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Je me sens coupable de sa mort

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Mai 2007

bonjour à tous et à toutes,
Il y a 10 ans, j'ai rencontré le père de mes enfants. C'était un artiste d'origine guyanaise et rasta, et moi, j'avais un poste de cadre dans une grosse entreprise internationale, complètement à l'opposé.
Très vite, nous nous sommes installés ensemble. 18 mois plus tard, j'accouchais d'une magnifique petite fille. Pendant ces presque 2 ans, la vie n'avait pas toujours été facile : nos différences de culture, de niveau social, de caractère... tout ça ne facilitait pas notre vie de couple, mais je pensais qu'avec le temps, et cette naissance, nous allions enfin être une parfaite petite famille et tordre le coup à ces méchantes rumeurs qui disaient que notre couple (mixte...) ne tiendrait pas le choc ! Moi, j'y croyais dure comme fer !
Dès la naissance de notre enfant, les choses ont commencé à mal aller. Très vite, il s'est mis à abuser de l'alcool et de la drogue. Il buvait et fumait déjà avant, mais jamais en ma présence... Là, il se lachait ! Puis rapidement, face à mes critiques, les coups se sont mis à tomber ! C'était sa façon de me dominer, de me soumettre ! La peur s'est très vite introduite dans ma vie. Je ne dormais plus et j'épiais les bruits de la nuit : le bruit de la clé dans la serrure et ses pas dans le couloir m'annonçaient une nuit de violence à tous les coups !
je n'ai jamais osé partir à cause de notre fille. Je ne voulais pas la priver de son père... je me sentais coupable...aussi... coupable de résister, de répondre, de ne pas me laisser faire...
Très vite, en raisond de ses violences sexuelles répétées, je me suis retrouvée à nouveau enceinte. Un petit garçon. la grossesse s'est très mal passée. Les coups répétés, la violence, les humiliations... j'étais épuisée !
Quelques jours après l'accouchement, alors que j'allaitais le bébé et que notre petite fille dormais à mes côtés, il est rentré ivre. Il a voulu me soumettre à un rapport sexuel que j'ai refusé. Fou de colère, il m'a alors lancé un coup de pied terrible (à la karatéka) dans la poitrine ! alors même que le bébé tétait ! Il m'a cassé deux côtes flottantes, au niveau du sein. A compter de ce jour, je me suis dit qu'il fallait partir. Ce que j'ai fait quelques semaines plus tard en abandonnant tout : mon travail, ma maison, mes amis, mes meubles, ma vie !
Six ans de galère ont suivi : six ans durant lesquelles il m'a harcelée, menacée ! j'ai vécu cachée avec mes enfants. je passais mon temps à porter plainte sans suite car il ne travaillait pas, n'avait pas d'adresse fixe et changeait sans cesse de portable (il appelait plus ou moins souvent les enfants).
Bref, un jour, je finis par le localiser. la police l'interpelle et le garde à vue. Un procès suit au cours duquel un expert est mandé pour vérifier son état mental avant que le juge décide du verdict. Sachant cela, il s'enfuit un guyane pour gagner du temps. Le délibéré est alors reporté, le temps que le dossier soit transmis à Cayenne.
Le temps passe.. un matin, le téléphone sonne ! et j'apprends que mon ex est décédé la veille, des suites d'un homicide : 3 coups de couteau frappés par son propre frère lors d'une dispute bien arrosée !
Depuis cette date (il y a un an, en 2006), je revis un peu. je n'ai plus peur de sortir, les bruits de la nuit ne me font plus sursauter... mais un autre mal me ronge : la culpabilité ! Je ne cesse de me dire : "et si tu n'avais pas porté plainte, il ne serait pas parti la-bas, il ne serait pas mort... et tes enfants auraient encore leur père !"... je sais, c'est bête ! mais mes nuits sont à nouveau troublées ! je ne dors plus, et le soir, je dois boire plusieurs verres de vin pour arriver à m'écrouler et dormir... mes rêves sont peuplés de cauchemares ! Je vois son visage grimaçant et ensanglanté qui me dit : c'est ta faute !!! c'est ta faute !!!
Mon calvaire avec la violence conjugale s'est terminé mais un autre calvaire a commencé... Vais-je enfin revivre sereinement un jour... pour mes enfants...
CBcolas@aol.com

Bonjour,
J'ai bien reçu votre message et je vous propose de le publier afin que d'autres vous disent et vous répètent comme moi je le fais ce soir que vous n'êtes coupable, en rien, de la mort de cet homme.
Vous ne pouvez pas tout maîtriser et ce qui lui est arrivé est totalement indépendant de votre volonté et de votre pouvoir ; cet homme a succombé au "destin" qu'il s'est créé lui-même et vous n'y pouviez rien ; si vous n'aviez pas porté plainte, ce serait peut-être vous qui seriez morte ; or, vous avez la charge de vos enfants, qu'il était incapable, lui, de protéger, d'éduquer.
C'est ainsi et vous ne devez rien regretter car vous avez fait ce qu'il fallait et seulement ce qu'il fallait : vous protéger vous et vos enfants ; vous avez eu raison ; cet homme a été sans doute la victime, lui-même, de sa propre violence.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

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