Elle m'obligeait à
me laver devant eux
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Mars 2009
Voilà,j’ai
53 ans aujourd’hui et j’ai besoin de parler de tout ce qui m’est arrivé
car je n’arrive plus à vivre normalement,et cela depuis bien
longtemps. En fait, mon passé a refait surface une première
fois quand ma mère est arrivée sur Grenoble, j’ai repensé
à tout ce qu’elle me faisait subir car au départ c’est
de sa faute à elle, mais tous ceux qui était présents
en ont bien profité. Voilà quand arrivait le soir à
l’époque j’étais jeune, elle m’obligeait à me laver
nue devant mon père, son demi-frère, mon frère
et elle même, je sais que j’avais honte car je sentais qu’on me
regardais, ils avaient des regards insistants,ils étaient en
train de prendre un verre de vin car ils buvaient tous les trois et
mon frère mangeait, mais on m’interdisait de parler, ils ne me
parlaient pas non plus, je devais obeïr,c’était la règle,
j’étais conditionnée, puis est venu le temps de l’adolescence
le corps qui se transforme et j’avais encore plus honte car je me souviens
de quelques réflexions,c’était horrible pour moi, cela
a duré jusqu’à l’âge de 12 ans : l’âge de
mes première règles, car pour elle une gamine qui se formait
n’étais pas important, la référence pour elle c’était
les règles,et j’ai été très surprise quand
cela est arrivé,j’ai même eu peur, c’est idiot n'est ce
pas? elle même avait vécu cela et j’ai l’impression qu’elle
se vengeait sur moi, parce qu’une fois elle nous la raconté en
disant en plus qu’elle avais honte. J’ai continué à grandir
ainsi sans en parler à personne malgré les questionnements
de mes instits et mes profs de 6ème qui voyait bien que j’étais
une ado perturbée et très timide, un jour j’ai attrapé
très mal à l’estomac comme si je ne digérais pas
ce qu’elle m’obligeait à faire, ils m’ont emmené chez
un médecin quand il m’a dit «déshabille toi»
j’ai dit non comme si cela allait recommencer, mais je sais que je n’ai
jamais pu me laver devant mon mari, ni même me déshabiller
normalement devant lui,quand je suis obligée de le faire : je
dégrafe mon soutien gorge,je passe les bretelles dans les manches,je
garde le pull ou le tee-shirt,je n’enlève jamais le slip pour
dormir et j’enfile le pantalon de pyjama et cela je le faisais à
l’époque car en plus je partageais la même chambre que
mon frère et il n’était pas rare que pour éviter
ces regards de pervers,je dormais toute habillée, je dis regards
de pervers car il avait en plus pris l’habitude de me regarder me laver
et il continuait : il soulevait régulièrement le rideau
pour me voir nue, et quand je lui criais à ma mère ce
qu’il me faisait elle me répondait que je n’allais pas mourir.
Je dis aujourd’hui que c’était des agressions sexuelles ou des
abus sexuels car jusqu’à aujourd’hui ,mon comportement n’a pas
changé, car quand quelqu’un me regarde avec insistance,je rougis
encore,je me sens encore très mal à l’aise parce que j’y
pense.
L’éducation sexuelle était quelque chose de tabou,on ne
m’en a jamais parlé, je ne savais absolument rien, ni sur mon
corps,ni sur la sexualité. A l’époque j’avais 14 ans ½
et j’avais un flirt. Un jour, il m’a amené chez lui,il était
assis en face de moi et il a eu comme les autres un regard insistant,j’ai
pris peur et ,je lui ai dit que je voulais rentrer, qu’il était
l’heure pour moi,il s’est alors rapproché,s’est assis à
côté de moi et a posé sa main sur ma jambe en soulevant
ma jupe, je me suis alors levée,j’ai voulu partir, mais il m’a
attrapée par la main,je me suis mise à hurler,je hurlais
puis il m’a lâché et je suis tombée,il s’est alors
jeté sur moi, je ne pouvais plus ni bouger, ni crier,j’étais
comme paralysée par la peur,il a déchiré le bas
de mon slip,je me suis contractée, il a commencé à
forcer,je le sentais et il ne s’arrêtait pas et puis une voix
a crié«andré t’es là» j’ai été
sauvée enfin c’est ce que je pensais parce qu’il n’y avait pas
eu de pénétration complète, je savais ce qui venait
de se passer,mais pas ce qui venait de m’arriver,quand je suis rentrée
chez moi,j’avais toujours mal en bas entre mes jambes,en changeant mon
slip, j’ai vu que je saignais, alors je me suis protégée,
je l’ai caché afin que personne ne sache et je me suis dit j’ai
été violée,le soir il y avait encore un peu de
sang et comme je ne pouvais pas en parler avec ma famille parce que
à l’époque mon père m’avait déjà
insulté de putain et frappé la tête dans le mur
à plusieurs reprises parce que j’avais osé une fois faire
rentrer des copains et copines chez moi sans lui avoir demander l’autorisation,j’en
ai eu au moins pour huit jours à m’en remettre,alors je n’ai
rien dit à personne et j’ai continué à vivre ainsi
mal dans ma peau et perdue, j’étais très mal parce que
je criais souvent «grave la fille» comme si s’était
arrivé à quelqu’un d’autre parce qu’elle pouvait dire
ce qui s’était passé,mais ne savait pas ce qui lui était
arrivé. J’avais encore plus honte de mon corps qu’avant,je le
sentais sali,lui non plus ne m’avait pas respecté comme mes parents,
comme mon frère. Pour moi,ce qui s’est passé,c’est que
j’ai été violée, j’ai subi un viol même s’il
n’y a pas eu de pénétration complète,il m‘a pénétrée
Je l’ai quitté et après il disait de moi partout que j’étais
une fille facile,lui et aussi un autre type beaucoup plus vieux ils
disaient qu’ils m’avaient vraiment bien eue alors que je n’avais pas
su et pas pu réagir face à cette peur et je m’en voulais.
Cette année là j’ai raté mon examen,j’ai commencé
à écrire des poèmes pour pallier à cette
souffrance qui était en moi,et 4 mois plus tard j’ai suivi un
copain que j’avais dans la rue, j’espérais lui raconter ce qui
s’était passé,mais je n’ai pas pu et puis j’ai commencé
avec lui une relation,il m’a appris à dire je t’aime parce que
je ne savais pas le lui dire alors il insistait, il me le faisait répéter
derrière lui,et j’essayais de le lui dire mais dans le fond de
moi je savais que je ne pourrais plus aimer, j’avais été
trahi. Un an plus tard,il a voulu essayer avec moi,mais je n’étais
plus prête à faire confiance alors je me suis mise à
pleurer parce que j’avais peur de lui avouer que j’avais été
violée,que j’avais subi un viol, et là comme il avait
entendu parler vaguement de cette histoire,il m’a dit«t’es plus
vierge»je continuais à pleurer,alors il a dit«c’est
Bécu?»Je n’ai pas voulu lui répondre parce que je
ne savais pas ce que ce mot voulais dire :vierge. En cherchant la définition,j’ai
compris ce qui était arrivé à la fille, il lui
avait pris sa virginité,il lui avait volé quelque chose
d’irremplaçable,je lui avait dit que je voulais rentrer. Il a
été doux et patient et quelques mois plus tard,j’ai fini
par céder parce que j’avais peur de le perdre et nous avons réussi
à avoir un rapport sexuel. Mais j’avais toujours l’impression
que mon corps ne m’appartenais déjà plus.
Voilà pourrais je avoir votre avis sur ce qui m’est arrivée?
puis je dire viol quand il n’y a pas eu de pénétration
complète,parce que moi c’est ce que j’ai ressenti dans ma tête,dans
mon corps. Je crois que j’en ai dit beaucoup pour aujourd’hui.
Bonjour,
Durant votre enfance, vous aviez déjà subi des agressions
sexuelles répétées et avec ce flirt pendant votre
adolescence, vous avez subi un viol ; je suis catégorique.
Je vous prie de bien vouloir lire cette page :
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_loi.htm
Et je comprends que vous ayez été durablement perturbée
par la suite car jamais vous n'avez reçu de soutien de votre
famille, de votre mère et pire encore, ils font effectivement
partie de vos agresseurs et leur perversité est condamnable.
Comment avez vous fait pour supporter toute seule, toute cette "malignité"
de la part de votre famille ? Vous devez avoir d'énormes ressources
en vous !
Pouvez vous svp me raconter comment vous avez réussi à
dépasser tant bien que mal ce vécu ?
Merci.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonjour,
je vous remercie d'avoir répondu aussi vite,en fait,j'ai réussi
à dépasser ce vécu grâce à mon copain
de l'époque car il m'aimait et je me suis rendu compte que je
comptais enfin pour quelqu'un,que j'avais une importance aux yeux de
quelqu'un telle que j'étais,perturbée et traumatisée.
On m'a toujours dit que j'étais très forte psychologiquement
et même physiquement. De plus,je crois que je ne me suis jamais
posée trop de questions,je voulais oublier et avec le temps j'ai
réussi à enterrer ça,et je sais aussi que je me
disais que rien ne s'était passé, mais je souffrais,d'ailleurs
cette souffrance est encore
présente, mais je ne savais pas que c'était punissable,je
ne savais même pas que j'étais vierge,mais quelque chose
m'inquiète,c'est que juste avant mon copain j'ai eu un rapport
sexuel et j'ai encore saigné, c'est vrai que le type était
pressé et que j'ai encore eu mal parce que j'ai ressenti à
nouveau ce viol,est ce logique?je me dis que l'hymen n'avait pas été
rompu complètement? et après je suis revenue vers mon
copain.
C'est vrai qu'aujourd'hui, je me demande comment ai-je pu oublier? Je
crois qu'il fallait oublier pour continuer à vivre et c'est ce
que j'ai
fait.
Je vous remercie de correspondre avec moi et j'attends avec impatience
quelques mots qui pourront me réconforter dans ma souffrance.
Bonjour,
Par rapport à cette question d'hymen, il est possible qu'une
première pénétration pas complète ou peu
profonde ne déchire pas complètement cette membrane et
donc il est possible qu'il y ait encore des saignements par la suite
mais, vous savez, l'hymen n'a qu'une valeur symbolique et ne permet
pas vraiment d'affirmer ou non la virginité ; dans votre cas,
ce n'est pas parce que vous avez saigné une seconde fois que
"la première fois" ne constituait pas un viol ; au
delà de la déchirure de l'hymen, c'est la contrainte qui
spécifie le viol.
Je crois que vous n'aviez pas oublié mais "choisi"
d'enfouir ces souvenirs au fond de la mémoire, parce que la priorité
était de vivre effectivement et comme vous avez des ressources
en vous, vous avez pu le faire mais tout souvenir laisse des traces
mnésiques et qui peuvent être réinvesties, plus
ou moins bien, un jour.
C'est ce qui vous arrive aujourd'hui.
Mais pourquoi, à votre avis, ces souvenirs réapparaissent
aujourd'hui ?
Pouvez vous me donner une réponse ?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonsoir,
il y a eu l'arrivée de ma mère,puis ce rapport sexuel
avec du sang ou je me suis sentie violée,j'ai repensé
au sang et j'ai pensé que c'était un viol mais ça
n'en était pas un,et puis mon mari a voulu aller voir sa mère
et j'ai été obligée de passer devant cet maison
où a eu lieu ce crime car pour moi,c'était un crime,le
petit bar ou je passais en ayant honte de moi car il disait qu'il m'avait
vraiment bien eue, et là tout m'est revenu en pleine face. Voilà,
je vous ai dit comment ça m'était revenu.
MERCI ENCORE
J'AURAI PEUT ETRE BESOIN D'EN REPARLER.
Oui,
c'est exactement comme cela que çà se passe, "le
réinvestissement des traces mnésiques" laissées
par le traumatisme et le déclencheur peut être un fait
"anodin" apparemment : un traumatisme ne peut généralement
pas s'oublier mais s'intégrer dans la personnalité après
élaboration et surtout si, on a suffisamment de ressources psychologiques.
Vous aurez certainement besoin d'en reparler.
Le viol est un crime.
Souhaitez vous être publiée ?
Peut-être que d'autres personnes se retrouveront dans votre histoire
?
Et si vous éprouvez le besoin de parler à un professionnel,
voici des adresses :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
J'accepte
que mon message soit publié. Je sais aussi qu'à un moment
de ma vie,je l'ai revécu avec mon mari,parce que ce jour là,j'ai
eu comme des retours en arrière,des images défilaient
devant mes yeux et j'ai cru revoir son regard,mais ce jour là...Je
n'en dirais pas d'avantage.
cancer123@free.fr
Bonjour,
quelques détails supplémentaires me reviennent plus précisément
mais cela ne change pas grand chose, quand il a entendu la voix,"t'es
là André" il s'est arrêté,puis il s'est
relevé vite fait et
m'a dit de partir en colère"va t'en" je me suis sauvée,j'avais
encore mal,quand je suis arrivée chez moi, je suis montée
à l'étage, je me suis débarbouillée comme
j'ai pu, j'ai vu que je saignais,je me suis protégée et
j'ai caché le tout afin que personne ne puisse savoir ce qui
s'était passé mais ce qui m'était arrivé
aussi parce que la fille c'était moi. j'avais tellement honte
de moi, je n'avais pas su, pas pu réagir face à cette
peur. Je me sentais coupable.
J'aimerai rencontrer des femmes ou parler avec des femmes qui ont subi
la même chose. Pourriez vous m'indiquer des endroits? MERCI
Vous
pourriez trouver peut-être des groupes de paroles dans les CMP
ou dans certains plannings familiaux ou encore dans des centres d'informations
sur les droits des femmes :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_adresses_planning_familial.htm
* http://www.infofemmes.com/Basadresses.html
Et sur cette page, vous trouverez des indices :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/liens_inceste.htm
Bien cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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