Petite,
j’ai été violée par mon oncle, personne ne m’a
crue
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Novembre 2009
Aujourd’hui
j’ai 56 ans.
Petite, j’ai été violée par mon oncle, personne
ne m’a cru ni ma mère ni la justice, j’ai donc gardé cela
+ de 40 ans secret, au plus profond de moi.
Cet oncle a non seulement récidivé à plusieurs
reprises mais a tué la grand-mère de sa dernière
victime qui voulait le dénoncer. Il a été arrêté,
j’ai été convoquée par la police comme toutes les
filles de la famille et déstabilisée, forcée de
dévoiler mon secret.
Au cours de cette affaire j’ai appris que je n’étais pas la seule,
ses propres filles et autres nièces ont subi le même traumatisme
sans que personne ne le sache.
Les procès ont été très douloureux et traumatisants
car il nie les faits malgré les preuves, nous sommes des menteuses
d’après lui ; cela dure depuis 3 ans et à chaque fois
on doit revivre les mêmes scènes car ils se servent de
notre vécu pour faire ressortir son coté pervers pour
le meurtre. Il a été condamné à perpétuité
plus peine de sureté de 22 ans mais a encore fait appel.
Je comprends que si lorsque les faits se sont passés on m’avait
cru rien de tout cela ne serait arriver car on l’aurait puni et condamné
et que si j’avais continué de parler au lieu de cacher dans le
fonds de ma mémoire tout cela je n’aurais pas gâché
ma vie de femme ni celles des membres de ma famille et autres.
Aujourd’hui encore et grâce aux conseils de la police, je me fais
suivre et j’ai la chance d’avoir une psy formidable qui a bien compris
mon mal être, elle m’épaule bien, est vraiment à
mon écoute et grâce à la parole, je recommence ma
nouvelle vie de vraie femme. Je me suis libérée et ne
me sens presque plus coupable.
La seule chose qui me blesse le plus c’est qu’il passe devant la justice
pour le meurtre et non pour les viols car il y a prescription et cela
ne devrait pas exister. Je me sens frustrée qu’il ne soit pas
et ne sera jamais condamné pour ce qu’il m’a fait à moi
et aux autres.
On devrait pouvoir à n’importe quel moment saisir la justice
sans restriction de date car l'acte du viol peut ressurgir de la mémoire
à n'importe quel moment et à n’importe quel âge
pour la victime.
Tout ce témoignage pour dire aux femmes victimes de viol qu’il
ne faut pas hésiter à parler encore et encore jusqu’à
ce que l’on nous croit, notre survie dépend de cette libération
à la parole.
* envoutante1@hotmail.fr
Bonjour,
Bien sûr, ce n'est pas vous qui "avez gâché
votre vie de femmes et celles des membres de votre famille et autres"
mais bien cet individu, à l'origine des crimes.
Même si, effectivement, il est important que les victimes puissent
dénoncer leur agresseur, pour elles d'abord et ensuite pour les
autres afin que l'horreur ne recommence pas, ce n'est pas toujours facile
évidemment et ce pour les raisons que vous citez : votre entourage
familial ne vous a pas crue ni la justice et aussi, souvent, la chape
de honte et de culpabilité, d'incompréhension, qui s'abat
sur l'enfant le sidère.
Votre parcours est l'histoire d'une victoire personnelle, même
si votre agresseur ne sera pas jugé pour les viols à cause
de la prescription, celle du courage et de la persévérance,
du travail thérapeutique aussi mais combien de victimes ne résistent
pas à l'ampleur de leur drame...
Je profite de votre témoignage pour rappeler qu'il est indispensable
de ne pas rester isolée et de se tourner vers des groupes de
soutien car la mémoire traumatique fait longtemps des ravages.
Concernant la prescription, une campagne s'est engagée pour demander
l'imprescriptibilité des crimes contre la personne :
* http://www.cfcv.asso.fr/
Je vous demande de bien vouloir m'autoriser à publier votre message
si utile ; vous me direz svp si je peux ajouter votre adresse...
Merci.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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