Ce
n'est qu'en dominant et en faisant souffrir qu'il avait du plaisir
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Mars 2008
Bonjour.
Je m'appelle Manue, j'ai 38 ans et je voudrais apporter mon témoignage.
Si il est posté sur votre site, merci de ne pas révéler
mon e-mail.
Il y a 5 ans, j'étais célibataire, divorcée depuis
peu et j'ai rencontré un homme charmant.
C'était un homme très doux, timide, assez replié
sur lui-même. Il avait eu beaucoup de problèmes dans sa
vie et j'ai très vite eu envie de l'aider et je suis tombée
amoureuse de lui. Pour ce que ça veut dire. Plus rien pour moi,
ça ne veut plus rien dire. Je hais les hommes et je me hais moi-même.
Avant de le rencontrer, j'avais des amies, des amis, une vie sociale,
un boulot. Je n'ai plus rien. Le pire de tout c'est qu'il est si peu
responsable de tout ça, au fond. C'est moi la responsable. Je
porte ça comme un sac à dos rempli de plomb. Je n'en peux
plus. Cet homme avait (et a sans doute toujours) des tendances sexuelles
sadiques.
C'etait plus que "tendances" vu que ce n'est qu'en dominant
et en faisant souffrir qu'il avait du plaisir.(Pardon, c'est très
cru.)On va me dire et c'est ce que je me suis dit et que je continue
à me dire: mais pourquoi est ce que je n'ai pas fuit bien loin
de lui et de ses "saletés"?Pourquoi, pourquoi, pourquoi?
J'ai tellement honte de ne rien avoir à répondre à
ça. Il m'aimait, il le disait. Il disait aussi que ce n'était
qu'un jeux. Puis DES jeux. Rien de grave. Rien du tout. Mais je sais
que ce n'est pas une excuse, je sais qu'il n'y a PAS d'excuse. Parce
que ce qu'il faisait me détruisait. Et que je l'ai laissé
faire. Son comportement sexuel il ne l'a pas révélé
les premières fois. Il n'était pas très "performant",
mais je m'en fichais. La vérité est venue petit à
petit. Jusqu'au jour où je me suis retrouvée attachée
et battue à la ceinture. Est-ce que j'ai dit non quand il m'a
attaché? Est-ce que je me suis débattue? Et bien non.
Je l'ai laissé faire. Je n'y comprends rien. Rien de rien. Je
me suis laissée faire et plus d'une fois. Et à chaque
fois, après, je me ressentais exactement comme pire qu'une merde.
Je sentais à quel point je ne valais RIEN pour que quelqu'un
qui m'aime me fasse ça, mais surtout pour que moi je me laisse
faire des horreurs pareilles. En plus des actes, il y avait ses paroles
tellement humiliantes,dégradantes. Il me disait (je reste soft)
que je n'étais rien et il avait raison. Petit à petit
je n'ai plus répondu aux appels de mes ami(e)s. Au bout de plus
ou moins 1 an, je n'avais plus d'amis. Je n'ai pas de famille, donc
pas de problème de ce coté là. Il y restait juste
lui et mon boulot dans ma vie, une vie qui ne valait plus rien du tout.
J'ai fait une dépression nerveuse. J'ai perdu mon boulot que
j'adorais. Il est sorti définitivement de ma vie le jour ou il
s'en est pris physiquement à moi, en dehors de ces "jeux".Ce
n'est pas une consolation. Parfois je me dis qu'au moins j'avais auprès
de moi quelqu'un qui savait qui j'étais réellement et
qui m'acceptais ainsi. Il n'y a aucune explication rationnelle. Je me
suis cognée la tête aux murs pour essayer de comprendre
comment j'ai pu changer à ce point. Je me revois gaie, souriante,
faisant la fête avec mes ami(e)s et leurs enfants, ou simplement
allant boire un café avec l'une ou l'autre et y prendre tellement
de plaisir! Je me revois aussi passionnée par mon travail.
Je me revois et je me demande: mais c'est qui celle là?
Manue.
Bonjour,
Si vous vous posez cette question "c'est qui celle-là",
lui a tout de suite repéré votre besoin et votre capacité
à donner (trop), votre certaine naïveté, votre désir
de vivre, de construire, et s'en est emparé sans scrupules et
avec jouissance même, puisque son objectif était justement
de jouir de la destruction de ces valeurs qui vous animaient.
Il s'est présenté comme assez "démuni"
et vous avez voulu le protéger mais, en fait, c'est lui qui très
rapidement vous a instrumentalisée sexuellement pour son seul
plaisir lié à la pulsion d'emprise, à sa volonté
de maîtrise et de possession du corps de la partenaire dans sa
matérialité.
Certains auteurs peuvent écrire que les exigences sadiques visent
à ancrer dans la réalité du corps de l'autre une
angoisse mortifère dont le sadique se sent constamment menacé...
Le sadique détruirait l'autre, pour exorciser, éviter
sa propre destruction.
Heureusement, vous avez résisté à la manipulation,
preuve que vous aviez suffisamment de ressources en vous, lesquelles
ont permis que l'emprise de cet individu ne se referme pas complètement
sur votre personne jusqu'à l'aliénation ; sa perversité
s'est exercée uniquement dans le cadre sexuel et, dès
qu'elle a voulu franchir ce cadre, dépasser la matérialité
de votre corps et étendre son pouvoir, vous avez réagi
; vous avez fui et il n'y avait que cela à faire.
Reste un sentiment de "gâchis", de honte et d'humiliation,
à l'idée d'avoir été l'objet d'un scénario
qui visait uniquement à vous salir pour sa propre et seule jouissance.
Sans doute, cet individu a t-il essayé de vous posséder
jusque dans vos propres failles, sans doute vous a t-il poussée
très loin dans vos propres retranchements et peut-être
avez vous maintenant peur de cette fragilité, de cette soif de
donner et de recevoir, de cette capacité à un certain
abandon de votre "moi" qu'il a mis en évidence ?
Un soutien psychologique sera très certainement en mesure de
vous réassurer, afin de consolider vos bases, ce qui vous permettra
d'avancer sereinement vers l'avenir.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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