Mon père est un monstre et ma mère se sacrifie Email
en pied de message Novembre 2006 Bonjour, Je
suis d'origine algérienne, j'ai 35 ans, en 1998 je me suis enfuie, loin
de ma famille, d'un "père" tyrannique et pervers. Bien que
la vie n'a pas été facile, je ne regrette pas ce choix, j'étais
arrivée à un point de non retour, il fallait que je parte, ma vie
étais en jeu et ma santé mentale aussi. J'ai toujours pensé
au suicide, la mort étant pour moi la seule solution à mes problèmes,
mais j'ai voulu me donner une chance, tenter de vivre et voir après. Donc
pas de regrets, je ne dis pas qu'aujourd'hui, je suis complètement épanouie,
les fantômes du passé sont encore là, mais bon on fait avec. Aujourd'hui,
je vous écrie car je cherche une solution pour aider ma mère, elle
est restée, les insultes, les coups, les humiliations sont toujours là,
rien n'a changé pour elle, bien que depuis 2000, mon "père"
, je prèfere le terme géniteur, ait une hémiplégie
et est donc paralysé de toute la partie gauche. Il la bat toujours,
casse des assiettes, l'insulte. Mes deux frères sont interdits de séjour,
elle ne les voit qu'en cachette, elle ne que très rarement ses petits-enfants
et toujours en cachette. Moi-même, je vais la voir une fois par mois et
toujours en cachette, je refuse de voir ce monstre, qui désolée
de le dire, ne mérite pas le terme d'être humain. Je me sens coupable
de l'avoir abondonnée mais avais-je le choix ? Je tiens à dire
que ma mère est quelqu'un de toujours malade, emprisonnée dans cette
éducation et ces traditions qui la rendent complètement soumise.
Il y a chez elle un mélange de religion ("DIEU m'a donnée ce
destin") et de traditions, peur des ragots ("mais que vont dire les
voisins, elle abondonne son mari, maintenant qu'il est malade", etc). Mais
en plus de tout ça, ma mère me dit être ensorcelée
par son mari afin qu'elle ferme sa gueule, qu'elle reste seule, qu'elle se laisse
faire, ....). Elle a peur de partir, elle se dit se sacrifier pour mes frères
: "Si je pars; il va se retourner contre eux, leur jeter des maléfices,
...). C'est fou, ce côté SACRIFICE et en même temps je me
souviens que quand mon père me battait, elle regardait. Moi par contre
je la défendais. Il est arrivé même une période où
je prenais plus de coups qu'elle. Je la protégeais, le soir, je cachais
les couteaux, j'avais peur q'il ne la tue dans son sommeil, je cachais les cordons
électriques, de peur qu'il ne l'étrangle dans son sommeil. Quand
mon petit frère et ma petite soeur avait besoin de quelque chose, c'était
moi qui lui demandais pas elle (elle disait qu'il allait trouvé un bon
pretexte pour la frapper). J'ai besoin de conseils mais j'aimerais également
donner ce conseil à toutes les femmes qui sont battues, Parter, Penser
à vos enfants, et surtout dites vous aucun homme n'a le droit de vous toucher
(ni au nom de la religion, ni au nom de tradition ou autre chose). Soyez courageuse,
et surtout ne vous retournez pas car comme la femme de Loth dans la bible, vous
serez changez en statue. Bonjour, Vous
savez, les personnes, qui disent "se sacrifier", ne le font pas en pure
perte : elles ont toujours des "bénéfices" secondaires
qui les confortent, quelque part, dans leur narcissisme. Ici, c'est la gloire
à Dieu et un certain sentiment "d'ivresse" quant à l'image
d'elle-même, que votre mère expose aux yeux des autres : l'ivresse
du martyre. Elle me fait penser un peu à ces "kamikazes" qui
se donnent à voir en faisant corps avec le danger et les conséquences
de cette attitude deviennent ce qu'ils appellent : le destin, faute d'avoir voulu
opter pour une autre direction qui leur aurait demandé une mise en oeuvre
de leur responsabilité. Ainsi, votre mère a choisi son destin, en
choisissant ses valeurs et vous ne pouvez rien faire d'autre que de lui montrer
qu'il y a une autre voie, en vivant la vôtre. Heureusement, si le chemin
de votre mère est pathétique et tragique dans le sens où
on sent bien sa capacité à se soumettre, elle ne vous a pas "transmis"
sa force d'inertie. Ne vous culpabilisez pas au sujet de votre mère car
en renonçant à ses responsabilités de mère par rapport
au père, elle n'a pas joué son rôle de protection par rapport
à ses enfants ; il n'est plus temps de la blâmer, d'ailleurs, elle
ne comprendrait pas mais vous avez mille fois raisons de vouloir vous extraire
des schémas que votre maman par ses croyances contribue à maintenir.
Si votre père est un pervers, votre mère représente la figure
par excellence de la compagne du pervers... Avez vous un soutien ou un accompagnement
par le biais d'associations ou de groupes de paroles ? Cordialement, Chantal
POIGNANT Agent de conseil Merci
de votre réponse si rapide, bien qu'au fond de moi, je comprenne ce que
vous me dîtes et je sais que c’est la vérité, il m'est très
dur de l'entendre. Il est tellement difficile de voir la personne que l’on aime
le plus au monde souffrir, et rester là à regarder, sachant pertinemment
que la solution est en elle. Vous
savez à 28 ans, j’ai appris que je n’aurais jamais d’enfant (ménopause
précoce), j’ai le sentiment pendant très longtemps d’avoir été
la mère de ma mère. Donc ma stérilité est tout à
fait justifiée. Actuellement,
je n'ai aucun soutien psychologique, avant de partir de chez mes parents, il m'a
fallu 2 ans de thérapie pour m'aider à surmonter ma culpabilité,
et enfin partir. Depuis
98, je suis allée voir une psychiatre pendant 6 mois, mais elle ne me convenait
pas, en 2000, suite à une rupture amoureuse, et de grosses crises d’angoisse,
je suis allée voir un psychothérapeute pendant 18 mois environ,
j’ai appris plein de choses sur moi et en 2004 et ce pendant 1 an environ j’ai
vu un psychiatre qui me soignait par de la relaxation, le but étant de
trouver un remède à mes crises d’angoisse. Elles
se sont espacées et atténuées, mais elles sont là.
Les « fantômes » sont toujours là, je parle de fantômes,
mais j’ai un peu honte de le dire, à mon âge, j’ai encore peur du
noir et donc de ces fameux fantômes. Merci,
si vous avez des adresses sur Toulouse à me communiquer, je suis prenante.
Ps : sur 1er
mail envoyé mon nom et mon prénom apparaissait, merci de ne pas
les communiquer. Bonjour, Je
suis la seule personne à avoir accès à ce service, hormis
mon directeur, qui publie les témoignages que les personnes veulent bien
laisser paraître. Quand j'ai reçu votre premier message, j'ai
perçu immédiatement, votre sensibilité "à fleur
de peau" ; j'ai répondu sans penser à vous demander l'autorisation
de publier car nous demandons l'autorisation et ne faisons rien sans les indications
de la personne ; celle-ci peut en effet souhaiter recevoir des messages d'autres
internautes ou non ; le message peut être "diffusé" avec
son e-mail ou non, avec un e-mail fabriqué pour la circonstance ou sans
e-mail du tout... Tout cela pour vous dire, que vous n'avez aucune crainte
à avoir, que vous décidiez d'être publiée ou non ;
nous sommes très scrupuleux sur la démarche. J'imagine, comment
vous pouvez ressentir cette douleur de l'impuissance, face à la vie de
votre mère mais vous êtes obligée de suivre maintenant, votre
chemin sans votre maman. En effet, vous avez analysé la situation : vous
avez protégé votre mère parce qu'elle ne pouvait pas ou ne
savait pas remplir son propre rôle ; il est temps que ces fantômes
du passé s'éloignent même si, vous n'en oublierez probablement
jamais la trace car cette enfance vous a néanmoins construite, en dépit
de tout ; vous devez apprendre maintenant à métamorphoser cette
angoisse qui vous accompagne, afin de ne pas rester prisonnière de votre
histoire ; la route n'est pas des plus faciles mais vous avez déjà
soulevé tellement d'embûches que j'y crois... A Toulouse, se trouve
l'association "SAVIF", 2 rue saint Jean, dont voici l'adresse internet
: * http://www.savif.com/ Et
l'AVAC, dont l'adresse est ici : * http://avac.toulouse.free.fr/
(17 rue Peyras) * au 31 rue de l'étoile : il y a l'APIAF * l'association
Olympe de Gouges se trouve au 43 rue Jean des Pins. Je vous souhaite de conserver
votre énergie et de commencer à vivre, en apprenant à mettre
le plus de distance possible entre vous et les fantômes du passé,
en sachant qu'ils ne s'évanouiront peut-être jamais complètement. Ils
contribuent à faire ce que vous êtes devenue : une femme que la soumission
et la violence révulsent. Très cordialement, Chantal POIGNANT. PS
: votre témoignage est significatif et j'aimerais qu'il paraisse ; mais
vous ?
Merci
de votre soutien et des infos, j'accepte de mon témoignage apparaisse,
par contre merci de ne pas divulguer mes coordonnées. |