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Je frappe mon mari

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Mai 2008

Bonjour,
J'ai trouvé votre site au hasard de mes recherches sur la violence.
Je suis une femme de 45 ans et depuis un an, je frappe mon mari.
Aujourd'hui, il est parti vivre seul, "pour se mettre en sécurité" mais nous séparer n'est pas facile car nous nous aimons énormément.
Nous vivons ensemble depuis deux ans, et nous nous sommes mariés il y a 7 mois.
Aujourd'hui, il demande le divorce mais nous devons attendre six mois de séparation officielle. Cela en fait déjà un... et je suis très malheureuse à l'idée de divorcer.
Je ne sais pas ce qu'il me prend lorsque je le frappe. il s'agit toujours de disputes pendant lesquelles il menace de me quitter, et là, je deviens hystérique et je le frappe très violemment.
C'est vraiment très méchant comme attitude, mais j'ai tant de colère en moi que je ne sais pas me maîtriser. Je ne suis plus moi même...
J'ai l'impression que c'est un sentiment de déception de voir qu'on se dispute, un sentiment de découragement de me dire qu'à nouveau mon mariage est menacé (j'ai divorcé il y a deux ans après 20 ans de mariage d'un mari alcoolique).
J'ai beaucoup souffert de mon divorce, car j'aimais mon mari, mais depuis, j'ai rencontré mon conjoint actuel qui est une mine de douceur et de gentillesse et que j'aime énormément car il m'apporte tout ce que je peux espérer dans un couple et dans ma vie.
J'ai été suivie un an par une psychiatre quand mes crises de violence ont commencé, elle m'a donné des antidépresseurs et ca a été mieux, mais quand elle a commencé à les diminuer, j'ai refrappé... Je ne vais plus la voir car elle ne m'a rien apporté en un an.
Aujourdh'ui mon mari demande que je me soigne et pour lui faire plaisir, j'ai repris rendez vous chez une autre psychiatre pour voir ce qu'elle pense du traitement par médicaments que j'avais, et j'ai pris rendez vous chez une psychologue qui travaille par hypnose ericksonnienne.
Je n'ai pas envie d'une thérapie qui va durer des années et dont je ne suis pas sûre des résultats. j'ai envie de résultats rapides et sûrs car je veux que mon mari me revienne mais j'ai si peur de recommencer...
Sur internet, je ne trouve pas grand chose concernant ce sujet. On parle plus de femmes battues, mais hélas, il y a des hommes aussi et on en parle pas...
Je cherche des témoignages d'autres personnes dans mon cas, et savoir comment elles s'en sont sorties.
Merci de me donner des nouvelles, tout conseil est le bienvenu, je suis si perdue !

Bonjour,
Votre prise de conscience autorise l'optimisme et le fait que vous ayez pris contact avec des psys, dont un qui pratique la méthode Ericksonienne (bien), montre votre réelle volonté de vous en sortir. Cependant, il me semble que vous pratiquez une certaine conduite d'évitement quand vous écrivez que tout doit aller vite et que vous ne voulez pas prendre le temps, finalement, de sonder vos failles ; or, aller au plus profond de soi pour comprendre ses émotions, ce qui motive vraiment nos comportements, exige de la réflexion et donc une certaine durée. Il faut prendre le temps de lever le voile.
Vous dites que vous vous aimez et que cette séparation est intervenue à cause des disputes répétées, suivies par des menaces de rupture de la part de votre compagnon, ce qui déclenche votre colère et les coups mais vous ne dites pas pourquoi ces disputes ; est-ce un problème de communication sur le fond ou sur la forme ?
En attendant votre réponse, je peux vous proposer de publier votre message dans notre rubrique "échanges", afin de lancer le débat.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

D'abord, merci pour votre réponse rapide.

En fait, la cause de nos disputes est toujours la même : mon mari est alcoolique et par moments, il a des périodes d'exagération vraiment fortes. Cela dure des jours, des semaines entières. Lorsque cela me pèse trop, une bêtise finit toujours par provoquer une "dispute" et il a la fâcheuse tendance à ne pas vouloir communiquer dans ces cas là.
Il dit qu'il préfère ne pas parler "à vif" et dire des choses qu'il pourrait regretter par la suite, mais qu'il préfère au contraire se taire et prendre la peine d'y réfléchir.
Ce qui fait qu'il ne réagit pas et qu'à la limite, je me dispute quasi seule puisque je n'arrive pas à le faire réagir. Le fait qu'il ne réagisse pas me met encore plus en colère, et même lorsque parfois je le frappe, il ne réagit pas non plus.
jamais il ne m'a rendu un seul coup. Il se protège juste comme il peut et essaye de m'échapper, mais jamais il ne réagit, ce qui aussi n'est pas fait pour me calmer.

La dernière crise a vraiment été très violente et il a pris extrêmement peur. Il dit maintenant qu'il a peur pour sa sécurité, et il a directement cherché, et trouvé, très vite un appartement loin de la maison pour pouvoir s'y réfugier.

Cependant, comme nos sentiments sont toujours là, il se dit malheureux là bas tout seul, il dit que je lui manque et on se revoit parfois quand il revient à la maison. Il reste la soirée et la nuit, il repart le lendemain pour travailler puis rentrer chez lui.
C'est très dur à vivre pour moi comme situation.
Il a demandé que je me soigne pour pouvoir me retrouver comme avant quand je ne frappais pas (deux ans de vie commune, et des crises depuis seulement un an).

On ne sait aucun des deux ce qui a pu provoquer le début de ces crises de violence.
Je ne les faits qu'avec lui et jamais auparavant cela ne m'était arrivé.
J'ai été mariée 20 ans sans aucun problème de ce genre.
Il est vraiment la seule victime et nous ne savons pas pourquoi.
J'avoue que je ne vois pas bien comment, en me faisant raconter ma vie, un psychiatre va pouvoir me faire changer de comportement... d'autant plus que ces thérapies prennent un temps fou.
Alors oui, je suis impatiente d'obtenir des résultats, car je n'ai pas l'intention de vivre cette situation de séparation bizarre pendant des années.
J'ai tellement le sentiment de temps perdu et de gâchis...
Mon mari veut bien m'aider, mais il ne sait pas comment. Moi non plus. Peut être le psychiatre pourra t il m'aider (j'ai rendez vous la semaine prochaine).
C'est pour cela que je cherche à trouver des témoignages de personnes à qui cela est arrivé et qui ont réussi à changer leur comportement, et savoir de quelle façon.
Vous pouvez bien sûr publier mon mail, un grand merci à vous !

Mais si votre mari a des problèmes avec l'alcool, il doit lui aussi se soigner et ce serait bien que vous fassiez une thérapie conjugale aussi car non seulement il y a bien un problème sur la forme de la communication mais aussi sur le fond...
Pourquoi votre compagnon a-t-il besoin de l'alcool ?
Vous prenez des anti-dépresseurs et apparemment, c'est votre mari qui est dépressif ???
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil


Bonjour,
Mon mari a des problèmes d'alcool car il boit depuis l'âge de 17 ans ( il était apprenti boucher) et il n'a jamais cessé depuis.
Son papa était alcoolique aussi et il en est décédé à l'âge de 47 ans. Son oncle aussi. Son frère aussi mais lui a réussi à arrêter il y a plusieurs années de cela.
Il a deux filles qu'il adore et qui lui demande toujours d'arrêter mais il n'y a rien à faire.
Il vit dans un entourage familial qui ne cesse de le harceler pour qu'il arrête et qui lui fait constamment la morale à ce sujet. Ce qui à mon sens n'arrange rien, bien au contraire.
Quand quelque chose le contrarie, il boit plus que de raison.
Quand tout va bien, il boit "simplement". Il n'est pas ivre tous les jours, mais il a des périodes plus difficiles.
Il peut arriver par sa seule volonté à arrêter pendant une semaine ou deux, parfois même il tient un mois, plus il recommence.
Il prend aussi des antidépresseurs depuis son divorce il y a quatre ans car il ne voyait plus ses filles au début. Depuis, il "s'autosoigne" en prenant ces cachets quand il en ressent le besoin.
Moi je ne lui demande pas d'arrêter. Je lui demande simplement de ne pas boire à l'extérieur car c'est trop dangereux s'il est en voiture. Je lui demande de rentrer d'abord à la maison.
Mon mari est quelqu'un qui a été très malheureux toute sa vie, qui a fait un mariage malheureux pendant 20 ans et qui est resté pour ses filles.
Il y a quatre ans, il a divorcé car elles étaient en âge de comprendre (à l'époque 16 et 12 ans) et souffre aujourd'hui de ne plus les voir comme il le voudrait car à cause de ses horaires, et de la distance, il ne sait les voir que le dimanche après midi.
Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans et il ne cesse de dire que depuis il est fou amoureux et très heureux avec moi.
Je pense que c'est vrai car cela se voit comme une évidence. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'aujourd'hui il ne se sent pas bien tout seul dans son appartement.
Cependant, je peux comprendre qu'aujourd'hui il se soit mis à l'abri de mes crises de violence.
Je ne pense pas que c'est à cause de cela que je le frappe, car il y a deux ans que nous sommes ensemble et seulement un an que je fais cela.
Vous pensez donc plutôt à une thérapie conjugale plutôt qu'à une thérapie pour moi seule ?
Lui, il a déjà été voir un psychologue l'année dernière et ce dernier lui a dit de remplacer l'alcool par un sport par exemple...
Du coup mon mari n'y a plus été, pas du tout persuadé que ce psychologue allait l'aider et je dois avouer que moi même j'ai été étonnée du raisonnement de ce docteur...
A 48 ans, se remettre à un sport assez assidûment que pour arrêter l'alcool... ça ne nous a pas semblé LA solution miracle il faut dire.
Comme je vous l'ai dit, j'ai rendez vous la semaine prochaine chez une psychologue pour voir si l'hypnose ericksonnienne peut m'aider. J'avoue que j'en attend beaucoup.
Je cherche beaucoup sur internet et j'ai lu des articles aussi sur la méthode de l'ancrage. Je pense que cela pourrait être bien si j'arrivais à faire un ancrage en serrant le poing comme ils le conseillent, car alors, quand je serrerai le poing, au lieu de frapper, cela se transformerait instantanément en bien être... c'est peut être une solution.
J'espère que cette psychologue va pouvoir m'aider.
Par contre, j'ai rendez vous dans quinze jours avec une psychiatre pour avoir son avis sur le traitement que l'autre psychiatre m'avait prescrit l'année dernière, voir s'il est bon, s'il me convient, si je dois le continuer ainsi ou le changer.
Je vous avoue que j'ai tellement peur de refrapper que je souhaite absolument poursuivre un traitement par médicaments "pour être sûre" parce que seulement le travail sur moi même, encore une fois, je ne suis pas persuadée que cela va résoudre mes problèmes et de toute façon, pas de façon assez radicale et assez rapide que pour permettre à mon mari de reprendre confiance et de revenir.
Je tiens donc absolument à doubler une éventuelle thérapie d'un suivi médical.
Qu'en pensez vous ?

Encore merci pour votre attention et pour le soutien que vous m'apportez.

Bonjour,
Je pense que vous êtes extrêmement lucide et "raisonnable" à votre sujet et que vos démarches sont bonnes mais pas assez clairvoyante, à l'égard de votre compagnon, comme si vous vouliez le protéger et parce que vous vous culpabilisez de vos réactions violentes qui, soit dit en passant, ne sont pas acceptables, c'est vrai (mais çà vous l'avez bien compris de vous-même).
Votre conjoint a une part de sa personnalité qui est capable d'être le gestionnaire de sa part alcoolique, c'est à dire qu'il traite sa part alcoolique en "termes de surveillance et de légifération" : il sait se donner des règles, il peut décider de périodes d'abstinence, de relâchement pour prendre ensuite des mesures plus strictes, bref, il affirme et exerce une sorte de gestion, ce qui lui permet en fait de décider lui-même quand il va se retirer dans une certaine phase "autistique" (celle où il vous demande de ne pas intervenir, de le laisser tranquille et qui vous irrite particulièrement). Dans cette phase pseudo autistique, il se replie avec plaisir sur lui-même dans une enclave où il n'est plus joignable et où il goûte sans doute à une certaine forme d'indifférenciation léthargique du monde.
Dans ces moments là, vous vous sentez peut-être exclue et cela vous irrite particulièrement.
Peut-être aussi, que cette forme d'exclusion vous renvoie à un sentiment d'abandon d'où une angoisse violente.
C'est pourquoi, il me semble qu'une thérapie conjugale serait aussi bienvenue car si chacun de vous a besoin de réfléchir psychologiquement sur sa souffrance, ce sont les modalités d'expression de vos deux angoisses qui se rencontrent et font conflit.
Cordialement,
CP

Bonjour,
Je vous remercie beaucoup pour vos gentilles réponses à mon problème de violence.
Je suis très contente d'avoir trouvé votre site au hasard de mes recherches et suis plus que jamais motivée à trouver une solution.
La psychologue chez qui j'ai rendez vous mardi prochain, et que j'ai choisie parce qu'elle faisait de l'hypnose ericksonienne, fait aussi de la psychothérapie de couples et je vais discuter avec elle de cette possibilité.
J'en ai parlé hier à mon conjoint qui est tout à fait d'accord pour venir avec moi si cela peut nous aider à sortir de cette impasse.
Quand je pense que j'ai été suivie un an par une psychiatre qui n'a jamais prétendu entendre mon conjoint et s'est contentée de me demander comment j'allais de mois en mois (alors que forcément j'allais très bien, avec ses anti dépresseurs et autres cachets)...
Je suis très déçue de cette expérience d'autant plus qu'aujourd'hui je me retrouve séparée de mon mari alors que si ce médecin avait agi autrement, je n'en serai peut être pas là.
Je me réjouis de faire connaissance avec mon nouveau thérapeute et ne doute pas que nous allons y arriver.
Encore merci pour votre gentille écoute et vos encouragements.

ptiloupbleu@hotmail.com

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