Je
n'étais plus dans mon corps
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en pied de message
Janvier 2009
bonjour
j'ai besoin de raconter mon histoire j'ai 34 ans et j ai ete violée
en fevrier dernier alors que jetais enceinte de 6 mois. Mon mari etait
en mission a l'étranger depuis decembre je m ennuyais un peu
alors j ai commencé a chercher un forum avec des personnes comme
moi qui ont leur conjoint absent pendant de longue periode... et j ai
trouvé un homme dont la femme partait en mission papa d une petite
fille de 3 ans comme mon fils nous avons parlé par mails interposés
j'etais en confiance il comprenait mais moment de blues je l ai invité
avec sa petite a prendre un café chez moi (quelle betise)!
Il est venu mais sans sa fille ( souffrante parait il) et moi becasse
j ai cru et j'ai fait rentré le loup dans la bergerie......
nous prenons gentiment un café et j ai mis mon petit a la sieste
il a commencé a vouloir m embrasser je l ai evidement repoussé
et je l ai invité a quitter les lieux et la tout a basculer dans
l horreur. J'ai la phrase qu il m a dit qui revient sans cesse "
tu n aimerais pas qu il arrive malheur a ton fils" mon sang s est
glacé dans mes veines que faire je me suis senti prisonniere
demunie je suis enceinte je risque de faire mal au bb et mon ptit garçon
mon tout petit garçon....je me suis laissée faire il m
a dit de me deshabiller je l ai fait il m'a violée et moi je
n'etais plus dans mon corps je ne sais pas si ca a durée longtemps
il s est relevé et il est parti sans un bruit me laissant la
echouée perdue. je me suis douchée et endormie je voulais
pas que ce soit reel pas moi pas ca! J ai tout occulté jusqu
a mon accouchement. Apres j ai commencé a faire des test hiv
bien que negatifs j y crois pas c est devenu une obsession quand mon
mari me fait l amour je ne dors pas de la nuit j ai peur de l avoir
contaminé et mon bébé aussi rien y fait (d ailleurs
c'est les ecoutants de sida info service qui m'ont dirigée vers
vous)je n arrivais plus a gerer ma famille mon mari et ma colere pourquoi
ai je ete aussi conne est ce que je l ai charmé???? j ai pas
de reponse je sentais que me me noyais j'en ai parlé a mon mari
et j ai l impression que c est pire il est en colere et je sais que
c est contre moi car j ai fait rentrer un inconnu chez nous.... Mon
medecin traitant m a dirigée vers une psychologue j ai rdv dans
une semaine et j ai peur qu elle me juge.J ai mal au ventre tout le
temps et j arrive pas a voir sa tete et je me demande par moment si
c est reellement un viol car il ne m a pas violentée pas frappée
il m a juste menacée mais si j avais resisté peut etre
serait il parti Je suis tellement en colere il m a volé ma vie
d avant il m a volé mon corps de femme enceinte!! Je veux aller
de l avant et je veux que mon couple soit apaisé
je me sens responsable de ce qui m ai arrivé sans ce t'chat je
serais pas la entrain de vous ecrire
merci
Bonjour,
Je vais peut-être vous heurter en vous demandant cela mais la
meilleure manière d'apaiser ce sentiment irrationnel mais compréhensible
(toutes les victimes le ressentent) de culpabilité qui est en
train de vous dévaster serait, tout en entreprenant une thérapie
de soutien, de porter plainte en écrivant par lettre recommandée
avec accusé de réception au procureur du tribunal de grande
instance de votre département car il s'agit réellement
d'un viol odieux, tant cet individu vous a manipulée d'une façon
ignoble, en proférant des menaces ayant trait à votre
enfant ; de cette manière, vous ne pouviez absolument pas résister,
d'autant plus que vous étiez enceinte.
L'effroi est l'état du sujet au moment du trauma car il s'agit
bien de ce que vous avez vécu et le traumatisme s'apparente à
une rencontre avec la mort, ici la menace de mort de l'autre surtout
(votre enfant), vécue dans des circonstances où l'effet
de surprise est total et s'accompagne d'un moment de néantisation
où le sujet est véritablement sidéré ; c'est
pourquoi, vous n'avez pu vous opposer, tant l'effroi vous a saisie.
Depuis, vous n'avez pu vous défaire de cette image traumatique
constamment alimentée d'ailleurs par la culpabilité que
vous devrez absolument aborder avec la psychologue, laquelle, je vous
assure, ne songera pas un seul instant à vous juger.
Dans un second temps, vous avez réagi d'une manière salutaire
en vous inquiétant du VIH et cette réaction témoigne
de votre volonté de lutter mais figure encore cette crainte de
la punition parce que vous vous sentez coupable ; vous n'êtes
pas contaminée et vous n'avez contaminé personne mais
cette angoisse vous poursuit et signe votre détresse : ne vous
laissez pas plus envahir par la dépression dont les maux de ventre
peuvent être l'expression somatique et refusez cet espace de néant
qu'a installé le trauma d'où la parole s'absente ; au
contraire, ne laissez pas s'incruster cette image traumatique et, avec
la parole créatrice, tentez de contourner le sentiment d'indicible,
cette menace d'effondrement, afin de réveiller et consolider
votre narcissisme blessé.
Ne restez pas isolée ; écrivez dés que vous avez
besoin.
Surmonter les blessures dont vous êtes atteinte, demande un vrai
courage, que vous avez assurément.
Vous ne méritez pas les griefs dont vous vous accablez ; votre
détermination force mon admiration.
Courage.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonjour,
J'ai rencontré pour la premier fois la psychotherapeute qui va
m aider vous aviez raison pas de jugement "neutralité bienveillante";
je pense qu on va bien avancer toute les deux. je sais que je suis une
victime mais cette histoire hiv ne me lache quand meme pas et provoque
en moi des angoisses qui me pousseraient presque a quitter ma famille,
parfois je me sens tellement inutile...
Je ne veux pas porter plainte est ce que c'est grave je ne veux pas
raconter mon histoire encore et surtout c est ma parole contre la sienne
me confronter a lui j'en ai pas envie devoir me justifier non plus je
veux juste surmonter mon mal etre et me consacrer a ma famille
merci de votre soutien
cordialement
Bonjour,
Sans doute que votre angoisse traumatique qui correspond en fait à
une angoisse de mort est symboliquement représentée par
ce virus.
C'est une réaction normale face à un traumatisme : l'indicible,
tout ce que vous ne pouvez pas dire, l'irreprésentable justement,
est mis en scène en quelque sorte par le biais de ce virus et
c'est une façon de donner un nom à une angoisse sans nom.
Vous allez effectuer un travail pas toujours plaisant avec votre psychothérapeute,
qui consistera à mettre des mots sur des images difficiles, mais
il faudra persévérer malgré les possibles réactions
émotionnelles et surtout, ne fuyez pas, ni votre famille ni les
difficultés de la thérapie : il y a nécessité
d'affronter la douleur.
Accepteriez vous d'être publiée même anonymement
ou avec un autre mail, si vous ne voulez pas être reconnue, afin
que votre terrible expérience et votre cheminement puissent aider
d'autres personnes dans le même cas ?
Je ne ferai absolument rien sans votre accord.
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Conseil
Si je peux
garder l anonymat pas de probleme publier a partir du moment ou mon
i mail n apparait pas je ne vois aucun inconvenient c'est important
de souligner les dangers d internet!!! merci de me repondre aussi rapidement
vous etes d un grand reconfort
cordialement
Je
vous garantis que votre adresse n'apparaîtra pas ni même
ce prénom; ce sera totalement anonyme mais merci de participer
à notre action : oui, il faut signaler les dangers d'internet.
Trop de personnes s'y laissent prendre!
Merci et quand vous voulez, faites moi un petit signe.
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Conseil
Lire
ici : http://www.sosfemmes.com/violences/violences_psychotrauma.htm
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