L'amour ne doit pas tout permettre Email
en pied de message Septembre 2006
Bonjour, Je
me suisreconnue dans un témoignage que vous avez publié et je souhaitais
vous écrire le mien pour aider les femmes qui vivent ce genre d'histoire. J'ai
subi de la part de mon concubin une violence morale pendant... près de
20 ans ! Pendant toutes ces années, je n'arrivais pas à comprendre
ce qu'il m'arrivait, je pensais que cela pouvait s'arranger, que cela DEVAIT s'arranger
et ça ne s'est pas arrangé du tout et même cela ne faisait
qu'empirer. Jusqu'à ce que j'éveille peu à peu ma conscience
au fait que l'amour, c'est autre chose que de se sentir prisonnière, c'est
autre chose que d'avoir peur tous les soirs de rentrer à la maison et que
ça démarre, c'est autre chose que d'être toujours sur le qui-vive
et d'avoir peur de dire le mot qui va faire tout basculer, c'est autre chose que
de se sentir toujours coupable, rabaissée, humiliée. Je me suis
posée peut-être la seule VRAIE question : qu'est-ce aimer ? Est-ce
avoir peur de l'autre ? Avoir peur de le mettre en colère, avoir peur de
lui demander quelque chose, avoir peur de rentrer plus tard que d'habitude, avoir
peur qu'une amie vous appelle ? AVOIR PEUR TOUT COURT ? Non, ce n'est pas possible
que ce soit cela ! Cette prise de conscience ne s'est pas fait du jour au lendemain,
non, mais ma fille qui grandissait, me donnait à réfléchir
à notre situation, car elle acceptait de moins en moins l'autoritarisme
de son père, les virements brusques et imprésibles de ses autorisations,
les changements brutaux de son humeur et les coups de gueule incessants. Oui,
c'est elle qui m'a ouvert les yeux. Je me suis peu à peu confiée
aux rares amies qui me restaient. Elles me conseillaient d'aller voir un thérapeuthe,
ce que je n'ai pas accepté au début. Puis j'ai fini par y aller. J'ai
compris que nous étions malheureuses, ma fille et moi, et que dès
que nous avions la chance qu'il passe une soirée dehors, nous respirions
enfin ! J'ai commencé à rassembler les papiers importants (factures,
bulletins de salaire, déclaration d'impôts, carte d'identité,
etc...) et de les mettre en lieu sûr (à mon travail). J'ai fini
par demander à mon concubin de nous séparer. Un jour c'était
oui, un jour c'était non, car jamais il me laisserait le foutre à
la porte, c'est ce qu'il disait. J'ai réussi pour la première fois
à partir en vacances seule avec ma fille sans lui (j'ai cru jusqu'au dernier
moment qu'il allait nous suivre). On m'a conseillé de mettre ses
affaires dehors et de changer les serrrures. Mais à quel moment aurais-je
pu le faire, vu qu'il ne travaille pas et qu'il est constamment à la maison
? J'ai appelé plusieurs associations. Je suis allée les
voir. J'ai même été aux réunions des familles d'alcooliques
car il boit énormément. Les associations n'ont pas beacoup de réponses
sur la question de la violence morale. Je suis allée à la
mairie pour un entretien avec un juriste qui m'a conseillé la procédure
d'expulsion. J'étais horrifiée à cette idée, comment
pourrais-je expulser le père de ma fille qui ne travaille pas, n'a pas
de famille et va se retrouver à la rue ! Je me serai senti sans coeur et
d'une culpabilité terrible. J'ai ensuite tenté une médiation
avec lui, médiation qui a échoué, bien évidemment,
quand on connait ce type d'homme qui a besoin d'une victime sous la main pour
lui faire subir sa violence morale. Il avait soi-disant accepté de faire
la médiation de séparation, mais se dérobait presque toujours
à la dernière minute me faisant perdre les demi-journée de
congé que je prenais pour pouvoir aller aux rendez-vous. J'ai fini
par aller voir un avocat, car bien entendu la situation empirait puisqu'il sentait
que je commençais à me poser de sérieuses questions sur notre
vie de couple. L'avocat m'a dit qu'il n'y avait aucun problème pour l'expulser
en référé (procédure d'urgence) puisque j'étais
propriétaire de mon appartement et qu'il n'avait ni droit ni titre et qu'il
était violent ... en paroles ! Or, le juge de référé
a conclu le contraire : je ne pouvais pas expulser mon concubin, puisque c'était
moi qui l'avait accueilli et que de toute bonne foi il occupait les lieux, ce
qui n'est pas le cas de squatter sans droit ni titre ! Je vous passe tous
les détails, car je me suis retrouvée dehors de chez moi avec ma
fille suite à une violence de la part de son père que je n'ai pas
supportée un soir. Nous sommes restées dehors 3 mois en allant dormir
d'amis en amis : il n'avait pas hésité à changer les serrures
! Et c'était lui qui m'expulsait ! J'ai pris un autre avocat qui
a réussi à avoir une décision en ma faveur, mais vu le temps
que cela aurait pris pour aboutir (d'autres complications ont eu lieu), j'ai décidé
avec un ami d'y aller moi-même et de récupérer mon appartement).
La police s'en est mêlée... Bref, en conclusion, c'est lui
qui est dehors et maintenant je peux respirer. Pas encore totalement, car il m'attaque
juridiquement sur tous les fronts (garde de l'enfant, liquidation des biens, appel
sur la décision de justice en ma faveur, plainte quand il a du partir de
l'appartement,...) Il fait toutes ces procédures, car c'est un ancien juriste
et qu'il a des amis qui l'aident. Et moi qui hésitais à l'expulser
pensant que sans revenu il allait se retrouver à la rue ! J'ai
finalement déménagé pour ne pas l'avoir sur le dos. Ma fille
est restée tout de même dans son collège (elle ne voulait
pas quitter ses amies). Mais au moins, le soir, quand je rentre chez moi, que
je suis avec ma fille, je peux respirer. Je ne sais pas combien de temps je
vais encore être obligée de penser à tout cela, car il continue
son harcèlement à travers les procédures, le téléphone
et ma fille. Je suis exténuée, mais je ne regrette rien, absolument
RIEN. La seule chose que je regrette, c'est, toutes ces années, que j'ai
vécues en aveugle. Je continue ma thérapie, car j'ai besoin de comprendre
POURQUOI ? Et je souhaite redire ce que cette jeune femme a écrit
dans son témoignage : à toutes celles qui se reconnaîtront
en moi : AGISSEZ ! Bien à vous. Mon
mail est cviomo@yahoo.fr
Bonjour, Nous
vous remercions pour votre témoignage lucide, qui illustre bien les difficultés,
à sortir de l'emprise du "partenaire"; mais, mieux vaut s'armer
d'une farouche résolution d'en finir avec ce mode de vie, que de se soumettre
au despotisme d'un individu, qui croit avoir prise sur notre personnalité
et peu à peu, nous fait oublier notre "moi". Peut-être,
aviez vous besoin de tomber amoureuse à un certain moment et peut-être,
avez vous vécu sur ce fantasme d'amour pendant tout ce temps, en espérant,
inventant, repeignant votre histoire de couleurs moins sombres? Peut-être,
étiez vous tellement "tombée" sous la fascination de l'autre,
que vous ne vouliez pas voir les imperfections afin que votre histoire soit toujours
belle, comme vous la rêviez? Peut-être, aviez vous tellement envie
d'aimer et de donner, que vous avez ré-inventé votre histoire? Peut-être,
connaissiez vous une sorte de "volupté", à vivre une histoire
très difficile (le malheur d'aimer) ; peut-être vouliez vous repousser
vos limites? Heureusement, vous avez accepté maintenant, de regarder
la réalité en face ; vous êtes décidée à
reconquérir votre liberté de penser et votre espace de vie. Merci
de bien vouloir faire partager votre expérience à d'autres. Cordialement, Chantal
POIGNANT Conseil |