Pas
la peine de t'enfermer à clef dans ta chambre
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en pied de message
Juillet/août 2009
Bonjour,
je suis d'accord pour la publication de mon témoignage, mais
pas la publication de mon adresse mail....Je me demande comment je me
retrouve là à ecrire...
j'ai 35ans et cela c'est passé ... il y a 15 ans !!!
alors, pourquoi je ressens tout maintenant, et pourquoi je ne ressentais
rien à 20 ans????
Une classique sortie en boite, vacances d'été sur la côte
en aout, au petit matin le patron de la boite me propose "un petit
dej sur le port" ....
génial je me dis, je suis même super fiere d'etre draguée
par le boss!
Il prend le volant de ma caisse, il "connait mieux la route"
, puis finalement roule pendant une demi heure " finalement on
petit- dejeunera à la villa, plus sympa"...
Je vois la route défilée, à une allure...j'ai surtout
peur pr la voiture, qui est celle de mes parents, si jamais il l'accidente,
que vais je leur dire....je passe le trajet tétanisée,
mais sans rien dire pourtant...
Arrivée à la villa, on passe devant la cuisine, et je
me retrouve dans une chambre...
je le revois juste fermer à clef, je trouve ça bizarre,
et cette clef qui tourne me glace,
mais pourtant ni je crie, ni je bouge !!
....ll répète en boucle " tu peux pas me laisser
comme ça", il me tient le bras," tu partiras après,
tu n'as pas le droit de me laisser dans cet état"...
Je me souviens juste d' être assise en bout de lit, je le vois
quitter son jeans...
il a rien dessous, je reste tjrs sans bouger...je suis très mal
à l'aise, mais je ne bouge pas, je répète seulement
d'une petite voix " je peux pas , je peux pas"... j'étais
vierge,
j'adorais sortir en boite, boire des canons, me faire draguer, plaire,
oui oui j'aimais ça, mais j'aimais flirter, j'avais pas encore
l'envie de "coucher"....
Au bout d'un moment il m'a attrapé la tête, me disant encore
que je ne peux pas le laisser ds cet état, puis il m'a forcer
à lui faire une fellation, de toute façon je préférai
ça que le rapport sexuel, mais c'était horrible, je me
souviens croire que j'allais mourir étouffée, il me tenait
la tête, je pouvais plus respirer, puis il a fini ds ma bouche,
là, l'horreur, j'ai enfin réagi, j'ai bondi ds la salle
d'eau attenante, tout recracher ds l'evier, et j'ai été
prise de nausées, nausées....de retour ds la chambre il
a tourné la clef ds la porte, et je suis sorti, pris ma voiture,
et rentré comme j'ai pu dans mon camping.... il était
déjà midi....
La journée qui a suivi, je me rappelle l'avoir passée
" en état second, comme flottant au dessus du monde"
je me répétais que j'avais pas à me plaindre, j'étais
en vie, et que c'etait bien mérité, à trop jouer
avec le feu parfois on se brule, que si je ne passais pas mes soirées
de vacances en boite de nuit, ce ne serait pas arrivé....
J'en ai parlé juste à mes copines proches, mais à
chaque fois que je racontais ma " 1ere fellation", c'etait
tjrs de manière froide, sans souffrir de rien, je disais toujours
" c'est dingue comme je suis perverse comme nana, ma 1ere fois
aurait dû me traumatiser, et bien non, je ne ressens rien de rien
"!
j'allais avoir 20ans, j'en ai 35 , quand je regarde ces 15ans, je ne
suis sortie qu'avec des hommes mariés, alcooliques, ou violents,
c'est dingue...ce sont mes plus longues histoires, celle ou je me sentais
bien, les rares tentatives d'histoire d'amour avec un homme calme et
célibataire, au bout de 8jrs je le quitte tellement je me sens
mal, en fait j'etouffffe, j'etouffffe....
D' ailleurs depuis 5ans je n'ai plus d'histoire d'amour, pourtant je
rêve de fonder une famille, d'avoir des enfants....il y a deux
mois j'ai accepté, non sans panique incompréhensible,
qu'un "gentil garçon bien sous tout rapport", rencontré
en voyage, vienne passer le week end chez moi...
Tout va bien jusqu'au 1er soir, qd je pars me coucher après lui
dire bonne nuit, je ferme la porte de ma chambre, et là il me
dit " pas la peine de t'enfermer à clef dans ta chambre,
je ne rentrerai pas ! "
Cette phrase....le mot clef......
Elle m' a fait sombrer dans un total délire depuis un mois....
Je pense jour et nuit à mon agression de mes 20ans, le soir en
rentrant seule chez moi je suis prise de crise de larme incontrôlable,
d'insomnie, sans raison apparente, je me repasse le film de l'agression,
et c'est maintenant que je me rappelle de plein de détails que
j'ai pu vous raconter, je ne souffre pas de ce qu'il s'est passé,
mais je ne comprends pas pourquoi je suis prise de crise de larmes et
d'angoisse à chaque fois que j'y repense , pourquoi j'en perd
ma respiration, alors que j'y pensais avec aucune emotion ces 15ans
passés...
Je commence à faire des rapprochements étranges, genre
l'étouffement que j'ai ressenti lors de l'agression, et l'étouffement
que je ressens dès qu'un homme m'approche, mes tocs de nettoyage
à la javel, de ma voiture ou mon appart, dès qu'un homme
vient chez moi ou monte ds ma voiture....tout ce qui fait tant rire
ma famille, et moi aussi, me semble soudain pas si anodin que ça...
J'ai si peur que ma vie sentimentale soit ratée à cause
de ce vieux pervers, et non parce que je suis difficile, telle que mon
entourage me définit tout le temps....
Je m'en veux tant de me laisser submerger par la tristesse, moi qui
a une vie amicale et professionnelle si épanouie, j'ai l'impression
de me comporter comme une gamine qui veut se faire plaindre, je trouve
que je donne trop d'importance à un vieux truc passé il
y a si longtemps, que je me complais dans cet état dépressif,
car j'y pense tout le temps et je reste ds ces pensées, sans
trop essayer de les chasser....
Tout avis serait le bienvenu, maintenant je reve d'en parler à
mes parents et frere et soeurs, alors que ce serait leur faire du mal
et du soucis pour rien pourtant....
Je croyais etre qqun d'assez equilibrée, je me decouvre limite
nevrosée....
D'avance, merci,
Ana
Bonjour,
Plutôt que d'en parler à vos parents et frère et
soeurs, vous devriez en parler à un(e) psychologue qui vous aidera
à comprendre pourquoi vos choix s'orientent toujours vers des
partenaires "impossibles" : est-ce vous que vous voudriez
"réparer" à travers ces relations difficiles
ou est-ce vous que vous voudriez maltraiter pour mieux triompher enfin
de votre déception, celle d'avoir été bafouée
et humiliée par ce "vieux pervers", qui a sali votre
"idéal du moi" ? En aimant des personnalités
fragiles, difficiles, c'est peut-être vous que vous voulez reconquérir
(votre idéal) en "nettoyant" votre environnement mais
aussi vos partenaires alcooliques, violents, adultères...
La réponse "obsessionnelle" avec les tocs correspond
à un besoin de se purifier suite à un sentiment coupable
et la réponse dépressive amplifie le sentiment de tristesse
consécutif à la perte de votre idéal.
Il vous a été permis à 20 ans de ne pas ressentir
ce sentiment de culpabilité, qui vous revient aujourd'hui comme
un "boomerang", peut-être parce que vous aviez opté
à l'époque pour une "stratégie" plus
ou moins inconsciente de déni et, aujourd'hui, toute la portée
symbolique de cette expérience vient prendre place dans votre
vie, d'autant plus que vous vous trouvez confrontée à
l'impossibilité d'aimer (que vous la constatez) un être
"bon" comme si vous en étiez indigne...
Ce sont des hypothèses bien sûr que vous devriez explorer
au cours d'une thérapie.
Il est probable, que cette histoire que vous avez eu l'impression de
pouvoir étouffer, vous étouffe maintenant : vous avez
sans doute le sentiment coupable de vous être trahie.
* Idéal du Moi : “instance de la personnalité résultant
de la convergence du narcissisme (idéalisation du Moi) et des
identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux
collectifs... Modèle auquel le sujet cherche à se conformer”
(Laplanche et Pontalis, Vocabulaire
de la psychanalyse).
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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