J'ai été droguée et je me suis vendue Email
en pied de message Septembre 2006
Avertissement :
les échanges publiés ci-dessous sont des extraits d'une correspondance
commencée avant ce qui suit directement : bonjour,
j'ai tellement + demorale que je ne sais + quoi faire je me sens seule et abandonnée
aidez moi!!!!!........... Marjorie, Vous
piétinez, parce que vous ne parvenez pas à prendre la décision
de lutter, contre la vision morbide de votre passé ; il faut que vous arriviez
à vouloir seulement lui tourner le dos, à ce passé qui vous
obsède et à laisser une nouvelle Marjorie, naître à
l'avenir ; évidemment, cela ne se fera pas en un jour, mais la volonté
de s'extraire de ce passé qui vous englue, doit s'exprimer sur un long
terme et sans relâche. C'est l'objectif que vous devez vous fixer : dire
non à une culpabilité perpétuelle ; ne vous condamnez pas
à une peine si lourde, que même les coupables, y échappent. Vous
n'avez pas répondu au contenu de mes précédents messages
: avez vous des adresses pour faire une thérapie appropriée? Votre
médecin vous en a-t'il procurées? Etes vous d'accord pour essayer
autre chose? Commencez par écrire votre passé! Cordialement, Chantal
POIGNANT, Conseil pour
l'instant je vois un psychologue et un psychiatre mais je n'ose pas parler car
j'ai peur que si je parle ils ne me croyent pas.... tous le monde écoute
pas je me sens dans une solitude demesurée et plus j'approche dans l'année
+ j'ai peur de ce qui m'attend. N'attendez
plus ; vous êtes trop déprimée et vous avez tendance à
ne plus réagir ; soit, vous dites la vérité et vos "psy"
pourront être plus efficaces ; soit, vous changez de "psy" et
décidez de "prendre le taureau par les cornes" ; vous n'avez
guère le choix ; il faut tenter quelque chose. Qu'en pensez vous? bonjour je
viens quand même vous écrire malgré la peur de me dévoiler
un peu sous ma carapace et de trop en dire je nesais plus ... A
l’age de 12ans j’ai fait confiance un ‘ami’, plus le temps passait, plus je lui
faisais confiance. Car à la maison, mon père étant routier
et pompier volontaire je le voyais très peu, ma mère je ne la considérais
pas comme ma mère, gardée de bonne en bonne et de secrétaire
en secrétaire je ne peux pas dire pour moi que c’est une mère. Avec
cette ami il me donnait un peu d’amour quelques caresses me suffisait pour que
je sois complètement envoûtée par lui. Un jour il m'a sorti
de la coke puis je me suis habituée à en prendre à chaque
fois qu’on se voyait, puis la dépendance était là. Une fois
bien "accroc" il m’a demandé de la payer donc j’ai vendu mon
corps et de là, tout a commencé, j’ai appris le monde de la drogue….
Puis le monde des tournantes. J’avais fait en sorte d’oublier avec le temps,
aujourd’hui j’ai 2enfants, un mari aimant au plus haut point…mais mon histoire
du passé est revenue au grand galop au travail,travaillant dans un LP ,depuis
6mois je me faisais rackettée chaque vendredi, puis le 12/09/03 ils m’ont
menacée avec un couteau et je me suis fait violée par ces même
jeunes car je leur donnais plus assez de fric , puis le viol a recommencé
le 15/01/04 depuis je n’arrive plus à vivre correctement . Tous se mélange
dans ma tête…et je revois sans cesse ces images dans ma tête qui me
hante chaque jour de ma vie…à l’heure actuelle j’essaye de survivre mais
je tiendrai pas longtemps à ce rythme là … aidez moi !!!.... Mes
médecins sont au courant du principal mais mon médecin de famille
n'est pas au courant de mon passé de drogue, de pute, disons les choses
comme elles sont.J'ai peur de déballer ma vie car cela fait quinze ans
que je le connais et il ne m'a jamais vu avec ce costume de pute et de camée
; je n'ai pas demandé de cure, j'ai peur d'être séparée
de mes enfants ; je suis perdue, je ne sais pas où je vais...J'ai peur!
Bonjour Marjorie, C'est bien ce que je pensais
: vous n'avez pas le soutien qu'il vous faut, parce qu'avec votre médecin
de famille, vous ne parlez pas de la réalité de vos souffrances,
donc, le pauvre est complètement à côté "de la
plaque" et ne peut vous aider comme il le faudrait ; c'est très bien
que vous utilisiez le mot "costume" car, un costume, on peut l'enlever,
surtout quand il ne nous va pas! et vous, cela fait longtemps que ce costume ne
vous va pas et que vous l'avez enlevé (il ne vous a jamais convenu), alors,
les vieux "trucs" : il faut les jeter! Ce costume que vous n'avez
jamais aimé, qui n'a jamais été pour vous, qui ne vous va
pas, qui ne vous correspond pas du tout, il faudrait ne plus le garder et le mettre
à la poubelle ; c'était un déguisement et vous n'allez pas
en supporter le poids toute votre vie. Vous devez vous libérer de cette
image de Marjorie avec ce costume, en vous disant que c'était : un "bal"
masqué ; vous n'êtes pas une pute, une droguée mais vous avez
connu des problèmes avec la drogue qui vous ont amenée à
monnayer votre corps ; ce n'est pas la même chose ; entre être et
avoir, il y a une marge. Marjorie n'est pas une image qui serait condamnée
à rester fixe ; Marjorie a connu son mari, fait des enfants, est en marche
vers un devenir si elle veut bien laisser son passé un peu derrière
elle ; bien sûr, rien ne s'effacera magiquement mais en revenant sur ce
passé avec un professionnel, Marjorie pourra apprendre à l'élaborer
pour mieux le dépasser et se donner un droit au bonheur (qu'elle mérite
mille fois). Ce soir, j'ai l'impression que vous avez avancé ; en employant
le mot "costume" vous avez dit une vérité. Alors continuez
à vous livrer à des réflexions comme cela ; vous avez pris
le bon chemin ; acceptez d'affronter votre douleur en face ; vous n'êtes
pas seule dans cette galère ; beaucoup de personnes pourraient la partager
; je reçois des témoignages qui ressemblent au vôtre ; comme
les autres, ne renoncez pas à vous battre! Vous allez devoir aller plus
loin encore. Ecrivez moi, encore et encore, jusqu'à ce que vous vous
décidiez à consulter vraiment, jusqu'à ce que vous vous décidiez
à dire stop à la culpabilité (alors qu'elle n'a pas de raison
d'être, cette culpabilité). A bientôt, Chantal POIGNANT Conseil je
viens vous appeller encore à l'aide je n'arrive plus à trouver les
mots mais je n'arrive + à gerer tout ça j'ai peur ...j'ai l'impression
que je me suis mis trop de choses à la fois et je n'arrive + à assumer
toute seule j'ai l'impression que la prise à ce fil qui tient notre vie
à force de tirer dessus il commence à s'effriter j'ai peur de pas
arriver à finir ce combat... marjorie Marjorie C'est
sûr que vous tirez trop sur le fil et que vous vous épuisez face
au vide ; il faut se battre d'abord, contre votre mélancolie, qui tend
à vous engloutir ; j'ai réellement le sentiment que vous vous sentez
coupable des souffrances de votre passé et que vous cherchez quelque part
une sorte de chatiment, comme si vous aviez une faute à expier ; vous vous
enfermez dans le remords ce qui vous oblige à la répétition
infernale de tout ce que vous avez subi et dont vous n'êtes pas responsable
; oui, vous avez touché à la drogue, ce qui vous a amenée
dans une terrible spirale ; vous n'êtes pas responsable de cette spirale
de violences ; comprenez bien que vous avez été littéralement
abusée dans votre esprit et dans votre corps ; vous ne parvenez pas à
extraire la culpabilité qui vous ronge ; vous vous condamnez à la
plus terrible des sanctions et vous ne la méritez pas cette sanction! Marjorie,
acceptez d'être aimée ; vous avez droit de vivre sereinement après
ces luttes incessantes. je
pense que je n'ai pas d'autre choix si je veux survivre mais comment aborder
le sujet du passé... En
disant simplement que vous n'avez pas osé aborder une partie de votre histoire,
parce que vous avez peur de ne pas être comprise et aussi parce que vous
avez terriblement peur d'être jugée et de ne pas pouvoir supporter
le regard des autres et dites : "voilà, étant jeune je me sentais
mal dans ma peau ; j'avais des problèmes et j'ai goûté à
la drogue ; j'en suis devenue dépendante et pour me payer ma dose, j'ai
vendu mon corps" ; il ne faut pas avoir peur des mots ; il faut le dire ;
aucun thérapeute digne de ce nom ne s'en offusquera ; vous n'êtes
pas la seule Marjorie dans ce cas et puisque vous avez eu le cran et la chance
et le mérite de fonder une famille, ne laissez pas tout cela, basculer
; il faut vous déculpabiliser et vous regarder avec un regard neuf : vous
êtes quelqu'un de digne et digne d'être aimée. Commencez par
vous aimer, vous, comme votre mari et vos enfants vous aiment ; estimez vous comme
je vous estime et... courage : ne renoncez pas! je
ne sais plus à qu'elle porte frapper et je commence à etre fatiguée,personne
à me confier, et d'aller chez les psy commence à me gaver et j'ai
arreté mes médicaments je me sens fatiguée et trés
mal ds ma peau je ne sais pas si j'irais jusqu'au bout de mon combat je suis au
bord de faire une connerie de toutes façons le compte à rebours
est lancé. bye marjorie marjorie.condemine1@wanadoo.fr Ah
non, je viens de passer une heure à relire vos messages pour en proposer
une partie à la publication ; j'en étais arrêtée, au
moment où vous me demandiez, comment aborder ce passé qui vous pèse
tant. Je vous ai répondu et depuis : qu'avez vous fait? Avez vous décidé
de parler enfin, de ce qui vous oppresse, afin d'avoir un traitement adapté? Ne
renoncez pas! Et ne faites pas n'importe quoi avec vos médicaments ;
vos enfants vont revenir de l'école ; imaginez leur détresse! Cordialement, Chantal
POIGNANT Conseil |