Que
faire ?
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Septembre 2009
Bonjour,
Je ne sais pas trop par où commencer car tout est flou dans ma
tête et je viens de lire tout les messages de ces femmes et ceci
me tracasse encore plus. Je m’étais toujours dit que rien n’allait
m’arriver.
En Septembre 2007, je le rencontre, je fais des études et je
suis apprentie dans une boite où il est le directeur salarié.
J’ai à cet époque 20 ans et lui 29. Ce n’est pas un patron
comme les autres, toujours enfantin, très blagueur, on lie des
liens d’amitié forte ainsi qu’avec une collègue. Nous
formons un bon trio pour travailler, bonne ambiance, tout va bien. Le
temps passe et nous arrivons Mars 2009, depuis le temps, lui a divorcé
en Janvier et moi je suis toujours prise mais un soir l’amitié
devient amour et tout est chamboulé. Il devient mon amant pendant
2 mois et un jour je quitte l’ancien pour vivre enfin l’amour avec lui
au grand jour. Je laisse cette relation un peu discrète auprès
de mes amis pour ne pas trop faire la fille qui change du jour au lendemain.
Il est présenté à ma famille, me présente
ses 3 enfants. Tout se passe bien, au fil du temps mes amis sont au
courant. Le bonheur, il me comble de cadeaux, me fait tout le temps
la cuisine, prend soin de moi, il est apprécié de tout
le monde et je l’aime si fort. C’est la passion. Il me raconte son passé
pas simple du tout, habitait en HLM, livré à lui même
avec 3 frères et sœurs, son père meurt quand il avait
8 ans, il se fait violé à 10ans (sa mère voulait
pas en entendre parler), sa mère fout son frère et lui
dehors dans la rue à 15 ans. Donc il n’a pas un passé
glorieux et ses nuits sont hantés de cauchemar, ceci est même
violent, un genre de somnambulisme, je lui en parle et veut qu’il aille
se faire soigné. Il me dit oui. Mais rien. Puis, il devient jaloux,
possessif, mon ex le gène alors que je ne le vois plus, il me
reproche mon passé, j’ai eu une histoire de 3 ans avec mon ex
sans rien construire alors que lui a vécu une relation de 15
ans où il s’est marié, a eu 3 enfants et acheté
une maison et a eu des vingtaine de maitresses. Je m’embrouille avec
ma meilleure amie et je la perds, je ne sais pas si c’est à cause
de lui ou pas mais ca s’est fait, je n’ai pas su lui trouver les mots
pour lui expliquer que j’étais réellement amoureuse et
qu’il était ma drogue. Nous sommes fusionnels et je ne sais pas
si cela est bien bon. Je ne vois moins mes amis, (ou alors tout le temps
avec lui) moi qui était toujours à droite et à
gauche, ma passion la photographie je ne l’a fait plus, il me dit que
ca sert à rien de prendre des choses en photos autre que des
personnes. Je ne renie pas sa passion mais il renie la mienne. Je me
dis que ca va passer et qu’il est fou amoureux de moi et qu’il veut
que je sois plus avec lui. Il me reproche toujours mon passé,
je coupe tout contact avec mes amis garçons ou alors je les vois
avec lui mais si peu. Je demande de vivre ma jeunesse mais lui entend
par là d’aller voir à droite et à gauche d’autre
garçons, ce qui est faux, je ne vis que pour lui et je ne suis
amoureuse d’un seul homme. Il me dit que je suis tout pour lui, qu’il
a arrêté plein de choses pour moi alors que je lui interdis
rien et ne lui ai rien demandé. Je vis ma routine et me renferme
sur moi. On ne travaille plus ensemble après un licenciement
économique, il me fait des grosses scènes de jalousie,
se fait des films sur des choses fausses, je n’ai aucun moyens de lui
montrer le contraire. Il épiait ma boite mail, mon portable,
me pose des milliers de questions, m’appelle toute les 5min. Dés
que j’ai les cheveux un peu de travers, me demande ou j’étais,
me dit que j’ai quelqu’un. Je me renferme de plus en plus sur moi-même
et pour ne pas avoir de conflits je ne fais rien je rentre chez moi
des que je sors du travail. Je ne vais pas bien au travail, des conflits
avec le chef donc ceci s’empiète sur ma vie sentimentale et ce
harcèlement moral de mon conjoint me brule à petit feu.
Je suis mal, je lui en parle il ne comprend pas se fait d’autres films,
croit que je veux m’éloigner. Et puis me dit que je ne lui fait
pas assez l’amour ou alors que je n’apprécie pas quand on le
fait mais dans l’état psychologique ou je suis-je n’en ai pas
envie. Alors les disputes fussent, il me dit que j’ai quelqu’un qu’il
me répugne car je ne veux pas de lui, qu’il est gros, moche,
que je ne suis pas heureuse avec lui. Me parle que de sexe, me dit que
je suis qu’une sale paysanne car je ne veux pas lui dire les mots en
face. Et je m’enferme de plus en plus et je ne vois personne à
qui en parler à part ma mère un peu mais sans plus. Puis
je redoute le moment ou je vais au lit car je sais que ceci va ressortir
sur le tapis. Je suis frustrée, je pleure, je me sens dépressive,
mal. Et des que ceci repart correctement pendant 2 semaines, les disputes
reviennent il dit que je ne l’aime pas que je ne suis pas heureuse,
que je ne lui fait pas l’amour… je craque, je pleure, j’essaye d’appeler
au secours. Les disputes peuvent être violentes verbalement. J’encaisse
! Il me dit plusieurs fois que suis trop bien pour lui et que je devrais
me trouver quelqu’un d’autre, il se dévalorise, je me sens frustrée.
Les jours passent, il y a des bons moments et d’autres moins mais l’histoire
du sexe revient constamment et je suis toujours dans mon état
dépressif, envie de rien faire pour ne pas avoir de dispute.
J’ai des crises de jalousie à longueur de temps sur mon travail,
travaillant dans le transport, je suis qu’avec des messieurs et ceci
ne lui va pas alors que lui aussi travaille dans le transport et il
sait ce que c’est. Je suis frustré au travail aussi, des qu’il
y a des réunions, je n’ose pas dire que je ne veux pas y aller
car je ne veux pas de scène de mon ami après si ces réunions
s’éternisent un peu. Je n’arrive pas à travailler correctement
car il épiait mon travail également. Juste le samedi je
me sens bien lorsque je travaille à mon deuxième boulot
car il ne connait rien de là bas et je suis bien même si
le travail est stressant. Il me veut que pour lui. Et je lui trouve
toujours des excuses. Il arrive même à me faire croire
que s’il n’y a pas de jalousie dans un couple, ca veut dire que l’on
ne tient pas à l’autre et il ne veut pas être un neuneu
à ne rien dire de ce qu’il pense.
Les disputes continuent et puis des fois avec de la casse, il boit pour
oublier mais ne tient plus l’alcool malgré ses 100kg. J’ai peur
je vis dans l’angoisse, des que j’entends sa voiture je panique. Et
puis, nous sommes Septembre 2009, un nouveau départ, une nouvelle
année. Nous sommes bien, nous allons bien, on s’aime, on sort,
on bosse comme des fous, notre maison va bien, j’ai maintenant 22 ans
et je me sens la petite fée du logis, mon mental va mieux. On
est heureux. Enfin c’est ce que je croyais !
Ce lundi 21 Septembre, il doit s’absenter pour aller dépanner
un camion, ce que je comprend vu notre métier, il est 19h00 et
il part, il ne sera pas rentré avant 00h. Je regarde un peu la
télé et puis monte me coucher déjà toute
endormie, une caresse au chien…
Je dors, et puis là d’un coup je me réveille en sursaut,
il est 2h30 il n’est pas là j’entends taper, j’ai les boucles
quies je n’entendais rien, ca fait 2h30 qu’il était dehors. J’avais
oublié d’enlever les clés derrière la porte, il
ne pouvait pas rentrer. Il a tapé sur le garage, a sonné,
a lancer des cailloux, ça a réveillé les voisins
mais rien pas moi à cause des boucles quies. Je m’excuse je fonds
en larmes, je regrette de cet oubli mais il est furieux. Et la dispute
recommence, il me dit que je ne l’aime pas, que je l’entretiens pas,
que je ne pense pas à lui que je devrais aller voir ailleurs.
Je n’ai pas le droit de le toucher. Il fume, boit (chose qu’il ne faisait
plus !), il veut ses clés de voiture pour aller se foutre contre
un arbre, j’angoisse je ne veux pas j’argumente je n’arrive pas, je
ne veux pas qu’il parte de peur de ne plus le revoir. Je cache les clés.
Il est dans un état second, je me dis que l’alcool va le calmer
mais non. Les insultes fussent, il veut ses clés. Je ne sais
plus dans quel ordre tout ça s’est passé mais il retourne
le lit, me poursuit avec des couteaux en me menaçant de lui donner
ses clés sinon il se tue, je m’enferme dans les toilettes, il
défonce la porte alors je sors rapidement et je lui donne ses
clés. Je vous raconte mais je sais plus dans quel ordre c’est,
il veut me mettre dehors, il jette toute mon armoire de vêtement
dans l’escalier. Je sais même plus ou je suis à ce moment
là, je le supplie. Je crois que j’oublie des étapes, et
là c’est à moitié le noir et la lumière
et je sens mes cheveux volés, la claque est partie, ca me fait
pas mal mais ca me fait mal dans moi. Je me dis c’est bon c’est fait
ca va se finir. Il me chope par les épaules dans la salle de
bain. Je suis au plus mal, je descends en vitesse, j’appelle ma mère,
lui dit d’appeler les flics, lui donne mon adresse et je raccroche.
Entre temps, il est devenu fou quand il a vu que je prenais les téléphones,
j’ai également appelé son frère mais il a jeté
le portable par terre. Je sais plus dans quel ordre c’est. J’allume
toute les lumières pour que les flics voient directement ou c’est.
Ils sont là je me sens soulagé mais je ne sais que faire.
Les flics sont supers, ils font médiateurs, mais il les insulte,
dit qu’il est chez lui... Cela dure des heures. Ma mère arrive,
on prend le plus gros de mes affaires, on rempli les deux voitures et
on part, il est maintenant 7h du matin, je dois être au travail
à 8h00. Je plane complet je ne sais pas ce que je dois faire
et ce qu’il vient de se passer, je suis sous le choc. Son frère
aussi est venu, cela a un peu calmer la situation. Il m’appelle à
7h15, me dit de lui rendre ses clés et son portable. Il m’appelle
à 8h00, il a changé il est tout calme et je ne comprends
absolument rien de ce qu’il raconte. Il me rappelle à 9h30, je
suis au travail, je n’ai pas trop le temps de parler mais il mélange
tout et voit tout de son côté et veux qu’on parle. Je passe
le voir à 12h00, il est enfermé dans sa chambre dans la
noir, il a du sang sur son t-shirt, il s’est battu avec je ne sais qui.
Il s’excuse, s’en veut, plane. Je ne lui réponds rien je suis
bloqué. Et le soir nous sommes allés manger un bout quelque
part d’autre que la maison car je ne pouvais pas rester là, j’angoisse.
Heureusement mon chien est là, j’ai l’impression qu’il me comprend.
On parle au resto, je ne sais pas si c’était la bonne solution
ou pas de le voir tout de suite. J’ai l’impression que ceci reste buté
comme situation. Je me sens à ses pieds. Je suis nulle de revenir,
j’ai lu qu’il fallait partir des la 1ere claque. Nous sommes maintenant
jeudi, ceci s’est passé lundi. Je pense qu’il peut voir quelqu’un
pour se faire soigner mais j’ai trop d’images dans ma tête et
je n’arrive pas à lui tenir tête. Je voudrais tant trouver
la solution. Lui donner une chance ? Je n’en sais rien. Aller voir moi
aussi quelqu’un de neutre pour en parler, peut être même
un truc de couple. Que me conseiller vous ?
Je suis désolé mon histoire est très longue mais
je pense que cela m’a fait du bien d’écrire même si j’ai
du me répéter plus d’une fois.
J’espère avoir une réponse de votre part rapidement pour
me faire réfléchir. Je veux bien que mon témoignage
soit publié mais sans adresse sans nom sans rien.
Je vous remercie.
ps: qui conseillerez vous qu'il aille voir en medecin? psychotherapeute,
psychiatre, psychanaliste?
Bonjour,
Votre histoire, ou plutôt l'histoire de votre compagnon, est très
intéressante car elle montre que notre manière d'aimer
dépend beaucoup de la façon dont nous avons été
aimés (ou non) par nos parents.
Votre ami a du se construire avec, au moins, trois traumatismes : la
mort du père, le viol et l'abandon par la mère.
On peut supposer que sa réussite sociale a été
liée à une volonté de compenser, dépasser,
son enfance "misérable" comme vous l'écrivez.
De même, il n'a de cessé de vouloir construire (ou remplir)
affectivement et matériellement (il s'est marié, a eu
3 enfants, a acheté une maison, a eu une vingtaine de maîtresses
peut-être par peur du vide), tandis qu'il vous reproche de ne
pas vraiment vous engager !
Il a extrêmement peur que vous ne lui soyez pas fidèle
; il lui semble que vous n'adhérez pas à son amour même
physiquement ; il boit pour surmonter son malaise ; plus il boit, plus
il se fait des scénarios et moins il contrôle ses craintes
et puis, une nuit, la porte est fermée et il ne peut rentrer
à cause d'un simple oubli de votre part mais qui prend, chez
lui, l'allure d'une certitude qui courrait insidieusement en lui : la
trahison !
Il vient de renouer brutalement avec son passé d'enfant trahi,
trahi par son père, par son agresseur sexuel, par sa mère.
La réaction est immédiate, vive, violente, insupportable,
inexcusable, impardonnable (sauf si, vous lui pardonnez selon le chemin
thérapeutique, qu'il voudra bien suivre) mais malheureusement
compréhensible par rapport à l'histoire de cet homme ;
ce n'est pas de la paranoïa, c'est le débordement d'une
angoisse ancrée dans son enfance et qu'il a cherchée à
camoufler en construisant, en remplissant, c'est l'indicible de cet
homme qui se montre... Quand il se croit de nouveau face à la
trahison et ressent cet intolérable sentiment de perte déjà
éprouvé enfant.
Un psychologue (et si ce professionnel est en plus, psychanalyste, c'est
encore mieux) l'aidera à revenir vers son passé d'enfant
perpétuellement trahi, qui ne s'aime pas parce qu'il n'a pas
été aimé, qui a du constamment se défendre
contre le trop et le pas assez (l'enfer de l'agression sexuelle et le
désert de l'amour parental), pour qui la sensation du manque
est tellement lancinante qu'il ne se représente l'amour que fusionnel
jusqu'au rapport sexuel qu'il voudrait plus proche (faire l'amour facilite
parfois la confusion du moi et du non-moi en favorisant l'identification
à l'autre et repousse ainsi l'angoisse d'abandon). Ce professionnel
lui fera prendre conscience que tous les alcooliques ont été
des enfants trahis d'une manière ou d'une autre et lui permettra
peut-être, en désamorçant les "mécanismes"
de l'angoisse, d'en différer les symptômes voire même
de s'en délivrer.
Je n'ai pas pour habitude de trouver des justifications à la
violence (et d'ailleurs je ne justifie aucunement la violence) mais
la façon dont vous avez exposé le cas de votre compagnon,
me laisse à penser que vous devriez, comme vous l'écrivez,
"lui donner une chance" si, et seulement si, il est motivé
pour travailler psychologiquement sur son histoire familiale dont il
n'est pas responsable et s'il est d'accord pour devenir responsable
de ce qu'il va faire de cette histoire infantile.
PS : une thérapie chez un psychologue, dans le privé,
n'est pas remboursée par la sécurité sociale ;
une psychanalyse est recommandée mais fort onéreuse ;
un psychiatre est d'abord un médecin spécialisé
en psychiatrie dont les consultations seront remboursées.
Quelques éléments de documentation :
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
* http://www.psylegale.com/
Et vraiment merci, de nous autoriser la publication de votre témoignage,
dont nous vous assurons l'anonymat.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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