Marie
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en pied de message
Avril 2008
Avant que
la douleur ne s'estompe et que les souvenirs ne s'effacent, j'aimerais
vous résumer la seconde partie de la vie de Marie.
Elle portait le plus doux des prénoms, elle était vive,
insouciante et pleine de projets d'avenir.
Elle aurait fêté ses 46 ans le 19 Avril prochain.
Il y a 3 ans elle a décidé de tout quitter : son époux,
sa fille, et sa famille pour vivre une grande histoire d'amour avec
celui qui, elle le croyait, redonnerait un sens à sa vie. Un
an de bonheur sans nuage, Marie était heureuse et épanouie.
Puis les premières disputes insidieuses, de plus en plus violentes
et, lorsque les mots ne font plus assez mal les coups qui pleuvent de
plus en plus drus et qui deviennent l'unique moyen de communication
du couple.
Lorsque la situation devenait trop dramatique, Marie avait pris l'habitude
de se réfugier et de fuir dans son véhicule afin d'y passer
le temps nécessaire qu'il fallait pour que son petit ami se "ressaisisse".
Et la "survie" reprenait son cours jusqu'à la dispute
suivante avec des périodes d'accalmies de plus en plus courtes.
Dans des moments de froide lucidité, elle le quittait bien sûr
elle se refugiait chez mon frère Pierre ou chez ma mère
qui ne l'ont jamais abandonnée.
Malheureusement dès qu'elle était loin de lui, c'était
plus fort qu'elle, il fallait qu'elle le contacte par téléphone.
Il faisait le siège du lieu où elle résidait, il
la suppliait à genoux, il lui promettait qu'il allait se soigner
qu'il allait changer par amour pour elle ; elle finissait toujours par
céder et repartait avec lui avec de moins en moins d'illusions.
L'enfer à nouveau recommençait.
Le spectacle de Marie qui s'étiolait comme une fleur était
un véritable supplice pour tous ceux qui l'aimaient.
Maman lui avait conseillé de ne pas se laisser battre comme plâtre
et de se défendre. C'est une bombe lacrymogène qu'elle
a utilisée quelques heures avant le drame; elle était
enfin décidée à défendre son corps et son
âme au péril de sa vie. C'est probablement parce qu'elle
a réussi a repousser cet assaut qu'il l'a ensuite poignardée
dans la nuit et qui à mis un terme à 3 années de
calvaire immérité.
Quatre hommes étaient présents lors de sa lente agonie,
quatre hommes en pleine force de l'âge Marie ne pesait plus que
50 kilos. Au lieu de gagner un temps précieux qui aurait pu lui
sauver la vie en l'emmenant tout de suite aux urgences ils ont préféré
maquiller la scène de crime pour finir par la transporter à
l'hôpital de Chauny dans un état désespéré
; malgré tout le dévouement du personnel hospitalier qui
a tout fait pour tenter de l'opérer et de la réanimer
Marie est partie pour un monde forcément meilleur.
Elle avait depuis longtemps perdu le goût de vivre et elle a refusé
de livrer sa dernière bataille. La solution qui lui a semblé
la plus appropriée pour échapper définitivement
à son bourreau était la mort.
Marie, tu as enfin trouvé la paix éternelle. Tu n'as plus
faim , tu n'as plus froid, tu n'as plus peur. En un mot tu ne souffres
plus.
Puisse ton histoire servir à soulager la souffrance de toutes
ces femmes bafouées et martyrisées par leurs compagnons
de misère.
Danielle
LEFEBVRE sa soeur, Pierre et Michel FERRE ses frères, Maria PLATERO
sa mère
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