Il
était repoussant, vieux et malade Email
en pied de message Décembre 2007
Bonsoir, Je vous écris car je ressens le besoin de parler de ce qui
m'est arrivé. J'ai 25 ans, j'ai toute la vie devant moi, je devrais
être joyeuse et pleine de vie, mais au contraire je suis très souvent
triste, j'ai dû mal à sourire, et j'ai une profonde souffrance en
moi.Je me sens sale, privée de mon corps, je suis là sans l'être
et survie dans ce monde où pour moi le danger est permanent.Je vois en
chaque homme un danger potentiel, ils me dégoutent, leurs corps, leurs
odeurs me dégoutent.Longtemps je me suis sentie coupable et c'est une thérapie
qui m'a vraiment convaincu que j'étais une victime, que nous étions
des victimes et qu'en aucun cas nous avions provoqué ces agressions.Cela
m'est arrivé lorsque j'avais 8 ou 9 ans. Mes parents hébergeaient
un "ami". Il était repoussant, vieux et malade.Il voulait tout
le temps me toucher, me caresser. Je le repoussais mais mes parents n'ont rien
vu.Ils voulaient me payer pour ça en me promettant de l'argent et j'ai
toujours refusé, je l'ai frappé et repoussé. Et un jour,
il a profité de l'absence de mes parents pour passer à l'acte. Je
ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait,ça me faisait atrocement souffrir,
je lui disais que j'avais mal mais il me disait qu'il m'aimait et que je devais
me laisser faire.Je n'ai jamais réussi à crier, j'avais tellement
peur, tellement peur de la réaction de mes parents, tellement peur des
conséquences..Aujourd'hui ma famille n'est pas au courant, seuls mes amis
proches le sont depuis peu de temps.J'ai le mal de vivre depuis que c'est arrivé.
Je n'ai jamais réussi à avoir de relations avec un homme, ils me
dégoutent vraiment.Je n'avais pas de désir, d'attirance, je ne me
sentais pas normale. Je ne savais pas ce qu'était l'amour et j'en souffre
encore. Je vis avec ça, je n'oublierais jamais mais j'essaie de l'enfouir
au plus profond de moi pour essayer de trouver un peu de bonheur.Je suis triste
en permanence et je ne peux pas tout le temps l'expliquer. Ma vie sociale est
limitée et j'ai dû mal à communiquer. Je suis assez réservée
et j'ai aussi tendance à me renfermer.J'essaie de me reconstruire un peu
plus chaque jour, je me bats mais j'ai parfois envie de baisser les bras. Je me
dis: à quoi ça sert de vivre si c'est pour souffrir autant?Malgré
tout ça je garde l'espoir car j'ai trouvé l'amour auprès
d'une femme que j'aime énormément.Je pense que seul le temps efface
ou atténue les blessures. La mienne est très profonde mais il faut
continuer de se battre car si on ne le fait pas qui le fera à notre place? J'ai
envie de vivre pour montrer qu'il ne m'a pas tout pris ce jour là et les
autres fois où il a abusé de moi. Il a pris mon corps mais pas mon
âme.Je veux montrer qu'il n'est rien, qu'il ne gachera pas complètement
ma vie et que je m'en sortirais.Il y a tellement de choses à dire, de sentiments
qui se mélangent et qui me rendent mal. J'aimerais échanger avec
des personnes qui ont vécu la même chose car cela m'aiderait à
continuer mon combat. Je vous remercie de l'attention que vous porterez à
ce message..
Bonjour, Puisque
vous émettez le souhait d'échanger avec d'autres personnes, je vous
propose de publier votre témoignage avec votre adresse e-mail, de façon
à ce que l'on puisse vous contacter. Mais je me permets de vous poser
une question : est-ce que vous ne pensez pas qu'une plainte et une procédure
en justice pourraient avoir un certain effet "réparateur" ? Vous
avez déjà compris et assimilé le fait que vous n'étiez
en rien responsable de ce qui est arrivé mais il me semble que vous comptez
trop sur le temps pour "oublier" ; vos souvenirs seront peut-être,
avec le temps, plus "discontinus" mais la charge traumatique en sera
toujours aussi forte si vous cherchez à les "enfouir" simplement
dans votre mémoire. Qu'en pensez vous? Cordialement, Chantal POIGNANT Conseil
je
vous remercie pour votre réponse. En fait c'est difficile de porter
plainte car je ne connais pas le nom de mon agresseur, c'était un "ami"
de mes parents mais mes relations avec eux sont très difficiles.Aussi,
je ne communique pas du tout avec eux et j'ai toujours eu peur de leur en parler.Mes
parents sont très durs et ont plutôt tendance à me rabaisser
et avec eux je n'ai pas le droit à l'erreur.Mon agresseur était
quelqu'un de très vieux à l'époque je dirais plus de 60 ans
passé et nous n'avons pas eu de ses nouvelles depuis des années..Je
ne pense pas que le fait de porter plainte me soulagera car mes souvenirs sont
parfois assez flous.Il y a des moments où j'ai l'impression que cela ne
m'est pas arrivé et d'autres où c'est comme si les viols étaient
arrivés hier. Je suis un peu perdue, j'ai du mal à exprimer ce
que je ressens.Je ne suis pas contre le fait de diffuser mon témoignage
ainsi que mon adresse mail.Il y a eu une période où l'idée
d'en parler même avec des personnes qui avaient vécu cela m'était
difficile.Aujourd'hui j'ai besoin de me libérer de ce passé car
cela m'empêche d'être heureuse..Je ne sais pas vraiment quoi faire,
je pense resuivre une thérapie dans quelques temps.. Bonjour, Le
doute sur la réalité des faits se retrouve parfois dans certains
témoignages ; il constitue un moyen de défense désespéré
de la victime face à ce qui lui semble irreprésentable, c'est un
processus de sauvegarde de l'intégrité psychique ; de même
l'amnésie traumatique est assez identique en termes de "fonctionnement"
psychique : l'amnésie a pour fonction de protéger l'équilibre
psychique de l'enfant, d'empêcher temporairement cet équilibre de
"voler en éclats". Par ailleurs, je ne suis pas certaine à
cent pour cent que vos parents ne se doutaient de rien et... vous non plus, je
crois. Peut-être ont-ils "préféré" ne
rien voir, peut-être n'ont-ils pas voulu voir parce que c'était pour
eux aussi "irreprésentables" mais d'une autre façon, ce
qui pourrait ajouter à votre "confusion"? Et par ailleurs,
est-ce qu'ils n'auraient pas dû voir? Au fond de vous, qu'en pensez vous? Si
vous ne l'avez déjà fait, je vous propose de lire ces pages : *
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm *
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm Je
pense qu'effectivement, vous n'avez pas fini votre "travail" sur vous-même. Merci
beaucoup de votre autorisation à la publication. Cordialement, CP Bonjour,
Je pense sincèrement que mes parents ne sont pas du tout au courant.Je
ne ressens pas le besoin de leur en parler.Aujourd'hui j'ai vraiment besoin d'avancer
et de laisser ce passé derrière moi.Je pense que si mes parents
avaient été plus protecteurs ou plus proches de moi, cela ne serait
pas arrivé...J'ai vraiment envie de m'en sortir et de retrouver le sourire. J'ai
toujours fait semblant d'aller bien, d'être une fille équilibrée,
qui aime la vie.Lorsque j'en ai parlé à mes amis,ils ont tous été
surpris et ils ne savent pas à quel point ma souffrance peut être
importante.Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire.
rasmyv@hotmail.com |