sa famille, sur
une façon de vivre qu'il ne connaissait pas.
Mais, cela a empiré, dès que quelque chose n'allait pas,
Claude se mettait à boire sans pouvoir se limiter et les coups
apparaissaient, les relations sexuelles forcées (jusqu'à
m'arracher mes vêtements) aussi. A chaque fois il demandait pardon
et promettait de ne plus recommencer. Mais quelques temps après
ca recommencait. Une fois, après que des voisins se soient plaint
à la police et qu'il soit emprisonné une nuit et une journée,
je suis restée 2 jours avec les enfants chez mon père
puis suis retournée devant son désarroi et ses promesses.
Une autre fois alors que nous passions le week-end chez sa cousine,
cela a recommencé et là j'avais des marques sur le visage,
et j'ai encore pardonné. L'avant dernière fois, c'était
en même temps que nous déménagions, vu que j'avais
trouvé du travail dans une autre région, je suis restée
une semaine à ne plus vouloir qu'il revienne, et sur les instances
de mon père et de mon beau-frère et toujours devant ses
promesses et son désarroi, j'ai accepté qu'il revienne.
Il a trouvé du travail là ou nous habitons et est survenu
le décès de mon ex-mari, chose qu'il a prise dans le sens
qu'il ne voulait pas en entendre parler (cela faisait plus de 10 ans
que nous n'avions pas de nouvelles, qu'il n'avait pas revu sa fille
qui a appris par la même occasion qu'elle avait un demi-frère
qu'elle ne connaissait pas). Il ne voulait pas que mon passé
nous rattrappe, ni qu'il influence notre famille et notre avenir, ni
recevoir le demi-frère de ma fille. Etant donné qu'elle
est mineure, je n'avais pas d'autre choix que de faire les démarches
(d'autant qu'il n'avait pas reconnu son fils) vu qu'elle est légalement
la seule héritière. Il s'est disputé avec ma famille,
a presque insulté mon père et lui a dit qu'il voulait
divorcer. Quelques temps encore ont passé et une nouvelle fois
il m'a frappée et ma fille a réagi en appelant ma soeur
et son mari qui sont arrivés. Vu que j'étais un peu "sonné",
ma soeur m'a emmenée en urgence à l'hôpital et là
j'ai pris la décision de ne plus pardonner et de me séparer.
Vu que tout le week-end, il n'avait cessé de dire qu'il voulait
divorcer, j'ai pris contact avec un avocat. De ce moment là il
a refusé tout ce qui concerne divorce en disant qu'il "lave
son linge sale en famille" et pas devant la justice, que s'il est
comme ca c'est que des personnes en Afrique sont jalouses et lui ont
lancé des "gris gris" pour qu'on se sépare,
et que comme il n'a pas fait toutes les cérémonies qu'il
devait faire avant de partir, ca l'atteignait maintenant et de nouveau
il m'a demandé pardon.
Je suis restée à dormir dans la chambre de ma fille durant
un mois et demi, avec dans ma tête et mon coeur un sentiment de
peur, d'angoisse, de culpabilité. Les enfants aussi qui ont souvent
été témoins n'étaient pas tranquilles.
Puis il a pris la décision de partir pour un mois en Afrique,
se ressourcer, se laver et régler quelques problèmes que
rencontre sa famille. Je lui avais souvent proposé de partir
pour se ressourcer, même si nous devions "faire les fonds
de tiroir" car je sais, pour l'avoir vécu comment il est
difficile de vivre loin de chez soi. Il est donc parti le 12 mars et
doit revenir le 12 avril. Pour lui, le fait de partir signifiait que
je renoncais à ma demande de divorce puisqu'il me laissait le
temps de me retrouver et de récupérer et ainsi de lui
pardonner. Seulement cette fois je ne peux pardonner, il y a eu un coup
de trop, et je n'aspire qu'à essayer de me reconstruire et de
stabiliser mes enfants. Lorsque je lui donne les raisons de vouloir
continuer cette instance en lui disant que c'est de sa violence que
je ne veux plus, il me répond qu'il y a anguille sous roche,
que maintenant que je suis en France et travaille, je n'ai pas besoin
de lui, que je revis avec lui ce que j'ai vécu avec mon premier
mari, que je veux lui arracher ses enfants, qu'il est une brebis galeuse
et que j'ai raison de ne pas vouloir me souiller (mais ca je le suis
déjà), que je l'ai toujours pris pour un esclave (et pourtant
on ne peut pas dire qu'il m'aidait beaucoup ni à la maison, ni
pour l'éducation des enfants à part leur mettre une fessée
s'ils ne faisaient pas comme il voulait), que je ne voulais qu'un autre
enfant à élever et que je lui refuse d'en faire un autre.
Autant d'insultes telles que je suis une pute, ne peut m'assumer, bonne
à rien...
Mais toujours qu'il m'aime.
Et je n'en peux plus. J'ai déposé mon dossier chez l'avocat
et attend la suite. Alors, maintenant il dit qu'il va rentrer le 12
avril, attendre la procédure et repartir dans son pays, qu'il
veut emmener son premier fils pour partager les responsabilités.
L'enfant ne veut pas partir avec son père. Je suis en train de
voir avec l'avocat (vu que j'ai une ordonnance de tutelle et de prise
en charge du tribunal de la ville ou nous vivions) pour le garder au
moins le temps qu'il termine ses études, car s'il retourne maintenant
en Afrique, c'est la mort pour lui (il a acquis la nationalité
française).
Nous avons retrouvé un semblant de tranquilité, mais les
2 garçons réagissent mal et je dois dire que j'ai du mal
à gérer. Le dernier ne fait que des colères et
pleure souvent. Il dit qu'il ne veut pas revoir son papa (il refusait
de l'embrasser parce qu'il avait tapé sa maman). Le second est
violent à l'école, abime tout ce qui lui passe dans les
mains, s'est mis à tricher en classe, mentir. Il dit qu'il ne
veut pas repartir avec son papa mais refuse de parler de tout ce qui
se passe. La grande, heureusement s'accroche à ses études
et son projet professionnel, et cherche à faire le deuil du décès
de son papa.
Quand à moi, si j'arrive à dormir un peu mieux, je ne
vais pas si bien que ca et je fonds très souvent en larmes, je
me culpabilise en me demandant si je ne suis pas en train de faire du
mal à mes enfants en me séparant de leur père.
C'est un constat d'échec de ma vie : à 40 ans je n'ai
pas été capable de faire quelque chose de bien, ma vie
ne me plait pas. Je sais que je ne commettrai pas les erreurs que j'ai
commises avec ma fille lors de mon premier divorce, mais je trouve que
la vie n'est pas juste et toujours je me demande ce que j'ai fait de
mal et pourquoi ca m'arrive encore.
Je suis en miette à l'intérieur, et j'ai perdu foi en
la notion de certaines valeurs surtout celles du mariage.
J'ai du mal à être cohérente dans mes paroles et
mes actes, en fait je me sens submergée par tout ce qui m'arrive.
Alors si vous avez des conseils pour m'aider à me relever, n'hésitez
pas.
Je vous remercie.
Fabienne
Bonjour,
A 40 ans, votre vie n'est pas fichue ! Vous avez rencontré de
sérieux écueils mais vous n'en êtes pas responsable
... Au contraire, vous agissez pour le mieux de vous-même et de
vos enfants. Leurs difficultés sont compréhensibles :
vous devriez sans doute leur proposer un soutien psychologique ...
Je crois comprendre que vous souhaitez que votre message paraisse en
ligne avec votre email. Merci de me le préciser.
Cordialement,
Yves LAMBERT
Bonjour,
Je vous remercie de votre réponse. J'ai effectivement cherché
des soutiens psychologiques, d'une part pour le fils de mon mari de
7 ans, qui est avec moi pour le moment, au sein de l'école. Malheureusement
on me répond qu'il faut les deux signatures pour qu'il soit suivi,
mais que je peux peut-être obtenir un rendez-vous avec ce dernier
pour lui parler des problèmes rencontrés. D'autre part
j'ai contacté le CMPP de la ville où nous habitons et
je n'ai pu obtenir rendez-vous que pour le 2 Juin ; délai qui
me paraît interminable.
Mon mari n'est pas encore revenu d'Afrique ; la dernière fois
que nous avons été en contact, il m'a dit qu'il rentrait
le 12 avril, et à la maison l'angoisse revient. Il est vrai que
j'ai repris des habitudes personnelles et que je sens que de nouveau
tout sera chamboulé, je suis de nouveau angoissée et ne
dors plus ; les enfants, à qui je parle régulièrement
de leur papa disent qu'ils ne veulent pas qu'ils reviennent, le petit
de 4 ans en rêve la nuit, et le grand de 7 ans dit qu'il a peur
de se faire taper.
J'ai tellement envie de pleurer par moment que je n'y arrive même
plus. Le bout du tunnel est loin, et comme si un "malheur"
n'arrive pas seul, j'ai l'impression que tout me lâche à
la maison. J'ai souvent envie de dormir et de ne plus me réveiller
ou bien de fuir, loin, très loin.
Merci de votre message et je profite pour vous confirmer mon accord
de faire paraître mon message ainsi que mon email.
Merci,
Fabienne fabchab@hotmail.fr
Bonjour,
Les personnes qui ont réclamé les signatures des deux
parents pour un suivi psy l'ont fait en toute illégalité
: les deux parents exercent l'autorité parentale de façon
égale et peuvent prendre toute décision concernant leurs
enfants de manière isolée ... Votre seule signature suffit.
Concernant le rendez-vous au CMPP : en général, il y na
toujours un peu de place pour les urgences, expliquez la situation au
secrétariat ...
Votre message est en ligne, n°151.
Cordialement,
YL
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