Je
sais que ma fille a souffert
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Mars 2010
Bonjour,
Je suis une femme d'un peu plus de 40 ans.
Aujourd'hui, je suis heureuse, mais j'ai besoin de vos conseils pour
m'aider à faire face à une situation qui est la conséquence
de la relation que j'aie eue avec un homme durant près de 5 ans
et qui s'est terminée voici plus de 2 ans.
Durant près de 4 années, j'ai vécu une situation
de violence conjugale surtout psychologique. Physique également
mais dans une moindre mesure.
Après une lente prise de conscience devant des situations inacceptables,
avec l'aide de la police (où j'ai été bien accueillie),
l'aide de mon médecin et enfin le soutien de sos femmes, j'ai
réussi à mettre un terme à cette relation. Le harcellemment
a ensuite duré plusieurs mois. Mais j'ai trouvé la force
de ne jamais répondre et j'ai eu la possibilité de couper
petit à petit tous les liens (amis, relations etc.. qui me reliaient
à cette personne).
Durant cette période, nous étions trois au foyer. Il y
avait également ma fille âgée de 13 à 17
ans. Mon enfant a souffert de cette situation car je n'ai pas toujours
été en mesure de l'épargner des menaces, des cris
et sans doute encore plus que tout de ma profonde tristesse et de mes
pleurs. Pendant un certain temps j'ai été comme immobilisée,
incapable de réagir, complétement abattue.
Aujourd'hui, j'ai pu reconstruire ma vie. Ma fille a quitté le
foyer et vit heureuse avec son copain. Par contre et bien que l'on aie
toutes les deux et séparément fait un travail d'accompagnement
pour nous "tranquilliser" après ce moment de notre
vie, aujourd'hui ma fille me reproche très souvent cette période
douloureuse.
Je le comprends car je sais qu'elle a souffert, qu'elle a essayé
de me protéger, qu'elle est resté près de moi parce
qu'elle avait peur pour moi. Je culpabilise beaucoup de lui avoir fait
subir cette situation.
Mais je ne peux pas revenir en arrière. Et dès que nous
ne sommes pas d'accord, parfois pour des choses bégnines où
qui n'ont rien à voir avec le passé, elle me reproche
de ne pas avoir été responsable, ni une bonne mère,
ni d'avoir su la protéger.
J'aime ma "petite" fille et je sais qu'elle aussi car elle
le dit à ma propre mère (sa mamie). Mais je ne sais pas
comment faire face à ses reproches qui réveillent en moi
tant de douleurs. Je ne sais plus comment lui parler, je n'ose plus
lui parler j'ai honte et cela me rend très triste.
Voila merci pour vos conseils qui me permettront peut-être de
"relativiser".
Bonjour,
Malgré une adolescence douloureuse, votre fille vit heureuse
avec son copain et c'est aussi une de vos victoires, preuve que vous
ne vous êtes pas "incorporée" son psychisme lui
permettant ainsi de construire sa vie.
Quand vous étiez "immobilisée, incapable de réagir,
complètement abattue", sans doute que votre fille a pris
soin de vous, vous protégeant peut-être même si ce
n'était pas son rôle, sans doute a-t-elle acquis durant
cette période une représentation du lien mère-enfant
très forte où elle avait une large place ; maintenant,
vous voilà "revenue à la vie", relativement
déchargée de cette douleur qui vous paralysait et prête
à faire de nouvelles expériences : vous êtes une
nouvelle femme et votre fille, parce qu'elle a grandi, est devenue aussi
une femme tout en restant bien sûr "votre petite fille".
Et il est tout à fait normal, qu'elle voit dans cette nouvelle
femme que vous êtes, un moyen de projeter ses propres fragilités
mais rassurez vous, il en va de même pour quasiment tous les couples
mère-fille.
Chez vous, cette forme de relation critique mère-fille, vous
sensibilise plus parce que justement vous vous sentez coupable de ne
pas avoir été "à la hauteur" durant ces
années difficiles.
Vous ne le pouviez pas ; vous avez fait ce que vous avez pu et votre
actuelle renaissance tend peut-être à irriter votre fille
d'autant plus qu'elle n'est pas à l'origine de cette renaissance
; c'est un homme qui vous accompagne maintenant ; alors, il y a peut-être
bien une pointe de jalousie, d'amertume mais qui ne doit pas vous alarmer
plus que çà.
Dites lui simplement que vous avez bien conscience que vous n'avez pas
été et que vous n'êtes pas parfaite (une mère
parfaite n'existe pas ou pire serait profondément pathogène),
que bien sûr vous auriez aimé "mieux" réagir
surtout à son égard, vous montrer plus "forte"
mais que vous étiez dans l'incapacité de le faire, que
vous regrettez de n'avoir pas pu lui assurer une ambiance plus légère
et facile mais que vous étiez au fond du gouffre et que, sans
doute, vous y seriez restée s'il n'y avait pas l'amour de sa
petite fille.
Mais ne vous prosternez pas, vous n'avez pas à culpabiliser plus
et la vie lui montrera à cette petite-fille, que l'on ne fait
pas toujours "bien" ce que l'on veut !
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonjour,
Je souhaitais simplement vous remercier pour votre réponse du
18 janvier et pour l'apaisement qu'elle m'a apporté.
Cordialement
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