Je ne sais pas si je dois lui en parler
Email
en pied de message
Janvier 2011
bonjour,
je vous écris car aujourd'hui je suis perdue, je ne sais plus ni quoi, ni comment faire.
j' ai été violée , il y a 8 ans par trois hommes . aujourd'hui j'ai vingt ans, j'ai pris ma revanche extérieurement mais pas intérieurement. je ne peux oublier tout çà. j'ai essayé par beaucoup de moyens certes pas tous recommendables (drogues alcool, médicaments et j en passe ), j ai vu plusieurs psychologues et psychiatres mais celà reste pour moi un échec.
aujourd'hui je travaille en tant que candidate élève éducatrice.j'ai un compagnon depuis plus d un an , je l'aime énormément mais il n'est au courant de rien . je ne sais pas si je dois lui en parler ou pas j ai peur qu'il s'en aille qu'il ne me voit pas comme il me voit à ce jour, j ai peur de tout gacher, je voulais savoir si des personnes ont vécu la même chose que moi, et qu'ont elles fait? je me retrouve dans une véritable impasse, je ne vois pas d issues pourtant je sais que cela change quelque chose a mon couple et ce mal me ronge un peu plus chaque jour. je n' apprécie pas le fait de lui mentir mais est ce vraiment la bonne solution de lui en parler sachant que tous mes "ex" compagnons sont partis et ont changer leur attitude vis à vis de moi , ce qui n' a fait qu'accroître encore plus mon mal être intérieur.
si vous avez des conseils, je suis preneuse..
en vous remerciant par avance.
Bonjour,
Pour que vous receviez des réponses, des orientations d'autres victimes, je vous propose de publier votre message dans notre espace "échanges", avec peut-être un mail anonyme, si vous le souhaitez :
* http://www.sosfemmes.com/faq/faq_menu.htm
Quand vous écrivez que vous avez pris "votre revanche extérieurement mais pas intérieurement", je fais l'hypothèse, que vous avez essayé de porter un masque en ce qui concerne la blessure profonde imposée par le viol.
Peut-être, avez vous réuni vos forces pour "faire semblant" d'aller relativement bien, comme si vous réussissiez parfois (mais avec l'aide de substances cependant) à vous dissocier de cette jeune A. qui souffre et ne sait que faire de ses souffrances ; alors, vous tentiez de vous dissoudre avec elles par le biais de substances psycho-actives qui fragmentaient votre temps et produisaient un clivage au niveau des émotions, des affects, amenuisant les humeurs négatives, suspendant temporairement la souffrance et les sensations déplaisantes mais qui, une fois leur principe actif terminé, vous laissaient à nouveau avec ces souffrances incrustées en vous.
Vous semblez y avoir renoncé parce que justement vous avez compris que cette pratique ne vous "guérissait" pas de vos souffrances.
Vous me dites que vos tentatives de thérapie ont été des échecs.
Sans doute parce que vos souffrances sont difficiles à verbaliser, à représenter et qu'au delà du traumatisme du viol subsiste la "douleur d'être : un sentiment de perte du sens de l'identité et de l'existence".
Vous formulez la crainte que votre compagnon vous quitte s'il venait à apprendre cette agression comme d'autres avant lui.
Comme si ce viol vous collait à la peau et que le révéler vous donnait soudainement une autre mesure.
Mais cette "mesure" n'est-elle pas en fait celle de vos souffrances cachées et qui en se rendant visibles vous déconcertent, vous d'abord, parce qu'elles vous démontrent brutalement que "faire semblant" d'oublier ne suffit pas : la partie de vous-même que vous avez tentée de bâillonner revient en force bousculant les apparences et déstabilisant bien sûr ce qui était construit sur ces apparences pour un peu que la relation, ainsi construite, ne soit pas solide.
Ce développement pour vous dire qu'avant de construire une relation il vous faut d'abord rétablir le dialogue intérieur entre votre partie "malade" et votre partie "saine".
Vous devez mettre ces deux parties en communication afin de pouvoir fonder votre "intégrité" (identitaire).
Autrement dit, pour que l'autre vous accepte telle que vous êtes, avec vos blessures, vous devez commencer par vous accepter dans votre intégralité non pas en cherchant à gommer la partie malade mais en la soignant afin qu'elle ne vous fasse plus peur et qu'elle ne fasse pas peur à votre compagnon, parce qu'enfin, elle sera intégrée dans votre identité.
C'est là le véritable objectif de la thérapie, élaboration et intégration de la partie malade, que vous n'avez pas encore atteint.
Ne renoncez pas.
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
Me permettez vous de publier?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
bonsoir , je tenais a vous remercier pour avoir pris le temps de me répondre et pour vos conseils,
j accepte que vous publier mais avec un email plus anonyme que celui ci :
l adresse est puce1313@laposte.net en vous remerciant encore |