Tout
me revient en pleine figure
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Juin 2010
Bonjour,
Tout d'abord merci pour votre site.
Il y a des jours comme ça ou tout me revient en pleine figure.
Je ne sais plus trop quoi penser. Je me sens perdue.
Il me semble que parfois il faille que ça sorte. Que le vase
est trop plein trop rempli. Et puis il y a ce vide. Ce on ne sait pas,
toutes ces questions sans réponses et en suspens. Pourquoi et
pourquoi ? Est-ce que si ? N’est ce pas plutôt ?
Et puis à nouveau, le tourment de questions. Il y a aussi le
il faut que ça cesse. Se reprendre, se raisonner, s’accrocher,
foncer, dépasser et avancer. Mais pourquoi est ce que je n’y
parviens pas ? Le prix c’est à moi de la payer pas aux autres,
ne me reste plus qu’à lutter. Mener le combat, le mener seule.
Plus rien ne me viens je me sens bien vide. J'ai cette impression d'être
en perpétuelle bataille. Je voudrais tellement être
comme les autres filles de mon age, me sentir à l'aise avec les
hommes, sans cette méfiance démesurée. Je ne veux
pas m'apitoyer. Mais la faut que ça sorte je ne peux plus. Pourquoi
ais je été si faible? Si absente, dénuée
de toute réaction, sans comprendre ce quil me faisait? Jai eu
l'impression de le repousser de ne pas avoir été entendue.
Mais si finalement était-il vraiment fatigué et n'avait
pas entendu mes non, mes réactions qui voulaient dire non? Me
suis je vraiment bien exprimée? Plus de deux années
ont passé et je me sens encore envahie par l'angoisse, rongée
par la culpabilité.
Mes proches mont reproché ma trop grande gentillesse et naiveté.
Je sais qu'ils ont raison. Plus jamais ils n'ont réabordé
le sujet. Je dois avancer sans eux. Je dois avancer en sachant que je
les ai profondémment déçue. J'entreprend une thérapie
la semaine prochaine mais comment parvenir a dire cela? Jai bien peur
de baisser les bras. Encore une fois. Merci d'avoir pris le temps de
me lire.
Cordialement.
R.
Bonjour,
Vous avez été violée et vous vous reprochez, comme
bien des victimes, de n'avoir pas pu vous défendre tout comme
aujourd'hui vous vous reprochez de ne pas pouvoir vraiment sortir de
l'épreuve...
Vous estimez que vous seule avez un prix à payer, pour votre
naïveté, pour votre vulnérabilité.
Est-ce qu'une victime doit s'excuser d'avoir été victime
de son agresseur ? Est-ce qu'une victime qui est selon le dictionnaire
"une personne qui subit les tourments, les injustices de quelqu'un"
peut avoir une quelconque responsabilité dans la volonté
de domination "haineuse" qui vient de son agresseur et qui
pousse cet agresseur à faire fi de son être ?
Et donc à ne pas entendre vos dénégations, votre
désaccord...
Il vous a bien entendu, il a bien compris mais a choisi de passer outre
et de satisfaire son envie.
Ainsi, il a sacrifié votre "être".
Malheureusement, aucune victime n'a suffisamment de puissance, pour
pouvoir "désarmer" un individu qui veut faire du mal
et qui trouve du plaisir à vaincre une autre personne.
Vous n'aviez pas non plus ce pouvoir et le fait de vous reprocher votre
vulnérabilité est bien naïf justement !
Je pense que vos proches ne peuvent vous aider car eux-mêmes sont
désarmés et mal à l'aise par rapport à votre
désarroi ; leur réaction est une forme "polie"
de se dégager de toute pression.
Ne pensez vous pas que vous devriez plutôt entreprendre une thérapie
?
Dans l'attente,
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
Bonsoir
madame,
Je vous remercie d'avoir pris le temps de me répondre.
J'avoue être quelque peu déboussolée par votre réponse.
Mais ça fait du bien d'être entendue. Merci.
J'ai essayé il y a un an d'aller dans un cmp. J'y ai d'abord
rencontrée une assistante sociale a qui il a fallu raconter.
J'ai eu ensuite rdv avec un psychiatre a qui on avait omis de transmettre
le dossier. Il a axé sur mes problemes de troubles alimentaires
que jai depuis l'adolescence. Ce n'est pas de cela dont je voulais parler.
J'ai pas pu lui raconter ou juste le début et la il ma dit que
j'avais l'air d'aller bien. Devant partir en congés il ma dit
de rappeler pour prendre rdv si je le voulais deux mois apres. J'ai
abandonné. Je me sens comme une automate quand j'en parle. Je
me sens honteuse et mal a l'aise. C'est peut etre de l'orgueil finalement
je ne sais pas...
J'ai il est vrai du mal à me considérer comme "victime"
ou alors victime de moi même, de ma fragilité à
ce moment la. J'envisage de m'éloigner de ma famille en partant
faire mes études à l'étranger, j'espere que cela
me permettra de prendre un peu de distance par rapport à tout
cela et peut être aussi à reprendre un peu confiance...
Cordialement.
R.
Bonjour,
Il ne s'agit pas d'orgueil mais de honte et la honte n'est pas forcément,
simplement, de l'orgueil blessé !
La honte est le signal que des ré-aménagements, tant internes
qu'externes, sont nécessaires au niveau de la question de votre
identité.
Peut-être que votre idée de vous éloigner de votre
famille pose justement la question de votre appartenance (et de sa "valeur")
à ce groupe familial ? Ainsi, peut-être ressentez
vous comme cruel un manque d'adhésion de la part de cette famille
vis à vis de votre personne, peut-être n'adhérez
vous plus vous-même aux "valeurs" de votre famille ?
Quand vous parlez d'une réaction d'orgueil, vous faites sans
doute référence que fait que votre propre image ne vous
satisfait plus et va à l'encontre d'une certaine image "idéale",
d'où une crise identitaire ?
Ce qui est certain, c'est que vos parents n'ont pas manifesté
d'empathie à vos souffrances, à vos attentes et leur absence
de réponse "soutenante" face à votre ressenti
émotionnel a contribué à votre propre dévalorisation.
Vous exprimez de la culpabilité face à votre naïveté
qui a entrainé, d'après vos parents, l'agression dont
vous avez été victime et vous semblez vous attacher à
cette idée de faute : croyez vous franchement que les choses
dépendaient de vous et que vous étiez "maitresse"
de la situation ?
Voulez-vous être publiée dans notre espace "échanges"
afin de recevoir d'autres avis?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Bonjour,
Effectivement je crois le "jugement" de mes parents
à mon égard m'a beaucoup blessée. Ce fut un deuxième
"choc".Je ne dois plus attendre d'avoir de leur soutien. Parallèlement,
je comprend que pour des parents ce puisse être douloureux et
difficile à gérer c'est pourquoi je préfère
opter pour l'éloignement. Avec la distance je ressentirai sans
doute moins ce poids familial.
Oui j'accepte que vous publiiez ce qui vous semble pertinent ainsi que
mon adresse email.
Cela fait du bien d'avoir pu poser des mots sur des ressentis. De tout
coeur merci.
rosal@laposte.net
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