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Message ou FAQ

 

C'était mon beau-frère

Email en pied de message
Avril 2007

Je ne sais comment vous écrire, j'ai honte de vous faire perdre votre temps et en même temps je me dis que peut être mon histoire pourrait aider celles qui auraient besoin.

Je vous écris ce message un peu pour me libérer et aussi je me dis aussi qu'en vous écrivant vous me donnerez peut-être une solution pour me sortir de cet enfer.

J'ai maintenant 38 ans bientôt 39 et j'avais 12 ans la première fois où un homme c'est intéressé à moi d'un peu ou plutôt de beaucoup trop près. Je suis la dernière enfant d'une fraterie de 4 (où j eme suis toujours sentie de trop). 2 sœurs et 1 frère. Cet homme c'était mon beau-frère. Le mari de ma sœur la deuxième (je ne la considère plus comme ma sœur depuis très longtemps d'ailleurs). Il a 15 ans de plus que moi et elle 12 ans.

En fait, il a commencé à me tourner autour lorsque j'avais 12 ans mais elle elle m'obligeait à prendre mon bain avec lui dès l'âge de 9 ans durant un été où elle avait dit à mes parents qu'elle avait besoin de moi pour garder son fils de 2 ans.

Lui c'était très bien fait accepter de la famille. Il avait eu une enfance malheureuse disait-il comme ma maman. Je précise tout de même car c'est très important pour moi : j'ai eu des parents adorables. Malheureusement mon père est décédé en 2003 heureusement j'ai toujours ma mère. Je ne lui ai pas dit que je vous écris ça l'inquièterait et ça je ne le veux pas, elle a suffisamment de soucis comme ça.

Même encore aujourd'hui j'ai vraiment beaucoup de mal à vous écrire tout cela, j'ai l'impression que c'est du " charabia " que je vous écris. Bon j'essaie tout de même de continuer.

Ils étaient très souvent à la maison. Il était très souvent près de moi et c'était des atouchements, dans des violences et puis il me disait que si je disais quelque chose à quelqu'un et bien il quittera sa femme et que mon neveu n'aurait plus son père. C'était du chantage et du harcèlement permanent, je cherchais toujours à l'éviter, à ne pas me retrouver seule avec lui mais il était routier et avait des horaires décalés et un peu trop de liberté. J'essuiais des coups que je dissimulais à mes parents comme je pouvais. Je n'ai jamais rien dit, j'avais peur. Peur des coups à mon égard et peur qu'il quitte sa femme et que son fils ne le voit plus. J'étais trop jeune pour comprendre que ce qu'il faisait était beaucoup plus grave.

Pendant une période ils sont venus habiter chez mes parents. Aux beaux jours ils étaient dans une caravane et là sa femme faisait en sorte que je lui porte toujours ses repas et lui il en profitait pour me violenter, me harceler, m'insulter par des gestes et des paroles. Un soir je me souviens encore, j'ai dû l'aider à fermer les fenêtres de la caravane et ce soir là c'est allé encore plus loin, je venais d'être violée pour la première fois car bien sûr il ne s'est pas arrêté là. Le harcèlement, le chantage, les menaces, les coups ont continué. Un jour lorsque leur 2ème maison a été construite, je suis allée dormir chez eux pour conduire mon neveu à l'école le lendemain matin. Ils sont partis l'un et l'autre travaillé et elle me dit avant de partir : " tu pourras prendre un bain, tu seras tranquille ". Moi toute contente, je la crois, je prends donc mon bain et tout à coup, j'entends un camion se garer devant la maison, je sors de mon bain, je regarde à la fenêtre. Frayeur c'était lui (vous l'écrire me fait encore revivre cette sensation horrible). Je verrouille la porte de la salle de bain, mais ça ou rien c'est pareil, il ouvre la porte et c'est reparti. Je me souviens de cette fois, où j'ai quitté la maison, meurtrie encore une fois, sale, souillée et trahie par elle qui avait mentie. Je n'étais qu'un zombie dans la rue, je ne sais pas comment je ne me suis pas fait bousculer par une voiture ce jour là tellement je marchais totalement hagarde. Je suis rentrée chez mes parents qui étaient eux aussi au travail.
Tout ceci a duré jusque vers l'âge de 18/19 ans avec des moments d'accalmie. Et un jour il a décidé de tout raconter, j'étais comme soulagé sauf qu'il a déformé la vérité et a dit que j'étais d'accord que je l'aguichais et sa femme donc (ma sœur) l'a cru et ne m'a même pas écouté. A l'époque ils avaient 2 enfants et je n'ai rien dit, je me suis tûe, je me sentais sale vide inutile en trop trahie humiliée. Ce jour là pour que j'aquièsse ce qu'il disait, il m'a tabassé sous les yeux de sa femme qui est restée les bras croisés à me regarder. J'étais à moitié nue avec des bleux et des coupures (mon pied avait heurté un meuble) il me portait par mon pantalon de pyjama et me laissait retomber au sol. Mon neveu (le grand celui qui a 7 ans de moins que moi) est entré dans la chambre pendant que je subissais les coups de son père en demandant ce qu'il se passait, et sa mère lui a répondu : " rien va dans ta chambre ". Je me suis retrouvée, je ne sais trop comment, enroulée dans des draps coinçée sous une armoire. J'en suis ressortie, je ne sais comment non plus, personne ne m'a aidé. Ils ont allé préparer tranquillement leur petit déjeuner comme si rien ne s'était passé.

Bien des fois j'ai voulu mourir et même encore aujourd'hui. Et encore je vous en passe sinon je vais vous prendre trop de votre temps.

Heureusement que mes parents m'ont toujours bien entouré. Mon père est décédé sans même que je puisse lui dire tout ça il n'en a su que quelques bribes. Aujourd'hui ce qui me fait encore mal c'est que mon frère approuve les faits et gestes de sa sœur. Lorsque j'ai réuni ma sœur ainée (la gentille) et mon frère pour leur raconter, pour qu'ils aient aussi ma version, mon frère m'a dit : c'est du passé tu n'as qu'à oublier ! D'ailleurs, il m'a aussi une fois par le passé : " de toute façon, je n'ai qu'une sœur et ce n'est pas toi ". Je ne comprends pas que l'on puisse cautionner de tels actes !!! Et en plus ce qui me fait surtout très mal, c'est qu'en cautionnant tout ceci il cautionne également le mal que ça fait à mes parents alors que mes parents sont vraiment des parents extraordinaires comme ils en existent très peu.

J'ai suivi une thérapie auprès d'un psychologue dans une association d'aide aux victimes, ça m'a beaucoup aidé mais je sais qu'il me reste encore du chemin à parcourir.
Aujourd'hui je reste persuadée que ma vie aurait été bien différente si je n'avais pas subi tout cela, c'est aussi ce que me dit mon médecin d'ailleurs. Je vis seule, je n'ai pas d'enfants et de toute façon avec tout ce qu'ils m'ont fait subir ce n'est même pas sûr que je puisses en avoir un jour, cette partie de mon corps garde beaucoup de séquelles. Et là mon frère me dit encore que je suis égoîste de ne pas avoir d'enfants (il n'en a d'ailleurs pas non plus et ce dit aussi égoîste au moins pour ça). Alors qu'il sait tout cela.

Je n'ai jamais voulu porter plainte pour que mes neveux n'aient pas un père prisonnier et puis je n'avais aucune preuve même si je portais des traces de coups. Ca aurait été sa parole contre la mienne et à l'époque les enfants n'étaient pas écoutés comme maintenant. Par contre, je dis à mon entourage et surtout aux enfants que quelque soit ce qui leur arrive il faut qu'ils en parlent à quelqu'un en qui ils ont confiance. Et puis c'est trop lourd à porter pour un enfant. Combien de nuits je n'ai pas dormi en me posant des milliers de questions : comment puis je faire pour faire cesser tout cela, qu'ai-je fais pour qu'ils agissent ainsi, comment pourrais-je m'en sortir sans faire de mal. Je ne me voyais vraiment pas en parler à mes parents, nous nous sommes toujours adorés très fort, et j'avais trop peur de leur faire du mal. Je sais maintenant que j'ai eu tort qu'ils m'auraient aidé mais par contre je sais très bien qu'ils auraient eu très mal comme ils ont eu de tout façon quand ils ont appris. J'aurais tellement voulu pouvoir en parler aussi avec mon père mais à l'époque où je commençais à pouvoir en parler, il était déjà malade, je n'ai pas voulu lui en rajouter.

Aujourd'hui je me dis que si c'était à refaire, peut-être que je porterais plainte ainsi je pourrais peut-être vivre un peu et eux seraient vraiment reconnu pour ce qu'ils sont DES MONSTRES. Pour moi les violeurs et complices de viol sont pire que les assassins. Ces derniers au moins ne laissent pas leur victime en sursis comme le font les violeurs.

D'avance merci d'avoir pris de votre temps pour me lire et si vous ne pouvez me rendre réponse je comprendrais très bien. Malheureusement je sais que je ne suis pas seule dans ce cas.
Dans un premier je préfère que vous ne diffusiez pas mon adresse et je vous en remercie beaucoup.

Bonjour,
Que de temps perdu, à tenter de préserver les autres au détriment de votre propre santé, alors que c'était vous la victime, d'une situation perverse mise en scène par quelques uns de vos proches.
Votre triste parcours revêt une dimension sacrificielle, comme si vous étiez le bouc émissaire, c'est à dire celle qui est immolée en expiation des "péchés" de la famille.
J'ai le sentiment en effet que vous êtes aussi la victime d'une certaine organisation ou peut-être désorganisation familiale, qui vous a inscrit, en tant que petite dernière, à une place dans la lignée familiale, qui pourrait correspondre à une certaine représentation, mal objectivée, dans le mental des autres membres de la famille.
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que votre capacité à vous excuser sur tout ce qui touche à votre personne est significative, comme si vous vous excusiez d'exister et de causer par votre seule présence un dérangement.
D'où vous vient ce sentiment d'être de trop ?
J'ai aussi l'impression, que vous vous sentez énormément "redevable" par rapport à vos parents, comme s'il n'était pas "normal" que des parents soient "bons et aimants".
J'ai l'impression que vous ne vous sentiez pas "capable" d'être aimée et que l'amour de vos parents vous apparait comme un cadeau inestimable, un dû, dont vous ne savez comment vous acquitter et que c'est la raison pour laquelle vous vous êtes tue si longtemps sans jamais pouvoir vous confier à vos père et mère.
Mais aucun enfant n'est redevable pour l'amour qu'il reçoit de ses parents ; il peut en être reconnaissant, certes, mais pas en termes de "dette".
Votre auto-dépréciation est flagrante et vous devriez travailler en thérapie à conquérir cette confiance en vous qui vous a manqué depuis longtemps et peut-être depuis toujours...
Vous êtes jeune ; vous pouvez prendre un nouveau départ, à condition de mettre de la distance par rapport à cette famille, qui n'est pas innocente et de bien vouloir vous pencher sur vous exclusivement.
Cordialement,
Chantal POIGNANT

Agent de conseil


Merci pour votre réponse aussi rapide.
Mes parents ont tjrs fait leur maximum pour leurs enfants. Je sais que c'est normal mais ce que je voulais dire c'est qu'ils ne sont en rien dans tout ce qui a pû m'être fait.
Encore merci.

Bien sûr, vos parents sont respectables mais vous aussi et je trouve, que vous vous oubliez un peu trop, pour protéger la famille.
Comme si vous vous sentiez coupable, tout en étant la victime, d'avoir indirectement et surtout involontairement, contribué à une certaine désorganisation familiale, dont vous voudriez protéger vos parents ; attention, pensez à vous car ce n'est pas vous qui devez continuer à subir ; ce n'est pas vous la coupable !
Alors, encore une fois, ayez un peu d'amour pour vous, vous le méritez bien.
Voici des adresses :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
J'aimerais pouvoir publier votre message et la réponse, afin que votre expérience puisse aider les autres, à se sortir du secret culpabilisant qui paralyse leur vie aussi, afin que d'autres puissent trouver la force de parler, même s'il leur semble que c'est déstabilisant pour la famille, afin que des mères puissent ouvrir les yeux sur la douleur de leur fille, afin que des familles refusent le "non-dit" et trouvent le courage d'affronter les conséquences des agressions sexuelles sur la victime, afin que ces victimes se sentent moins seules et incomprises.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Bonjour,
Je viens de voir mon témoignage sur le site et je vous en remercie (ça me fait vraiment une sensation très étrange).
Par contre je n'ai pas vu, comme convenu, mon adresse mail sur laquelle des internautes pourraient me contacter à savoir vivre1968@yahoo.fr. Je ne sais pas s'il vous est possible de l'ajouter maintenant ou non. Si non ce n'est pas bien grave.
Bonne journée
Bien cordialement

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