Tu
m'as fait vivre l'enfer
Email
en pied de message
Avril 2009
Madame,
Monsieur,
Vous trouverez en pièce jointe mon témoignage.
J’espère que la lecture de mon parcours pourra aider celles et
ceux qui, comme moi, cherchent encore à comprendre et se refusent
à juger.
Cet écrit exprimant des évènements réels
et impliquant des personnes vivantes et, bien que les noms et lieux
aient été changés, vous comprendrez mon désir
de garder l’anonymat.
Souhaitant qu’il serve votre combat contre les violences familiales
et l’abus de pouvoir parental,
Avec mes meilleures salutations.
Si j'ai parlé, c'est parce qu'il fallait bien que je vive.
Ces mots
futiles de ce mercredi 26 décembre, t’en souviens-tu ?
Tu m’as fait vivre l’enfer. Je n’aurais jamais dû venir. Avec
tout ce que j’ai dépensé pour toi, j’aurais mieux fait
de m’abstenir !
Mais j’ai tout mis en œuvre pour te faire plaisir…
Vous êtes des ordures, vous me dégoûtez. Ta fille
est bien comme toi, une salope, une prétentieuse. Tes enfants
n’ont aucune éducation, ils sont pourris, ils ne respectent rien.
Bianca a du tempérament, c’est une adolescente qui dit ce qu’elle
ressent, mais à aucun moment elle ne t’a offensée.
Enculés ! Vous êtes tous des enculés !
Tu as détruit ma vie. Petite ordure… tu as quitté ton
mari, espèce de salope. Je t’ai vue assise au comptoir alors
qu’il préparait à manger, ce brave garçon. Tu vaux
pas mieux que ton ordure de père…
Si nous nous sommes séparés, c’est pour continuer à
nous aimer. Nous ne pouvions plus vivre au quotidien ensemble.
Il fallait supporter ! Tu as abandonné tes enfants !
Pourriture… va faire le tapin ! Il ne te reste que ça, faire
la pute. Je sais… je sais tout. Tu as couché avec un vieux de
quatre vingt ans, il t’entretenait.
Je n’ai jamais couché pour l’argent.
Ton père ne t’a jamais violée ! Tu es une menteuse.
S’il l’avait fait, je l’aurais vu, moi, ta mère. Il t’aurait
défoncée. Tu connais la taille de la queue de ton père,
hein, dis-moi, tu la connais ?
Et tu tendais,
à dix centimètres de mon visage, tes mains écartées,
tu secouais ces mains sous mes yeux, et tes hurlements me parvenaient
de loin, de loin…
Non, je ne connais pas la taille de son pénis.
Tu vois ? Menteuse ! Une bite comme ça, il a, ton père,
comme ça ! S’il t’avait violée, il t’aurait déchirée,
je me serais bien rendu compte de quelque chose ! Tu vois qu’il
ne t’a pas violée !
Je sais pas, j’étais petite, peut-être qu’il me préparait
avec les doigts, ou peut-être qu’il n’a jamais mis sa queue, va
savoir, j’étais si petite. J’ai oublié mes huit premières
années pour ne pas avoir à vivre avec ça.
Avec vous.
Si j’ai parlé, c’est parce qu’il fallait bien que je vive…
Les flics sont venus me poser des questions! La honte, tu m’as mis la
honte, salope, pute ! Ah ! je te l’avais pas dit, ça,
ils sont venus chez moi. Heureusement, ils ont compris quelle petite
pourriture tu es et que j’y étais pour rien, moi, dans cette
histoire avec ton père ! Moi qui t’ai élevée !
Moi qui ai sacrifié ma vie pour toi ! Je ne veux plus jamais
te revoir ! Tu me dégoûtes. Ca te regarde tes
saloperies avec cet enculé! Tu as toujours fait du business avec
lui, c’est sa femme qui me l’a dit ! Il te filait du pognon pour
les magouilles que tu faisais avec lui ! Il t’a filé une
brique pour l’affaire des bijoux !
Je n’avais pas vraiment le choix.
Tu as pris la thune ! Tu es aussi pourrie que lui… Connasse !
Grosse connasse ! Tu fais la belle et t’as toujours été
une pute ! T’as qu’à te trouver un mec avec du pognon !
Il t’entretiendra, lui, au moins, pas comme ton mari. T’as pas d’avenir
avec lui. C’est un con ! Un con !
Je t’interdis d’injurier Alexandre.
Tu m’interdis quoi, à moi, ta mère ? Je vais te mettre
une gifle.
Pendant
que tu hurlais, depuis tout ce temps où tu hurlais, je n’avais
pas bougé. Assise sur le banc de la cuisine, dos calé
au mur, je te regardais hurler. Je te sentais hurler. Et plus tu hurlais,
plus je m’absentais de moi-même.
Si seulement j’avais su m’absenter de toi.
Cet état
de catalepsie où les cris et les coups n’existent pas, je le
connais depuis l’enfance. Je deviens minérale, marmoréenne.
Tout rentre, rien ne sort. Seuls mes yeux parlent et ce qu’ils disent,
c’est :
Vas-y. Crie. Frappe. Tue moi, si tu en as les couilles. Je m’en fous.
Tu n’auras rien de moi. Je ne reculerai pas. Tu es seul face à
toi-même. Défonce-toi. Vas-y à fond.
L’amour
de ta vie m’a giflée jusqu’à ce que mon visage ne soit
qu’un hématome. J’étais silencieuse et glacée.
Et chaque fois qu’il me faisait reculer sous la violence des coups,
j’avançais d’un pas. Je ne suis jamais tombée à
terre.
Toi, tu te roulais au sol. Tu lui donnais ce qu’il voulait, il ne te
faisait pas vraiment mal…
Calée
contre le mur de la cuisine, j’attendais la gifle. Je l’espérais,
même.
Peut-être aurait-elle mit fin au déferlement de ta haine…
peut-être aurais-je bondi de mon banc pour te ruer de coups, te
bourrer le ventre à coups de pieds et tout casser dans l’appartement.
Puisque cela a toujours été, à ma connaissance,
la seule manière de te faire taire.
Puisque sous les coups tu deviens enfin douce et tendre et compréhensive.
Je pouvais le faire, j’aurais pu le faire, j’avais l’alcool et le tabac
pour m’aider.
Ou peut-être serais-je morte. Crise cardiaque ? Rupture d’anévrisme ?
C’était de loin la meilleure solution.
gaby.della.bianca@gmail.com
|