Le
pauvre, sa mère folle s’est suicidée
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en pied de message
Novembre 2009
Mme Poignant,
Dimanche, j’ai écris cela sur une feuille :
Je relis votre réponse à mon premier message (publié)
ainsi que les autres témoignages et vos infos. J’y trouve une
meilleure compréhension de ce que je ressens, de mes réactions,
de mon mal à être (morale et physique).Tout devient plus
légitime donc moins culpabilisant. Je mets enfin des mots sur
mes maux.
Même si cela est déjà beaucoup, c’est loin d’être
satisfaisant. Certes depuis 19 ans, les choses ont évoluées,
(et votre site y a contribué largement. Merci pour cela.) Mais
plus dans la théorie que dans la pratique. Partir reste difficile,
voir impossible si vous n’avez ni famille, ni argent. Porter plainte
n’est pas facile, et parfois on refuse de la prendre (et je confirme
un de vos témoignages, les femmes peuvent être plus méprisantes
que des hommes). Les médecins sont très lâches concernant
les ITT. Ne parlons pas des voisins ou proches, que vous dérangez
en criant la vérité, car eux ne veulent pas voir. Les
avocats prennent parfois à la légère ces dossiers
qui dérangent et ne rapportent pas. La cerise sur le gâteau
: les jugements, toujours en deçà du préjudice
subi. Les témoignages de votre site ne cessent de crier leurs
injustices. Il vaut mieux violer, taper, voler, …., dans l’intimité
que toucher à l’état. La sentence sera moindre voir nulle
dans l’intimité et maximum si vous avez fait la même chose
à l’état.
Il n’y pas de reconnaissance des préjudices subis dans notre
société dans l’intimité (famille, couple….) Même
si un jugement vous reconnait victime : Quel statut ? Quel prise en
charge (médical, social,….) ? Après ?????
En tant que femmes, cela est déjà difficile. Mais nos
enfants meurtris, trahis, comment peuvent t’ils se construire dans une
société qui ne les reconnait pas en tant que victime et
qui a été injuste avec eux, et qui les rejette ???? Oui,
je suis en colère aujourd’hui.
Depuis ma naissance, je vis refermée sur moi-même, ne pouvant
partager mes souffrances, culpabilisant, ne comprenant pas ce que je
subissais, m’en voulant. Depuis la naissance de mon fils, j’ai tout
fait pour le protéger de ce que je vivais, je n’ai pas reproduit
le schéma familial (pas de violences de ma part, du dialogue…).
Je l’ai lui aussi amené consulter pour qu’il ait un lieu de parole.
Lorsque j’ai perdu pied (quand j’étais victimes de violences
par mon proprio et mon colocataire), j’ai (avec l’aide de l’assistante
sociale du lycée Mme D., dont je vous ai parlé) demandé
une mesure pour qu’il soit accompagné par un éducateur.
Cette procédure a été longue et épuisante
et avec peu de résultat (et pour moi ce fut une épreuve
de plus). C’est un enfant déclaré précoce, ayant
un père absent et manipulateur, seul avec sa mère, ayant
protégé sa mère avec un couteau, qui entend la
justice déclaré l’agresseur « relaxé
au bénéfice du doute », qui voit les policiers dirent
« ce n’est pas notre problème », quand deux hommes
s’attaquent à nous, qui se retrouve en internat, avec des profs
qui pensent qu’il manque de volonté !!!! Alors que lui répondre
quand il me dit que la vie ne nous fait pas de cadeau, qu’on ne peut
compter sur personne, et encore moins sur les gens qui sont sensés
nous aidés (famille, police, justice, assistance sociale…………)
??????
Bien sûr, je lui rappelle les beaux moments que nous avons vécu,
qu’il y a des gens qui l’aiment (amis), lui dit qu’après la pluie,
il y a toujours le soleil, que la vie peut être très belle,
que je l’aime…… Mais le soleil n’est pas là. Et moi, j’accuse
les coups en essayant de lui cacher des tas de choses qui ne le concernent
pas, en souriant. Mais c’est de plus en plus dur, mon cœur saigne. Toutes
ces douleurs refoulées créent une hémorragie interne.
Je suis à bout de force. Lundi, je me fais à nouveau opérer.
Il reste encore plusieurs semaines de soins pour mon fils suite à
son opération. Je ne parle pas de tout les aléas de la
vie qui ne m’épargnent pas (panne voiture, puces de plancher,
puis puces de nourriture, plus de CMU, pas de RSA car je ne suis pas
active, IJ pas payées car problème informatique et j’en
passe…..) Quand je demande de l’aide, on me répond : On verra
quand vous irez mieux ! Mais je n’irais pas mieux avec les huissiers,
la mesure d’expulsion et l’impossibilité de travailler. De plus
on me refuse toute prise en charge pour les soins post traumatiques.
Concrètement, mon message est aussi un appel au secours. J’ai
peur de commettre l’irréparable. Je tiens difficilement debout,
malgré le travail sur moi. Je m’écroule. J’ai déjà
tenté à plusieurs reprises de me suicider. Et je sais
que cela c’est produit dans un moment de désespoir, la goutte
d’eau qui fait déborder le vase… La plupart du temps, j’ai tenu
pour mon fils. Aujourd’hui, me vient l’idée que sans moi, il
serait aidé (et vous savez que c’est une réalité)
: le pauvre, sa mère folle s’est suicidé !!!!Après
le deuil, il ne s’inquiéterait plus pour moi. Nous sommes Jeudi
soir. La situation s’empire. Des tas de choses remontent à la
surface(abus de médecins etc…) L’opération approche. Les
connaissances s’éloignent. Et je l’avoue l’absence de réponse
de votre part (même si je comprends que vous soyez occupée)
me renferme un peu plus. J’ai fait vraiment beaucoup, même si
aux yeux des autres, ce n’est rien. Et puis peut être que mon
destin n’était que de témoigner et de mettre au monde
un fils merveilleux. Je ne sais pas ce qui m’attend demain.
S’il vous plait, continuez.
A bientôt, je le souhaite. Laure
laurecoquelicot@laposte.net
Bonjour,
Laure, je ne sais pas si c'est votre véritable prénom...
Votre précédent message date du 29/10 et j'y ai répondu
le 30/10, je n'en ai pas reçu d'autres depuis, sauf celui d'hier
auquel je réponds aujourd'hui.
Je regrette d'être impuissante à soulager votre détresse
physique et morale et c'est vrai que l'une influe sur l'autre et réciproquement.
J'ose vous dire que, quand vous en aurez terminé avec les ennuis
de santé, peut-être retrouverez vous un peu de forces encore,
même si elles ne vous ont jamais réellement quittée
jusqu'à maintenant, pour lutter et lutter encore contre les obstacles
qui jalonnent votre chemin.
J'ose vous dire encore que non, au grand jamais, votre fils ne sera
pas plus heureux et aidé si vous renonciez à vivre.
Imaginez le choc du vide qu'il éprouverait...
La situation est dure et vous préservez votre fils au mieux.
Mais je vous sens de plus en plus isolée et j'espère que
la publication de vos messages pourra vous aider.
J'aimerais que vous continuiez à écrire, le temps que
vous puissiez trouver un groupe de paroles, à proximité
de votre domicile. Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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