Les
trois histoires qui ont détruit ma vie Email
en pied de message Mai 2007 Bonjour.
Je ne sais pas trop à qui j'écris, j'ai simplement envie d'écrire
un bout de mon histoire. Une femme ! "moi" Trois histoires qui
ont détruit ma vie. Je ne suis aucunement gênée si vous
les utilisez. 1ère histoire 9 ans... violée par le moniteur
d'auto école de ma soeur aînée. Celle-ci restait dans
la voiture, regardant partir dans un bois, à la cueillette de jonquilles...
son moniteur, une couverture dans une main, sa petite soeur dans l'autre... j'ai
66 ans et me souviens encore de chaque détail, même le goût
du sperme dans ma bouche ... Je ne suis pas fâchée avec cette
soeur, nous avons le même père décédé en 1957.
Seulement une seule conversation vite désamorcée, il y a 3 ou 4
ans. Nous étions à table chez elle, avec ses enfants. Conversation
"banale" sur le viol. j'ai alors annoncé bien fort que ça
m'était arrivé. Réponse de ma soeur "oh ! Un viol
! C'est un bien grand mot ! ". Fin de la conversation... 2ème
histoire. 13 ans. Sur le trottoir, ce devait être un soir d'hiver, il
faisait nuit, devant le magasin d'alimentation que tenait mes parents, je me suis
fait tripoter les seins sous mes vêtements par... le curé du village
voisin ! Un curé ! C'est respectable ! je l'ai laissé faire
! 3ème histoire J'ai 18 ans j'ai perdu mon père peu de temps
avant, ma soeur aînée vient de se marier, ma mère mon autre
soeur et moi venons de déménager. Je suis invitée pour
passer un WE de Pentecôte chez mon amie et voisine d'enfance. 3 heures
du matin, son père arrive dans ma chambre en chemise de nuit la boutique
à l'air ! Je l'ai menacé de crier, il est parti, je me suis
barricadée avec tout ce que je trouvais dans la chambre. Il ne semble pas
être revenu, je crois ne pas avoir dormi. Mariée malgré
tout, divorcée bien évidemment, ma vie sexuelle n'a été
qu'un fiasco. 2 enfants, un fils et une fille. De mon fils, je ne pourrai
jamais dire ou penser "il ne fera pas" Ma fille, je l'ai surprotégée.
L'un et l'autre connaissent mon histoire. Rencontre avec un psy. Je lui raconte
mon histoire, réponse approximative "vous deviez être provocante"
Amicalement Françoise * Bonjour, Longtemps,
les conséquences des abus sexuels ont été minimisées
par la société et par les professionnels de la protection de la
jeunesse. Aujourd'hui, il est peu probable que de tels propos tenus par ce psy
puissent se renouveler souvent, tant ils constituent un désaveu de votre
parole et une négation du traumatisme engendré par les agressions. Maintenant,
on ne nie plus que la personne abusée puisse présenter différents
symptômes, comme des troubles du sommeil, des douleurs abdominales, des
changements brutaux de l'humeur, des idées délirantes, une anorexie
ou une boulimie, dépression et auto-mutilation... en rapport direct avec
l'agression sexuelle. Les spécialistes disent que le symtôme le
plus commun chez les enfants sexuellement traumatisés est "l'arrêt
de leur enfance proprement dite", avec une incapacité à jouer
et une pseudo-maturité ; ils expliquent aussi que, parfois, l'enfant, traumatisé
et incapable de comprendre véritablement ce qui lui est arrivé,
tente en quelque sorte de "rejouer" la scène, en présentant
des attitudes séductrices inconscientes ; c'est peut-être ce qu'a
cherché à savoir maladroitement ce psychologue. Peut-être
voulait-il vous demander si vous vous mettiez en danger, dans le "but"
de mieux mesurer ce que vous aviez subi. Quoiqu'il en soit, je mesure, moi,
en vous lisant, combien vous avez dû souffrir et combien vous souffrez encore
d'avoir été constamment "mise en doute". Heureusement,
il semblerait que cette absence de reconnaissance n'a pas réussi à
vous faire dénier la réalité des actes subis, ce qui vous
a permis de conserver confiance et estime de vous ; votre "agressivité"
légitime s'est donc orientée vers ceux qui ne vous soutiennent pas
et c'est plutôt positif car garder son "agressivité", sa
rancoeur en soi, crée une situation des plus "pathogènes". Vous
avez donc réussi à surmonter ces différentes agressions,
en conservant une certaine croyance et détermination pour vous-même
; par contre, votre confiance dans les autres est très fragile, même
par rapport à votre fille, que vous surprotégez, et par rapport
à votre fils, dont vous n'excluez pas tout à fait qu'il puisse devenir
aussi un agresseur pour d'autres. Il est certain, que vos enfants ressentent
votre angoisse ; elle peut les perturber mais vous avez eu la sagesse de ne pas
taire la vérité, ce qui est toujours moins "invalidant"
qu'un secret gardé dans une forme de honte et de culpabilité. Cependant,
il me paraît nécessaire que vous puissiez vous détacher suffisamment
des images de vos sévices, afin de ne pas les revivre indirectement et
confusément, par le biais de votre angoisse en direction de vos enfants,
sur lesquels pèsent certainement le poids de vos traumatismes non "résolus". Ne
croyez vous pas que vous devriez tenter une autre expérience thérapeutique,
afin de vous aider à mieux refermer vos blessures ? Je souhaiterais
publier votre témoignage ; j'attendrai votre autorisation et les modalités
de cette éventuelle publication. Merci. Cordialement, Chantal
POIGNANT Conseil
Merci
de m'avoir répondu. Mon message précédent était
sans doute très sec, très rigide. C'est parce que je ne tiens
pas à m'apitoyer sur mon sort. Les choses ont été comme
ça, c'est tout. Pour l'instant, je n'envisage pas d'autre psy.
Si vous avez des questions à me poser, je ferai en sorte de n'en évincer
aucune. Quant à utiliser ce que je dis, je n'y vois aucune objection.
Mon nom est Françoise * et j'habite **. Vous pouvez également
le dire. Tous les faits relatés se sont produits à *** en Seine
maritime. Amicalement Françoise * Francoisecapron@aol.com
Bonjour, Pourquoi dites vous que votre message
précédent était trop rigide ? Moi, j'ai eu l'impression
que cette pseudo rigidité était plutôt une sorte de mécanisme
de défense que vous avez mis en place pour tenter de vous protéger
d'une anxiété bien compréhensible ; est-ce que je me trompe
? Chacun essaie d'équilibrer sa vie comme il le peut, en utilisant les
ressources, dont il dispose en lui. Vous avez certainement une force de caractère
non négligeable. Merci de votre autorisation à publier votre
témoignage ; il sera utile pour d'autres. Cordialement, Chantal
POIGNANT Conseil |