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Je me suis donnée à des hommes

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Août 2007

Bonjour,
J'ai 36 ans, célibataire, la vie n'a pas été facile avec moi, puisque dans mon enfance et mon adolescence, j'ai été battue et humiliée par l'un de mes frères qui est décédé, il y'a plus de 20 ans, d'une crise cardiaque. Après sa mort de quelques années, je me suis donnée à des hommes , pas pour le plaisir, mais, c'était mon frère que je voyais, dans chacun de ces hommes profiteurs, qui m'ont même violé par la suite. Je me rappelle pas de la perte de ma virginité, et notre maison hébergeait beaucoup de monde, à l'époque ou j'ai été enfant, sans oublier que j'ai comme seule preuve une image qui me vient souvent à l'ésprit.
Mon frère que son âme soit en paix, m'entrainait des fois dans ses grandes bêtises, et si je refusais, il employait la violence avec moi, un jour, au petit matin, il m'a réveillée en me vidant de l'eau froide du robinet à l'oreille, des fois aussi, il me battait sans raison, comme le jour ou il m'a lancé une chaussure contre mon visage, à l'âge de 7 ou 8 ans, j'avais des bleus, les jours suivants, mon père m'avait demandé qui m'avait fait ça, mais au lieu de lui dire la vérité, j'ai menti, peut être par peur de mon frère, en lui disant, que je me suis cogner la tête contre le mur, puisqu'il faisait noir, je suis allée comme ça à l'école, et je ne savais quoi répondre aux élèves, qui me posaient des questions. La plus grave des blessures physiques, sans parler des blessures psychologiques, qu'il m'a laissé, c'est lorsqu'il m'a coupé le poignet gauche près de la veine, avec un morceau de bambou sec, j'en garde toujours la trace. Je suis la seule de mes soeurs avec laquelle, il se comportait de cette façon, et je ne connais pas la raison, ou peut être l'image qui me vient souvent à l'ésprit, y'est pour quelque chose, peut être c'est sa façon à lui, pour que je garde le silence et lui être soumise, cette image a commencé à me venir à l'ésprit qu'à l'âge adulte, je vois toujours la même image, mon frère décidé qui me faisait l'Amour, dans une sorte de tente faite avec des draps, dans la chambre des invités, je crois que nous étions très jeunes, je ne peux définir l'âge, peut être pour moi, avant l'âge de 7 ans, mon frère était plus âgé que moi, de deux années.
Etant enfant et adolescente, je n'osais pas m'exprimer, et ma seule façon de le faire, est de faire le tour de notre jardin, les mains derrière le dos, en sortant de sortes de gémissements, j'aimais aussi me masturber depuis toute enfant, en m'enfermant dans une chambre à clé, et je me condamnais à d'autres pratiques, comme pour me punir..
Après la mort de mon frère, il avait 18 ans, il s'est disputé avec mon grand frère, et comme il n'a pu lui tenir façe, il a couru se réfugier dans les toilettes, et c'est là qu'il a rendu l'âme, avant de mourir, il m'a regardé, et depuis ce jour, je ne peux oublier son regard, des fois je pleure même pour lui, en sachant que sa vie a été terminée de cette façon tragique. Après sa mort, je me suis perdue dans une autre identité que la mienne, sans oublier aussi les évènements tristes qui sont passés dans notre vie, comme la maladie de ma mère (problèmes psychologiques, et début d'un cancer), la maladie de mon grand frère (problèmes psychiques), et aussi la présence d'une belle mère qui n'est pas instruite, qui n'a pas de coeur et qui nous a beaucoup fait souffrir. Tout cela, et surtout le manque de concentration, que je trouve un handicap, m'a entrainé à quitter mes études, j'ai un niveau de 3 ème année collège, et j'aimais bien la langue Française, dans laquelle j'avais de bonnes notes, sauf, dans l'expression écrite et orale, j'avais une grande difficulté pour m'exprimer, depuis enfant déjà, ce qui m'a crée de gros problèmes avec mes amies, et mon entourage.
Après avoir quitté mes études, j'ai commencé à me maquiller et m'habiller, d'une façon provocante, ce qui n'a jamais été mon cas, j'ai fumé la cigarette, touché à l'alcool, j'ai connu aussi une masturbation obsessionnelle et avant de me masturber, je me maquillais( comme une prostituée),je dessinais des images pornos, comme le sexe d'homme et de femme, des coeurs troués de flèches, sur mon corps avec le rouge à lèvre, des fois, je laissais les traces visibles sur mon corps sans les laver pendant des jours, peut être c'est ma façon de punir ce corps, qui ne m'appartenait plus.
Le plus grave, c'est que je me suis donnée à des hommes, qui m'ont rencontré dans la rue, et me proposaient d'aller chez-eux, mais au lieu de refuser, je me laissais entrainée, j'étais manipulée, c'était mon frère que je voyais, je ne pouvais pas leur dire non...
Je crois que cet homme qui a touché à mon intimité, a ouvert, la porte à tous les autres, même s'il n'a eu aucun rapport sexuel avec moi, les autres au contraire l'ont fait, m'ont même violé, et j'ai trouvé celà normal...
J'étais aussi kleptomane pendant de longues années, de 18 à 27 ans, mais, j'ai volé uniquement les membres de ma famille, et même ma belle mère, j'ai volé de l'argent, des objets aussi, que j'ai gardé pendant des années sans aucune utilisation.
Après, j'ai connu une grande dépression, qui a continué presque un an, je ne mangeais presque rien, sauf des liquides, et le peu de nourriture que j'avalais, je mettais mon doigt, pour tout vomir par la suite, je n'arrêtais pas de me dire, que je vais mourir, peut être inconsciemment, je le voulais, dans cette période, j'ai connu des hommes de mon propre pays, qui me parlaient au télé, la plupart m'ont traité de p...alors que eux même, faisaient des choses dans le noir, mais eux, sont des hommes, personne na va les juger, surtout dans une société comme la mienne.
J'ai pu par la suite, voir un psychothérapeute, il y'a des années, à la demande de mon entourage, surtout que je faisais peur à voir, je lui écris un résumé de mon problème, puisque j'avais du mal pour m'exprimer oralement, il m'a prescrit deux médicaments, un contre l'Anxièté, et l'autre contre la dépression, je prends ce dernier encore aujourd'hui, un demi comprimé tous les soirs, et pour le psy, je l'ai vue que deux à trois fois. Je n'arrive toujours pas à avoir, une vie normale, après tant de tyrannie vécue, alors, que je ne faisais de mal à personne, je me suis toujours demandé, pourquoi, tant de violence et d'injustice à mon égard?
J'ai pu aussi rendre tout l'argent que j'ai volé aux membres de ma famille, que se soit en cachette pour ceux qui ne comprennent pas, ou main dans la main, pour les autres qui ont compris, que la kleptomanie est une maladie impulsive.
Avant ma dépression, et c'est la première fois que j'ai décidé à parler de mes problèmes, c'est après l'âge de 30 ans, je l'ai fais par écrit, je ne peux rien dire à ma famille, qui ne sait encore rien de ces viols, et de ces hommes, au début, je suis arrivée à écrire juste deux lignes, et avec une souffrance incroyable, puis, je suis arrivée à écrire plusieurs pages, après, j'ai écris aussi à des psy, d'une magazine.
Aujourd'hui, je ne nie pas que l'écriture m'a beaucoup aidé, mais, j'ai toujours ces blocages qui m'empêchent de bien m'exprimer, des peurs subites, je suis très fatiguée par tous les événements durs qui sont passés dans ma vie, étant d'une nature très fragile, celà , m'a beaucoup marqué, surtout le fait d'avoir perdu ma virginité depuis l'enfance, je pense, ou peut être, je suis née sans hymen, qui est très important dans ma culture.
Je me laisse négligée, puisque, je prends, mes bains qu'une fois par mois, j'ai de gros problèmes dentaires depuis enfant déjà, et même avec les dents que j'ai perdu, je suis impuissante d'aller chez un dentiste, qui est pourtant à quelques pas de chez moi. Je ne me lave qu'après les deux premiers jours de mes régles, je ne peux me toucher, à cause du dégoût, ce qui ne m'a jamais arrivé avant ma dépression, ou, je prenais souvent soin de ma propreté.
Je réste souvent chez moi, et je n'ai aucune activité professionnelle, j'ai donné des cours gratuits dans le passé, à des petites filles, qui ont eu de bonnes notes, celà m'a donné de la confiance en moi, le net est mon seul moyen de m'évader, pour le moment,je reçois aussi du soutien de la part des ami(e)s du net, et des fois, quand je sors, je vois mes violeurs dans les regards des hommes, que je rencontre dans la rue, il y'en a même ceux qui me sifflent, alors que je suis voilée aujourd'hui, je veux qu'une chose, qu'on me laisse en paix, et depuis six ans, je ne me laisse plus allée avec personne, je suis guérie.
Je ne sais même pas si je suis capable de faire ma vie, étant complexée, j'ai besoin d'affection et en même temps, je la redoute, et j'ai peur d'aller loin, ce que je trouve un handicap, mais j'ai toujours l'espoir et la foi de rencontrer une bonne personne, qui sera toujours à mes côtés pour le bien et le pire.
Mon but le plus désiré, c'est d'écrire sur ma vie passée, avec l'aide des personnes compréhensives, et la partager avec les personnes qui ont été victimes de la violence, et je suis d'accord pour que mon histoire soit publiée sur ce site, que je trouve très intéressant, et respectueux des femmes.

Zegnavic_3@hotmail.fr

Bonsoir,
Votre angoisse et vos incertitudes viennent de votre enfance où, sans repères, vous avez été manipulée par votre frère sans comprendre, sans pouvoir avoir accès à la notion de limite qu'auraient pu vous donner les adultes et qui vous aurait permis de mieux construire et cerner votre personnalité. Votre père s'est bien une fois inquiété mais son questionnement est resté superficiel et vous ne pouviez d'ailleurs pas vraiment dénoncer quelque chose que vous n'avez pas compris. On dirait que vous cherchez des certitudes, justement, dans les actes que vous subissez de la part des hommes, autrement dit que vous vous sentez exister par le biais de la personne masculine, comme si l'affirmation, de votre existence passait nécessairement par le regard de l'homme et c'est cette affirmation que vous avez toujours recherchée, par la suite, dans vos expériences sexuelles.
Or, vous ne vous résumez pas à l'image que vous renvoient ces hommes, cette image fugitive qui révèle votre manque : la méconnaissance de votre propre être.
Vous ne parvenez pas à savoir, qui vous êtes et c'est ce manque de savoir sur vous-même que vous recherchez dans le regard des hommes.
Vous avez compris que vous faisiez "fausse route" puisque vous m'écrivez pour me parler de votre angoisse ; c'est un début de prise de conscience et la route que vous devez prendre maintenant, c'est la conquête de votre "moi".
Cette conquête passe inévitablement par la représentation et la compréhension de ce que vous avez vécu, par l'élaboration de vos sensations, de vos émotions que vous n'avez jamais réellement décryptées jusqu'à maintenant ; vous avez consulté un psychologue 2 ou 3 fois, m'avez vous écrit ? Ce n'est guère suffisant pour "mettre à plat" toute cette recherche de "contenant" que traduit votre comportement.
Une thérapie suivie dans le temps vous aidera à mettre des mots sur les manques dont vous souffrez.

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

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