J'ai subi les violences de mon compagnon
Décembre
2011
Bonjour
Chantal & toute l’équipe ,
Depuis
maintenant onze ans je lis régulièrement les messages/réponses de
votre site et cela m’apporte beaucoup. J’ai subis il y a onze ans
les violences de mon compagnon : psychologiques pour l’essentiel
(une gifle et un coup de poing reçus & 3 bousculades) tout ceci
en 4 ans. Moi : 35 ans à l’époque, comptable, un travail très
correct dans une bonne ambiance, toute une bande de copains avec
lesquels je faisais allègrement la fête, doté d’un caractère
bien trempé selon mes proches et habitant à la campagne dans une
maison qui allait me revenir. bref indépendante. Et je suis tombée
sous sa coupe à Lui 36 ans cuisinier divorcé 2 enfants et au début
charmant. Il habitait chez son père car il était fauché. Petit à
petit, il s’est installé chez moi, à perdu son boulot pour
d’obscures raisons (explications alambiquées ) et là une petite
voix m’a alerté : d’autant plus qu’il avait déjà eu des
réactions bizarres lors des sorties avec mes copains. Mais j’ai
étouffé cette petite voix –sans m’en rendre bien compte sur le
moment-. Nous sommes environ 4 mois après notre rencontre. A cette
époque, je me rendais compte que je sortais trop & faisais trop
la bringue (sans multiplier les partenaires : 2 rencontres en 10
ans). Alors son côté “on reste à la maison tout les 2” les
petits plats tombaient à pic ! Seulement, je subissait sa pression
de plus en plus : je devais me battre pour tout. Aller à la piscine
une fois par semaine avec ma sœur, une bouffe entre collègues le
regard d’un homme quel qu’il soit pouvait déclencher des
disputes très dures pour moi : jamais confronté à la violence
verbale je ne répondais pas à ses insultes par d’autres insultes
mais ne lâchais rien : j’allais à la piscine etc et lui disais
que je n’était pas responsable des regards des hommes. Malgré
tout je m’épuisais, insidieusement la peur s’est installée en
moi, il était menaçant et son physique y participait. La peur puis
la honte : quoi moi qui avait toujours été indépendante je me
laissais pourrir la vie, insulter, humilier ? Qui l’aurait cru, qui
pourrai le croire? Je n’ai parlé à personne : j’avais
(toujours) une sœur et une amie proche a qui j’aurais pu (j’aurais
du) parler. Mais la peur, et la honte et la conscience aigüe de ces
deux sentiments m’en ont empêché. Ca a duré 4 ans . Puis un jour
chez ma Grand-Mère il est devenu très violent : bousculades, et une
gifle énorme, mais surtout à ce moment là son regard plein de
haine. Toute la famille était couchée je n’ai réveillé personne
et le lendemain j’étais malade comme un chien : comme si j’avais
une gastro. Lui était doux comme un agneau, mais moi j’avais envie
de ne plus le voir. De retour chez nous, les choses ont continuées
pendant 4 mois. J’étais anéantie : ça y était maintenant
j’étais vraiment une femme battue. Je savais que pour moi avec lui
c’était fini, mais comme faire? Je n’osait pas le mettre dehors.
Et puis un soir au retour de l’inauguration du cabinet d’archi de
son cousin, notre première sortie depuis 6 mois- il s’en prend à
moi au sortir de la voiture, me bouscule, hurle des insanités lance
tout ce qu’il trouve devant la porte puis pars en voiture. Je réagi
tout de suite, saute dans ma voiture en direction de chez mes parents
à moins de 2 km. Il aperçoit ma corsa au croisement, arrive à fond
et me fonce dessus : avant défoncé. Je réussi à atteindre la
cours chez mes parents mais ne descends pas de la voiture. Lui sort
de la sienne vient vers moi me dit de rentrer je lui répond que j’ai
peur de lui........et fini par démarrer. Je suis à peine sortie de
la voiture dans ma cours qu’il m’attrape au col et me tire un
coup de poing pleine face. Je réussi à me dégager, il ouvre la
porte et le téléphone sonne : c’est mon père qui veut savoir ce
qui se passe, c’est lui qui a répondu il est tout gêné, “non
c’était pas nous dans la cours..” puis me donne le téléphone.
Je dis à mon père que oui c’était bien moi (ils on entendu des
voitures quand il a compris que c’était moi je repartais), mais
que maintenant tout va bien. Puis je lui dis que je n’avais
toujours pas digérer le week-end chez ma Grand-Mère et que là il
me demande de rentrer pour me taper dessus!!! Sans m’en rendre
compte une rage immense à pris le dessus chez moi : à partir de là
je raisonne froidement. D’abord passer la nuit puis le lendemain le
faire dégager : je ne travaille pas lui si. J’endure sans moufter
et la tête basse ses reproches : “tu nous a mis dans la merde à
aller chez tes parents tant pis on les verra plus”etc je vous passe
le reste des ses discours : je suis une moins que rien heureusement
qu’il est là! Je n’ai pas fermé l’œil, le matin il part
travailler comme si de rien n’était et moi je fonce chez mes
parents. Je leur déballe en détail les événements de la nuit et
leur dis que je vais le virer. Ils me soutiennent. Je pars ensuite
chercher sa mère pour qu’elle l’emmène de chez moi : je lui
explique la situation. Elle est tout de suite d’accord pour venir
avec moi. Enfin, l’après-midi, il pars avec sa mère après avoir
hurlé, pleuré, tout promis, menacé... Un poids énorme s’envole.
Voilà, après la peur et la honte une rage incroyable m’a fait
bouger. Aujourd’hui, je comprends que petit à petit j’ai été
sous emprise et que là mes ressorts habituels n’ont pas suffis,
minés par la peur et la honte. Je n’ai parlé à personne (même
mes plus proches ne savent pas qu’au delà du gnon j’ai subis
pendant 4 ans) et c’est la première fois que je pose cette part de
mon histoire. Pour essayer de ne plus y penser autant même 11 ans
après, alors que j’ai une vie de couple harmonieuse. Parler,
écouter sa petite voix intérieure et surtout partir vite très
vite. Je sais combien c’est difficile, alors que je n’ai pas été
aussi maltraitée que la plupart des femmes qui témoignent sur votre
site, que ma situation matérielle était convenable que j’avais
des proches, j’ai mis 4 ans avant agir, mais partir (ou mettre
dehors) est la seule solution. IL ne m’aimait pas, il pensait qu’il
me possédais. En tout cas votre site m’a aidé tout d’abord à
comprendre et donc à moins culpabiliser et à avoir moins honte. Vos
réponses fermes mais pleines de respect et d’empathie (sans
mièvrerie) ont été comme une “bonne cure pour moi”. Merci.
Bien cordialement
Virginie
Merci
Virginie pour ce témoignage très éloquent et qui permettrait à
bien d'autres femmes de réfléchir et peut-être, de voir clair, de
réagir, par rapport à la situation qu'elles endurent parfois, si
vous acceptiez que nous en fassions la publication. En effet, vous
mettez bien l'accent sur la difficulté de se représenter et ensuite
d'admettre cette représentation de "femme battue", comme
vous l'écrivez. Cette expression est souvent difficile à accepter,
à employer, parce qu'elle dit simplement tout le sordide de
l'histoire vécue, bien loin d'une histoire d'amour. C'est la raison
pour laquelle, il est si délicat de se remettre d'une telle
expérience humiliante, tant l'image de soi, notre propre estime, est
blessée et demande à être réparée, ce qui peut prendre du temps
et exige généralement une aide thérapeutique. Souhaiteriez vous,
que nous inscrivions votre adresse sur votre témoignage, afin que
d'autres puissent éventuellement vous contacter?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
Bonjour Chantal,
Merci pour votre réponse : vos mots font du
bien. Je suis d'accord pour la publication de nos échanges mais je
ne souhaite pas que mon nom ou mon adresse mail soient publiés. J'ai
encore besoin de recul. Bien cordialement.
Virginie
Bonjour, Merci
infiniment pour votre autorisation ; il aurait été regrettable de
priver les autres de votre réflexion. Votre témoignage sera
anonyme comme vous le souhaitez. Mais si un jour, vous avez
suffisamment de forces, pour pouvoir répondre vous-même à
certaines personnes, n'hésitez pas à nous faire parvenir une
adresse anonyme : *
http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm Merci
encore, Chantal POIGNANT
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