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Il était
stupéfait, choqué de mon attitude Email
en pied de message Je vais essayer d'aller à l'essentiel d'être brève et concise, car je me doute que vous avez tant de messages à lire... Je fais cette démarche de vous écrire parce qu'hier, j'ai fait une scène à mon compagnon : je n'étais pas contente de le voir tendre envers sa fille de 8 ans. Il était stupéfait, choqué de mon attitude parce que j'ai mimé la scène et que je lui ai répondu quand il se montrait tendre envers moi : oui papa. Je n'ai pas aimé que quand elle s'approchait de lui, il l'attirait contre lui pour mettre son bras autour de son corps, ou alors je n'ai pas aimé que quand elle était devant lui, il mette ses mains sur ses épaules. J'étais horrifiée lorsque j'ai appris qu'elle dormait avec lui les rares fois où elle a enfin accepté de dormir chez son père. En effet, il est séparé de la mère de ses enfants depuis plusieurs années et cela s'est très mal passé entre les adultes mais aussi entre les enfants et leur père. Sa réaction a été la suivante : " je ne savais pas que tu avais autant de haine envers ma fille. Tu es jalouse d'elle. Tu es malade !" Je me doute que je réagis de façon exagérée parce que dans mon enfance, mes deux parents n'ont jamais été démonstratifs aussi bien verbalement que physiquement en tendresse et en amour avec aucun de leurs trois enfants. A cela s'ajoute le fait que mon père avait en plus abusé de moi lorsque j'avais je crois 11 ans, pendant une période d'un mois pendant l'absence de ma mère, mon frère et ma soeur qui étaient alors partis en voyage pendant des vacances scolaires, j'étais donc restée seule avec mon père. Je crois qu'il a voulu recommencer l'été suivant, ma mère était partie seule en voyage car là, je sais qu'il y avait mon frère et ma soeur, j'ai eu le courage de dire non, et il n'a plus jamais recommencé. Voilà, je comprends pourquoi j'accepte très mal de le voir affectueux envers sa fille car je ne trouve pas ses gestes naturels. Sentiments renforcés par le fait qu'il a grandit dans une famille avec trois soeurs et une mère qui est restée seule toute sa vie. Donc, je me dis qu'il ne sait pas se comporter avec sa fille, il n'a pas eu de modèle et il ne s'en est jamais vraiment occupée depuis plusieurs années. Pourtant, même en sachant que j'exagère un peu, je me dis que je n'ai pas complètement tort. Je n'ai jamais vu autour de moi un père se comporter comme il se comporte envers sa fille. Comment se comporte les pères envers les filles e J'ai aussi une fille de 4 ans et demi et nous venons d'emménager ensemble. Avec elle, il n'est pas du tout affectueux, ne dessine ou ne fait pas la peinture avec elle, etc... toutes ces choses qu'il fait avec sa fille. La différence de traitement explique aussi " ma jalousie", le sentiment d'être victime d'injustice ou de manque d'amour envers moi ou envers mes enfants ( j'ai également un fils de 12 ans et demi). J'ai perdu tout contact avec le père de mes enfants, ma fille ne l'a à peine connu et ne s'en souvient plus du tout car elle venait de naître lorsque nous avons divorcé. Encore une raison à mon désir de lui voir assumer son rôle de beau-père de façon parfaite. Je pense être une personne sensée, équilibrée, raisonnable, et juste. Maintenant, je me pose la question de savoir si l'épisode d'abus incestueux ne m'aurait pas marquée plus profondément que je ne l pensais ? Je me demande si d'autres femmes victimes d'abus réagissent de la même façon quand leur compagnon se montre tendre envers leur propre fille ? Je voudrais ne plus ressentir ce que je ressens lorsque je les vois ensemble complices, et lui très tendre envers elle. Cela m'est insupportable, est-ce vraiment de la haine envers sa fille ? je crois plutôt qu'elle est dirigée contre lui. Comment me défaire de cela et me sentir à nouveau normale ? Suis malade et folle ? Car parfois, j'ai envie de marteler de coups de poing, sur le corps, la figure quand il est allongé contre moi à cause des ce qu'il a fait ou n'a pas fait. Un envie vraiment de le détruire et de lui faire du mal. Conseillez-moi, dîtes moi ce que vous en penser svp. Merci de me lire. Carmen Bonjour, -Vous n'êtes ni malade ni folle. -Il est cependant certain, que l'inceste que vous avez subi s'est inscrit dans votre psychisme et a eu des conséquences, des effets, sur et dans le développement de votre personnalité même si, vous avez réussi à trouver votre équilibre. -Vous me semblez effectivement, d'après votre discours, être une personne sensée et raisonnable, capable d'appréhender et d'analyser les évènements en souhaitant comprendre, tout en sachant se remettre aussi en cause . -Et vraiment, vous avez raison de vous "dire que vous n'avez pas complètement tort", notamment par rapport au fait que cette jeune-fille de 8ans partage le lit de son père. Je ne crois pas que vous soyez jalouse de cette enfant et encore moins que vous éprouviez de la haine à son égard! Sans doute, attendez vous trop de votre compagnon en tant que beau-père, lequel a déjà du mal à assurer son rôle de père qu'il cherche à retrouver ; peut-être même tente t'il de compenser maladroitement les temps de rupture avec sa fille... Vous ressentez avec d'autant plus d'acuité cette maladresse que vous avez vécu l'inceste et que vous savez par expérience comment les limites peuvent être dépassées. Il n'est donc pas surprenant que vous réagissiez devant la complicité du père et de sa fille surtout si elle vous semble "malsaine". Le problème est justement de savoir si elle peut devenir "malsaine" ou si elle vous est simplement dérangeante et même insupportable parce qu'elle vous rappelle les évènements de votre passé. C'est un point essentiel à évaluer. Le second point à examiner, c'est la relation qu'entretient votre compagnon vis à vis de vos enfants ; vous le dites "accaparé" par sa fille mais comment se comporte t'il avec vos enfants quand sa propre fille n'est pas en visite chez vous? Et enfin, comment se passe votre vie de couple, en dehors des visites de sa fille? Dans l'attente de votre réponse, Cordialement, Chantal POIGNANT Agent de conseil Bonjour Madame, Votre réponse m'a tellement émue que j'en ai eu les larmes aux yeux. Je vous remercie tant de me lire, de comprendre et de m'aider. Je ne crois pas que son attitude soit malsaine, c'est bien moi qui trouve cette tendresse déplacée à cause de mon passé. La preuve est qu'hier soir, lorsqu'il a mis le bras autour de ma fille, je n'ai éprouvé aucune contrariété bien au contraire, cela m'a fait plaisir de les voir ainsi. J'en conclus que tant qu'il y aura une différence de traitement entre sa fille et mes enfants, je réagirais toujours très mal. Comment éviter de réagir aussi excessivement car il est clair que jamais je n'aurais du mimer la scène mais plutôt lui en faire part calmement en mettant de côté mes émotions ? Il faut dire que la veille de la scène, j'avais aussi remarqué qu'il se levait la nuit pour couvrir sa fille et qu'il ne l'a jamais fait pour ma fille par exemple. Je l'observe, je les observe lui et sa fille, et je compare et ce que je vois ne me plaît pas, me fait mal. Pourquoi ? Cela fait 4 ans que nous nous fréquentons, ma fille avait 5 mois au début de notre rencontre, mon fils 8 ans ( l'âge de sa fille maintenant ! ) alors je lui en veux de n'avoir pas su tissé des liens. Bien sûr, j'ai compris qu'il avait des difficultés à cause du manque qu'il ressentait par rapport à ses propres enfants, qu'il ne voyait guère. Naïvement, j'imaginais que nous allions former une famille recomposée, sa fille n'avait que 4 ans, mais il ne voulait pas voir un juge familial pour exiger des jours de garde, ou d'hébergement. J'ai patienté 4 années en espérant que cela change. Nous avions rompu en novembre dernier car malgré ces années, il ne manifestait aucun désir de fonder une famille avec moi, aucun désir de vouloir s'occuper de mes enfants, pas prêt à faire ce qu'il faut pour que nous vivions tous ensemble. En 4 ans, je n'ai rencontré sa fille que 5 fois en tout et seulement quelques heures ! Pendant ce temps, son ex faisait clairement comprendre à sa fille que je ne lui plaisais pas. Résultat, sa fille ne m'accepte pas, ni n'accepte mes enfants. Elle se met à pleurer dans son coin dès qu'elle trouve que son père ne s'occupe pas assez d'elle... je voudrais qu'elle soit heureuse avec nous, je ne veux pas me montrer méchante envers elle mais quelquefois, je trouve qu'elle est capricieuse et égoïste alors que mes enfants se sont toujours comportés respectueusement envers mon ami et l'ont complètement accepté. Je lui en veux de n'avoir pas su faire ce qu'il fallait il y a 4 ans déjà car les choses auraient été plus simples et facile. Je pense que j'aurais été moins à bout de nerf, plus tolérante et plus patiente alors. Maintenant, je me sens si lasse et malheureuse bien qu'il m'aime et m'a prouvé sa bonne volonté. Il a loué une maison pour nous tous, une chambre pour chaque enfant. Du coup, en payant un loyer conséquent, il n'était plus en mesure de payer seul les études de son fils, il demande à son ex de faire un emprunt ensemble mais elle dit qu'elle ne veut pas et ne peut pas ( comment est-ce possible, elle a une bonne situation, elle est prof de lycée !). C'est moi qui lui prête l'argent pour payer les études de son fils. La mère s'occupe de payer le logement et la nourriture. C'était leur accord. Je trouve cela injuste et pas équilibré, car les études de pilote coûte très cher et je sais qu'il donnait assez régulièrement de l'argent quand même pour ses enfants en guise de pension. A côté de cela, sa fille fait de la natation, du piano, du violon, de la danse classique, fait un stage de cuisine ! Cela fait 3 semaines que nous vivons tous ensemble. Lorsque sa fille n'est pas là, je dois admettre qu'il fait des efforts : il dialogue plus avec mon fils, se permet de l'éduquer, de même avec ma fille, il lui parle et essaie aussi de discuter avec elle. C'est déjà un début car avant cela, lorsque nous ne vivions pas ensemble il les ignorait pratiquement quand il venait chez moi... Grâce à cela, j'accepte mieux qu'il consacre plus d'attention à sa fille lorsqu'elle est là. Car avant, cela, lorsque j'allais chez lui , le voir faire 3 parties d'échec par exemple avec sa fille me rendait furieuse. Sa fille en plus, ignorait ma fille qui cherchait à jouer avec elle, à vouloir l'embrasser, lui prendre la main, elle la rejetait et cela me faisait mal. Sa fille maintenant ne rejette pas ma petite, elle est juste indifférente je trouve. C'est déjà un début n'est ce pas ? Je comprend bien qu'il lui faudra du temps pour s'habituer à l'idée de partager son papa. Elle a été tellement habituée à avoir son papa pour elle toute seule et cet idiot qui jouait les papa poules, les papa week-end copain de jeux ! Je lui ai suggéré de demander une garde alternée afin qu'il l'élève et passe ainsi plus de temps avec elle, c'est la meilleure façon d'assumer son rôle de père, la meilleure façon aussi pour qu'elle soit moins jalouse dans l'idée de partager son papa, mais son ex a menacé de demander sa mutation arguant qu'elle préférait dans ce cas qu'il la garde complètement puisqu'elle pense qu'une garde alternée est néfaste pour l'enfant, alors, il a eu peur que sa fille soit privée de sa mère, qu'elle soit malheureuse et il a fait marche arrière d'où l'accord de l'avoir un week-end sur deux. J'étais si furieuse car j'aurais voulu qu'il lui dise : d'accord, je peux l'assumer seul, je suis prêt ! Ma vie de couple en dehors des visites de sa fille se sont bien dégradées depuis deux jours. Déjà très récente puisque nous venons d'emménager, déjà menacée car nous venons de nous réconcilier... j'avais établi une liste d'exigences, des points qui à mon avis devaient être résolus afin que je sois heureuse, afin que notre couple et la famille puissent être harmonieux : une maison, voir un juge pour mettre en place pension, droit d'hébergement etc, plus d'implication auprès de mes enfants. Pour le moment, il ne reste que la démarche de la pension à faire car honnêtement, il a rempli les deux autres exigences. Il est de bonne volonté, de bonne foi. J'ai de la chance et pourtant, je me sens constamment trahie, trompée car il m'a dit que tout irait bien, qu'il a changé, qu'il a compris comment faire mon bonheur. Nous nous entendons bien en général, nous discutons de notre journées, nous nous faisons part de nos pensées. Nous aimons faire l'amour le plus souvent même si j'avoue je n'éprouve aucun plaisir dans la pénétration. Il sait comment me faire jouir en me stimulant là où il faut mais parfois, cela m'agace qu'il le fasse si consciencieusement à tel point que j'ai l'impression de n'être qu'un sein et un clito ! Depuis deux jours, nos regards ne se croisent pas, on ne se parle pas, on ne se touche pas. Il fait des tentative le soir pour me prendre dans ses bras. C'est ce que je veux, me réconcilier mais je le repousse car je suis encore en colère à moins que je veuille le faire souffrir aussi. Parce qu'il a recommencé à dire que j'étais jalouse de sa fille alors qu'il avait dit avoir bien compris pourquoi il devait changer d'attitude envers elle. Il sait que j'ai été "abusée" par mon père et il s'en ai déjà servit contre moi. Même si je veux qui'l soit le beau père parfait, les enfants grandissent et je sens confusément que c'est trop tard ou en tout cas différent, de même pour sa fille. Je lui en veux car il n'a pas su m'offrir une famille dont tous les membres seraient proches et intimes. Je suis trop exigeante sans doute mais j'en ai le droit. Il savait dès le départ ce que j'attendais de lui et il n'a rien fait. Maintenant c'est plus dur, maintenant, je ne peux rien laisser passer. Je sais que je peux comprendre les choses mais je dois comprendre comment changer les choses afin qu'elles deviennent meilleures. Si je dois faire ce changement sur moi d'abord, je suis prête à commencer. Devrais-je suivre une thérapie ? Si vous me dîtes que je suis affectée à cause de mon enfance, que cet épisode fausse mon jugement, mon appréciation de la réalité alors j'irai consulter. Si j'ai fait du tort envers lui ou sa fille, je veux réparer. Maintenant, je me sens prisonnière. Je me dis : j'ai embarqué mes enfants dans une nouvelle vie et peut-être que je devrais y mettre un terme plutôt que de rester malheureuse comme cela. Il s'est engagé et je l'ai suivi parce qu'il m'a enfin écoutée... Peut-être que je suis tellement à bout que je ne suis plus capable de faire preuve de patience et d'amour ? Y a t-il seulement encore de l'amour après toutes ces déceptions ? Je voudrais effacer le passé vraiment oublier et repartir de bon pied avec lui et sa fille. Il y a 3 semaines, c'était bien, maintenant, j'ai l'impression que le monde s'écroule juste parce qu'il s'est montré trop tendre avec sa fille ? Pardonnez moi pour ce long mail. Je me suis beaucoup épanchée. Bien cordialement, Carmen Bonjour, Vous avez un idéal amoureux plutôt élevé qui vous pousse vers l'avenir et vous a permis d'organiser un projet de vie familiale. Vous avez une certaine exigence d'aboutir coûte que coûte à la réalisation de cet idéal malgré les difficultés premières de cette situation (famille recomposée avec des enfants issus des deux parents, la fille de votre conjoint "dressée" plus ou moins contre vous et vos enfants par sa mère...) et aujourd'hui, vous êtes malheureuse parce que les liens ne s'établissent pas "idéalement". Mais comme vous avez une saine conception de vous-même par laquelle s'affirme votre désir de progresser et d'améliorer le vécu de cette nouvelle famille, vous n'allez pas renoncer mais vous allez devoir renégocier une partie de vos objectifs, imaginer un certain changement de cap, bref revoir un peu votre "idéal" à la baisse et accepter l'idée qu'il faudra du temps, de la patience et même une certaine stratégie, pour faire de cette famille très recomposée un lieu d'apaisement. C'est comme si, vous « déballiez » là des pièces hétéroclites que vous deviez remonter, pour en faire un ensemble qui "fonctionne" : il faut le mode d'emploi et parfois faire des tentatives afin que tout s'ajuste... Et quand bien même l'ensemble sera en état de marche, il vous faudra encore tenir compte des inter-relations de chacun, auxquelles s'ajoutent les fantasmes inconscients, les désirs, les interdits (la fille de votre conjoint a reçu l'interdiction de vous aimer sous peine de perdre l'amour de sa mère ; votre conjoint a l'interdiction de se montrer aussi proche de vos enfants que de sa fille sous peine de perdre sa fille et cela même si ce n'est pas objectif ; vous êtes obligée d'instaurer et de faire respecter une stricte égalité dans les relations affectives entre vos enfants et l'enfant de votre conjoint sous peine de ne pas respecter votre idéal...) Je ne crois pas qu'il soit possible justement de répondre à cette dernière exigence ; il y a toujours un décalage (de préférence mince !) suivant le moment, l'individu, et il me paraît difficile d'envisager une telle égalité... En rêvant à une telle "perfection", que voulez vous réparer ? A quelle situation vécue de votre passé de petite-fille faites vous inconsciemment référence? N'abandonnez pas la "bataille" car elle est quasiment obligatoire : vous avez, ensemble, un certain défi à relever. Peu à peu, tous, vous allez apprendre à vous situer à condition de ne pas vouloir aller trop vite, à condition d'accepter des défaillances et, en ce qui vous concerne précisément, à condition de ne pas vous laisser envahir par un sentiment d'insécurité. La confiance se tricote et vous reconnaissez déjà que votre compagnon est de bonne foi et honnête ! Ne vous écroulez pas ! Cordialement, Chantal POIGNANT Bonjour Madame, vos paroles sont pleines de sagesse et m'incite à me montrer plus lucide. Je ne veux pas me laisser déborder par le désespoir parce que j'ai placé la barre trop haute. Je dois donc revoir mes exigences et surtout accepter les défaillances. Je dois surtout prendre en compte les différentes "inter relations de chacun". Après avoir eu une conversation un peu houleuse avec mon compagnon, j'ai compris à travers nos échanges que je ne lui faisais pas assez confiance non plus pour gérer sa relation avec sa fille. Bien sûr, il y a la personnalité de sa fille à prendre en compte, il y a une solution adaptée à chaque individu en fonction de leur caractère... Je sais que j'ai tendance à vouloir contrôler et imposer ma façon de voir et faire les choses peut-être. Vous m'ouvrez les yeux en écrivant ceci : " accepter l'idée qu'il faudra du temps, de la patience et même une certaine stratégie pour faire de cette famille très recomposée un lieu d'apaisement " C'est très juste et je vais tâcher de m'en rappeler si je sombre encore dans la tristesse, le désespoir lorsque je n'ai plus la force ou la motivation pour continuer à fonder cette nouvelle famille. J'ai toujours rêvé d'une famille solidaire dont les membres seraient très proches. J'ai vécu une tragédie et ma petite famille s'est disloqué : j'ai perdu mon fils de 18 mois, un an après, à la naissance de ma fille, je divorçais, puis mon ex mari a cessé tout contact avec nos enfants et moi, nous avions été si heureux et je crois que je cherche à retrouver cela tout en sachant que ce que j'ai perdu, je ne le retrouverai jamais. Vous m'interrogiez sur ce rêve de perfection que je souhaiterais réparer... alors c'est peut-être à cela que je fais référence ? J'ai ce désir de vouloir être heureuse et lorsque je n'y arrive pas, il m'arrive de penser que peut-être je ne mérite pas d'être heureuse. Je me disais : j'ai perdu mon fils parce que j'ai été trop fière de mon bonheur que j'ai réussi à bâtir seule, finalement j'ai tout perdu, fils, mari, maison. Si bien que souvent, je me dis que je suis morte avec lui et que quoique je fasse, rien de bon ne pourra plus jamais m'arriver. A ces moments là, j'ai l'impression que la vie n'a plus de sens, que je n'ai envie de rien et je me sens tellement triste pour mes enfants car je n'ai pas su les protéger et leur apporter un foyer uni. J'ai presque honte de me plaindre de ma situation car il y en a de tellement pire. Je me sens égoïstement tellement soulagée que vous existiez, que vous me répondiez. Je vous en serais éternellement reconnaissante pour votre bonté et votre générosité à aider une inconnue qui se cache derrière un pseudo. merci encore du fond du coeur, Carmen. * carmenhm@hotmail.fr Bonjour, Je trouve justement que vous ne vous plaignez pas mais qu'au contraire, vous vous êtes engagée courageusement et depuis longtemps dans un processus dynamique d'intégration et de dépassement de vos souffrances : vous êtes capable de donner un sens à la vie malgré les malheurs. Et il n'est pas illégitime de ressentir des moments de lassitude et de désarroi, d'autant plus que vous n'avez peut-être pas « mentalisé » suffisamment l'angoisse inhérente à ces tragédies, puisque vous êtes dans l'action. La "mentalisation" désigne un travail de liaison entre les tensions, les affects et les représentations. C'est une manière de traiter, de négocier l'angoisse intrapsychique et les conflits interpersonnels ou intrapsychiques. Par notre communication, vous avez perçu beaucoup de points forts qui ont structuré votre chemin de vie et ce ne serait pas vous plaindre que de chercher à aller plus loin avec un soutien psychologique. Non, vous n'êtes pas égoïste ! PS : peut-être accepteriez vous d'être publiée avec ce mail anonyme afin de partager avec d'autres ? * http://www.sosfemmes.com/faq/faq_menu.htm Je ne ferai rien sans votre accord explicite. Je reste à votre disposition. Cordialement, Chantal POIGNANT |