Pour
que les parents agissent
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en pied de message
Avril 2009
Attouchements,
viols, prostitution, violences faites aux femmes sont des fléaux
destructeurs de notre société.
Je m'appelle Isabelle HARDOUIN, j'ai 46 ans, mariée, mère
de deux enfants Pauline 25 ans et Alexandre 23 ans. Nous sommes une
famille de classe moyenne.
Lorsque j'entendais des faits de violences sur les femmes, je me disais
simplement encore une, que cela ne pouvait arriver qu'aux autres. Puis
un jour, " l'autre ", c'était ma propre fille.
Lorsque Pauline m'a annoncé qu'elle subissait des attouchements
de la part de son Oncle, mon monde s'est écroulé. Pourquoi
elle ? pourquoi chez nous ?
Il n'y a pas de réponse et pourtant c'est toujours notre première
pensée. Qu'avons-nous fait pour en arriver là ? Comment
se peut-il que nous n'ayons rien vu ?
Un enfant ne sait pas si c'est bien ou pas bien. Il ne fait qu'obéir
à la personne plus âgée qui lui fait subir ces actes,
parfois sous des menaces, lui faisant penser que s'il parle, le malheur
s'abattra sur ses proches et lui-même.
En grandissant, l'enfant comprend que ces actes ne sont pas normaux
et s'il n'arrive pas à dénoncer les faits, il s'autodétruit.
A cette annonce, j'ai réagit très vite en allant consulter
notre médecin de famille qui a fait une déclaration à
la DDASS et m'a pris rendez-vous chez un Psychologue spécialisé
dans ces affaires. Ce dernier m'a expliqué qu'il était
impératif de déposer plainte contre mon beau-frère,
que Pauline ne pourra pas surmonter son mal être temps que l'affaire
ne sera pas jugée.
A mon grand regret aujourd'hui, je n'ai pas suivi son conseil, pensant
que nous pouvions en parler en famille sans mettre cela en public, ne
pas faire trop de bruit. Mal m'en a pris ! Mon beau-frère, voyant
que nous n'irons pas plus loin continuait à narguer notre fille
mais aussi nous faisait perdre notre place familiale puisque notre famille
sachant qu'il n'y avait pas de poursuites a fini par penser que tout
était mensonge.
Nous avons perdu un an et demi, jusqu'au jour où nous avons eu
peur pour la vie de Pauline qui dépérissait à vu
d'œil.
Nous avons enfin pris la décision de porter l'affaire devant
le tribunal en prenant une avocate qui s'est occupé de tout.
Il fallait à tout pris faire reconnaître les actes, que
notre fille puisse enfin se tourner vers son avenir.
Oublier, elle ne le pourra jamais, mais, comme me l'avait dit le Psychologue,
le jugement l'a bien positionnée en tant que victime.
C'est le plus important pour ces enfants, être reconnus comme
victime, leur enlever tous les doutes qu'ils ont.
Notre affaire s'est soldée par un an de prison avec sursit, mille
cinq cent euros d'indemnité et cinq ans de mise à l'épreuve.
Cela fait cinq ans que le jugement a eu lieu. Pauline fait face à
cet oncle, elle ne baissera plus jamais les yeux. Mon mari, son frère
et moi-même en sommes fiers. Nous nous sommes battus et le résultat
est là : Pauline vit pleinement sa vie de jeune femme, construit
sa vie de couple et nous entendons parler de futur petits enfants.
Aujourd'hui,
je me bat pour que ces violences s'arrêtent, que les jeunes sachent
qu'il ne faut pas subir, qu'ils doivent parler. Les parents doivent
comprendre qu'il est impératif d'aider et d'entourer leurs enfants.
Ce n'est pas simple, mais c'est très important. Sans leur aide,
leurs enfants ne peuvent pas s'en sortir.
J'ai écrit un livre " J'ai quelque chose de grave à
te dire " dans lequel je témoigne de cette difficulté
de vivre cette situation et l'importance de l'aide apportée par
les parents. Mon souhait le plus cher est d'ouvrir une association pour
aider et protéger tous nos enfants, leur donner un lieu où
ils pourront parler sans crainte mais aussi trouver une chaleur familiale
qui manque pour tous ceux qui n'ont pas la chance d'avoir le soutien
qu'à eu Pauline.
hardouin_isabelle@orange.fr
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