Il
n'y a pas d'amour sans violence
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Juin 2010
Bonjour,
Je fais la démarche aujourd’hui de vous contacter, je pense être
à un niveau de stress et d’angoisse à ce jour, qu’il me
faut des conseils.
Je vous résume mon histoire.
Je suis divorcée et séparée depuis janvier
2008, au mois de juin j’entreprends une relation avec un homme que je
connaissais dans mon entourage, absolument pas prête à
reconstruire quelque chose tout de suite, je lui précise la légèreté
de la relation que je veux entretenir avec lui, je le sens très
investi et renaître de notre relation. Il s’investit, il est heureux,
fougueux… je m’investis pas autant que lui, car dès que mon ex-mari
apprend ma relation, je rentre dans un conflit permanent avec l’ex mari,
harcèlements morals, menaces, pression sur moi-même, et
manipulation avec les enfants, il ne les épargne pas, mon
compagnon vit cela en live et subit tout comme moi la pression.
La relation avec mon compagnon est compliquée, nous sommes bien
mais de manière sporadique, je vois des traits de son caractère
s’affirmer, il est possessif, il est jaloux, égocentrique… on
rompt à plusieurs reprises, mais comme ma relation avec mon ex
est difficile, je trouve par moment le réconfort avec lui.
Dans des excès d’humeur, il m’agresse physiquement, des gifles,
toujours en expliquant que cela endurci, que la vie c est cela, que
c est normal, il exerce un réel travail psychologique sur moi,
il a l’art et la manière de me culpabiliser, si il est comme
cela c est parce que je l ai poussé à commettre l’acte.
C’est un homme qui s’est être très attachant, il donne
tout, l’exclusivité, il est « trop » dans
tout….
Voyant que rien n’est envisageable avec lui, je romps le 12 décembre
2009 définitivement. Il me supplie de rester son amie car il
n’a ni famille, ni amis…. il est seul, je sais pertinemment que ce n
est pas une bonne idée, mais il insiste en me précisant
qu’il avait compris que c’était fini et qu’il avait besoin de
ça.
Il est toujours là, il m’appelle beaucoup, comme amie me dit’
il, ce vendredi 05 mars, après une soirée avec mes amies,
il m’a attendu dehors en face de chez moi, il était caché,
je rentre mon véhicule dans mon garage, je vois une ombre, c’est
lui ! il referme le garage, et me demande de sortir de ma voiture
et de ma mettre dans le canapé, j’ai lu sur son visage la colère,
la rage, l incontrôlable, il insiste pour que j’aille m’asseoir,
ce que je fis, il m’a demandé où j’étais, avec
qui….et m’a donné une gifle monumentale, puis une deuxième,
m’attrape par le cou, me traine par les cheveux dans ma maison…tout
en hurlant où j’étais, qu’est ce que je faisais…
Ce fût l’enfer, il dit que c’est parce qu’il m’aime trop, il n’y
a pas d’Amour sans violence, il va chercher un pain de glace pour me
l’appliquer sur l’œil, je ne comprends pas pourquoi, il insiste en disant
qu’il fallait faire ca sinon ca allait se voir, je vais voir à
la glace et je vois mon œil ..enflé, violé…l’horreur,
il ne s’attendait pas à cela, il avait laissé ses gants
de moto, et avait pris soin de me mettre dans le canapé pour
éviter toute traces….il repart vers 6 heures du matin.
Je suis allée aux urgences faire constater, 2 ITT, puis j’ai
déposé plainte. Je suis choquée d’un tel acte,
je pense que je l’aimais encore, je lui en veux qu’il m’a fait aussi
mal.
Il tente de me recontacter en toute décontraction, il insiste
pour me parler, je ne réponds pas, une amie dort chez moi le
samedi, le dimanche je ne reste pas chez moi, pour rentrer tard en soirée,
être sûr de ne pas le voir, il a appelé, il a été
chez moi.
Dans la nuit de dimanche à lundi, 00h30, j’entends mon volet
s’ouvrir, il sonne, je descends pour prévenir la police, il est
passé par derrière, il me voit et a cassé le carreau
pour rentrer, il veut parler, je lui dis que j’ai porté plainte,
il est très étonné, il croyait que j’étais
resté enfermé chez moi depuis 2 jours !!!
Il banalise totalement la gravité de son acte, pour lui c est
normal, pas d amour sans violence….
Je vis dans la peur, l’angoisse de le voir surgir chez moi, pas de nouvelle
depuis ce dimanche et hier il tente de reprendre contact, je ne réponds
pas, il contacte mon amie pour lui dire que je n ai plus rien à
craindre, il ne viendra plus, mais il ne veut pas que je l’ignore.
Il est venu chez moi hier soir, car il veut à tout prix prouver
par a+b que tout ca c est de ma faute, il se fait des films, invente
des choses….il était énervé
Il a eu une enfance difficile, sa mère est morte, il avait 15
ans, du à l’alcool, son père l’a mis dehors, il avait
16 ans, livré à lui-même, il a tenté bien
que mal à s’en sortir, à fond dans le sport, il ne boit
pas, ne fume, donne une image de lui d’un homme qui a vécu, qui
connaît la vie et ses difficultés, il s’aime bcq, très
psychologue, analyse beaucoup les gens, les conseille même, il
travaille dans le monde de la nuit, il est videur dans un Bar Pub, toujours
confronter, à l’alcoolisme des gens, les agressions, les divorces,
les adultères…les tristesses des gens, il a perdu un frère
à l’âge de 30ans, dont je pense ne s’en ai jamais remis….il
se dit être un écorché vif !!!!!!
Est-ce une raison ? non…
Comment dois je agir face à lui, j ai coupé tout contact,
mais je sais qu’ il va tout faire me voir, il habite à 3 kms
de chez moi.
Merci de votre patience à me lire, c est long, je m exprime pas
toujours bien….
Merci pour vos conseils.
F.
Bonjour,
C'est sans doute vrai, qu'il est un "écorché vif"
en proie à ses fantômes de l'enfance, à ses craintes
de désamour et d'abandon, d'où son état d'esprit
possessif, jaloux, égocentrique, ses émotions incontrôlées,
ses colères, ses actions impulsives qui font qu'il a tendance
à utiliser la "partenaire" comme une "prothèse".
Le problème justement, c'est qu'il ne semble pas avoir vraiment
pris conscience de sa problématique personnelle, puisqu'il pense
encore qu'il "n'y a pas d'amour sans violence" : il tend en
effet à normaliser ce comportement ; or, ce comportement est
la traduction de ses tourments intérieurs non véritablement
abordés, élaborés ; ce comportement est un symptôme
qu'il feint de ne pas comprendre et qu'il "légitimise"
presque, tout en se disant "écorché vif", donc
plein de plaies qu'il faudrait soigner.
Cet homme se débat dans une souffrance psychique que paradoxalement,
il tend à entretenir parce qu'il ne prend pas la décision
de revisiter réellement l'enfant blessé qu'il était,
pour lui permettre d'acquérir une image saine, sans crainte de
décevoir, de déplaire et d'être abandonné.
En se montrant quelque peu "orgueilleux" dans son approche
des gens (il connaît la vie, ses difficultés etc...), il
oublie sa propre image dépréciée qui le hante même
inconsciemment.
S'il avait simplement une image "saine" de lui, c'est à
dire ni orgueilleuse, ni dépréciée, il pourrait
mieux supporter les contrariétés, les frustrations, les
déceptions, les attentes sans "se sentir à chaque
fois ébranlé dans ses fondements", ce qui le pousse
à réagir d'une manière impulsive.
Vous n'êtes ni sa maman, ni son infirmière, ni sa prothèse
mais jusque là, vous étiez pour lui un "objet"
d'amour et maintenant de rage.
Vous avez tout à fait raison de rompre et d'essayer de maintenir
le plus possible une distance "absolue".
Vous me demandez comment maintenir cette distance car vous redoutez
(non sans raison) ses intrusions intempestives.
D'abord vous avez porté plainte et vous devez absolument maintenir
cette plainte.
Ensuite, vous lui ré-affirmez votre volonté de cesser
tout contact avec lui et vous ne cédez pas (même dans le
cadre d'une éventuelle "amitié" car cela ne
sera pas possible).
Vous pouvez cependant lui écrire une lettre, dans laquelle vous
le valorisez sur certaines de ses qualités (il doit en avoir)
tout en lui expliquant que sa personnalité "d'écorché
vif" dont il se pare lui-même ne vous convient absolument
pas, même si vous êtes parfaitement consciente que cette
personnalité est liée à ses souffrances passées
mais que malheureusement il transporte toujours avec lui ; vous lui
assurez, que vous n'êtes absolument pas d'accord sur son principe
qu'il n'y a pas d'amour sans violence et qu'il sera strictement impossible
pour vous d'envisager une relation sous de telles perspectives.
Vous l'encouragez à réfléchir et à prendre
en compte ses souffrances tout en lui indiquant que d'autres modes d'expression
de ces souffrances intimes peuvent être envisagées mais
que vous ne voulez pas être sa thérapeute et encore moins
sa victime à l'égard de laquelle s'expriment indirectement
les réminiscences du passé.
Concrètement, s'il vous poursuit toujours, faites appel à
une association d'aide aux victimes de votre département :
* http://www.annuaires.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10089
Montrez lui, votre détermination à vous faire respecter,
à faire respecter vos droits.
Insistez sur le fait que vous n'êtes pas isolée et que
vous avez des recours.
Ayez toujours un numéro de téléphone à disposition
pour appeler les secours.
Et ne cédez jamais à ses supplications!
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
Bonjour Mme Poignant,
Après
lecture de votre message, je tenais avant tout vous remercier pour la
patience à me lire et la réponse à mes questions.
J'étais
"admirative" face à cette analyse, cette synthèse
si juste, si réelle à l'égard de mon histoire.
J'ai bien compris vos propos, le discernement, ces mots face à
des situations, des douleurs.
Avec le
recul, cela fait maintenant 3 semaines que tout cela s'est produit,
je suis plus calme, plus sereine, je pense qu'il a compris, malgré
quelques tentatives à vouloir me contacter, me communiquer encore
sa protection, c'est terminé maintenant, j'applique avec rigueur
mes distances, et pas de relationnel.
Je suis
triste pour lui, car tout ce qu'il lui arrive n'est pas de sa faute,
mais je pense et comme vous le précisiez dans votre message,
il ne se remet pas en question!!! Je tâcherais, plus tard, de
lui écrire un courrier et essayer de lui faire passer un message.
Encore
merci pour le temps que vous avez pris à répondre à
mon message.
Bien sincèrement
f.
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