J'ai besoin de me confier
Novembre 2011
Bonjour,
Je me permets de vous écrire car j’ai besoin de me confier, de
témoigner, et d’avoir des réponses..
Depuis l’été dernier, j’ai coupé les ponts avec mes
parents. A la base je voulais juste couper les ponts avec mon père,
mais ma mère m’a dit qu’étant donné qu’ils étaient mariés,
que je devais continuer sans elle aussi.
Si j’ai coupé les ponts c’est parce que mon père m’a violé
pendant 7 ans ; de mes 5 ans à mes 12 ans.
Pendant toute mon enfance, je me suis toujours sentis en décalage
avec les autres de mon âges.
Je n’avais pas beaucoup de copines car je m’isolais, je
m’enfermais dans ma bulle.
A l’époque, j’étais trop gentille alors on se moquais de
moi, on m’insultait, on me raquetait, on me prenais pour « bouche
trou »..
Mais plus les années passaient et plus je sentais que quelque
chose n’étais pas normal pour une petite fille de mon âge.
Je me sentais mal dans mon corps, mal à l’aise avec les autres
de ma classe.
Au début, je pensais que ce que faisait mon père était normal,
car il me disait que tous les père faisaient ça à leur fille..
Il me disait aussi « tu est ma fille, tu est mon sang, je
t’est créée alors j’ai le droit de te faire ça. Ton corps
m’appartient ».
Ce que je trouvais le plus bizarre c’est qu’il me disait
« surtout ne dit rien à maman car elle sera très en
colère… ».
Il y a plusieurs fois où j’ai eu vraiment envie de parler à ma
mère de ce que faisait mon père, mais à chaque fois je n’y
arrivais pas.
Jusque au jour où j’ai rencontré une fille vraiment bien…
J’ai parlé pour la première fois du comportement de mon père
envers moi.
Cette fille (C.), m’a ouvert les yeux et m’a dit que se que
mon père me faisait n’était pas normal et qu’il fallait que je
prenne RDV avec l’assistante social du collège.
J’étais terrifiée ! Je ne voulais pas en parler à
l’assistante sociale car j’avais peur de la suite… Peur de la
réaction de ma famille mais aussi de la réaction de mon père.
C. a pris RDV en cachette pour moi avec l’assistante sociale .
C’est donc une semaine après qu’elle et moi on y est allé.
Lorsque je suis sortie dans la cours pour retourner en cours, je
me sentais épuisée moralement. Je me suis sentie mal d’un coup,
comme si tout autour de moi était lointain.
La sonnerie a retenti et C. m’a rejoint. Là, je l’ai serré
dans mes bras et j’ai pleuré. C’était comme si toute mon
angoisse s’évacuait en pleurant.
5 jours après, je vais à la gendarmerie avec C. pour aller
porter plainte, et dans l’après midi mon père à été mis en
garde à vous.
Lorsque ma mère et rentré le soir après avoir été entendu par
les gendarmes, elle était en pleur. Elle n’arrêtait pas de dire :
« jamais j’aurais pu imaginer telle chose… Je tombe de
haut ».
Mon frère posait des questions… Ma mère lui a expliqué que
j’avais porté plainte pour abus sexuel contre notre père. Il a
dit que je mentais, que son père n’était pas comme ça et que
toute cette histoire était fausse..
J’avais honte, je restais dans ma chambre. Je cherchais à
éviter leur regards.
Lorsque mon père était en prison, la relation entre ma mère et
moi a nettement évolué. On était très complice.
Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas choisir entre son mari et
sa fille alors elle a payé deux avocats (un pour mon père et un
pour moi).
Ensuite, j’ai voulu oublié mon passé alors je me suis plongée
dans la musique. J’y restais des heure et des heure, le temps
n’avait plus de valeur.
Seulement, j’ai eu des troubles de comportements assez
inquiétant.. J’inventais des souvenirs heureux pour combler le
trou énorme de mon enfance.
D’après le psychologue que je voyais à l’époque, ce sont
des rêves que je transformais en faux souvenirs.
Ma mère a joué la carte psychologique pour que la confusion
s’installe dans mon esprits. Elle m’a dit que tout se que j’ai
dit aux gendarmes était faux, que j’avais tout inventé.
Elle ma dit que mon père m’avais seulement fait des
attouchements. Elle m’a dit aussi que mon père avait changé,
qu’il regrettait se qu’il m’avait fait et qu’il ne me
toucherait plus.
Alors moi qui, à cet âge là, avais besoin de me sentir comme
toutes les autres filles et avoir une famille normale, j’ai cru ma
mère. Elle voulait que mon père sorte plus tôt de prison car elle
me disait « il ne mérite pas d’être puni autant, c’est
ton père quoi qu’il ai pu te faire ». Je suis donc retourné
sur ma déposition. J’ai dit aux gendarmes que mon père m’avait
juste touché et qu’il n’y avait pas eu de viol (alors que
c’était bien des viols).
Mon père est donc passé en tant que délinquant sexuel alors
qu’au fond, c’est un pédophile.
Durant ma période d’adolescence, j’ai tout refoulé, je
voulais être normal aux yeux des autres. Je m’interdisais de
pleurer devant quiconque de la famille car je me sentais sale et
honteuse.
De mes 12 ans à mes 20 ans je n’ai jamais pleuré devant ma
famille. Comme si tout était de ma faute. Comme si c’était à moi
d’être là pour ma famille et non l’inverse.
Ma grand-mère paternel, m’a demandé si ce n’étais pas moi
qui, à mes 5 ans avait « chauffé » mon père, car pour
elle il n’est pas comme ça. Dans cette famille paternel, on disait
de moi que j’étais une salope, que j’étais la « pute de
la famille »..
Ma mère a donc choisit de couper les ponts avec toute la famille
de mon père. C’est à ce moment là que j’ai eu des révélations
troublantes.. J’ai appris que mon père s’était fait violé
pendant 15 ans par son oncle (ce même oncle qui a violé la sœur,
le frère de mon père aussi). Ma mère m’a dit tout cela sous
forme d’excuse : « tu vois, ton père s’il t’a fait
du mal c’était parce que il n’allait pas bien et qu’il avait
besoin de l’exprimer à travers toi ».
Je lui ai donc pardonné, sur le moment. Ma mère m’a demandé
que mon père revienne à la maison après l’affaire. Mais elle ne
ma pas laissé le choix.. Elle ma dit « soit tu vas en famille
d’accueil soit ton père revient à la maison ».
Mais moi j’aimais trop ma mère pour dire non. Alors une fois
sortis, une fois que la surveillance était fini (car il était en
liberté conditionnelle), il est revenu vivre à la maison, sous le
même toit que moi..
Il y avait une gène terrible, à table, c’était le silence
total. Tout le monde était heureux mais moi j’étais malheureuse.
Et ça, personne ne le voyait.. Personne ne s’intéressait de
savoir ce que je pouvais ressentir en le voyant..
Je suis devenu boulimique avec le temps, et ma mère ne me
comprenait pas. Au fil du temps, le climat commençait a être plus
agréable. Mon père ne m’a plus retouché, ni fait d’allusion..
C’est après que les choses se sont compliqué… Lorsque j’ai
commencé à fréquenter des garçons. Mais rien ne durait, ce
n’était que des « amourettes ».
Ma mère m’a souvent dit que j’étais une « allumeuse »
et que j’aguichais les hommes.. alors que ce n’est absolument pas
ça.
Lorsque je partais pour aller en cours elle choisissait mes
vêtements pour être sûr que je n’aguiche pas. Une fois, j’ai
tenté de m’habiller seule et elle a fait une crise parce que mon
décolleté lui déplaisait.. (« un grand décolleté »)
pour citer ces paroles.
A mes 18 ans, j’ai eu le coup de foutre avec un certain Loïc,
qui est toujours mon copain aujourd’hui. Mon père a compris que
notre relation était sérieuse. Il a donc changé de comportement..
Il est devenu beaucoup plus agressif envers moi. Il me faisait
peur… On pouvait voir qu’il prenait un plaisir jouissif à
me donner des ordres, comme si j’étais toujours sa « chose ».
Il n’arrêtait pas de me donner des ordres et de me surveiller..
J’ai découvert un jours que dans mes volet (qui
donnaient côté véranda),qu’ il y avait 2 trous. En regardant
dans ces trous en direction de ma chambre, j’ai compris qu’il me
regardait me déshabiller… Car le trou du haut était a la même
hauteur que mes seins, et le trou du bas donnait sur l’entre jambe.
Je savais que je ne me faisais pas d’illusion car j’ai le
souvenir étant petite qu’il regardait dans la salle de bain à
travers un trou placé sur le mur du fond des toilette et qui donnait
directement sur la baignoire. Une fois, (j’avais 20 ans) j’ai
compris qu’il m’observais me doucher (il avais fait un autre trou
en bas de la porte de la salle de bain que je rembourrais avec
du coton pour qu’il ne regarde pas coton). Au moment où je
commençais à me doucher, j’entendais comme si on grattais à la
porte et je savais que mon père était seul avec moi à la maison.
Quelques minutes plus tard j’ai vu le coton qui tombait, mon père
était en train de ma regarder sous la douche ! J’ai compris
qu’il n’avait pas changé..
J’ai commencer à paniquer, à avoir peur, et j’étais sûre
que personne ne me croirais dans la famille.. alors je n’ai rien
dit.
A partir de là, j’ai fouillé dans son ordinateur et j’ai
découvert 5 pages d’historique dans lesquelles il y avait des
sites porno ET pédophile. J’ai donc imprimé l’historique et
montré à ma mère pour lui montrer que son mari est toujours le
même qu’avant. Celle-ci est resté silencieuse..
J’ai écris un petit mot à ma mère pour lui dire que j’avais
du mal à parler de papa oralement. J’ai dit dans cette lettre que
papa n’a pas changé, qu’il est toujours le même qu’avant. Je
lui ai demandé de ne surtout pas montrer cette lettre à papa. Mais
elle lui a montrer, sachant bien que le lendemain matin j’étais
seule avec lui… Il ma dit « tu me fait passer pour qui en
écrivant ça ? ça vas pas ? ». Moi je lui ai
répondu « pour ce que tu est… ».
Apres, il tentait de se faire tout « mielleux » avec
moi. Il est très manipulateur. C’est de cette façon qu’il
arrive à faire culpabiliser les gens et de se faire pardonner (ce
qu’il fait toujours avec ma mère).
Seulement avec moi, ça ne marchait plus.
Je commençais à avoir peur de lui. Loïc ne savait rien de ce
que mon père m’avait fait étant petite, il savait qu’on m’avait
violé mais il ne savait pas « qui » avait fait ça.
J’attendais le bon moment car je ne voulais pas prendre le
risque de le perdre ou de le mettre mal à l’aise. Loïc était
partit un an en Angleterre. Pour se parler on avait MSN (moins chère
que le portable).
Mais mon père m’empêchais de lui parler (il coupait internet).
Il voulait toujours que je sois à sa vu ; tellement qu’il en
a démonté ma porte de chambre pour me voir travailler..
Lorsque j’avais des concert au piano, il faisait des « crises ».
Il devenait violent. Une fois, après un concert, il me dit en
hurlant « arrête de te foutre de ma gueule, arrête de te
foutre de ma gueule sinon tu vas voir, tu vas le regretter
amèrement ».
On aurait dit qu’il était fou ! J’ai vraiment cru qu’il
allait me frapper.. Mon frère était à côté, mais n’a rien dit
pour me défendre… comme toujours.
C’est alors que j’ai pris la décision de couper les ponts
avec mon père… Cette décision à été incomprise par ma mère,
mon père et mon frère.
Ma mère me disait que j’avais deux possibilité : soit je
prend juste des distances avec mon père, que mes parents me payent
mes études mais que en échange je devais faire le point avec mon
père une fois par mois. Ou alors, la seconde solution, c’est de
couper les ponts avec mon père (ma mère a choisit de vivre avec un
mari violeur alcoolique et violent plutôt que de soutenir sa fille),
et que je me débrouille seule pour vivre après. J’ai choisit la
seconde solution.
Lorsque je suis partie définitivement, j’ai dit à Loïc que
celui qui m’a violé s’était mon père. Loïc a été absolument
super avec moi car il m’aide à surmonter ce passé. Il me fait
revivre.
Ça fait maintenant 2 ans que je suis avec lui. Depuis qu’on est
ensemble, tous les souvenirs de mon enfance ressurgissent.. Je peut
dire avec certitude que mon père est un pédophile car j’ai
souvenir (j’avais 7 ans)qu’il m’ai demandé de prendre ma
douche avec deux copines et de le laisser les voir à travers le trou
des toilettes. Je peut aussi affirmer que tout ce dont j’ai subit
c’est du viol. Il me faisait du chantage.. Il me demandait de faire
des fellations, et si je ne voulais pas il aurait dit à ma mère que
j’ai fait des bêtises pour qu’elle me gronde. Il y a eu
pénétration orale, vaginal et annale. Il se foutait de savoir si ça
me faisait mal, il me disait « mais non, ça fait pas mal,
c’est pas vrai ». Il me faisait boire de l’alcool,
m’emmenait dans les bois, me forçait à regarder des livres et des
vidéo pornographiques dès mes 5 ans.
L’été dernier j’ai eu pour la première fois le courage de
lui dire ce que je pensais et il me dit « je n’ai plus rien à
me reprocher ». Quand je disais que c’étais du viol il
rigolait car il y aucune preuve de viol car au moment de l’analyse
gynécologique, j’étais vièrge.
Il m’a pénétré mais à fait attention à ne pas trop
aller loin pour que je reste vierge (au cas où). Il y a eu donc un
Non-lieu. Mon père se moquait de moi quand je disait qu’il est
pédophile et qu’il faut qu’il aille se faire soigner.
Il y a quelque chose qui me trouble beaucoup.. d’après les
souvenirs qui me sont revenus, ma mère était au courant de tout
cela.
Lorsque j’étais petite je dessinais des sexes d’hommes (une
façon de dire à ma mère se qu’il me faisait). En voyant ces
dessins, elle a demandé à mon père pourquoi je dessinait ça avec
autant de réalisme. Mon père disait qu’il ne savait pas, que peut
être j’avais vu ça à la télévision. Ensuite, j’ai souvenir
que ma mère nous avait surpris dans le garage. Ma culotte était par
terre. Elle était très en colère et a demandé à mon père
pourquoi est-ce que ma culotte était par terre et pourquoi je me
cachais derrière une bouteille de gaz. Mon père lui a répondu que
c’était moi qui avait retiré ma culotte. Ma mère m’a demandé
si c’était vrai mais j’ai contredit ce qu’à dit mon père :
que c’était lui qui l’avait enlevé. Ensuite, c’est le vide…
je ne me rappelle plus. Il y a aussi une autre fois où il m’avait
vu en sous vêtements (toujours pendant mes 5-12ans) et devant ma
mère, il glissait ses doigts dans ma culotte pour soit disant la
mettre correctement. Ma mère à dit à mon père d’arrêter, elle
avait l’aire énervée.
Je ne comprend pas la réaction de ma mère lorsque elle m’avait
dit après avoir été entendu par les gendarmes « jamais
j’aurais pu imaginer telle chose… Je tombe de haut ».
A-t-elle joué la comédienne pour se sauvé de la justice?
Comment se fait-il qu’elle ai préféré un mari qui a violé sa
fille, à sa propre fille ? Comment s’est possible de
s’accrocher à une personne mal honnête et manipulatrice même en
sachant comment est cette personne ?
Il m’a volé mon enfance, ma pureté et ma dignité. Les seul
souvenirs que j’ai maintenant c’est ce qu’il m’a fait. Alors
autant dire que lorsque des amis parlent de leur enfance, je me sens
mal car je n’ai pas souvenir d’événement heureux.
Je fais des cauchemars et je dors presque plus, surtout depuis que
je suis sans parents. Depuis que je suis petite je suce mon pouce, et
aujourd’hui j’ai 21 ans et lorsque je me sens mal, seule,
ou incomprise, je ressens le besoin de sucer mon pouce comme le fait
un enfant. J’en ai honte et je ne l’ai jamais dit à personne. Je
ne sais pas pourquoi je fais encore ça…
Aujourd’hui je regrette d’avoir modifié ma version des fait.
Pensez vous qu’il soit possible de revenir sur ses dires en
sachant que le jugement s’est passé il y a 8 ans et demis ?
En écrivant ceci, j’espère avoir apporté des réponses aux
questions de personnes qui se trouvent, ou se sont trouvé dans la
même situation que moi.
Je vous remercie d’avoir lu mon courrier, car il est très long.
PS : je ne souhaite pas que mon nom apparaisse, ni même mon
adresse mail. Je préfère que seule la lettre « E »
apparaisse.
Bonjour,
Je viens de recevoir votre témoignage ; je vous remercie déjà
pour votre autorisation à la publication et je vous affirme que nous
respecterons complètement vos consignes.
Bien que vous soyez énormément lucide sur votre vécu, j'éprouve
le besoin de vous répondre, non pas pour vous "expliquer"
des choses que vous savez mieux que moi mais pour participer à votre
lutte en vous assurant de mon soutien et de ma compréhension.
Merci et, si vous le voulez bien, je prendrai le temps de vous
répondre avant ce soir.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
Mes réponses ne vous parviennent pas et me reviennent : avez
vous un problème de messagerie ?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
SOS Femmes Accueil
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