Une
boîte bien ficelée
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Octobre 2005
Bonjour,
Il m'est
difficile de parler ce dont j'ai vécu...Longtemps, j'ai eu honte.
Très longtemps...
Ce souvenir honteux m'a fait enfermé dans une boite bien ficelé
ce j'avais vécu. A force de bien serrer la ficelle de cette boîte,
j'ai du mal à reconstruire avec précision ce qui s'est
passé, pendant 1 année.
Aujourd'hui, je parle de viols collectifs...Les souvenirs me reviennent
mais le manque de précision m'handicape.
J'ai eu honte car abusée, pénétré sous la
contrainte de la peur...et de la soumission...J'avais 12 ans, mes parents
n'ont rien vu...d'ailleurs, j'avais peur, je ne voulais pas qu'ils soient
au courant...j'avais honte de mettre laisser abuser sans réagir...aujourd'hui,
je doute encore, mais je suis persuadée que ce sont des viols
collectifs. 3 garçons de ma classe en 5e se comportant en caïd
au milieu de mes camarades de classe ont profité d'une relation
comme on disait : un amoureux... des petits bisous...moi je croyais
à l'amour de l'adolescence...une fois, il est tombé très
malade comme il disait...il est revenu avec les lèvres gercées
et m'a dit que c'était de ma faute...je l'avais trouvé
très méchant...je trouvais cela injuste...quelques temps
après, il était en relation étroite avec les caïds...
Sans vraiment me souvenir de la première fois, ces trois caïds
m'ont emmenés plus d'une fois dans les caves de la cité
qui était en face. J'ai connais avec précision les noms
de deux d'entre eux. Le troisième, qui était le meneur
de groupe, j'ai un doute mais un nom me vient tout de même...Comment
me persuader que ce sont des viols collectifs...je n'étais jamais
à l'aise, je me sentais obligée d'éxécuter
ce qu'il demandait de faire. J'ai souvenir que l'un d'entre eux avec
un gros organe, il me dégoutait, il avait une odeur particulière
que je n'aimais pas. Il était plus agée de 1 ou 2 ans
que les autres. J'avais 12 ans, ils avaient entre 13 et 15 ans.
Je vivais dans la peur, les appels téléphoniques devenaient
souvent anonymes, sans voix...et
raccrochaient. A deux reprises, peut-être plus, ils rodaient autour
de chez mes parents. Mon nom était sur les murs, les tables du
lycée, accompagné de ma réputation de "putes"
ou encore de "salopes". Il pouvait aussi être inscrit
sur les murs du lycée :"X veut ken avec (mon nom) la pute".
Cela devenait insupportable.
Je n'ai que des souvenirs parsemés de ce qui s'est passé.
Aujourd'hui, j'ai 36 ans. C'est depuis quelques années où
j'ai entendu le mot tournante que j'ai pu mettre un mot sur ce que j'ai
vécu. Quand j'entendais les témoignages à cette
époque.
Je souhaiterai
savoir si je peux avoir recours à la justice...Je ne peux concevoir
qu'ils ont construit leur vie sans savoir ce qu'ils m'ont réellement
infligée. La honte m'habite et je ne veux plus cacher dans ma
boîte ficelée l'horreur de ce dégoût.
J'autorise
l'affichage de mon adresse mail.
En effet,
partager avec d'autres personnes ce vécu m'aidera...
Aujourd'hui
j'essaye de me construire depuis cette période avec ma souffrance
intérieure mais je ne voudrais pas vivre avec, je souhaiterai
qu'elle puisse par son expression être écoutée et
comprise, comprise oui.
Merci beaucoup
pour votre écoute...
eaulavie@yahoo.fr
Bonjour,
Je suis désolé de vous apprendre que vous n'avez plus
de moyens de poursuites au pénal : les crimes que vous avez subis
sont prescrits.
La loi nº 2004-204 du 9 mars 2004 a porté le délai
de prescription de 10 à 20 ans pour les victimes d'un viol mineures
au moment des faits, délai à compter à partir de
la date de la majorité. Mais ce changement ne vous concerne pas
car, lorsque la loi a été votée, le crime était
déjà prescrit dans votre cas et, en France, une loi ne
peut être rétroactive.
Cordialement,
Yves LAMBERT
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