Comme
un arbre dans la vie
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Mai 2010
Le tronc
d'un arbre a été gravé. Il garde la trace de cette
entaille sa vie durant. D'abord fraîche, la marque dans le bois
va se refermer progressivement, un peu mais pas complètement.
Pourtant, l'arbre a une écorce, solide.
N'importe qui peut voir cela et le comprendre. C'est palpable, matériel.
Pour une personne viole...ntée, il en est de même que pour
l'arbre. C'est cependant moins palpable ...
Déjà pour la victime. Les coups - quand ceux, physiques,
ont disparu - sont dans l'âme, parfois refoulés. Douloureux
à accepter, à accueillir. Pourtant, c'est ce qu'il faut
faire.
La part souffrante en soi - je dis bien "en soi" - est. La
volonté n'y peut rien. Cette part est, comme la gravure dans
le tronc de l'arbre. La nier ne sert à rien. Si le conscient
met des barrières, l'inconscient se charge de laisser s'exprimer
la souffrance (cauchemars, actes manqués, somatisations, etc.).
C'est un temps à passer, pénible car il suppose des réminiscences
d'émotions, de souvenirs désagréables. Mais il
permet de les mettre en mots, de s'écouter et donc de se respecter.
Pour l'entourage aussi, qui n'a pas vécu de violences, il peut
être difficile de comprendre, de percevoir la part souffrante
de la personne violentée - d'autant plus si cette dernière
est dans le refoulement.
Il faut savoir que cette part est là, apprendre à la voir,
l'accepter aussi comme une reconnaissance ( la nier, c'est nier la personne
violentée. C'est déjà une marque de tendresse,
si nécessaire après une agression).
Il ne sert à rien de demander à la personne de faire comme
si de rien n'était ... "avec le temps va tout s'en va"
: ce ne sont que les paroles d'une chanson.
Comme pour le tronc de l'arbre, les blessures ne s'en vont pas avec
le temps : elles s'intègrent à la personne, vont finir
par faire partie de sa vie mais cela demande de l'acceptation, qui ne
se décrète pas (d'autant plus après des violences
qui ont été imposées, subies, contre la volonté
de la victime).
La violence n'est pas dans la nature d'une personne agressée.
Comme c'est le cas pour l'arbre. Ce dernier ayant la chance d'avoir
une écorce, peut-être ...
Anne-Marie
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