Comment
accepter ses critiques ?
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Février 2010
Bonjour,
Je vous ai déjà écrit a deux reprises au cours
de ces 5 dernières années, mon mari est de temps en temps
violent, cette violence est croissante.
En décembre, il m’a battue, nous étions dans l’atelier,
seuls. Et 4 jours plus tard, j’ai fait de même sur mon fils de
9 ans!
Vous ne pouvez imaginer mon sentiment de culpabilité ! je n’arrête
pas d’y pense depuis, je n’ose pas en parler a mon fils. Je voudrais
qu’il me pardonne, mais je ne veux pas qu’il trouve ça normal,
je voudrais qu’il me réponde qu’il m’en veut, que la page ne
sera pas tournée comme ça, simplement. Chose que je fais
tous le temps avec mon mari. Je ne sais pas comment aborder le sujet,
j’ai si peur et tellement honte.
Trois jours plus tard, mon mari remet la chose, mais pour la première
fois devant les garçons. Avec étranglement, coup de pieds
quand je suis parterre, crachat…
Quelle image ont-ils de moi maintenant ? ils font comme si rien ne s’est
passe. Mais je sais que quelque chose s’est passé, car je l’ai
vécu.
Mon mari refuse d’en parler. Il dit que je provoque les choses, tout
le temps. Est-ce vrai ? il est tout le temps déçu de moi,
que je ne le seconde pas assez, qu’il est seul.
Finalement on a eu une conversation, je lui ai signifie que je ne voulais
pas continuer comme cela, que je voulais une relation gratifiante. La
conclusion c’est qu’il ne tenait qu’a moi pour que ça fonctionne.
Est-ce vrai ? vais-je y arriver ? vais-je réussir a accepter
ses critiques et les prendre positivement ? ou est-ce que tout va recommencer
? dois-je rentrer chez moi et avouer a tout le monde que ma vie est
loin d’être le rêve que je prétends vivre ?
Toutes ses questions sont évidemment rhétoriques, je n’en
attends d’ailleurs aucune réponse. Je suis inquiète sur
l’équilibre mental de mes enfants, ils paraissent ne pas être
affectés par tous cela. Mais dans le futur qu’en sera-t-il ?
dans leur relation avec les autres ?
Salutation,
O. vilolibo@yahoo.fr
Bonjour
O,
Nous avions en effet longuement communiqué ensemble et je suis
vraiment désolée que nos discussions n'aient pas eu l'effet
escompté, c'est à dire la prise de conscience chez vous
que la violence de votre époux ne peut, en aucun cas, trouver
une justification ni de son point de vue à lui ni dans votre
comportement à vous : la violence est un pis-aller ou pire une
volonté de dominer l'autre sans souci du moindre respect.
Votre mari ne vous respecte pas : il agit avec vous comme si vous n'étiez
pas un individu à part entière, comme si sa femme ne méritait
pas considération.
Même si vous commettez par exemple des erreurs dans vos tâches,
ce qui peut arriver à tout le monde et à lui aussi, il
n'a pas à vous "corriger" car il n'en a pas le droit
: vous êtes égaux, vous n'êtes pas sa subalterne
et, même s'il estime que vous occupez une position subordonnée,
il n'a pas le droit de vous mépriser et de vous frapper.
Malheureusement, vous tendez à reproduire le schéma qu'utilise
à votre égard votre époux sur votre fils : énervée
sans doute, vous avez perdu votre contrôle et l'avez frappé
; vous n'auriez pas fait la même chose par rapport à une
autre personne ; vous avez agi ainsi parce qu'il s'agissait d'un enfant
et que vous avez un certain pouvoir sur lui...
Heureusement, vous avez perçu immédiatement votre erreur
et vous comprenez bien que ce mode de réaction n'est pas approprié.
Il faut, de la même façon, que votre mari comprenne aussi
que sa conduite n'est pas appropriée.
Je ne vous encourage absolument pas dans votre objectif qui serait de
"réussir à accepter ses critiques et les prendre
positivement" mais je vous conseille d'affronter la réalité
: oui, votre vie n'est pas le rêve que vous prétendez vivre.
Il est urgent de protéger vos enfants de la violence de leur
père, même si cette violence ne se manifeste pas à
leur encontre ; vous avez raison de vous poser des questions quant à
la représentation qu'ils ont du couple parental, de votre position
dans le couple, de la violence dont ils sont spectateurs.
Le fait qu'ils fassent "comme si rien ne s'était passé"
ne doit pas vous rassurer.
Osez leur parler de ce qui est inacceptable avant qu'ils n'intériorisent
ces schémas dans leur personnalité.
Et consultez un médecin pour eux et pour vous.
Ne pensez pas que le temps va arranger les choses...
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
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