Mon
calvaire n'est pas encore fini
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Avril 2009
Je pensais
m'être libéré de lui en le quittant simplement mais
ça a été une très grande erreur de ma part.
Ma mort commence à l'âge vers 11 ou 12 ans. Je me souviens
de certains détails mais je vais un blocage sur d'autres. Je
n'arrive pas à me souvenir de tout.
Mais je sais comment je suis morte psychologiquement.
Je vais tenter de raconter mon histoire.
Je suis née le *** 1984, avant moi 3 soeurs.
Ma mère a quitté mon géniteur quand j'avais 7 ans.
Elle s'est remarié avec mon bourreau mais à cet époque
il ne l'était pas encore.
Mes soeurs et moi n'avions pas l'autorisation de voir mon géniteur,
on n'avait pas droit à grands choses non plus.
Pas d'amis(es), pas de sorties etc...
Puis est venu ce jour où mes soeurs ont porté plainte
contre cet être qui était censé être un beau-père.
Elles disaient qu'il leurs avait fait des attouchements. On l'a condamné
à 2 ans et 1 an avec sursie.
Ma famille a éclaté, ma mère pleurait, elle aimait
cet homme, ce soit-disant homme.
Moi, j'étais très triste, pour moi il était tout.
C'est lui qui me faisait apprendre mes leçons, qui m'éduquait.
Elle a accepté de se séparer de ses enfants (de mes soeurs)
pour que ce mec puisse revenir. Chose qu'elle regrette amèrement.
A son retour de la maison, rien n'avait changé, sauf que mes
soeurs étaient parties.
Puis un jour il a eu un accident de travail, un hernie discale. Il a
été opéré.
A cette époque j'habitais dans une maison à 2 étages,
ne pouvant monter les escaliers, il fût installer en bas. Dans
La salle.
Ce soir là, il regardait quelque chose à la télé.
Voulant savoir ce que c'était je me risquais à entrer
dans la salle. C'était un film porno, je ne savais pas, je ne
comprennais pas c'était quoi.
Il a commencé par me toucher, puis aller plus loin.
J'ai trouvé ça répugnant la façon dont mon
corps réagissais alors je suis partie en courant, et je suis
entrée sous la douche. Il m'a suivi (alors qu'il ne sait soit
disant pas monter les escaliers) et me demande si ça va et surtout
de ne rien dire à ma mère.
Je n'ai rien dit, par peur d'être responsable du malheur de ma
mère, de casser la famille (du moins ce qu'il restait).
Dès cette nuit je suis morte.
Je ne me souviens plus très bien de ce qui c'est passé
par la suite seulement que les attouchements ont continué jusqu'à
l'âge de 13 ans.
A 13 ans, il a passé le cape. Il m'a pris, non volé ma
virginité.
J'ai horreur d'y repensé, je me dis constamment que j'étais
bête, que j'aurais dû parler.
Que j'aurais dû dire que ce n'étais pas bien.
Mais j'étais très timide, je ne parlais jamais
Mes résultats scolaires ont commencé à baisser.
Je me renfermais sur moi, évitant de discuter avec les autres.
Je me sentais constamment coupable.
Il m'était même venu à l'esprit et peut être
que je m'en persuadais que c'était normal tout ça, que
au vu de tout ce qu'il faisait pour moi c'était une juste compensation.
Mais je me dégoûtais, je me trouvais sale.
Il me promettait de me libérer à 18 ans que je pourrais
avoir un copain, je serais libre.
J'ai attendu mes 18 ans mais rien.
J'étais dans une spirale, où je m'étais éloignée
de ma mère, où il m'avait éloigné de ma
mère, de mes soeurs.
Je lui envoulais à ma mère de ne pas m'avoir aider, je
la haïssais parcequ'elle ne voyait pas ou faisait semblant de ne
pas voir.
Mais je compris bien plus tard de quoi était capable cette chose.
A 18 ans, mon téléphone était controlé,
je n'avais aucune amies, je devais rendre compte des moindres mots sortis
de ma bouche, sous peine non d'une punition corporelle mais d'une punition
psychologique. Il ne s'occuperait plus de moi, personne ne s'occuperait
de moi. Ma mère en était incapable (selon c'est dire).
Alors je suis restée encore esclave de mon bourreau.
Les années passaient mais j'étais toujours esclave.
A 23 ans j'ai rencontré quelqu'un à l'université,
Stéphane. C'était la première fois, que je
me sentais bien, que je pouvais parler, que j'étais amoureuse
Je ne lui ai rien raconté mais il le savait, il savait que
j'avais des problèmes mais il a respecté mon silence.
Mon bourreau a été au courant de mon aventure et m'a demandé
immédiatement de cesser toutes relations avec lui.
Il m'a menacé de me jetter dans la mer etc...
Il m'a dit que Stéphane ne m'aimait que pour avoir des relations
sexuelles avec moi, et qu'il faisait probablement parti de la famille
de ma mère.
Je l'ai cru, et Stéphane m'a laissée.
Vers la fin du mois de décembre j'ai sû que j'étais
enceinte. Je voulais avorter mais il était trop tard. Il était
au courant d'ailleurs.
Ma mère s'était décidée à demander
le divorce car elle n'en pouvait plus d'être loin de ses enfants,
de le voir toujours près de moi.
[...]
Au mois de février 2006 j'ai quitté le domicile de ma
mère et comme un petit chien j'ai suivi mon bourreau. Je sais
que j'aurais dû refuser me battre.
Mais je n'avais plus goût à rien.
Je me contentais de sourire quand les gens nous voyaient alors qu'en
dedans c'était sombe, et noir.
J'ai vécu avec lui seulement.
Puis vint ce jour, où Stéphane a repris le contact. On
a discuté et quelque chose s'est réveillé.
L'envie de me libérer de partir, de demander à ma mère
pardon, de revivre.
Alors je suis partie le 25 août 2008 avec l'enfant nait de cet
chose sans nom.
Je suis retournée chez ma mère, elle a un nouvel ami.
Ma mère a retrouvé le sourire.
Mais mon calvaire n'est pas encore fini.
Il me menace encore de me brûler et de tuer mon fils si je sors
avec quelqu'un mais si je lui donne l'enfant, il me laissera tranquille.
Je ne parle de ça à personne et je souffre énormèment.
Je me demande si ce n'est pas le juste prix à payer pour ce que
j'ai fait à ma mère.
Je me sens coupable, je sais que je le suis en quelque part.
J'évite de rencontrer d'autres personnes.
Je ne sais plus quoi faire.
J'ai demandé à ma mère pardon, mais je me sens
quand même coupable.
Vous pouvez me juger, je le mérite.
Bonjour,
Mais pourquoi vouloir à tout prix demander et obtenir le pardon
de votre mère alors qu'elle ne vous a pas protégée
contre votre bourreau, qu'elle a préféré ne rien
voir déjà à propos de vos soeurs, qu'elle a été
en quelque sorte la complice passive de votre bourreau et de l'emprise
qu'il maintenait et maintient encore sur vous ?
Vous vous culpabilisez à l'idée d'avoir fait du mal à
votre mère, alors qu'elle est à l'origine de la situation,
qu'elle a elle-même contribuée à mettre en place.
Je sais que mes propos peuvent vous choquer mais il est temps que quelqu'un
vous dise la vérité : vous êtes une victime des
adultes qui auraient dû prendre soin de vous et qui vous ont,
au contraire, précipiter dans une position ingérable pour
l'enfant que vous étiez alors et pour la jeune-fille que vous
êtes devenue !
Tout dans votre écrit montre que votre plus grand souci est de
préserver votre mère : ne croyez vous pas que c'est l'inverse
qui aurait dû se produire et qui devrait se produire ?
Les rôles sont inversés : c'est vous qui choyez votre maman...
Alors oui, je veux bien comprendre que vous préférez voir
votre mère sourire plutôt que pleurer mais laissez lui
au moins une notion de responsabilité : une mère est responsable
de ses enfants et non l'inverse.
Pour votre propre enfant, il faut que vous preniez conscience de la
réalité, que vous renonciez à préserver
votre maman sans pour autant l'agresser si vous n'en avez pas le coeur,
vous pouvez même lui donner votre pardon (car c'est elle qui a
des choses à se faire pardonner) mais il faut que vous gardiez
votre énergie pour apprendre à devenir la mère
de votre enfant : c'est votre priorité.
Je vous conseille également de faire appel au juge aux affaires
familiales, de lui peindre la situation et notamment les menaces de
votre ex "compagnon", afin qu'il organise les modalités
d'exercice de l'autorité parentale (le père a les mêmes
droits que la mère par rapport à leur enfant) et afin
qu'il prenne en compte le risque d'insécurité lié
au comportement inadapté de cet individu.
Plutôt que de protéger votre maman, il faut protéger
votre enfant avant tout.
Qu'est-ce que c'est dur, ce que j'écris, et j'imagine votre désarroi.
Je vous en prie, tenez bon et tentez de reprendre confiance et estime
en vous, avec l'aide de professionnels.
Avez vous des adresses ?
Pour des assos, pour un hébergement éventuel, pour un
thérapeute ?
PS : je ne vous juge pas, vous n'êtes pas accusée puisque
vous êtes totalement innocente.
Répondez moi svp.
Cordialement,
Chantal POIGNANT,
conseil
En ce moment,
je suis malade.
Mon corps est fatigué, épuisé.
ça commence à peser tout ça, surtout sur mon moral.
Quand j'ai envie de pleurer, que je sens cette boule dans ma gorge,
je vais prendre une douche froide pour cacher mes larmes et ça
coupe court à cette boule
il me faut m'extérioriser,.
Je recommence à dénigrer ma formation alors que je l'avais
prise pour m'en sortir.
J'ai peur de cet homme, peur qu'il me fasse du mal et aussi à
mon fils.
Je sais que ma mère a une part de responsabilité, mais
je me sens coupable de pas avoir parler.
Je me déteste parceque je n'ai pas eu le courage et la force
de dire que ça devait s'arrêter.
Je me déteste parceque je me sens sale.
Je suis fatiguée mentalement et physiquement, je ne sais même
pas à quand remonte une très bonne nuit de sommeil.
Je sais que ça doit cesser cette peur de lui.
Il faut que je sois plus forte.
Je ne connais pas grands choses au domaine juridique, je sais qu'il
y a une association pour les femmes en Martinique.
Lorsque je me relis je sais quoi faire, mais je ne les mets pas en pratique.
Ma lâcheté me fait honte, je me sens nulle, faible.
J'ai besoin d'aide j'en peux vraiment plus
Merci pour votre aide, merci infiniment
Face
à un proche investi d'une autorité, l'enfant, l'adolescent,
ne dispose pas de ressources pour se dérober ; en plus, il ne
doute pas de ceux qu'il aime ou des adultes qui l'entourent ; même
si la situation le trouble, il est incertain quant aux ressorts de la
sexualité : ce n'est jamais l'enfant, l'ado qui "maîtrise"
l'adulte mais bien évidemment le contraire : vous avez été
dominée, médusée, et vous avez laissé faire
parce que ce qui se passait était à la limite du pensable
et ne correspond pas au développement affectif et sexuel d'un
enfant, d'un ado de cet âge.
Vous avez été obligée de faire comme s'il y avait
plusieurs personnalités en vous et tout ceci avec un sentiment
diffus de culpabilité ; or, c'est toujours sidérant de
voir que c'est l'enfant lui-même qui souffre de contrevenir, bien
malgré lui, à la "norme", alors même qu'il
est obligé de se contraindre au désir de l'adulte qui
est censé lui apprendre la "norme".
Aujourd'hui, vous êtes en train de vous retrouver et il ne sert
à rien de dénier les faits pour protéger votre
famille, votre mère : c'est vous qui avez besoin d'être
protégée afin de pouvoir surmonter ce sentiment de lassitude,
d'impuissance, de souillure.
Vous n'avez pas à avoir honte de vous parce que vous n'avez pas
besoin de la reconnaissance des gens qui vous entourent ; vous n'avez
pas besoin d'éprouver leurs regards puisque c'est votre regard
sur vous-même qui a de la valeur ; leurs regards à eux
n'ont pas de valeur puisque votre entourage a manqué à
son devoir : celui de protéger l'enfant que vous étiez.
Maintenant, vous allez devoir affronter le non-sens de cette "famille"
mais il vous faut être accompagnée.
Contactez cette association :
*
http://www.solidaritefemmes.fr/ewb_pages/a/association-269.php
Et tenez moi au courant svp.
Courage.
Cordialement,
Chantal POIGNANT,
conseil
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