Elle
était nue devant lui
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Octobre 2009
Bonjour,
Je suis un homme et non une femme. Mon adresse est : makolaed@yahoo.fr.
Permettez que je vous pose les questions suivantes sur ce forum réservés
aux femmes. Depuis quelques jours je me pose un certain nombre de questions.
Ma femme vient de faire deux examens de prélèvement vaginal
en l’espace de deux semaines d’intervalle. Depuis qu’elle m’a dit que
ces prélèvements ont été effectués
par un homme (laborantin), je suis mal à l’aise. Je me sens ridiculisé
car n’ayant pas été informé avant. Si je savais
avant, je ne lui aurais pas conseillé de se présenter
nue devant cet homme que je ne connais pourtant pas.
QUESTIONS.
1- Je ne comprend pas pourquoi j’ai ce sentiment, puis-je avoir une
explication ?
2- Avec mon accord, elle consulte parfois un homme (gynécologue)
qui la déshabille tout aussi bien que le laborantin, là
aussi, j’ai aussi le même sentiment mais pas aussi fort que maintenant.
Pourquoi la nudité de ma femme vue par un autre peut elle me
déranger à ce point ? Que je sois présent ou non
à la consultation.
3- Dans d’autres circonstances, pourquoi un être humain manifeste-t-il
de la jalousie pour son (sa) conjoint(e) ?
4- J’ai interrogé ma femme pour lui demander si elle n’est pas
gênée lorsqu’elle se dénude devant un homme de santé,
elle me dit bien sûr que si, je n’ai pas osé lui demander
si elle ne prend pas du plaisir dans ces conditions. Je me pose la question
de savoir :
a. Si l’homme de santé n’est lui-même pas gêné
de devoir déshabiller ses patientes ?
b. S’il n’est pas tenté, quotidiennement, de faire l’amour avec
au moins l’une de ces patientes ?
c. Si oui, pourquoi les laisse-t-on seuls, dans une pièce, devant
une femme complètement nue ? « C’est ce qui se passe souvent
dans mon cas. »
d. S’il n’y a pas, dans ce contexte, un rapport de dominant et de dominée
(diminuée par la gêne de sa nudité, surtout dans
le cas d’un simple prélèvement où la patiente est
en possession de toute ses capacités physiques et mentales) ?
e. Si ce déshabillage ne constitue pas une banalisation de l’intimité
ou une humiliation du patient de façon générale
?
f. S’il ne fallait pas laisser aux femmes de santé (infirmières,
etc..) le soin de s’occuper de leurs homologues femmes, dans le cas
d’un simple prélèvement vaginal ?
g. S’il n’est pas possible de trouver un autre moyen où la patiente
procède à son prélèvement en toute intimité
?
h. Si le personnel de santé n’a pas trouvé là (palper
le sexe des patient(e)s) un moyen de prendre du plaisir inavoué
au nom de l’exercice de son métier ?
i. Si certain(e)s patient(e)s ne trouvent-ils (elles) pas là
aussi (se faire palper le sexe par le personnel de santé) un
moyen de prendre du plaisir inavoué au nom de l’examen médical
?
Merci de me répondre et si possible de me mettre en contact avec
des personnes qui ont les mêmes soucis que moi.
Vous pouvez publier ma préoccupation si cela est nécessaire.
Merci !
Bonjour,
Dans votre esprit résonne probablement, plus ou moins consciemment,
l'interdit "voyeuriste" et l'interdit du toucher, dont rend
compte l'expression "toucher des yeux" qui prend la valeur
symbolique d'une véritable possession de l'autre.
Et vous craignez que ces professionnels perdent leurs limites et le
contrôle de la réalité parce que le sexe est souvent
ressenti comme fascinant et dangereux à la fois et parce que
votre femme exposée au regard de ces hommes vous semble capable
de les tenter ; vous ne faites donc confiance ni à votre femme
ni aux professionnels et cela parce que vous mettez du désir
et de la séduction là où il n'y a qu'un discours
médical.
Peut-être que ce discours médical et cet acte médical
prennent une autre signification pour vous, compte tenu d'un autre discours,
celui-là social et culturel, qui prendrait sa source dans une
certaine tradition ou/et simplement aussi dans votre propre angoisse
de perte : la perte de votre épouse, la perte de sa valeur intime
puisque d'autres yeux ont vu ce qui vous "appartient" apparemment
de voir, ce qui pourrait, à votre avis, dévaloriser l'image
de votre femme.
Et si vous ressentez votre femme dévalorisée par ces actes
médicaux, peut-être est-ce vous finalement qui en êtes
blessé parce que votre pudeur est mise à mal...
Sachez que c'est encore plus pénible pour les personnes qui subissent
ces examens médicaux car, évidemment, les femmes n'apprécient
généralement guère ce genre d'actes qu'ils soient
effectués par des hommes ou des femmes d'ailleurs ; en effet,
l'examen médical du corps physiologique, de l'organe, n'a rien
d'érotique ! (Les hommes qui ont à subir des examens concernant
leur propre intimité vous diront la même chose !)
Pour se protéger de cette étrangeté de la situation,
la femme essaie de se "dissocier" un peu et je pense que le
ou la professionnelle exécutent le même exercice, qui fait
que le corps vu n'est plus signifiant qu'en tant que "constellation"
d'organes.
Le corps ainsi "chosifié" n'est pas un objet de désir
car fragmenté, il perd du sens : ne reste que le sens médical
qui est bien loin du plaisir et du fantasme !
Bien sûr, il existe des pervers aussi dans le milieu médical
mais la plupart des médecins et personnels de santé sont
dignes de respect et ne profitent pas de leur métier pour faire
acte de domination et de manipulation.
Ils sont spécifiquement formés et c'est pourquoi eux seuls
sont chargés des actes pour lesquels ils sont responsables (ce
qui exclut qu'une femme fasse elle-même son prélèvement).
Je vous en prie, ne rendez pas encore plus pénibles ces soins
de santé nécessaires pour votre femme car, assurément,
ce n'est pas une partie de plaisir !
Nous publierons votre témoignage afin que vous ayez éventuellement
des échanges avec d'autres personnes.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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