Est-ce
que ce genre de symptômes peut se soigner tout seul avec le temps
?
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Novembre 2009
bonjour,
j'ai découvert votre site il n'y a pas très longtemps
et je trouve qu'il est formidable. j'ai parcouru le site plusieurs fois
et j'ai longtemps hésité avant d'oser vous écrire.
je suis désolée par avance si je vous fais perdre votre
temps.
En fait, j'aurais quelques questions qui sont pour moi en suspens depuis
quelques années déjà. Ce serait bien si pouviez
y répondre, sinon tant pis.
alors voilà, je présente 80% à 90% des symptômes
pouvant laisser penser à un abus sexuel. le problème est
que je ne suis pas sûre réellement des causes de ces symptômes.
mes questions sont donc : est ce qu'on peut présenter les symptômes
et conséquences d'un abus sexuel sans pour autant en avoir vécu
un, ets ce qu'on peut être née comme ça ? est ce
qu'une simple humiliation peut engendrer toutes ces conséquences
? est ce qu'il est possible de soigner ces conséquences sans
en connaître réellement les causes ?
pour ma part ce qui commence à devenir handicapant, c'est la
culpabilité (sur tout et n'importe quoi), la honte (de ce que
je suis et de ce que j'ai été !), l'incapacité
à approcher un homme (les voir comme des bêtes), l'incapacité
à dire non (sinon je culpabilise), l'anxiété, la
peur de tout, le besoin de tout maîtriser... je crois que vous
l'aurez compris, je ne suis pas spécialement bien dans mon corps
(que je n'arrive pas à accepter), ni dans ma tête (je me
sens vraiment nulle). la vie est une épreuve pour moi et j'en
ai marre de me sentir toujours différente des autres. Je me sens
démunie et seule face à tout ça.
est ce que ce genre de symptômes peuvent se soigner tout seul
avec le temps ?
merci en tout cas de me lire,
une fille de 22 ans
Bonjour,
Non, ces symptômes ne disparaitront pas spontanément avec
le temps car ils traduisent une problématique qui doit être
prise en compte et peut-être interprétée.
Fouiller votre mémoire sera nécessaire pour dépasser
cette problématique qui est forcément liée à
une réalité mais quelle réalité ?
Car, si les fantasmes peuvent déguiser la réalité,
la réalité peut être aussi masquée par des
fantasmes ou des craintes apparemment injustifiées.
Et la réalité, c'est d'abord ce que vous énumérez
: honte, culpabilité, anxiété, sentiment d'exclusion...
Vous avez certainement pris connaissance de cette page, laquelle a dû
vous troubler, non sans raison http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm#amnesie
Cette page présente l'amnésie traumatique qui, dans sa
forme la plus grave, implique le refoulement en bloc de tous les souvenirs
associés à un évènement traumatique ; il
s'agit d'une réaction intense de défense face à
un traumatisme et les survivantes d'abus sexuels peuvent ainsi souffrir
d'amnésies traumatiques très graves allant jusqu'à
l'oubli de pans entiers de leur enfance et, selon Courtois in "Les
survivants adultes en thérapie" 88, certaines victimes n'ont
aucun souvenir de plusieurs années de leur vie.
Cette forme de "dissociation" extrême doit être
maniée avec précaution.
Selon Y.M. Dolan, qui propose la méthode Ericksonienne, une technique
centrée sur la solution, il existe deux situations précises
dans lesquelles il est indiqué, d'un point de vue thérapeutique,
d'aider une patiente à retrouver le matériel traumatique
qui pourrait être refoulé : lorsque la personne a déjà
commencé à se souvenir d'éléments auparavant
refoulés et lorsque thérapeute et cliente soupçonnent
fortement qu'il y a eu abus sexuel, que celle-ci souffre de symptômes
qui indiquent habituellement qu'il y a eu abus sexuel et que ces symptômes
n'ont pas réagi à d'autres formes de traitement.
Si on aide les personnes à dépasser leur amnésie,
ce n'est pas simplement pour retrouver les souvenirs enfouis mais c'est
bien dans le but, de faire disparaître les symptômes.
Parmi ces symptômes, on constate des cauchemars à répétition
représentant symboliquement l'abus, comme par exemple, des rêves
de poursuites ou de mutilations incessantes ; des troubles du sommeil
; des problèmes d'alimentation ; l'abus de drogue ; une conduite
sexuelle compulsive ; des dysfonctions sexuelles ; des attaques de panique
chroniques ; des sentiments irrationnels de culpabilité ; un
comportement d'auto-destruction ; des problèmes de concentration
dans la vie de tous les jours ; une sensibilité extrême
aux dangers extérieurs et une accentuation des divers symptômes
quand la personne est confrontée à des situations rappelant
le possible évènement initial...
Je vous invite bien entendu à consulter un professionnel qui
pourrait effectivement faire un diagnostic concernant votre état
psychologique, lequel peut faire penser à un état de stress
post-traumatique.
Ensuite et seulement ensuite, vous pourrez travailler avec ce professionnel
pour tenter de rechercher les causes de votre état et, surtout,
pour essayer de "résoudre" la problématique,
afin d'atténuer le plus possible les symptômes voire de
les éliminer.
Pour répondre à vos questions : oui, une simple humiliation
peut engendrer de telles conséquences si cette humiliation ravive
un souvenir traumatique ; non, on ne "peut pas être née
comme çà" et quant à la troisième,
relative au doute ou à la réalité de l'abus sexuel
selon les symptômes, je me garderai bien d'y répondre catégoriquement
car chaque cas doit être analysé avec soin.
Mais lisez cette page attentivement :
* http://www.sosfemmes.com/violences/violences_psychotrauma.htm
SVP, j'aimerais que vous m'autorisiez même anonymement à
publier votre message car il est riche d'enseignement...
Je ne ferai rien sans votre autorisation.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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