Bonjour,
Au bout de 37 ans de mariage, mon épouse vient enfin de me confier qu'elle a été
violée 2 fois dans son adolescence :
- par son oncle qui lui a demandée une fellation
et plus tard :
- viol avec pénétration par son frère
Elle a parlé d'avoir été salie et se sent coupable.
Elle me l'a avoué après une sérieuse crise conjugale et ne veut plus en parler.
(d'ailleurs elle les a évoqués avec le minimum de mots possible)
Or, elle manifeste les troubles suivants : manque de libido, mauvaise estime de
soi, manque de confiance, manque d'assurance, se culpabilise souvent, manque de
tendresse, elle "s'enferme dans une bulle" ou au contraire est agressive.
Notre vie conjugale a été assez perturbée par ces troubles.
Nous avons 4 enfants dont 2 sont mariés mais manifestent des troubles au niveau
de leur couple (je pense que nous ne leur avons pas vraiment manifestés de
tendresse) L'ainé (36 ans) ne veut pas se marier. Le 4ème a 16ans.
Les viols se sont déroulés dans la maison où elle a grandi. Elle y a vécu une
enfance difficile avec des parents qui ne manifestaient pas leur amour et au
contraire la rabaissaient. Pour eux les enfants n'avaient pas droit à la parole.
C'était surtout sa mère qui la maltraitait. Elle mettait jusqu'à présent son
manque d'assurance et sa mésestime sur le compte du comportement de sa mère.
Elle a quitté sa maison après son adolescence.
Or, il y a 6ans1/2, sa mère étant décédée et son père étant malade, elle a voulu
lui assuré une fin de vie agréable. Nous sommes donc venu habités dans la maison
dans laquelle elle a subit tant de souffrances (j'ignorais les viols, c'est pour
cela que je ne m'y suis pas opposé). Elle pensait surmonter ses souffrances
d'enfance et pensait que son père ne survivrait pas longtemps.
Or le temps passe et son père ne se comporte pas d'une manière correcte avec
elle (critiques, dénigrements, remarques acerbes, déforme ses propos, ...) Elle
ne le supporte plus du tout.
Ses 2 frères habitent à l'autre bout de la France et les contacts familiaux sont
froids à tous les niveaux.
Elle souffre de plus en plus et notre couple est malmené dans sa vie. Juste
avant qu'elle ne m'avoue les viols, nous avions une crise majeure. Un couple
ami, qui nous connaît bien, et nous a aidé à la surmonter et m'a expliqué son
fonctionnement (réaction de survie par rapport aux souffrances de son enfance).
J'ai bien compris le message et depuis j'en tiens compte et lui manifeste mon
amour de façon très concrète et avec beaucoup de respect et de patience.
Elle pense qu'en quittant la maison, ses troubles disparaitront et qu'elle
arrivera à oublier ses souffrance. Personnellement, je n'en suis pas convaincu;
je pense que s'y ajoutera la culpabilité d'avoir abandonné son père.
Au vu des troubles que j'ai mentionnés ci-dessus (2ème paragraphe) , je pense
que les viols en sont les principales causes. Elle, par contre préfère les
mettre sur le comportement de sa mère envers elle.
Comme elle ne veut plus parler de ses viols, que dois-je faire pour l'aider?
Comment dois-je me comporter? Faut-il quitter cette maison au plus vite? (notre
dernier est en classe de 1ère et je ne voudrais pas interrompre sa scolarité en
cours d'année)
Je l'aime énormément et je veux absolument qu'elle puisse vivre une vie
harmonieuse. Je me rends compte que la situation est très compliquée mais je
suis prêt à tout pour l'aider et je compte fortement sur vos conseils.
Merci d'avance pour vos conseils
PS : mon adresse courriel et ma signature sont des pseudos donc peuvent être
publiés
Bonjour,
Votre
femme ne veut plus aborder le sujet avec vous mais elle devra pourtant
l'aborder avec elle-même et l'élaborer, car fuir cette problématique ne
l'aidera pas à "oublier" bien au contraire ; ce serait nier le
"pouvoir" de la mémoire traumatique !
Mettez simplement un certain nombre de documents à sa disposition, afin
qu'elle finisse par s'en emparer dans l'objectif d'une meilleure
compréhension de son état psychologique et physiologique car les deux
sont liés comme en témoigne M.Salmona dans ses travaux.
Voici ces documents :
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
Mémoire traumatique et victimologie
Site de l'association Mémoire
Traumatique et Victimologie, créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel
SALMONA, spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire
Traumatique et Victimologie est une association de formation,
d'information et de recherche sur les conséquences psychotraumatiques
des violences. Elle a pour but d'améliorer l'identification, la
protection et la prise en charge des victimes de violences par une
meilleure information du public et par la formation des professionnels
impliqués, d'améliorer leur orientation et leur accès à des soins
spécialisés de qualité, et aussi d'améliorer la connaissance et
compréhension des conséquences des violences, dans l'optique de lutter
contre toutes les violences et d'améliorer leur prévention.
http://memoiretraumatique.org/
Achetez pour elle cet ouvrage : "Vivre avec un coeur à l'endroit :
guérir de l'inceste" de Martine CAUVENT edts "chronique sociale" ISBN
2-85008-637-1
C'est un témoignage qui lui parlera forcément et lui permettra sans
doute, de s'ouvrir, de se donner l'autorisation de s'écouter...
Ensuite, elle pourra effectivement
quitter cette maison des souvenirs car elle aura pu parler à ces
souvenirs et de ces souvenirs avec une tierce personne, ne serait-ce
que l'auteure de cet ouvrage précédemment cité.
Alors, peut-être qu'elle ne refusera plus l'idée d'entreprendre une thérapie...
Merci pour votre autorisation à la publication qui nous sera bien utile.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
Bonjour,
Merci pour votre réponse. Votre page WEB sur les conséquences m'a été très utile
pour comprendre mon épouse.
Avec beaucoup de tendresse et de tact, je suis arrivé à ce qu'elle accepte de
m'écouter. Je lui ai expliqué à quel point nos problèmes de couple étaient pour
une grande majorité les conséquences de ses viols. En y allant doucement, je
pense que nous pourrons continuer à en discuter. Je lui ai fait lire la page WEB
sur les conséquences et elle a reconnu certaines de ses souffrances. Je pense
qu'elle commence à comprendre qu'elle ne peut pas continuer de refouler ces
souvenirs. J'ai commandé le livre que vous avez recommandé et elle l'attend avec
impatience. Grâce à votre site, le dialogue est facilité et moi-même j'ai pris
conscience de son fonctionnement. Je pense qu'elle va accepter d'aborder les
problèmes des agressions qu'elle a subis au lieu de les fuir.
Cependant, le problème qui subsiste est celui des enfants. Le plus jeune (16
ans) a de la peine à accepter sa mère qu'il connait "boudeuse" et assez froide.
J'ai essayé de lui dire que lorsqu'elle était plus jeune, elle a beaucoup
souffert et que cela a entrainé un comportement de survie avec des moments où
elle se protège en s'enfermant dans une bulle. Il reste sceptique et cela me
peine car je pense qu'elle a besoin de se sentir aimée pour guérir. Que faut-il
dire aux enfants pour les réconcilier avec leur mère? Jusqu'où sont ils aptes à
comprendre? Comme ils n'ont pas bénéficié de beaucoup de tendresse, ils sont
relativement fragiles. (les 3 autres ont 30, 34 et 36 ans)
Merci d'avance pour vos bons conseils
bodelanze67@aliceadsl.fr
Bonjour,
A
seize ans, les ados connaissent parfois des périodes critiques,
tourmentées, des doutes par rapport à leur propre image, et comme vous
me décrivez sa mère plutôt froide et boudeuse à son égard, peut-être
ressent-il effectivement un désintérêt de sa part pour lui.
Vous l'avez informé plus ou moins de la pénible problématique de sa
mère, sans doute y est-il sensible, sans pouvoir pourtant "oublier" la
sienne, d'autant plus que vous me le décrivez comme fragile.
Sa propre vulnérabilité ne lui permet donc pas de bien comprendre la
réaction de sa maman qui bien sûr, se protège dans sa bulle mais
renvoie à son fils un signe de "non recevoir" et ce, parce qu'elle
n'est pas en mesure de faire autrement pour l'instant.
Je pense qu'il serait bien que cet ado consulte dans un CMP pour y dire
ses craintes, son angoisse, tout ce qu'il ne peut verbaliser parce que
sa maman ne peut l'entendre (et ce n'est pas de sa faute).
Car il faut prendre garde à ce que personne ne se culpabilise de la situation (la mère comme le fils).
* http://www.sosfemmes.com/ressources/contacts_psys.htm
PS : je suis heureuse d'apprendre
que votre femme a bien voulu prendre connaissance de la documentation
et qu'elle attend impatiemment l'ouvrage cité : je suis certaine qu'il
va lui "parler".
Cordialement,
Chantal POIGNANT