Quel
nom mettre sur ce qui m'est arrivé ?
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en pied de message
Juillet 2005
Bonjour,
je mappelle coralie, j'ai 21 ans et je suis étudiante en licence
de psychologie.
Je vous adresse ce message (à ce propos, j'accepte que mon adresse
électronique apparaisse) afin d'avoir un "avis" et
peut-être enfin un nom pénal sur ce qui m'est arrivé
à 16 ans. Voici les faits:
J'avais 16 ans, "IL" avait 1 an de plus que moi et nous étions
devenus amis. En fait, je commencais à découvrir la sexualité
et il était celui à qui je confiais mes fantasmes.
Mais un jour, au cours d'une discussion, je lui ai révélé
que j'avais horreur des fellations.
Le lendemain, "IL" est venu chez moi, nous nous sommes caressés,
j'étais consentante.
Quelques semaines plus tard, "IL" m'a donné rendez-vous
aux toilettes du lycée pour soi-disant me parler de choses importantes.
C'était le dernier jour de l'année scolaire, les couloirs
étaient désertés. Je m'y suis rendue et arrivée
face à la porte du toilette, je me suis sentie "obligée"
d'y entrer dans un mouvement paradoxal et culpabilisant de désir
et d'appréhension... Très rapidement, "IL" a
déboutonné mon pantalon et m'a pénétré
digitalement. Je n'ai rien dit, seul un gémissement de douleur
s'est échappé de mes lèvres.Je serrais les cuisses,
j'avais mal mais j'ai fait comme si tout allait bien. Après ceci,
"IL" m'a demandé de lui faire une fellation alors qi'il
savait pertinemment que je détestais cela. J'ai refusé
mais il appuyait de plus en plus fort sur ma tête afin que je
me baisse. Après 5 mn de résistance, "Il" a
fini par jouir sur mon gilet et sur ma tête suite au contact de
ma main posée sur son sexe que je refusais de porter à
ma
bouche. "Il" est ensuite parti, furieux. Moi je suis restée
sans voix, ma tête était si lourde...
Lorsque le lycée a averti mes parents, ces derniers ont refusé
de me croire et ont déclaré à la gendarmerie que
je fabulais pour faire mon "intéressante". Mon père
s'est remis à me battre, comme lorsque j'étais petite,
ses paroles, ses insultes, son exhibition (il se promenait nu devant
moi lorsque j'étais enfant) et ses coups m'ont anéanti.
Aujourd'hui, ma mère s'excuse de son comportement mais je ne
lui pardonne pas car ses paroles, ses actes ont accentué ma lente
destruction qui m'a mené à l'anorexie.
Je suis en thérapie depuis 1 an mais parler de cet événement
reste de l'ordre de l'impossible: j'ai peur que ma psy ne me croie pas.J'ai
peur de ne jamais savoir quel nom mettre sur ce qui s'est passé
ce 06 juin 2000... Aidez-moi...
Bonjour,
Moi, je vous crois.
Ce que vous avez vécu est un viol. Vous avez subi une pénétration
par le doigt, c'est un viol. La tentative de fellation est une agression
sexuelle et une tentative de viol.
Vous pouvez porter plainte : il y a visiblement des personnes susceptibles
de témoigner ... Le délai de prescription n'est
pas passé.
Le comportement de vos parents est insupportable et indigne de parents
; aucun mot assez fort pour qualifier ce défaut de protection
de votre personne ... C'est eux qui auraient dû porter plainte
...
Cordialement,
Yves LAMBERT
Je vous
envoie ce message pour vous remercier de votre réponse qui m'a
permis d'avancer sur moi-même dans la mesure où jamais
personne n'avait reconnu mon expérience comme étant celle
d'un viol. Merci de m'avoir libéré de cette absence de
mots sur lesquels je vais désormais me pencher en thérapie.
Si mon expérience peut aider quelqu'un, j'accepte que mon adresse
électronique soit publiée.
coralyee@wanadoo.fr
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