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Mars 2008

Bonjour,

Je me suis faite violée il y'a bientôt sept ans alors que j'avais 14 ans par trois hommes. Pendant un an j'ai été vraiment très mal (dépression, projets de suicide jamais réalisé par peur de la réaction de mes parents, anorexie, boulimie etc..), je n'en avais parlé à personne et pas vu de psychologue. Comme je n'arrivais pas à faire face à ça, j'ai décidé d'oublier. Alors j'ai avancé dans la vie sans problèmes "apparents". Je pensais m'être guérie seule, que le cauchemar s'était évanoui. En août mon copain actuel a compris que je m'étais faite violée en me demandant comment s'était passé ma première fois (il a d'ailleurs publié un message en septembre (n°320). Il était sous le choc, très en colère: il voulait que je porte plainte. Je lui disais que c'était impossible, que ça me détruirait : j'avais toujours l'horreur en tête finalement... J'ai compris que je n'avais rien oublié et que je ne m'en étais pas sortie J'ai donc décidé d'aller voir une psychologue pour essayer de me "guérir". J'ai commencé à la voir il y'a deux semaines (je l'ai vu deux fois). J'ai du mal à parler mais je fais de mon mieux, j'ai vraiment envie d'avancer. Mais voilà alors que pendant des années tout allait bien, cela fait deux semaines que ce viol m'obsède, que les images surgissent, que je me sens mal et bien que je sache qu'il faut que j'en parle, je me demande si je dois vraiment continuer à aller voir cette psychologue. Je sens le mal qui se réveille avec les cauchemars, les douleurs physiques, les flashs etc. J'ai pourtant vraiment envie de m'en sortir, mon copain me soutient énormément et je trouve cette psychologue vraiment très bien mais j'ai peur qu'en ranimant ce passé je ne tienne pas le coup, que ça me détruise et ce n'est pas le moment que je craque avec un chéri que j'aime, un travail et mes études.
Y'a t'il une certaine façon de prendre les choses qui me permettrait de moins y penser, avez-vous des conseils à me donner ? Je vous autorise à publier ce message s'il peut-être utile.
Sophie

Bonjour,
Dans votre appareil psychique, s'est logée une image traumatisante que vous avez refoulée, dont vous espériez être débarrassée et qui semble s'être réveillée à la suite de la consultation psychologique, ce qui produit une désorganisation de votre mode d'être, me dites-vous, mais en même temps vous écrivez : "j'ai avancé dans la vie sans problèmes apparents" et on comprend alors que vous devez avoir mobilisé beaucoup d'énergie pour "faire semblant" d'aller le mieux possible mais que cette "légèreté de l'être" que vous affichiez est liée à un certain déni de vos souffrances, de ce que vous avez subi et cache "votre part obscure", cette partie étrangère née des viols, qui s'est incrustée dans votre personne et qui aurait certainement resurgi au cours de votre vie d'une manière ou d'une autre, bouleversant votre vie intime. Ainsi, n'importe quel évènement semblable à ceux qui accompagnaient le traumatisme des viols, qu'il s'agisse d'une similitude symbolique ou d'une correspondance plus exacte, "comme le fait de se sentir manipulée et hiérarchiquement dominée, dans le cadre du travail, au cours de la projection d'un film sur les abus sexuels", lors d'un stress important, etc... aurait pu vous faire vaciller et "régresser" jusqu'à cette part obscure.
Aujourd'hui, vous devez faire face à ces souvenirs mais vous êtes accompagnée, cadrée, soutenue par votre psychologue.
Cette professionnelle va vous aider à maîtriser ces flash-backs, ces cauchemars, en exploitant avec vous leur sens.
Sachez que certains auteurs considèrent les flash-backs comme des tentatives inconscientes pour se désensibiliser par la répétition et il est courant qu'une séance de thérapie amène ce type de "mécanisme de défense" puisque vous êtes en train de revivre à nouveau, avec le soutien de la psy cependant, l'expérience des émotions et des sensations associées au traumatisme.
Votre psy va vous apprendre à résorber la violence de ces flash-backs par "la métaphore" et le mécanisme des associations qui vous permettront ensuite, d'intégrer votre expérience traumatisante parce que vous aurez travaillé sur la dissociation passé-présent de manière à libérer une parole créatrice capable de vous décharger du poids du passé et de vous faire renaître, allégée de votre "part obscure".
C'est épuisant et il faut vous armer de patience et de courage avant d'aboutir, avant de retrouver vraiment votre "moi", mais ensuite quelle victoire...
Je vous remercie de votre autorisation à la publication. Votre témoignage sera très utile.
Souhaitez vous que l'on y joigne cette adresse e-mail ou une autre?
Merci.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

Je vous remercie de me répondre(aussi rapidement !). Vous me redonnez beaucoup de courage et je vous en remercie infiniment. C'est vrai que le chemin est long et malgré un peu de découragement parfois je sais qu'il y'a une renaissance à la clé, j'ai presque envie de dire la vie. Merci encore

L'adresse e-mail que vous pouvez publier est bien suuzanna@hotmail.fr

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