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Chronique d'un inceste ordinaire Email
en pied de message La justice vient de me condamner au silence à perpétuité et mon violeur restera libre.
Comme si ce n’était pas assez de se faire violer par fellation à 4 ans. Comme si ce n’était pas assez que mes parents ne jugent pas bon d’intervenir en me voyant en sous-vêtements devant mon cousin de 8 ans mon aîné.
Se rendaient-ils seulement compte que leur inaction fut pour mon cousin une autorisation de recommencer ?
Attouchements, pénétrations digitales, tentatives de pénétrations complètes. Voilà ce que fut mon enfance. Il a commencé en me proposant une sucette. Du haut de mes 4 ans je pensais à un bonbon. En fait c’est son sexe qu’il a mis dans ma bouche…
Comment parler, trouver les mots à 4 ans pour dire cela ?
Et il a recommencé, allant à chaque fois un peu plus loin, profitant de la naïveté de la petite fille que j’étais, profitant du fait que je voulais lui faire plaisir car il était le seul « grand » qui semblait s’intéresser à moi.
Comment oser parler plus tard lorsque tout ce qui touche à la sexualité dans la famille est de l’ordre du tabou ? Comment deviner que ces gestes étaient interdits alors que j’ai grandi dans une famille où il n’y avait aucun respect de l’intimité, où mes parents entraient dans les toilettes ou la salle de bain alors que j’y étais. Toute une éducation m’a préparée à subir l’inceste et pire, cette éducation m’a plongée dans le silence pendant des années. Pourtant matériellement et culturellement je ne manquais de rien, étant issue d’une famille d’enseignants. Il me manquait juste l’apprentissage du respect de mon propre corps, de mon intimité. On a fait de moi un petit chien savant et obéissant, en oubliant de me préciser que j’étais avant tout une personne à part entière.
Ce n’est qu’à mes 21 ans que j’ai pu dire ce qui m’était arrivé, à un psychiatre qui ne comprenait pas ma volonté de mourir. Il m’aura fallu 2 ans de plus pour soigner ma dépression, mes troubles alimentaires, mon manque de confiance en moi et surtout en tous les êtres humains. Et ce n’est qu’à mes 23 ans, après avoir coupé tout contact avec ma famille que j’ai enfin pu porter plainte.
Sauf que c’était trop tard. Les viols ont été prescrits 10 ans après les faits et non 10 ans après ma majorité. Car mon cousin n’a pas été reconnu comme personne ayant autorité, malgré la différence d’âge (8 ans), même si mes parents me laissaient seule avec lui dans la maison alors qu’ils étaient à l’extérieur dans le jardin et n’auraient pas pu nous entendre.
Ma plainte au pénal est classée sans suite… Plainte au civil ? Aucune chance sans la moindre preuve matérielle, avec tous les témoignages de la famille qui vont dans son sens à lui.
Une fois de plus mon cousin échappe à la justice, il a déjà glissé entre les mailles du filet récemment après une plainte pour exhibitionnisme.
Le plus grave, c’est qu’aujourd’hui il a une fille, une enfant qui a peur de lui, ne veut plus le voir, a supplié ses grands-parents de parler au juge pour qu’elle ne soit plus obligée de le voir. Sauf que ma famille ne l’a pas prise au sérieux. Sauf que la justice ne l’a pas entendue elle non plus.
Aujourd’hui, je ne peux rien faire pour cette petite, la justice vient de me condamner au silence. Je n’ai pas le droit de parler de ce qui m’est arrivé, sous peine d’être accusée de diffamation par mon violeur.
Il m’a volé mon enfance, je subirai les conséquences de ces viols dans ma vie affective et sociale pendant toute mon existence et jamais je n’aurai le droit de dire ce qu’il m’a fait. Et lui pourra continuer de violer des enfants pendant de longues années en toute impunité. Pourquoi s’arrêterait-il ?
Véro, 25 ans Je ne peux signer que de mon prénom, après m’avoir volé mon corps d’enfant, il vient de me voler, avec l’aide de la justice, le droit d’utiliser mon propre nom.
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